Page images
PDF
EPUB

On retrouvera dans l'ouvrage de M. R. toutes les thèses que l'opposition nationaliste et modérée a soutenues ces dernières années sur le jacobinisme des partis avancés (p. 12 et 128); sur l'utopie antimilitariste (p. 25); sur l'anticléricalisme sectaire qui du domaine de la politique passe dans celui de la religion (p. 129 et 407); sur la tyrannie des radicaux et des socialistes, « prenant à force d'audace, de violence, de brutalité même, toujours plus d'empire sur les modérés qu'ils malmenaient dans leurs journaux, dont ils affectaient de dénoncer au pays les complaisances pour le pouvoir, et qui s'affolaient à l'idée de passer aux yeux de leurs comités pour moins avancés que tel ou tel » (p. 182); sur la nonapplication de la Constitution dont tous les ressorts ont été faussés, avec une citation de M. Paul Deschanel (p. 245); sur la pression abusive exercée dans ces derniers temps surtout par l'Exécutif sur la magistrature (p. 209); sur la séparation de l'Église et de l'État, entendue par les partis avancés d'aujourd'hui «< comme une guerre sans fin contre l'Église jusqu'à son entière spoliation, et contre la conscience religieuse de la majorité de la nation» (p. 407); sur les républicains qui ont la haine de la papauté (p. 413); sur l'introduction de la politique dans l'armée et la tendance à « flagorner les grades inférieurs et à humilier les supérieurs, à engager les officiers dans une certaine politique, à répandre parmi eux la contagion de l'arrivisme, à chercher à se créer dans l'armée une clientèle et un parti, à cultiver des fréquentations intolérables avec ce qu'il y a de pis dans l'extrême gauche » (p. 428), etc. Le chapitre XI: «< Autour de l'article VII », contient un exposé de plusieurs pages pour démontrer qu'il n'y a aucune analogie entre l'article VII et les dernières mesures prises contre les congrégations. Je ne relève que les premiers arguments pour donner une idée de la nature et du ton de la discussion: 1o Entre la situation de 1880 et celle de 1901, il y a une différence essentielle. En 1901 on n'était pas au lendemain d'une lutte ardente où l'existence même de la République avait été en jeu. On n'avait pas l'excuse de défense à organiser, de représailles à exercer. C'est sans provocation, en pleine paix civile, en présence de l'épiscopat et du clergé le plus déférents qu'ait jamais connus gouvernement français, qu'on a délibérément, froidement réveillé ce que Jules Ferry a appelé la vieille querelle. 2° Les mesures restrictives de la liberté des congrégations sont un anachronisme sous une législation nouvelle, accordant la plus large liberté à toutes les associations possibles, même aux plus dangereuses, « comme s'il était nécessaire de détruire les forces conservatrices pour mieux assurer le triomphe des forces de destruction (p. 219) ». Le volume se termine par cette conclusion : « Quant aux adversaires de cette paix sociale et de cette paix

religieuse qu'en 1882 il proclamait également nécessaires à la France, Jules Ferry les retrouverait aujourd'hui eux ou leurs continuateurs plus nombreux sans doute, multipliés dans l'atmosphère surchauffée de la Chambre, mais toujours avec les mêmes utopies funestes, avec la même aversion pour tout ordre établi, avec la même intolérance factieuse et brutale, avec la même défiance de tout progrès dans la puissance militaire du pays et dans son expansion. Eux, de leur côté, retrouvant en lui l'homme qui eut au plus haut degré le respect de l'armée et de la grandeur nationale, qui faisait du patriotisme une véritable religion, continueraient à se montrer ses plus irréconciliables ennemis. En 1889, quand il luttait si bravement contre le césarisme, on osait le traiter de réactionnaire. Comment serait-il traité aujourd'hui ? » (p. 519). Il est regrettable qu'on puisse se demander, en fermant le livre, s'il n'a pas été écrit dans l'intention de mettre en lumière une pareille conclusion. P. MURET.

[ocr errors]

REVUE DES PÉRIODIQUES

Bulletin de la Société de l'histoire du Protestantisme français. 1905.

[ocr errors]
[ocr errors]

Mai-Juin. Ch. BOST. Comment les protestants de Pompidou défendirent leur temple (1684). [Il s'agit du Pompidou, commune du canton de Barre (Lozère), dont le temple fut rasé en septembre 1685.]-E. BELLE. Hugues Sambin et la Réforme à Dijon. [L'architecte bourguignon Hugues Sambin quitte Dijon en 1556: il était devenu protestant et voulait échapper aux poursuites.] H. GUYOT ET N. WEISS. Une lettre inédite de Coligny du 14 avril 1562. [Adressée à Catherine de Médicis, elle se rapporte aux négociations entreprises après la prise d'Orléans. Avant de s'entendre avec la Reine-mère, Condé et Coligny réclamaient l'éloignement du duc François de Guise, le châtiment des bourreaux de Vassy et l'exécution de l'édit du 17 janvier 1562.] — F. DE GRENier de Latour. Avertissement à l'Assemblée du Clergé de 1615. [Satires dirigées contre le clergé par les Réformés.] -- F. de Budé ET N. WEISS. En Bresse après la Révocation (1691-1704). [Diane d'Agoust, femme de Georges de Loriol, accusée en 1691 d'avoir fait prêcher dans son château de Loriol (Ain); les enfants semblent être devenus catholiques.] — A. DE Cazenove. Un portrait de Baville. [En 1700; conservé au Musée de Montpellier ; Baville ne fut jamais partisan de la Révocation; mais, en fonctionnaire docile, il exécuta les ordres reçus.] A. VAN BEVER. Essai de bibliographie d'Agrippa d'Aubigné. [Dressée par M. A. V. B. qui prépare un choix des œuvres poétiques d'Aubigné, et suivi de cinq lettres inédites de Prosper Mérimée à Ch. Read relatives à des questions d'érudition (1854-1869).] H. PATRY. Guillaume du Bellay. [Important compte rendu de la thèse récente de V.-L. Bourrilly, « le modèle des biographies dans l'histoire du XVIe siècle ».] Juillet-Août. Ce numéro, où il est rendu compte de l'Assemblée générale de la Société, tenue à Saint-Maixent (Deux-Sèvres) en juin 1905, contient des études relatives à l'histoire du Protestantisme en Poitou: M. DE RICHEMOND, André Rivet et Guillaume Rivet de Champvernon. [Biographie de ces deux controversistes suivie de la publication du livre de raison en tête du «< Liber amicorum »> du pasteur Guillaume Rivet.] N. WEISS. Aperçu de la Révocation de l'édit de Nantes en Poitou (1660-1686). [En particulier, récit des dragonnades de l'intendant Marillac en 16811682. Détails sur les pasteurs de Saint-Maixent, René de Médicis, F. Melin, Pierre Pomier, etc.]— F. GELIN. L'empreinte huguenote dans la littérature orale du Poitou. [Recueil des proverbes, dictons, formules enfantines et chansons paysannes, psaumes modulés par les bergers, et où se retrouve l'empreinte huguenote.] TH. MAILLARD. Les assemblées du Désert dans la forêt de l'Hermitain et sur ses confins. [C'est à l'existence de cette forêt, où les dragons ne pouvaient arriver, qu'il faut attribuer

[ocr errors]
[ocr errors]

ce fait que les cantons de Celles, de la Motte-Saint-Héray, de Saint-Maixent aient pu conserver une population protestante si compacte malgré les persécutions de Marillac, de Foucault et de Bâville. Notes biographiques sur les prédicants, en particulier sur Gamain dit Lebrun ou Moinier.] F. DE S[CHICKLER]. Arrêt de la tour des grands jours de Poitiers ordonnant exécution des ordonnances rendues par les commissaires, faisant la visite des temples et cimetières de ceux de la R. P. R. (1635). -P. FONBRUNE-BERBINAU. Poitevins condamnés aux travaux forcés pour religion après la Révocation. [84 noms; 35 condamnés pour crime d'assemblée, 14 prédicants; 21 seulement furent libérés, parmi lesquels 5 avaient abjuré.] N. WEISS. Procèsverbal de Picoron, subdélégué (1764). [Visite du temple de Saint-Maixent ouvert depuis peu.] F. DE S[CHICKLER]. Réorganisation de l'Eglise réformée de Saint-Maixent au commencement du XIXe siècle. [1801-1806, extrait du registre des délibérations du Consistoire.]

Études, revue fondée en 1856 par des Pères de la Cie de Jésus. 1905. 20 Juin. = F. TOURNIER. Le P. Jacques Sales et son compagnon, martyrs de l'Eucharistie (Aubenas, 7 février 1593). [Rapport présenté au Congrès eucharistique de Rome, le 5 juin 1905.]

20 Août. L. ROURE. Les idées politiques de Taine, d'après sa correspondance. [Analyse du tome III, récemment paru.]— P. BLIARD. Le chevalier de la Barre et Voltaire. [Article de ton violent, où l'auteur s'attache à prouver, en se fondant sur la Relation de Voltaire et sur sa correspondance, que c'est la magistrature janséniste qui est responsable de l'exécution de la Barre et que « le rôle du clergé en tout ceci fut uniquement de sympathie, de pitié et de mesure ». ]

8 Septembre. H. CHÉROT. Comment sombra l'Empire à Sedan, d'après un ouvrage récent. [Le t. VII de l'Histoire du Second Empire de P. de la Gorce.]

La Quinzaine. 1905.

=

1er Août. L. BERR. Journal d'une enfant lorraine pendant la guerre. [Suite le 16 août; fin le 1er sept. Notes au jour le jour, du 17 juillet 1870 au 4 août 1871, d'une enfant de treize ans, habitante de Lunéville.]

16 Septembre. G. JOUANNEAUX. Les « petites feuilles » de Mme du Montet. [Analyse des Souvenirs de Mme du Montet, pub. en 1904. Cf. l'analyse donnée dans la Revue, t. VI, p. 275.] · Bon DE MARICOURT. La journée du 18 avril 1791 aux Tuileries (d'après un document inédit). [Il s'agit d'un rapport adressé, le 22 avril 1791, au comte d'Artois, à Coblentz, par un de ses agents de Paris, anonyme. Ce document, dont M. de M. n'indique pas la provenance, contient un récit des événements du 18 avril 1791, à Paris. L'éditeur y ajoute six pages de considérations sur l'appel que le comte d'Artois crut devoir adresser au roi d'Espagne en faveur de son frère, précisément à cette époque. «< En appelant les étrangers à notre secours, le comte d'Artois ne croyait pas manquer aux lois du patriotisme. Il se trompait étrangement, mais il ne commettait qu'une erreur. »] - V. GLACHANT. Mgr Parisis et le ministère de l'Instruction publique, d'après des documents inédits.

[Publie sept lettres inédites de Mgr Parisis, la première (avril 1861) à Roland, sur une question administrative, les six autres (oct. 1863-juill. 1865), à V. Duruy; quatre de ces dernières sont d'utiles documents pour la connaissance du rôle universitaire du haut clergé, sous le second Empire; à noter surtout celle du 26 nov. 1864 sur l'ouverture d'un cours de Coquerel fils, dont l'épiscopat, qui se refuse à coopérer à la propagation de doctrines «< criminelles et blasphématoires », réclame l'interdiction.] CH. CALIPPE. Le point de départ d'Auguste Comte. [Il a commencé par haïr le despotisme représenté par l'ancien régime et le catholicisme qui en est pour lui l'auxiliaire né. Peu à peu, ses préventions tomberont: «< Si son attitude vis-à-vis du catholicisme ne change pas du tout au tout, elle changera néanmoins, et beaucoup. >>]

[ocr errors]

La Révolution de 1848. 1905.

-

Juillet-Août. = I. TCHERNOFF. Documents sur l'état politique de la France en 1854. [Publie quelques extraits de rapports, provenant des Archives du ministère de la Justice, des procureurs généraux de Bourges, d'Orléans, de Rennes. Ils montrent qu'au moins dans ces trois ressorts, la tranquillité a été à peu près complète durant les six mois qui ont précédé le coup d'État.] Lettres inédites de et à D. Barodet. [Au nombre de sept; les trois premières, écrites en 1850 à D. Barodet, ancien député de Paris, ancien sénateur, par Esquiros, concernent la loi portant restriction du suffrage universel; les quatre autres, de Colfavru et Barodet, sont de 1851, 1852, 1854 et sont relatives au coup d'État.] A. M[ONIN]. Le suffrage universel dans le département du Lot. Statistique des élections du 23 avril 1848, par M. Vallès, ingénieur des ponts et chaussées. [Fin. Formes de la propagande électorale; résultat du vote; les élus; force respective des partis; considérations générales sur les élections.]

La Révolution française. 1905.

==

14 Août. A. AULARD. Les origines de la séparation des Églises et de l'État. L'Assemblée constituante. [En 89, on n'a pas encore l'idée de laïciser l'État ; les philosophes eux-mêmes considèrent la religion comme une chose d'État, ils ne demandent pas la séparation, et les rédacteurs des cahiers encore moins. Le concours apporté à la Révolution par le bas clergé justifie le sentiment que l'État doit s'appuyer sur l'Église. L'idée que la religion est chose d'État se traduit par la Constitution civile qui change, non la religion, mais la discipline, et par le fait que désormais l'État salarie le clergé. Mais les circonstances dans lesquelles est appliqué le régime nouveau dénouent, au lieu de les resserrer, les liens entre l'Église et l'État. C'est d'abord la rupture de la France avec le pape, puis la division du clergé en prêtres papistes et constitutionnels. La Constituante rend, le 7 mai 1791, un décret portant que le défaut de prestation du serment ne peut être opposé à aucun prêtre se présentant dans une église pour y dire la messe. C'est la liberté des cultes qui est ainsi reconnue. Mais les patriotes, ne voulant pas de schisme, s'opposent à l'application de ce décret, et par conséquent à la liberté des cultes, que la Constituante proclame enfin, en ajoutant, le 9 août, aux dispositions fondamentales de la

« PreviousContinue »