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sont d'une utilité reconnue; mais cette invention a déjà été magnifiquement récompensée par le Gouvernement. Le Jury se contentera d'en faire une mention honorable, ainsi que des machines à feu perfectionnées par MM. Périer, qui ont contribué au succès de plusieurs grands établissemens; de la nouvelle écluse de M. Bethancourt, dont on a fait un rapport très-avantageux à la Classe des Sciences de l'Institut; des inventions de M. Droz, pour diverses opérations du monnoyage, dont le Gouvernement est plus en état d'apprécier les applications que le Jury.

Il ne fera que rappeler l'expérience qui a été faite d'un moyen mécanique par lequel M. Brunet a élevé l'eau, d'un seul jet, jusqu'au haut de la montagne de Marly.

La manufacture de Fromelenne, pour laminer et filer le fer, le cuivre et le zinc, ne fait qu'entrer en activité, mais donne de grandes espérances; et la mention que le Jury en fait ici, réserve à M. de Contamine, qui en est le fondateur, les droits que son établissement peut lui donner au concours prochain.

M. Cagnard de la Tour est l'inventeur d'une machine à feu, dont les Commissaires de l'Institut ont rendu le témoignage le plus favorable. La Classe des Sciences a jugé que cette machine est susceptible des applications les plus utiles; et quand l'expérience aura confirmé ce jugement, ce sera un titre pour que l'auteur la présente au concours prochain.

D'après cette courte analyse, le Jury croit devoir proposer le Belier hydraulique de M. Montgolfier, pour le prix destiné à la machine la plus importante pour les arts et les manufactures. Le Jury est fort éloigné pourtant d'assurer que le Belier hydraulique pût remplacer la machine de Marly, ainsi que prétendu l'auteur. Des circonstances qui lui sont étrangères,

l'a

et le mauvais état de sa santé, l'ont empêché d'exécuter l'ex-périence qu'il avoit préparée pour démontrer son assertion; mais, en supposant même que le succès n'eût pas répondu à l'espoir de M. Montgolfier, il en résulteroit seulement que le Belier ne peut remplacer les grandes machines hydrauliques; ses avantages n'en resteroient pas moins démontrés dans une foule de circonstances où il peut être utile à l'industrie et à l'agriculture.

RAPPORT D'UNE COMMISSION

Composée de MM. CHARLES, PRONY et MALUS, sur le cinquième grand prix destiné à l'Auteur de la machine la plus importante pour les Arts et les Manufactures.

LA Commission de Mécanique, chargée d'émettre son opinion sur les opérations du Jury, présente à la Classe le résultat de ses conférences sur cet objet.

Elle donne son adhésion à l'opinion du Jury, qui propose le Belier hydraulyque de M. Montgolfier, pour le Prix destiné à la Machine la plus importante pour les Arts et les Manufactures.

Cette Machine, presque à sa naissance, fut présentée à la Classe et en obtint dès-lors un Rapport avantageux. Elle fut regardée comme une Machine neuve, très-simple et très-ingénieuse. Depuis cette première époque, M. Montgolfier l'a soumise à de nouvelles expériences, lui a donné des améliorations successives, et l'a amenée enfin au degré de perfection dont elle est susceptible. Maintenant répandue dans la société en nombre considérable, et mise en usage sous différentes proportions, cette Machine a pour garantie de son utilité le Public qui l'accueille, et qui a le droit de se constituer juge entre elle et ses rivales (1).

(1) Depuis la première invention du Belier hydraulique, M. Montgolfier a fait à cette machine des corrections et des additions très-importantes; les principales conLe

Le Belier hydraulique est composé de trois parties principales, le corps du Belier, sa tête et son tube d'ascension. Chacune de ces parties est formée de plusieurs autres.

Le corps du Belier contient un tube vertical, ou incliné, ou même un peu sinueux si le local l'exige ainsi. Ce tube, dont le diamètre et la hauteur varient selon les circonstances, admet dans sa capacité l'eau d'un ruisseau ou d'une cascade naturelle ou factice. Son orifice inférieur s'abouche avec un second tube horizontal ou très peu incliné, dont la longueur variable a néanmoins un rapport avec le tube vertical, rapport déterminé par l'expérience et corrélatif à la puissance de la Machine.

L'extrémité du tube horizontal s'abouche avec la tête de Belier. Cette tête contient deux capacités terminées chacune par une soupape, dont les ouvertures se font alternativement et en sens contraire.

L'une de ces capacités termine le tube horizontal; la seconde s'élève au-dessus de ce tube : elle contient au dôme un réservoir d'air. Sur sa base et auprès de sa soupape se trouve le tube d'ascension dont le diamètre est environ la moitié de celui du tube horizontal.

Maintenant, pour entendre le jeu de cette Machine, il faut quelques explications préliminaires.

sistent dans l'introduction de deux réservoirs d'air, dont l'un sert d'aliment à l'autre. Ces deux réservoirs sont différens en forme et en capacité: le plus volumineux s'élève en dôme au-dessus de la soupape dite d'ascension. L'air de ce réservoir, comprimé par le jeu alternatif de la machine, réagit sur la colonne d'eau qu'il élève dans le tube d'ascension. Mais une portion de ce même air s'échappant à chaque percussion par sa permixtion et sa combinaison avec l'eau, ce premier réservoir se trouvoit évacué assez rapidement, et bientôt la machine cessoit ses fonctions. Pour alimenter ce réservoir, M. Montgolfier a établi au-dessous de la soupape d'ascension un réservoir latéral d'air, dont une portion passe par cette soupape à chaque fois qu'elle s'ouvre. Dès qu'elle se ferme, la réaction élastique de tout le système forme dans ce second réservoir un vide momentané; aussitôt une soupape latérale s'ouvre; l'air de l'atmosphère s'y précipite, et remplace celui qui a été chassé au dôme du premier réservoir. Cette addition très heureuse a fait disparoître les défauts de la première machine, et a assuré à celle-ci un emploi constant et régulier.

Concevons d'abord le corps du Belier plein d'eau et fermé par son orifice horizontal. Supposons le tuyau vertical environ 5 mètres, et celui horizontal 5 mètres.

Supposons aussi le tuyau vertical abouché par sa superficie avec un canal inépuisable. Si l'on ouvre instantanément l'orifice horizontal, l'eau s'écoule ; mais avec quelle vitesse? On conçoit que ces deux canaux abouchés, et égaux en capacité, contiennent chacun la même quantité d'eau. Mais ces deux masses égales n'ont pas la même tendance. à l'effusion, puisque l'une répose horizontalement sur les parois de son tube, et que l'autre gravite perpendiculairement sur la base du sicn. Quelle seroit la vitesse de celle-ci, si elle étoit libre dans son canal? Sous la pression de 5 mètres, son effusion donneroit environ 10 mètres par secondes, (rigidement 9,745). Mais elle rencontre un obstacle: c'est une colonne égale en poids à la sienne, qui lui oppose son inertie, sa viscosité et le frottement du canal dans lequel elle se moule. Pour vaincre le tout, il faut une force supérieure à ces résistances. La colonne inerte, ébranlée, et enfin accélérée par celle qui la poursuit, s'échappe par le contour annulaire de la soupape entr'ouverte. La soupape elle-même, précipitée par l'eau qui la frappe en sortant, s'élance et ferme brusquement la porte. Que deviennent alors ces deux colonnes superposées et incompressibles? Avec leur vitesse acquise et multipliée par leur masse, elles réagissent contre la somme totale des obstacles. La seconde soupape s'ouvre, l'eau s'engouffre, et comprime le réservoir d'air contenu dans cette seconde capacité. La réaction élastique de tout ce système élève l'eau dans le tube d'ascension, ferme cette seconde soupape, entr'ouvre la première, et par une sorte d'oscillation pendulaire entretient le choc alternatif, et la succession constante des effets qui en résultent.

Au premier aspect, cette Machine semble se suffire à elle-même. On n'aperçoit pas d'abord la puissance qui la met en action. Mais, ainsi que tous les autres, elle présente deux choses bien distinctes: la dépense et le produit. La dépense est dans l'eau écoulée et perdue; le produit est dans l'eau élevée dans le réservoir. L'eau qui s'écoule est tombée d'une certaine hauteur; celle qui s'élève est transportée à une hauteur donnée. Chacune de ces quantités a sa masse mui

tipliée par sa hauteur. Les deux produits déterminent les rapports entre la dépense et la recette. Jamais ces deux choses ne peuvent être égales; mais plus elles se rapprochent, et plus la Machine est près de cette perfection qu'aucune ne peut atteindre.

Nous avons sous les yeux les détails de plusieurs expériences faites avec différens Beliers hydrauliques, et nous nous contenterons d'en consigner seulement ici les résultats.

Dans l'un d'eux, le diamètre du corps =

Le diamètre du tube d'ascension.

La hauteur de la chute.

La hauteur du réservoir.

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0.027(1 p.)

0.014

(6 lig.)

7.000

(21 P. 6 po. 6 lig.)

60.000

(environ 185 P.)

En 24 heures, la quantité d'eau fournie par la source 17878 litres d'eau. Sa chute 7 mètres. Sa force 125146.

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Ces deux forces sont entre elles :: 125146: 84000 =

67

Dans un second Belier, dont la chute et le tube d'ascension sont

inclinés, les forces respectives se trouvent

Son diamètre = 0.054 mil. = (2 Po. )

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60 100

Les forces respectives ne sont plus qu'environ ou la force employée à élever l'eau les de la force communiquée à la Machine par la chute d'eau.

Dans cette troisième Machine, la hauteur est très-petite, mais le diamètre du Belier est plus grand: néanmoins les résultats diminuent; ce qui fait pressentir que l'emploi de très-grands diamètres lui seroit défavorable, et d'autant plus qu'on auroit à élever l'eau à de plus grandes hauteurs.

Nous partageons à cet égard l'opinion du Jury, qui déclare formellement qu'il est fort éloigné d'assurer que le Belier hydraulique put remplacer la Machine de Marly, ainsi que l'a prétendu l'auteur; et nous pensons, comme le même Jury, qu'en supposant que le Belier ne pút remplacer les grandes Machines hydrauliques, ses avan

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