Page images
PDF
EPUB

Tout ce tissu de sophismes et de subtilités est suffisamment réfuté par ce qui précède. Ajoutons que l'honnêteté publique condamne les spoliateurs et que la confiscation révolte les consciences droites. Elle tourne d'ailleurs contre les persé cuteurs, parce que le bien mal acquis ne profite pas, et que tous les jours se vérifie autour de nous la parole évangélique: Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le - reste vous sera donné par surcroît. >>

La révolution a con fisqué des milliards de 1793 à 1799; la banqueroute était complète, et les caisses de l'État étaient vides quand Napoléon revint d'Égypte. Elle a cru supprimer la papauté en lui enlevant son domaine temporel et ses revenus. Les dons volontaires du monde entier assurent à Léon XIII un revenu plus certain que ceux produits par les mesures fiscales et surtout que ceux produits par la spoliation. Nous renvoyons, en ce point, à ce que nous avons dit suprà no 137.

La même chose se passerait d'ailleurs en Belgique au jour de la suppression du budget des cultes. Écoutons le noble langage de M. le baron de Coninck de Merckem: Votre

སྐ

"

loi de 1879 (la guerre scolaire) ne pouvait satisfaire la conscience des catholiques... Ce n'est pas le clergé qui - a mené la lutte, c'est nous, laïcs, et nous avons droit à une part de vos reproches; mais, loin de nous décourager, -ils seront pour nous un stimulant dans l'avenir. Le jour où - le parti libéral, revenu au pouvoir, voudra recommencer la lutte scolaire, nous prouverons que ni la générosité, ni la bourse, ni l'ardeur des catholiques ne sont épuisées... la lutte scolaire est pour nous une lutte sacrée. Aujourd'hui. nous payons encore de nombreux millions pour l'enseignement libre catholique. Revienne la lutte scolaire, nous doublerons, nous triplerons, nous quadruplerons, s'il le faut. la somme. Oui, quand il s'agit de l'enseignement religieux. de notre foi, de notre culte, pas un catholique ne recule, ne transige. Nous n'avons pas cédé et nous ne céderons pas; - vous pouvez supprimer le budget des cultes tout entier! Pas un catholique, pas un prêtre ne manquera à son devoir pour

"

"

[ocr errors]

"

une question d'argent. De même que nous avons prouvé ce que nous savons faire quand il s'agit de maintenir la liberté d'enseignement, nous prouverons ce que nous savons faire quand il s'agit de maintenir en Belgique notre vieux culte » catholique.» (Annales parlementaires du Sénat, séance du 1er mai 1888, p. 345.)

[ocr errors]

Cette opinion n'est pas isolée. La guerre scolaire a prouvé que c'était celle des multitudes chrétiennes. Une cause ne saurait périr qui s'appuie sur de telles protestations et qui inspire de tels dévouements.

Quant aux opportunistes, ils voient bien que la persécution affaiblira l'État et renforcera l'Eglise. Nous renvoyons en ce point au discours précité de M. J. Ferry. Il est difficile de rien trouver de plus significatif.

La conclusion est toujours la même : ayons confiance dans l'Église, elle est immortelle; plaignons les persécuteurs, plaignons surtout les sophistes qui préparent et encouragent la persécution.

Voici, enfin, l'application plus spéciale quant à l'enseigne

ment.

Nous avons vu plus haut le langage des adversaires: L'État salarie le clergé des diverses religions par l'unique motif que les cultes sont un objet d'utilité publique. Il n'a pris, à cet égard, d'engagement qu'envers lui-même et il est libre de modifier l'étendue de cet engagement si les ministres du culte mettent leur crédit et leur autorité au service d'un parti politique hostile à la Constitution établie. (Le Droit public de la Belgique, p. 406.) La commission des pétitions de la Chambre des représentants a émis l'opinion que, si un prêtre se sert des armes spirituelles pour faire de la politique, s'il refuse les sacrements à ses paroissiens parce qu'ils exécutent la loi, remarquez la nuance: plus haut, c'est la Constitution qu'on cite, on reste dans le domaine de l'abstraction, mais ici on spécialise, il s'agit de la loi et nous allons voir de quelle loi, le gouvernement peut l'assimiler à ceux qui désertent leur emploi et le priver de son traitement. (Annales parlementaires de la Chambre des Représentants, 1881-1882, p. 952.)

Or, ces menaces doucereuses visent la lutte scolaire et la résistance légitime de la population chrétienne à l'application de la loi du 1er juillet 1879. On sait assez que, sous prétexte d'organiser l'enseignement primaire, cette loi supprimait la transaction intervenue en 1842 entre l'Église et l'État ; elle laïcisait l'enseignement populaire, suivant en cela le mot d'ordre donné par les loges depuis plus d'un siècle. L'Église crut cette loi funeste et les catholiques, invoquant la liberté de conscience et la liberté d'association, créèrent partout, à leurs frais, des écoles libres, qui continrent bientôt l'immense majorité de la population scolaire. Ils défendaient ainsi leur foi et leurs croyances par des moyens absolument légaux, et le clergé conseilla légitimement la fréquentation des écoles libres et catholiques. C'est cette splendide et unanime protestation de la conscience chrétienne qu'on a l'audace de présenter comme une résistance factieuse à la loi du pays. Or, la première loi, c'est la Constitution; les factieux sont ceux qui, par des lois iniques, violent la liberté de conscience que cette Constitution garantit.

S'il y eut des abus quant aux refus de sacrements, le haut clergé les réprima, et d'ailleurs que peut faire l'autorité civile dans cet ordre d'idées? Va-t-elle s'introduire au confessionnal, va-t-elle s'immiscer dans le domaine spirituel, va-t-elle, à l'imitation des anciens parlements, ordonner l'administration de tel sacrement à telle personnalité ? Et tout cela sous l'empire d'une législation qui proclame l'incompétence absolue de l'État en cette matière et qui présente cette incompétence comme le progrès essentiel de l'esprit moderne. Le clergé et le peuple chrétien croient que la loi de 1879 a sa racine dans la haine révolutionnaire, qui veut déchristianiser les masses pour rapprocher de la fosse le cadavre du catholicisme. L'Église résiste par les moyens légaux. Le clergé use de son droit et accomplit son devoir. Ceux qui veulent participer aux sacrements doivent obéir à leurs pasteurs; ceux qui n'en veulent pas sont absolument libres de s'en passer.

Mais où la tyrannie commence, c'est quand les sophistes ordonnent au clergé de respecter les lois antichrétiennes.

Abandonnez, disent ces pharisiens, l'obligation de défendre l'Église en éclairant les fidèles, sinon, au nom de la liberté de conscience, nous supprimerons le temporel pour vous réduire par la famine! - Ce sont toujours les trente deniers de Judas offerts comme prix de l'apostasie.

[ocr errors]

"

"

"

Et où la folie de la tyrannie se manifeste, c'est quand un des chefs reconnus du parti libéral, ancien représentant, prononce publiquement les paroles suivantes : « Lorsque, revenus au pouvoir par les voies légales, nous balayerons comme un monceau d'immondices les dispositions de la loi maudite, il s'agit de la loi du 20 septembre 1884, ceux qui ont provoqué la triste situation dans laquelle nous nous trouvons payeront les frais de la guerre... Il ne sera que juste que l'on rogne les budgets des fabriques. d'église en attendant que nous puissions étendre nos revendications plus loin et verser les richesses du clergé dans le patrimoine national. Tout a une fin. Il faut choisir entre la > liberté et l'Eglise. Le moment viendra où, nous armant d'une hache et d'un balai, nous abattrons et ferons disparaître à jamais les privilèges du clergé. » (Discours de M. le comte X au meeting tenu à l'Alhambra le 28 septembre 1884.) C'est le même qui avait écrit : « Les libéraux ne peuvent - contester l'urgence d'appuyer tout mouvement qui tend à séparer de l'Église romaine un groupe quelconque de nos concitoyens, n'importe au profit de quelle secte ou de quelle école. (Revue de Belgique, juillet 1876.)

[ocr errors]

"

"

"

[ocr errors]
[ocr errors]

"

Est-ce la recherche et l'amour de la vérité qui inspirent de telles paroles ?

[ocr errors]

Voici la déclaration émanée d'un des héros du libéralisme : En lisant le récit des exploits de 1793, nous n'éprouvons aucune horreur nous désirerions plutôt qu'ils se renou» velassent. " (Étude sur l'Histoire de l'Humanité, XIV, p. 436.)

[ocr errors]
[ocr errors]

«

La révolution se prépare par les sophistes; elle s'accomplit, quand elle a la force, par la confiscation et la hache. Elle est servile dans l'imitation de ses précurseurs les géants de 1793. La spoliation et le couperet triangulaire sont encore toujours leur suprême argument.

215. L'État n'a le droit d'intervenir ni dans la nomination ni dans l'installation des ministres d'un culte quelconque. (Art. 16 de la Const.)

L'État alloue un traitement aux curés et aux desservants nommés par l'évêque; il cesse de le payer lorsqu'ils ont été révoqués par l'autorité religieuse. Les pouvoirs civils n'ont pas qualité pour vérifier si la révocation a été prononcée pour motifs légitimes et suivant le droit canonique.

Toutefois, les tribunaux ont qualité pour examiner si la révocation invoquée émane d'une autorité compétente. Sinon, il faudrait décider qu'il y a lieu d'admettre une révocation quelconque prononcée par le premier venu, conséquence évidemment inadmissible.

TITRE X

INVIOLABILITÉ DU SECRET DES LETTRES

216. L'inviolabilité du secret des lettres est le corollaire de la liberté de conscience. Le gouvernement a le monopole du transport des lettres. Il s'oblige, par là-même, à ne pas les ouvrir.

Sous l'ancien régime, et actuellement encore sous les gouvernements tyranniques, les cabinets noirs avaient mission d'ouvrir les correspondances, sauf à les renvoyer ensuite à leurs destinataires.

L'assemblée nationale (1790) décréta l'inviolabilité des lettres et la Constitution belge porte dans son article 22: « Le secret des lettres est inviolable; la loi détermine quels sont les agents responsables de la violation du secret des lettres > confiées à la poste. »

[ocr errors]

Le Code pénal (art. 149, 150) punit les fonctionnaires qui ouvrent ou suppriment les lettres ou les dépêches ou qui en révèlent le contenu; il punit également les particuliers qui violent le secret des lettres.

[ocr errors]

Le juge d'instruction mais lui seul perquisitions dans les bureaux de poste.

[blocks in formation]
« PreviousContinue »