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ruption païenne en enseignant et en persuadant à l'homme qu'il est appelé à une gloire éternelle à la condition d'aimer la chasteté, l'humilité et surtout de pratiquer la charité.

Elle a toujours été persécutée, jamais persécutrice, et si elle est intervenue dans les mesures défensives prises par les souverainetés chrétiennes contre la violence des sectaires, ç'a été toujours pour modérer la rigueur et condamner les excès de la répression.

Voilà ce qu'enseigne l'histoire revisée par les grands historiens protestants que leurs études ont ramenés au catholicisme. (DECHAMPS, le Libre examen de la vérité de la foi.)

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194. Intervention bienfaisante des Papes. Le tribunal de l'inquisition romaine, que l'on affecte de confondre avec l'inquisition espagnole, fut le plus doux qu'il y eût au monde, le seul qui n'ait pas versé une goutte de sang. On n'a jamais vu l'inquisition romaine prononcer l'exécution d'une peine capitale quoique le Siège apostolique ait été occupé par des Papes d'une rigidité et d'une sévérité extrêmes pour tout ce qui avait rapport à l'administration civile. On trouve sur tous les points de l'Europe des échafauds dressés pour punir les crimes contre la religion et Rome fait exception à cette règle. Les Papes n'ont pas prêché, comme les protestants et les philosophes, la tolérance universelle; mais les faits proclament la distance entre les Papes et leurs détracteurs. Les Papes n'ont pas versé une goutte de sang; les protestants et les philosophes en ont répandu des torrents... Cette douceur de Rome était si avérée qu'on en appelait à son tribunal de tous côtés. Le nombre des causes évoquées de l'Espagne à Rome est innombrable et Rome inclinait toujours au parti de l'indulgence.

Les Papes s'efforcèrent, dès les commencements, d'adoucir les rigueurs de l'inquisition espagnole, tantôt en admonestant les rois et les inquisiteurs, tantôt en faisant droit aux appels des accusés et des condamnés.

Toutes les sectes, au nom de la liberté de conscience, soutinrent toujours en principe et réalisèrent en fait l'intolérance la plus absolue; l'Église intervint toujours dans ces luttes

déplorables pour y introduire un élément de modération, de douceur et de paix.

Les pontifes, les docteurs, les écrivains de l'Église ont toujours jeté l'ana thème sur les aberrations d'un zèle outré, opposé à l'esprit de Jésus-Christ.

On aime à représenter l'inquisition espagnole comme un fruit du despotis me romain en matière de foi; mais on ne considère pas que c'étaient précisément les Papes qui étaient les moins favorables à cette institution et que, presque à toutes les époques, ils s'efforcèrent d'y mettre des bornes. Llorente lui-même, que l'on accusera aussi peu de prédilection pour la papauté qu'un jacobin de partialité en faveur de la royauté, prouve cette vérité par des faits et des exemples. presque innombrables.

Ainsi, dès le principe déjà, Sixte IV était si peu satisfait du placet royal pour l'établissement de la nouvelle inquisition, et la mésintelligence qui éclata entre les deux cours à ce sujet fut portée si loin, que les ambassadeurs des deux princes furent, chacun de son côté, mis en prison, et que Ferdinand rappela de Rome tous ses sujets.

Vers le même temps, en 1483, le Pape, cherchant toujours à adoucir la rigueur de l'inquisition espagnole, nomma, comme nous l'avons vu, Manrique, archevêque de Séville, juge d'appel pour ceux que l'inquisition avait jugés trop sévèrement.

Les Papes cherchèrent à mitiger la rigueur de l'inquisition, en tâchant de faire restituer à un grand nombre de condamnés leurs biens et leurs honneurs temporels, et ils empêchèrent par là d'innombrables familles de tomber dans la pauvreté.

Sous les Papes Jules II et Léon X, non seulement les appels à Rome continuèrent, mais Llorente lui-même nous cite une foule de cas où ces pontifes nommèrent, pour les appelants, des juges particuliers afin de les arracher des mains de l'inquisition.

C'étaient toujours les souverains qui tâchaient de rendre vaine l'immixtion des Papes dans ces affaires, d'empêcher les appels et de rendre l'inquisition tout à fait indépendante de l'Église.

Il n'était pas rare de voir le Pape, son nonce ou son délégat, appeler les inquisiteurs eux-mêmes à se justifier et les menacer de l'excommunication s'ils s'obstinaient à poursuivre un accusé qui recourait à Rome. Plusieurs fois même, l'excommunication fut réellement prononcée contre eux, entre autres, par Léon X, qui excommunia, en 1519, les inquisiteurs de Tolède, au grand mécontentement de Charles-Quint.

Il arriva même aux Papes de casser des sentences déjà portées et à moitié exécutées, par exemple, celle qui condamnait Viruès, prédicateur de la cour de Charles-Quint, suspect de luthéranisme, à être enfermé dans un couvent. Paul III (1538) le déclara innocent, apte à tous les emplois ecclésiastiques et il devint plus tard évêque des îles Canaries.

En 1518, Léon X, voulant écarter les faux témoins des tribunaux de l'inquisition, ordonna qu'ils fussent punis de

mort.

En 1519, Léon X encore, voyant qu'on ne tenait pas compte de plusieurs de ses lettres de grâce, voulut entreprendre une réforme complète de l'inquisition. Les grands inquisiteurs alors en fonctions devaient être déposés; chaque évêque devait ensuite présenter à l'inquisiteur deux chanoines, dont l'un serait nommé inquisiteur provincial, après que ce choix aurait été soumis à l'approbation du Saint-Siège, enfin, tous les deux ans, on devait soumettre à un examen sévère les nouveaux inquisiteurs.

Les Papes, et en particulier Grégoire XIII, continuèrent à faire des efforts pour adoucir l'inquisition. Paul III, entre autres, se plaignit amèrement de l'inquisition d'Etat et protégea ceux qui tâchaient d'empêcher son introduction à Naples. Pie IV agit de la même manière, ainsi que son neveu, le grand Charles Borromée; ils s'opposèrent, l'un et l'autre, à l'introduction de l'inquisition espagnole dans le Milanais.

Enfin, Llorente avoue clairement que le gouvernement espagnol regarda longtemps comme une affaire personnelle de prendre le parti des inquisiteurs chaque fois que la cour de Rome ordonnait quelque chose qui ne leur était pas agréable. D'après tout ce que nous venons de voir, la conduite du

Saint-Siège dans l'histoire de l'inquisition est tout à fait honorable; il s'y montre, comme toujours, le protecteur de ceux qui sont persécutés. (HÉFELÉ, Histoire du cardinal Ximenès, p. 348 et seq.)

La Saint-Barthélémy fut un crime politique excité par une longue chaîne de séditions et de massacres de la part des huguenots, crime dont l'ignorance ou la mauvaise foi ont pu seules rendre l'Église solidaire. Cette journée sera une honte éternelle, mais c'est une affreuse calomnie que de l'imputer à la religion, comme si la religion l'avait commandée, comme si elle l'avait approuvée, comme si cette épouvantable tragédie était dans les maximes et l'esprit du christianisme ! Il est bien avéré qu'il n'y eut ni prêtre ni évêque dans le conseil où cet horrible massacre fut résolu.

Ce fut un crime politique auquel les ministres de la religion furent étrangers. C'est dans ses sanctuaires que les protestants trouvèrent un refuge; c'est au chef de l'Église, au grand et pieux Grégoire XIII, qu'un triste pressentiment fit verser des larmes, alors même que, trompé par la relation de la cour de France, il faisait rendre à Dieu de solennelles actions de grâces d'avoir préservé le roi du poignard des sectaires conjurés pour lui donner la mort. (DECHAMPS, le Libre examen, pp. 258 et 259.)

Les

195. Intolérance des sectaires. Statue de Danton. sectaires et les incrédules ont trouvé des historiens pour excuser le terrorisme et des poètes pour dorer la guillotine.

Quand l'union de l'Église et de l'État devint plus étroite au moyen âge, la plupart des auteurs ecclésiastiques, entre autres saint Bernard, se prononcèrent contre l'application de la peine de mort aux hérétiques.

Dans des ouvrages nombreux, admirés de ceux qui vantent la tolérance, les plus beaux talents cherchent à glorifier un pouvoir noyé dans le sang. Si la révolution a été cruelle, c'est qu'elle devait l'être! disent-ils.

Les assassins de l'archevêque de Paris lui disaient (1871): Il y a dix-huit cents ans que tu nous embêtes! - Qu'est-ce que l'archevêque avait fait à ces brutes?

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On les glorifie cependant au nom du progrès et de la liberté. Ainsi, on vient de faire des funérailles splendides à l'un des scélérats qui ont mis Paris à feu et à sang et on vient d'inaugurer, à Arcis-sur-Aube, la statue de Danton, le principal auteur des massacres de septembre. (1888.)

On accuse le gouvernement espagnol d'avoir entrepris une campagne meurtrière contre les magiciens et les sorciers. Les victimes de cette aberration psychologique furent innombrables! dit-on.

Quand bien même on parviendrait à expliquer les faits avoués par les physiologistes, ceux qui provoquaient ces phénomènes causaient des maux incalculables et, quelque sympathie qu'on éprouve pour ces misérables, il est impossible de ne pas condamner leurs actes. Si l'influence de la volonté et de certaines pratiques agissant par l'imagination sur notre économie peut rendre sourd, aveugle ou perclus, si la catalepsie peut produire tout ce qu'on a vu dans les possessions, etc., ceux qui se livraient à ces pratiques étaient, on ne saurait trop le répéter, des scélérats dont il n'est plus permis de prendre la défense.

Dans la séance du 25 février 1888, l'Académie de médecine a entendu M. Masoin, rapporteur de la commission chargée d'examiner la proposition relative à l'hypnotisme (Voyez l'Etoile belge du 6 mai 1888):

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Il n'y a plus d'illusion à se faire aujourd'hui, dit M. Ma- soin: sans parler des farces qui appellent le rire, mais qui montrent déjà cette chose grave: l'abdication de la volonté humaine, on pourra voir fabriquer, sous cette puissance despotique, des lettres compromettantes et des testaments apocryphes, souscrire des billets attestant des créances ou des dettes imaginaires, provoquer des attentats à la propriété, à la sécurité, à la moralité publiques, délits ou crimes aussi variés que l'imagination du magnétiseur peut - en concevoir et s'accomplissant presque toujours avec un cachet de fatalité formidable au jour de l'échéance.

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» Et cela n'est pas de la théorie pure: M. Masoin rapporte

plusieurs faits positifs qui ont eu plus ou moins de reten

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