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Saint Martin Ier, élu Pape en 649, assembla un concile au palais de Latran dans l'église du Sauveur et provoqua la condamnation solennelle du monothélisme. Le Pape déclara souscrire comine juge à cette condamnation, qui confirmait la foi orthodoxe, ainsi qu'à la condamnation de Théodore, Cyrus, Sergius, Pyrrhus et Paul avec les écrits hérétiques qu'ils avaient publiés, l'Echtèse et le Type.

Le Pape envoya à l'empereur les actes du concile en accompagnant l'envoi d'une lettre respectueuse, mais non adulatrice.

L'empereur devint persécuteur et, après une tentative d'assassinat contre le Pape, il le fit arrêter et exiler. Saint Martin, accablé d'outrages et relégué dans la Chersonèse Taurique, y mourut en 655. Le vicaire de Jésus-Christ se montra digne de souffrir pour son maître; la victoire définitive resta à la vérité, l'oppression puissante fut vaincue et la faiblesse opprimée demeura triomphante. Notre siècle nous représentera de tels tableaux.

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97. Constantin Pogonat provoque la réunion du sixième concile œcuménique. Après une vie de crimes et de persécutions, Constant II mourut assassiné (668). Son fils, Constantin IV Pogonat, voulut rendre la paix à l'Église et s'efforça d'éteindre l'hérésie monothélite. Il écrivit au Pape en le priant d'envoyer des légats et de convoquer un concile œcuménique où seraient traitées à fond et définitivement résolues les questions en litige (679).

Le sixième concile général s'ouvrit le 7 novembre 680.

98. Le concile a-t-il condamné Honorius? Les Pères du concile s'écrièrent unanimement : « Pierre a parlé par la bouche d'Agathon! Nous croyons avec lui qu'il y a deux volontés en Jésus-Christ. Anathème à qui soutient le con

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> traire ! »

Le concile anathématisa ensuite Théodore, Sergius, Paul, Pyrrhus et la lettre du Pape Honorius en tant qu'elle leur est favorable.

Baronius et d'autres savants regardent comme apocryphes les actes du sixième concile général où il est parlé de cette condamnation d'Honorius.

Quoi qu'il en soit, le sens général du rescrit de ce Pape a été solidement justifié (voyez suprà) en sorte qu'il ne s'ensuit rien contre l'infaillibilité de l'Église dans les faits dogmatiques.

Il est utile de rappeler ici qu'Honorius ne cessa jusqu'à son dernier soupir de professer et de défendre la vérité, d'exhorter, de menacer ces mêmes monothélites, dont on l'accusa depuis d'avoir embrassé les opinions.

99. Léon II confirme les actes du concile. - Le Pape Léon II confirma les actes du concile et voulut qu'ils eussent force de loi comme ceux des cinq autres conciles universels. Il mourut en 683.

100. Le conciliabule in Trullo ou Quinisexte n'a jamais été ratifié par le Pape. Justinien II rêvait une monarchie universelle dont il voulait être le chef. Sous prétexte que le sixième concile général n'avait point formulé de canons de discipline, il réunit à Constantinople un conciliabule d'évêques, qu'on désigne ordinairement sous le nom de concile in Trullo (dôme). On l'appelle aussi Quinisexte, parce qu'il devait être comme le supplément des cinquième et sixième conciles généraux.

Les prélats convoqués par l'empereur furent serviles et tolérèrent que la puissance spirituelle fût partout subordonnée au pouvoir civil.

Mais le Pape Sergius refusa son approbation aux actes du concile.

Les tentatives de violence contre la personne du Pape échouèrent devant l'attitude du peuple romain.

Justinien II, vaincu par les Bulgares, révolta le peuple par l'excès de ses cruautés; il fut exilé après avoir eu le nez coupé d'où le nom de Rinotmète.

Jean VI, Grec de nation, fut élu Pape, le 30 octobre 701. L'armée italienne déclara qu'elle vengerait tout attentat entrepris contre le souverain pontife. A chaque nouvelle

attaque des empereurs contre les Papes, toute la population romaine se levait pour protéger ceux-ci. Le pouvoir du pontife ne faisait donc que s'accroître, ralliant autour de lui tous les principes d'ordre et de stabilité. Charlemagne, en fondant le pouvoir temporel de la papauté, ne fera donc que se conformer au vœu général et au plus ardent désir des peuples : c'est que les Papes n'ont jamais employé leur influence qu'au bienêtre général. Les peuples, partout opprimés, ne trouvaient de protection que chez les Papes et venaient à eux par reconnaissance.

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Justinien II, rétabli à Constantinople, voulut faire confirmer par le Pape Jean VII (705) les canons de son concile in Trullo; Jean VII renvoya ces actes à Justinien sans même vouloir les lire parce que, disait-il, le concile in Trullo n'a pas été légitimement assemblé, avec l'intervention des légats du SaintSiège

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C'est en vain que les Grecs voulurent interpréter le silence du souverain pontife comme une approbation tacite. Le conciliabule in Trullo n'a jamais été ratifié : il n'est donc pas un concile.

Le prétendu concile autorisait les prêtres mariés avant l'ordination à conserver leurs femmes; mais il interdisait le mariage après l'ordination. De là le désir bien libéral de trouver une contradiction dans les enseignements de l'Église.

CHAPITRE XII

LE DEUXIÈME CONCILE DE NICÉE

101. Donation de Pépin le Bref. Les iconoclastes. Deuxième concile de Nicée. Restauration du culte des images. Les peuples ne trouvent de refuge que dans la papauté. Décadence de l'empire grec. Pépin le Bref, vainqueur des Lombards, fit, par acte solennel, donation au Saint-Siège des territoires conquis sur les Barbares. Les Papes succédaient ainsi aux droits des empereurs d'Orient, impuissants à protéger l'Italie.

Constantin Copronyme fit revendiquer les provinces dont on disposait en faveur de la papauté: il n'avait pas couru les périls, mais il voulait partager la récompense.

Mais l'Italie tout entière était opposée à cette réclamation. L'épée des Francs, la nation très chrétienne, fille aînée de l'Église, aurait ainsi vaincu pour le compte d'un empereur qui remplissait l'Orient de ses fureurs iconoclastes. Il livrait les moines catholiques à la dérision de la populace dans le cirque. Dès l'an 754, il avait convoqué à Sainte-Sophie le fameux concile iconoclaste, où cent trente-huit évêques, flatteurs serviles, condamnèrent le culte des images et frappèrent d'anathème ceux qui leur rendaient des honneurs. Des canons spéciaux furent dirigés contre les peintres et les sculpteurs sous peine d'excommunication et sans préjudice des châtiments portés par les lois impériales: il leur était défendu de représenter sur la toile, le bois, la pierre, le marbre, l'or et l'airain aucun sujet religieux. La dévastation, le pillage des églises et des monastères, les massacres des catholiques reprirent avec la même barbarie qu'au temps de Léon l'Isaurien et l'hérésie iconoclaste fit autant de victimes que le paganisme de Néron et de Dioclétien.

Les populations orientales inclinaient vers les doctrines de Mahomet.

L'austérité protestante s'éprendra plus tard de ces doctrines et détruira les chefs-d'oeuvre de l'art chrétien.

Mais le génie de saint Jean Damascène, excité par l'indignation que provoquaient dans le monde les cruautés des iconoclastes, démontrait leur stupidité avec une dialectique vigoureuse et une entraînante éloquence.

Un concile, tenu à Rome sous Étienne IV, en 768, résumait ainsi la question: « Si nous désirons être admis un jour dans » la société des bienheureux, nous devons les honorer ici-bas » par un culte solennel et vénérer les images qui nous rappellent leur souvenir... Les fidèles n'adorent pas les images > des saints: ce serait une idolâtrie; mais ils les révèrent > parce que leur vue excite dans les cœurs des sentiments de piété et des mouvements de charité; si donc quelqu'un

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» à l'avenir refuse de vénérer les saintes images de Notre Seigneur Jésus-Christ, de sa divine Mère et des saints, qu'il soit anathème. »

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La réaction devait suivre ces excès.

Un septième concile général s'ouvrit à Nicée dans l'église de Sainte-Sophie, sous la présidence des légats du Pape. On anathématisa le conciliabule iconoclaste tenu en 754 « Nous

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avons décidé que les images de Notre Seigneur Jésus-Christ, de sa sainte Mère, des anges et des saints doivent être repla"cées dans les églises; on doit leur rendre un culte spécial, » non d'adoration ou de latrie, qui n'appartient qu'à Dieu, mais > celui de vénération et d'honneur. Telle est la doctrine des

"

Saints Pères et la tradition de l'Église catholique répandue » dans tout l'univers.

C'est une des hontes les plus évidentes du Bas-Empire d'avoir eu besoin d'un demi-siècle de violence et de flots de sang humain pour comprendre une doctrine aussi élémentaire.

L'un des motifs invoqués pour rejeter le synode iconoclaste est qu'il n'avait pas eu le Pape de Rome pour coopérateur.

La face du monde changeait. Une nouvelle Europe se formait, habitée par les races étrangères, qui, sur les débris de la domination romaine, élevaient un ordre social nouveau et se soumettaient à la Croix. La barque de Pierre portait le sort du monde. L'Église, gardienne des lumières et de la civilisation, forte de sa mission, puissante par sa hiérarchie, devint la tutrice de l'Europe. Son chef devint l'arbitre des princes et des peuples.

Les Barbares affluaient à l'Église; les populations italiennes, abandonnées par les empereurs grecs, désolées pendant deux siècles par les invasions barbares, tournèrent leurs regards vers l'autorité tutélaire des Papes, qui était devenue le refuge unique des malheureux contre d'épouvantables calamités.

La papauté acquit ainsi une importance nouvelle ; les événements préparaient sa souveraineté temporelle. C'est le seul exemple d'un empire créé sans le secours des armes, conservé sans violences et acquis sans l'apparence d'une usurpation.

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