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>tion coupable et aveugle qui ferme leurs débouchés. Un luxe effréné de dépenses que lui impose son alliance la dévore; ses serviteurs ruinés ne peuvent plus alimenter sa richesse, » et les serviteurs de ses serviteurs, qu'elle a mission de protéger, de nourrir, réclament d'elle en vain du travail et du pain. Les impôts avec lesquels elle s'acharne à glaner sur "toutes ses misères les découvrent plus à nu; elle frappe d'impuissance la production de tous ses biens, elle tarit la source de sa vie économique... dans ces lieux, où Dieu a mis la lumière, la ligne admirable, la beauté, des hommes patients, laborieux, sobres meurent de faim, et cela par l'entêtement, par l'orgueil, par la faiblesse de quelques-uns. Et, pendant que l'Italie se ruine dans cette lutte insensée, c'est toujours une revue rationaliste qui parle, le denier » de Saint-Pierre ne diminue pas, il augmente plutôt... De l'Orient, de l'Amérique, de l'Autriche, de l'Allemagne, de la Belgique, de tous les points, la générosité catholique vient remplir les caisses de la cour de Rome. Le gouvernement de l'Église par le Vatican exige à peu près une somme de huit millions et le denier de Saint-Pierre s'élève approximativement au même chiffre. Jamais Pape n'a autant donné » pour les institutions, les écoles et les missions. C'est un économe de génie. Il gratte sur les budgets traditionnels des sommes abondantes, qu'il prodigue aux oeuvres de propagande et de conquêtes morales. Si un jour le Saint-Siège devait se trouver dans la souffrance, un mot du Pape vaudrait des millions, le monde catholique répondrait à l'appel par un flot d'argent. (Nouvelle Revue, 1888, tome LI, p. 707.). C'est la confirmation des paroles de l'Évangile : « - Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît ! »

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Après quinze ans d'une lutte superflue, le puissant chancelier d'Allemagne a renoncé à faire la guerre à l'Église il a reconnu que la conciliation était plus utile aux intérêts de l'empire.

La Belgique a manifesté qu'elle ne voulait pas de la persécution contre l'Église. Puisse-t-elle persévérer dans cette voie!

DEUXIÈME PARTIE

Constitution de l'Église catholique.

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CHAPITRE [er

138. Nature et caractères de la souveraineté ecclésiastique. L'Église catholique revendique les attributs d'une société parfaite. L'homme ne peut atteindre le but de sa destinée qu'en société ; la société ne peut exister sans pouvoir. Donc l'existence du pouvoir est une loi divine., Il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, dit saint Paul, c'est-à-dire que les hommes ont reçu de Dieu le pouvoir de se mettre en société, de s'y conserver, de s'y défendre et de faire observer la justice. Ils tiennent par là-même de lui le droit de se donner des chefs qui soient chargés de maintenir l'ordre public.

Donc le pouvoir vient de Dieu, mais son exercice tombe dans le domaine de la liberté.

Avant d'aller plus loin, il importe d'analyser et d'approfondir la notion et le caractère des sociétés.

Une société comporte une réunion d'hommes mettant leurs forces en commun pour atteindre une fin déterminée.

Elle est parfaite quand elle possède les moyens suffisants pour atteindre sa fin.

Elle suppose une agrégation d'hommes, moralement unis pour atteindre une fin commune et ayant les moyens d'atteindre cette fin.

La nature d'une société est déterminée par sa fin, les autres éléments étant communs à toute société.

Si plusieurs sociétés distinctes ont la même fin, elles ne sont que des reproductions d'une seule et même société. D'où il suit que les droits appartenant à une société ont nécessairement leur source dans le but qu'elle se propose.

Une société parfaite peut exiger de ses membres tout ce qui est nécessaire pour atteindre sa fin.

Elle ne peut ni régler, ni déterminer les objets nécessaires, mais appartenant à un ordre supérieur.

Au droit d'exiger répond l'obligation corrélative des associés de mettre leurs forces au service de la société pour qu'elle atteigne sa fin.

Si le choix existe entre plusieurs moyens, c'est à la société qu'il appartient de déterminer le plus opportun, car l'union est essentielle à la société et cette union ne saurait exister si le caprice individuel déterminait le choix des moyens.

Mais la société ne peut exiger ce qui ne lui est pas nécessaire pour atteindre sa fin; elle peut cependant contraindre ses propres sujets à l'exécution des commandements de celui qui veille à la conservation de l'ordre supérieur.

Pour réaliser sa fin, une société parfaite a besoin de trois choses elle doit pouvoir imposer les moyens qui conduisent à sa fin (pouvoir législatif); elle doit pouvoir exiger l'application de ces moyens (pouvoir judiciaire); elle doit pouvoir contraindre ceux qui refusent de les appliquer (pouvoir coactif).

Si deux sociétés sont composées des mêmes membres, celle qui est de rang inférieur doit, au moins négativement, ses services à la société de rang supérieur; celle-ci doit aide et secours à la société inférieure dans la mesure exigée par la fin propre de la première.

S'il y a coordination entre deux sociétés, l'inférieure doit aide et secours à la supérieure; celle-ci ne doit rien à la société subordonnée, sauf le devoir de charité.

S'il y a conflit entre deux sociétés inégales composées des mêmes membres, l'une ne pouvant tendre à sa fin sans

entraver la marche de l'autre, celle dont le but est supérieur doit l'emporter. D'où il résulte que, dans le conflit d'une association avec une société majeure dont elle fait partie, celle-ci doit l'emporter.

Dans l'état de concorde, les sociétés étrangères l'une à l'autre ont le devoir de ne pas s'entraver.

Dans l'état de conflit, la question doit être résolue d'après les intérêts des deux sociétés, à moins que le bien d'une société supérieure ne doive l'emporter,

bien de la société universelle des hommes.

par exemple, le

Si les droits sont douteux, la question sera tranchée de commun accord et par les armes, si cet accord est impossible. Ces bases sont indispensables à l'établissement de toute société même civile.

Les catholiques admettent que l'Église de Jésus-Christ est une société instituée par le Christ-Dieu, dont la fin propre est de conduire les hommes à la vie éternelle, et cette fin lui est tellement propre que, en dehors de son sein, elle est irréalisable.

Ceux qui rejettent cette notion doivent être rangés parmi les hérétiques et les infidèles.

Mais, la notion admise, nous mettons en thèse que l'Église de Jésus-Christ est une société parfaite et qu'elle occupe le rang le plus élevé, c'est-à-dire qu'elle est une société suprême.

La fin de l'Église est une fin suprême puisqu'elle a pour but d'atteindre la vie éternelle; cette fin n'est ordonnée par rapport à aucune autre fin; toutes les autres, au contraire, sont ordonnées par rapport à la sienne, puisque celle-ci est la fin suprême de l'homme.

Or, une société qui, de sa nature, est une société suprême et qui n'est pas ordonnée par rapport à une autre est une société parfaite.

Tel est précisément le caractère de l'Église, de par la volonté de son divin Fondateur. Les témoignages de la volonté divine abondent à cet égard. On le prouve par la sainte Écriture, par la tradition et les témoignages des pères de l'Église et enfin par les définitions de l'Église même.

On objecte qu'attribuer à l'Église un pouvoir embrassant tous les moyens nécessaires pour atteindre sa fin amènerait de fréquents démêlés avec la société civile; or, cet argument aboutit à ruiner la société civile elle-même, son but, la félicité temporelle, ne pouvant être préféré à la vie éternelle, qui est le but de l'Église.

On objecte encore qu'il y a répugnance à ce qu'il y ait un État dans l'État :- ce qui serait vrai si les deux États tendaient à la même fin; — mais il est évident que l'Église n'a pas la même fin que la société civile et que ces deux fins, loin d'être opposées l'une à l'autre, s'entr'aident merveilleusement.

La coexistence des deux sociétés religieuse et politique est un fait permanent et universel. Les constitutions humaines auront beau décréter leur séparation elles ne sauraient supprimer les relations qui existent nécessairement entre les deux puissances.

Or, l'Église catholique

expression sensible des rapports que Dieu a établis pour s'unir à ses créatures - est une société visible, parfaite, ayant sa hiérarchie, ses pouvoirs, sa constitution, son gouvernement et ses lois.

Elle invoque, pour justifier sa qualité de société parfaite et indépendante, le droit naturel, le principe de la liberté des cultes proclamé par la presque totalité des nations civilisées.

Elle invoque plus spécialement en Belgique la volonté du Congrès national, qui a formellement et intentionnellement rejeté la proposition de consacrer la suprématie du pouvoir civil.

Ce qui prouve à l'évidence combien est erronée l'affirmation que l'opinion attribuant à l'Église catholique le caractère d'une société parfaite est trop en contradiction avec les principes de notre droit constitutionnel pour mériter les honneurs de la réfutation. (Le Droit public de la Belgique, pp. 495 et suiv.)

En présence de la décision du Congrès, c'est la subordination de l'Église à l'État qui est l'hérésie constitutionnelle. (Voyez plus spécialement sur ce point le n° 214.)

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