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>ments universitaires publics ou privés délivreraient leurs diplômes en toute liberté, sous leur responsabilité. Le conseil dont je parle ne ferait subir aucun examen; il ne serait pas juge de la science; il déciderait, à l'instar de ce qui se pratique en Angleterre, d'après la notoriété acquise, que les diplômes, titres ou certificats émanent de personnes ou d'institutions qui se livrent à l'enseignement. Il y a là un fait patent, public, notoire, incontestable; tout est dit! >> (Chambre des Représentants, Annales parlementaires du 25 février 1876, p. 546.)

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Il disait encore: Depuis que j'ai pris la parole pour la pre»mière fois dans cette discussion, il y a un mois, une situation > entièrement nouvelle est née. Je croyais, en me levant alors, » ne parler que pour empêcher une sorte de prescription de s'accomplir en appelant l'attention sur une réforme que je crois salutaire et qui est dans mes aspirations et mes vœux depuis plus de vingt ans. "

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Une fraction voulait l'ajournement : « Après les approbations données aux idées de l'honorable M. Frère par quelques » membres de la gauche, il s'est opéré une manœuvre dans la » droite: celle-ci tout entière s'est déclarée sympathique à ces idées. Encore alors devions-nous chercher à ne pas faire éclater, à ne pas trop accentuer surtout le dissentiment entre libéraux.» (Loc. cit., 30 mars 1876, p. 703.) Si cependant la section centrale ou le gouvernement combattait une » motion d'ajournement, cela fortifierait notre défiance et nous prouverait que la droite, heureuse d'être soutenue dans ce débat par quelques membres éminents de la gauche, veut profiter de cette bonne fortune pour emporter, par un coup » de surprise, la réforme peut-être la plus importante qui ait » été apportée à notre législation depuis un demi-siècle. » (P. 704.)

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M. Frère semblait regretter sa proposition: « Je pensais que, comme en bien d'autres circonstances, ma voix serait isolée et que je ne serais guère écouté! (P. 721.) Mais il ne pouvait plus reculer: « Déserter sa cause quand elle va triompher, par cela seul que ses adversaires se rallient à

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» sa manière de voir, cela est insensé... » (Id.) « On dit: Le clergé va partout créer des universités, des facultés; c'est » la ruine de l'enseignement public; c'est la ruine de l'université de Bruxelles... C'est admirable, en vérité! On va plus loin. L'université est libre, elle veut être libre; et, au mo>ment où on lui dit : Vous serez libre de délivrer vos diplômes! elle se retourne contre nous et s'écrie avec effroi : La liberté, » c'est la mort ! (Interruptions.), (Chambre des Représentants, Annales parlementaires du 30 mars 1876, p. 730.)

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Nous ne saurions assez répéter que ce qui domine toute la situation, c'est la question religieuse: « Il n'y a pas le moindre » doute que la question, telle qu'elle est engagée, ne soit la lutte entre l'État laïque et l'État chrétien! dit M. Janet dans la Revue des Deux Mondes. (Juillet 1876, pp. 241-258.) Au surplus, les catholiques demandent la liberté pour tous: Quand nous demandons la liberté, quand l'Église la réclame, " ainsi que les catholiques, ce n'est pas pour eux seuls: ils ne > veulent ici aucun monopole, ils demandent simplement le droit commun, la liberté commune, ils n'ont jamais voulu autre chose. (Mgr DUPANLOUP, 1875, Journal officiel de la République française, pp. 4085-4086.)

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Mais, objecte-t-on encore, l'Église en profitera seule ! Il » est donc vrai, vous avez peur de l'Église (exclamations)! vous, les héritiers de ceux qui, cent fois en cent ans, se sont vantés » d'avoir porté les derniers coups à sa puissance dans la société civile; vous, dont les journaux et les livres répètent tous les

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jours qu'elle est morte dans l'esprit des peuples! Je ne recon> nais pas ici la fierté de votre langage et l'enthousiasme de » la libre-pensée... » (M. DE BELCASTEL, 11 juin 1876, Journal officiel de la République française, p. 4189.)

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On sait assez ce qu'il est advenu de la liberté de l'enseignement en France sous le gouvernement de M. Ferry. (Voyez n° 221.) C'est un exemple qui tente fort les libéraux belges, car l'intolérance est fille des faux dieux. Voici ce qu'a écrit M. Laurent dans ses Sociétés ouvrières: « Il y a incompatibilité radi» cale entre l'enseignement libre et l'État; donc l'État ne peut

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pas même admettre aux examens ceux qui ont fait leurs

» études dans un collège ou dans une université catholique. C'est de la folie que de déclarer admissibles aux fonctions publiques ceux qui sont élevés dans le catholicisme ultra» montain, et les appeler à ces fonctions, c'est plus que de la folie c'est un crime! »

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Depuis Choiseul, Pombal, d'Aranda, Joseph II, Guillaume de Hollande jusqu'à Ferry et Laurent, c'est toujours la même chose Et nunc erudimini.

Quant à l'enseignement primaire, voyez encore ce que nous en avons dit au no 214.

TITRE XIII

LA LIBERTÉ DE RÉUNION

224. La liberté de réunion ne s'applique pas aux rassemblements en plein air. — L'article 19 de la Constitution porte : Les Belges ont le droit de s'assembler paisiblement et sans » armes, en se conformant aux lois qui peuvent régler l'exercice de ce droit, sans néanmoins le soumettre à une autorisation préalable. Cette disposition ne s'applique point > aux rassemblements en plein air, qui restent entièrement soumis aux lois de police. "

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Les rassemblements en lieux clos ne sont donc pas soumis à une autorisation préalable, mais les autorités communales conservent le droit (loi des 16-24 août 1790) de veiller au maintien de l'ordre dans les endroits où se font de grands rassemblements d'hommes, tels que spectacles, cafés, églises et autres lieux publics.

Ces autorités ont même le droit de soumettre les bals publics à une autorisation préalable.

Les rassemblements en plein air restent entièrement soumis aux lois de police. (Voyez cependant n° 209.)

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TITRE XIV

LA LIBERTÉ D'ASSOCIATION

225. Étendue et limites de la liberté d'association.

Les

Belges ont le droit de s'associer; ce droit ne peut être soumis à aucune mesure préventive. (Art. 20 de la Const.)

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Ce droit a été sanctionné d'une façon plus explicite encore par un décret constitutionnel, en date du 16 octobre 1830, portant:

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Art. 1er. Il est permis aux citoyens de s'associer comme ils l'entendent, dans un but politique, religieux, philosophique, littéraire, industriel ou commercial... »

<< Art. 3. Aucune mesure préventive ne pourra être prise contre le droit d'association... »

Nous avons exposé plus haut les efforts libéraux et révolutionnaires pour enlever aux religieux le droit de s'associer et le droit de posséder. Nous renvoyons aux n° 211, 212 et 213.

Nous avons jugé utile de présenter certaines théories émises, quant aux droits des religieux, par des libéraux ayant autorité dans leur parti. Nous avons adopté la forme du dialogue qui rompt la monotonie de la controverse et lui donne plus d'énergie. Les arguments libéraux sont tirés en grande partie des Lettres d'un retardataire libéral à un progressiste catholique (Bruxelles, Tircher et Manceaux, 1865):

Le libéral: Sous prétexte de charité, vous avez voulu doter la Belgique d'une loi des couvents. Mais vous n'avez pas suivi les voies droites, hypocrite! menteur! (Lettres, p. 113.) On n'a jamais vu pareille tartuferie! O sainte liberté ! prends tes armes et anéantis ces tartufes! (P. 114.) La cause de la force de l'Angleterre, c'est le respect du droit, et vous anéantissez ce respect! (Pp. 115-116.)

Le catholique: La loi dont vous parlez répondait à une utilité sociale; elle créait des droits égaux pour tous. Elle était donc absolument juste. Guizot, le protestant, la proclame telle

dans une revue rationaliste. (Revue des Deux Mondes, 1857, tome X, p. 482.) En proclamant le respect du droit et en invoquant la sainte liberté, vous voulez mettre les religieux hors la loi pour anéantir l'Église. Qui de nous est l'hypocrite et le menteur ?

Le libéral: Une société ne peut subsister lorsque, dans son sein, il y a une Église puissante qui prêche et pratique la fraude. (P. 116.)

Le catholique: La société ne peut subsister sans religion et la religion doit être libre. Ce qui ruine la société, ce qui constitue un État dans l'État, c'est la franc-maçonnerie, conspiration universelle contre l'ordre civil et l'ordre religieux, et qui prêche et applique l'athéisme et l'assassinat. Si les loges ne faisaient pas le mal, elles ne se cacheraient pas. Le bien se fait à la lumière et le mal dans les ténèbres. (Voyez no 202.)

Le libéral: Tout, dans vos couvents, est fraude et mensonge. Leur existence même est une fraude permanente. (P. 117.)

Le catholique Déclamation pure! Comment! la Constitution, la loi des lois, à laquelle vous devez le respect d'après vos propres enseignements, proclame la liberté des cultes; elle proclame le droit d'association dans un but religieux, et ce serait une fraude que d'user de ce droit! Vous déraisonnez. Le libéral: Les corporations n'ont qu'une insatiable avidité de posséder autant de biens que possible... (P. 118.)

Le catholique: Quoi! c'est l'avidité qui guide les missionnaires, les sœurs de charité, les sœurs des pauvres ! Ils évangélisent le monde et courent au martyre; elles se dévouent au soulagement de toutes les douleurs humaines. Les païens même les admirent.

L'insatiable avidité guide les charlatans politiques, qui, pour arriver au pouvoir et à la fortune, excitent les passions populaires et, par leurs prédications insensées, préparent les révolutions et appellent les bourreaux.

Le libéral: Les couvents ont été abolis par les lois de la révolution... Ces lois subsistent... (P. 119.)

Le catholique: La révolution n'a pas aboli seulement les couvents: elle voulait surtout abolir l'Église; elle a fait son

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