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final est l'anéantissement à tout jamais du catholicisme et même de l'idée chrétienne.

Dépopularisez la prêtraille par toute espèce de moyens... la conspiration la mieux ourdie est celle qui compromet le plus de monde; ayez des martyrs, des victimes.

Nous n'ambitionnons pas une révolution dans une contrée, cela s'obtient toujours. Pour tuer sûrement le vieux monde, il faut étouffer le germe catholique et chrétien.

Nous sommes trop en progrès pour nous contenter du meurtre d'un homme. N'individualisons pas le crime; afin de le grandir jusqu'aux proportions du patriotisme et de la haine contre l'Église, nous devons le généraliser. Il est décidé dans nos conseils que nous ne voulons plus de chrétiens. Popularisons donc le vice dans les multitudes, qu'elles le respirent par les cinq sens, qu'elles le boivent, qu'elles s'en saturent. Faites des coeurs vicieux et vous n'aurez plus de catholiques...

On pourrait multiplier ces citations. Elles suffisent à caractériser les intentions des sectes et à faire connaître qui les inspire.

203. L'Église et la révolution. exécuté par les francs-maçons :

L'assassinat est vanté,

Louis XVI fut condamné par une assemblée composée de francs-maçons, sous la pression de la commune de Paris, formée par les voix maçonniques des chefs des loges, devenues des clubs. Le duc de Berry fut assassiné par Louvel sous un ministre de la police chef suprême de la maçonnerie des rites unis; Milano ayant tenté d'assassiner le roi de Naples, Ferdinand II, la tombe de l'assassin fut honorée et glorifiée, des pensions furent accordées à sa mère et à sa sœur par Garibaldi, grand maître de tous les maçons de la péninsule. Diverses tentatives se firent contre l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse; le général de Pimodan a été frappé par derrière par la balle d'un sectaire caché parmi ses soldats; les sectaires firent assassiner Garcia Moreno, président de la république de l'Équateur; ils empoisonnèrent l'archevêque de Quito à l'autel même, le vendredi saint. Ils firent assassiner Rossi, le ministre de Pie IX, et chacun sait que c'est devant les menaces

de la secte rappelant d'anciens serments que Napoléon III, après l'attentat d'Orsini, entreprit la libération et l'unification de l'Italie, glorieuse entreprise dont la France retire aujourd'hui de si beaux résultats !

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Et ces enseignements, ces assassinats se prêchent au grand jour : « Les hommes sont frères, disait un ouvrier au congrès » de Liége, le travail doit soutenir les invalides comme les > valides. On a parlé de guillotine: nous ne voulons que renverser les obstacles. Si cent mille têtes font obstacle, qu'elles tombent... »

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Et encore au même congrès : Si la bourgeoisie résiste, il » faut tuer la bourgeoisie... celle qui fait les lois et notre misère, celle-là doit périr. »

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Et telle est l'influence de ces enseignements que l'illustre poète, qui, dans sa jeunesse, avait chanté la royauté et flétri l'assassinat, a écrit ce vers funeste :

Tu peux tuer cet homme avec tranquillité.

Quantum mutatus ab illo

Victore, qui juvenis reges et sacra canebat!

Beaucoup de ceux qui s'engagent dans les sociétés secrètes ne savent ce qu'ils font et ne soupçonnent pas de quelle œuvre ils deviennent les complices.

On peut lire dans les instructions d'un juif, ardent propagateur de la maçonnerie : « La vanité du citadin et du bour

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geois de la campagne de s'inféoder à la maçonnerie est chose » si universelle et si triviale que je suis toujours dans une > extase d'admiration devant cette imbécillité des hommes... Se sentir membre d'une loge, se sentir appelé, sans que la "femme et les enfants en sachent rien, à conserver un secret

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qui n'est jamais révélé est, pour certaines natures, une volupté et une ambition... En enseignant à un frère la » manière de porter arme avec son verre, nous nous rendons » maîtres du même coup de sa volonté, de son intelligence et » de sa liberté. »

C'est ainsi que la bêtise est l'immense circonstance atténuante des aberrations humaines.

On pourrait multiplier ces citations. Ce qui précède suffit à démontrer ce qu'il faut penser de la tolérance révolutionnaire.

Et le grand maître de ceux qui prêtent ces serments, qui poursuivent ces entreprises, par les moyens que l'on sait, va, au nom des sectaires, offrir une plume d'or au romancier qui, dans un style dont rien n'égale la platitude, habille le crime. en jésuite et le maçon en bienfaiteur de l'humanité.

Comme un bandit pris sur le fait s'enfuit en criant: Au voleur! pour détourner l'attention, telle la maçonnerie reproche aux religieux leurs monita secreta, leur obéissance perindè ac cadaver et les accuse d'être des assassins. La victime aurait pu justement répondre :

Je t'attendais bien là; la parole du maître,

Depuis dix-huit cents ans, nous l'avait annoncé :
En haine de mon nom, on haïra le prêtre.
L'oracle s'accomplit par ta bouche, insensé!
Le prêtre consacrant le glorieux mystère,
Garde l'Eucharistie au fond du Sanctuaire
Et donne au peuple saint le radieux froment;
La sœur de charité, l'obscur missionnaire
Sacrifiant leur vie aux douleurs de la terre,
Propagent du Sauveur le nom resplendissant ;
Et puis Tartufe vient, la haine et la colère
Font germer dans son cœur les œuvres de Satan;
Le maçon quelquefois a revêtu la toge

Et Tartufe souvent a pris le tablier.

Ce n'est pas le couvent, c'est bien plutôt la loge

Qui recèle le drôle et son impur métier;

A son de grosse caisse il promet la lumière,

Il va donner à tous la paix, la liberté ;

Puis, complotant dans l'ombre, au fond de sa tanière,
S'affublant de ton nom, ô sainte charité!

Il fait la guerre à Dieu, la guerre à l'Evangile ;
Sinistre charlatan que la haine abrutit,

Il brandit vers le ciel son poignard imbécile
Et répandrait encor le sang de Jésus-Christ!

Oui, Tartufe, c'est toi, ta haine en vain s'épuise

A maudire le prêtre, à blasphémer l'autel,
La foi des vieux chrétiens, qu'unit la sainte Eglise,
Honore, en ses pasteurs, le pasteur éternel.

Insulte encor le prêtre et la croix, pauvre diable,
Use, en grinçant les dents, ton infernal effort;
Pendant que la truelle élève sur le sable
Le temple ténébreux de l'éternelle mort,

Quand ton appel funèbre à sainte Guillotine,
Fait trembler dans sa peau le bourgeois hébété,
Nous, chrétiens, adorant la parole divine
Qui fait germer l'espoir, l'amour, la charité,
Nous irons vers le Dieu d'éternelle lumière,
Et quelquefois martyrs, toujours victorieux,
Nous saurons maintenir sur le rocher de Pierre
La croix, divin soleil, illuminant les cieux !

L'obéissance du franc-maçon est absolue et sans réserve; on peut justement dire qu'il est esclave perinde ac cadaver. Quant au jésuite, l'obéissance doit être absolue, mais il y a une réserve. C'est le cas où l'ordre donné serait contraire à la Constitution ou à la conscience; alors, non seulement on peut désobéir, mais on le doit, on le doit d'une manière absolue, l'ordre émanât-il des supérieurs, du général lui-même.

Mais on insiste malgré l'évidence; pour établir l'intolérance de l'Eglise, on invoque les encycliques pontificales; elles réprouvent, dit-on, le principe de la liberté de conscience, qu'elles flétrissent sous le nom de naturalisme. On n'accorde aux dissidents qu'une tolérance précaire; on se réserve de la faire cesser quand les circonstances seront favorables.

Tout ce que nous avons exposé répond à cette objection. L'Église a en vue un idéal, l'unité des croyances dans la justice et la vérité: elle enseigne qu'il n'y a pas d'autre salut pour la société que la rédemption. Son règne est fondé sur la

persuasion et l'assentiment volontaire des multitudes. Le Pape sans armées et sans territoire est plus puissant que les rois de la terre.

La révolution a aussi son idéal : c'est la destruction du catholicisme, de toute idée chrétienne; c'est l'explosion sans limite et sans frein de la puissance du mal et la destruction de tout ordre social. Elle s'établit toujours par la violence et la persécution.

L'Église enseigne qu'aujourd'hui, comme toujours, il est utile que la religion catholique soit l'unique religion d'État. Le libéralisme demande que l'Église renonce à cette affirmation. Quoi! s'écrie-t-on, une demande si modérée rejetée par la papauté! (Le Droit public de la Belgique, p. 417.)

Or, cette demande est modérée en apparence seulement. Elle implique que l'Eglise, au lieu d'admettre la tolérance civile comme une nécessité sociale, devrait proclamer que tous les cultes sont égaux, c'est-à-dire que toutes les aberrations humaines propagées sous prétexte religieux sont également vraies et respectables. L'Eglise devrait assimiler à ses propres enseignements le paganisme, le culte de Jupiter, les mystères d'Eleusis, les bacchanales, le culte du bouc de Mendès, le mahométisme, le prédestinatianisme, les mille sectes protestantes, l'athéisme, le panthéisme.

C'est-à-dire, elle devrait se renier elle-même en proclamant qu'il n'y a pas de vérité religieuse. En résumé :

Chacun des deux partis poursuit un idéal

Et voudrait assurer le triomphe du sien:
L'Eglise veut le bien et tolère le mal,
L'ennemi veut le mal sans tolérer le bien.

SECTION V

La liberté de conscience d'après la Constitution belge

204. Définition de la liberté de conscience. La liberté de conscience et la liberté des cultes consacrent pour chacun le droit de croire et de professer sa foi religieuse sans pouvoir être inquiété, interdit ni persécuté de ce chef, d'exercer son culte sans intervention de l'État, qui proclame son incompétence quant aux doctrines théologiques ou religieuses.

Chacun est donc libre d'exercer son culte, d'en célébrer les cérémonies et d'organiser la société ou communauté religieuse.

L'exercice de la religion catholique apostolique et romaine était seul toléré en Belgique sous l'ancien régime. Mais, depuis le xvIIe siècle, il s'établit une tolérance de fait qui alla sans cesse grandissant.

L'édit de tolérance de Joseph II (12 novembre 1781) autorisa expressément l'exercice du culte protestant.

La déclaration des droits de l'homme (26 août 1789) portait: Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même reli

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