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confiée au F. M. L. prince Auersperg; précautions minutieuses prises pour empêcher le passage. Arrivée de Murat à Vienne; il y reçoit la lettre fameuse de l'Empereur à propos de la perte du contact avec les Russes, et n'a plus qu'une idée, traverser le Danube en enlevant les ponts. Pendant toute la journées du 12 et la nuit du 12 au 13, négociations avec la municipalité de Vienne, le comte Wbrna et Auersperg pour obtenir que les ponts ne soient pas détruits. VI. La surprise des ponts. Elle fut éxécutée par les généraux Bertrand et Moissel qui passèrent les premiers et amusèrent Auersperg par des propositions d'armistice, et Lannes et Murat. Y a-t-il eu, de la part des uns ou des autres, «< faute contre l'honneur »?«< Les torts, s'il y en eut, ne peuvent être imputés qu'au général Bertrand. Lui seul est accusé d'avoir affirmé l'existence d'un armistice au colonel Geringer; mais ce fait n'est avancé que sur la déposition de ce dernier qui y était fort intéressé et ne comprenait guère le français; dans tous les autres pourparlers, bien connus ceux-là de Bertrand et de Lannes, avec les officiers autrichiens, il n'est question que de négociations en cours, lesquelles avaient lieu réellement, et non d'un armistice définitivement signé. »] — R. L. [Lt LONGY]. La campagne de 1797 sur le Rhin. [Suite; continué en sept., et à suivre. II. Le commandement. Le 25 déc. 1797, Moreau avait été nommé général en chef des armées de Rhin-et-Moselle et de Sambre-et-Meuse. État déplorable de la seconde; incapacité totale de son chef, Beurnonville; malversations de la compagnie chargée de l'approvisionner. Envoi de Beurnonville à l'armée du Nord; démission de Kléber. Le départ de Moreau pour le Bas-Rhin, pour faire à l'armée de Sambre-et-Meuse une visite demandée par le Directoire, est retardé par la continuation du siège de Huningue; impossibilité de sauver cette place. Vains efforts de Moreau pour retenir à l'armée de Sambre-et Meuse Kléber, Lefebvre et Bernadotte. Hoche nommé pour remplacer Beurnonville à la tête de l'armée de Sambre-et-Meuse, au moment même où Moreau commençait son voyage à Coblentz; déception de ce dernier qui se voit retirer le commandement supérieur des deux armées. III. La situation matérielle. Pour justifier son retard à entrer en campagne, Moreau a invoqué surtout le défaut d'argent, de vivres, d'effets d'habillement, d'équipages et de matériel. Or, l'étude des textes montre qu'au printemps de 1797, la solde était à peu près au courant; les services des vivres et de l'habillement étaient tout à fait défectueux, mais ils ne l'étaient pas moins le 20 avril, jour du passage du Rhin, qu'à la fin du mois précédent.]

Septembre. = S. [Lt M. SAUTAI]. Notre première instruction sur le service en campagne (infanterie). [Texte original de cet instruction rédigée en 1732, probablement par M. de Bombelles, officier général distingué. Elle ne fut pas mise en vigueur, mais elle a servi de modèle a toutes celles qui l'ont suivie, et un assez grand nombre de ses prescriptions sont encore pratiquées aujourd'hui.] — Tableaux des armées françaises pendant les guerres de la Révolution. [Reproduction de tableaux conservés au ministère de la Guerre où ils sont connus sous le nom de « tableaux Clerget », du nom du chef d'escadron d'état-major qui les dressa de 1845 à 1847, et donnant pour les diverses armées de la Révolution, jusqu'à 1804, les dates de création et de suppression, les noms des généraux en chef avec les dates extrêmes de leur commandement, la désignation des arrondissements et tous autres renseignements utiles.]

Revue Historique. 1905.

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Septembre-Octobre. E. ROD. Jean-Jacques Rousseau et les affaires de Genève. La Condamnation. [Récit des circonstances dans lesquelles furent condamnés en 1762 le Contrat social et l'Émile; M. R. ne croit pas à la pression du gouvernement français sur le Petit Conseil ; l'examen de la correspondance du résident de France à Genève, M. de Montpéroux, et du résident de Genève à Paris, M. Sellon, le prouve; il ne croit pas davantage que Voltaire, comme on le crut à l'époque, avait été l'instigateur de l'arrêt du 19 juin 1762. Peu après (1763), le Petit Conseil interdit l'impression, à Genève, de la lettre de Rousseau à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris.]— E. DRIAULT. Napoléon Ier et l'Italie. 2o partie : Bonaparte et la République italienne. [Bonaparte «< fonda le nouveau régime sur l'appui des classes conservatrices et de l'Église ; il écarta de plus en plus du pouvoir les « Jacobins » dont les partisans étaient surtout nombreux dans les masses populaires et dont il avait à redouter les ambitions révolutionnaires. Pour ne pas obliger la noblesse à changer ses habitudes, le calendrier décadaire fut aboli en Italie; on revint au calendrier grégorien ; les cérémonies du culte reprirent toute leur ancienne régularité. » L'opposition se fait jour dans l'action des sociétés secrètes, et Melzi n'est pas « suffisamment homme de gouvernement pour écarter de Milan la jalouse autorité du Premier Consul ».] — M. MARION. A propos de la géographie judiciaire de la France sous l'ancien régime. La question du ressort des présidiaux. [M. Brette soutient que les bailliages ou sénéchaussées auxquels étaient joints des présidiaux n'avaient pas à ce titre un ressort distinct de celui qu'ils possédaient comme bailliages ou sénéchaussées; M. Bloch, au contraire, soutient que le ressort du bailliage-présidial est plus étendu comme présidial que comme bailliage (voir le débat dans la Révolution française de janv. et fév. 1901). M. M. publie un document, annexé à l'ordonnance de mai 1778 sur la réforme de la justice, duquel il résulte que les présidiaux étendaient, dans certains cas, leur juridiction d'appel sur plusieurs bailliages; dans les cinq sixièmes au moins de la France les «< présidiaux possédaient ce ressort, relativement étendu au point de vue territorial, quoique fort restreint au point de vue de la compétence, que leur refuse M. Brette ». En fait, d'ailleurs, «< cette supériorité des présidiaux pouvait être et était souvent éludée ».]

Historische Vierteljahrschrift. 1905.

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No 3. W. STRUCK. Die Notablenversammlung von 1787. [Article qui n'apporte pas de documents nouveaux, mais qui est fondé sur une utilisation intelligente des ouvrages existants, notamment celui de Chérest. M. S. s'est proposé, en reprenant en détail l'histoire du conflit de Calonne et des notables, de combattre la thèse des historiens conservateurs allemands, tels que M. A. Wahl, qui prétendent que les réformes politiques et économiques apportées par la Révolution

étaient déjà en voie de réalisation en 1789, et que la crise révolutionnaire n'était rien moins qu'inévitable et nécessaire. M. S. montre comment Calonne a été conduit par la force des choses à adopter les idées de Turgot et de Necker sur les assemblées provinciales, la liberté du commerce et de l'industrie et la réforme de l'impôt. Prévoyant la résistance des Parlements et des privilégiés, il a voulu assurer à la volonté royale l'appui d'une assemblée de notables, triés avec soin. Mais ses illusions se dissipèrent dès le premier jour. Prélats, nobles et parlementaires faisaient passer leurs intérêts avant l'intérêt général et se liguèrent contre le ministre réformateur. Malgré les concessions qu'il leur fit, Calonne, mollement soutenu par le roi, se sentit vaincu et voulut en appeler à l'opinion publique, force alors croissante (Avertissement Gerbier); sur ce terrain encore, il essuya un échec : sa brochure, où l'on vit une manifestation absolutiste, tourna tout le monde contre lui, et il dut quitter le pouvoir le 9 avril. Loménie de Brienne, qui l'avait combattu à l'Assemblée, reprit ses projets, mais en les modifiant au point de les dénaturer. Le projet d'impôt foncier est repoussé, et les notables se bornent à approuver la liberté du commerce des grains et le remplacement de la corvée par un impôt en argent. Ils ne trouvent comme remède aux difficultés financières qu'un nouveau recours à l'emprunt; ils demandent seulement et obtiennent du gouvernement la promesse qu'il fournira tous les trois ans un état général des recettes et des dépenses. M. S. conclut que la faiblesse du roi et l'aveuglement des ordres privilégiés ont rendu la Révolution inévitable.]

NOTES ET
ET NOUVELLES

LA COMMISSION DES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX

Par arrêté du 4 juillet 1905, rendu sur la proposition du sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts, le ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes a institué une Commission chargée « d'étudier toutes les questions relatives à l'organisation des Musées de provinces et à la conservation de leurs richesses artistiques ». Cette Commission est composée de membres du Parlement, de hauts fonctionnaires, d'archéologues, de critiques d'art, de journalistes, dont la liste suit MM. Déandreis, Ant. Dubost, Maurice Faure, Poincaré, Franck-Chauveau, Ferd. Crémieux, Destieux-Junca, Lintilhac, Sébline, sénateurs; Augagneur, Barthou, Pierre Baudin, Georges Berger, Léon Bourgeois, Henri Brisson, Couyba, Engerand, Gérault-Richard, Henry Maret, Massé, Louis Puech, Albert Sarraut, Sarrien, Serres, Simyan, députés; Bayet, directeur de l'enseignement supérieur ; Bigard-Fabre, chef du bureau des musées; Léon Bonnat; Henri Bouchot, conservateur à la Bibliothèque nationale; Bruman, directeur au ministère de l'Intérieur; Cagnat, professeur au Collège de France; Dayot, inspecteur des Beaux-Arts; Dislère, président de section au Conseil d'État; Guiffrey, administrateur des Gobelins; Havard, inspecteur des Beaux-Arts; Héron de Villefosse, conservateur au Musée du Louvre; Homolle, directeur des musées nationaux; R. de Lasteyrie, professeur à l'École des Chartes; Paul Léon, chef de cabinet du sous-secrétaire d'État; Liard, vice-recteur de l'Académie de Paris; Pascal, architecte; Roger Marx, inspecteur des musées des départements; Émile Michel; Henry Roujon; Sainsère, conseiller d'État; de Saint-Arroman, chef de bureau au ministère; Tissier, maître des requêtes au Conseil d'État; Jules Gautier, chef de cabinet du ministre de l'Instruction publique; de Fourcaud, professeur à l'École des BeauxArts; Gustave Geffroy, Louis Gonse, Frantz-Jourdain, Henry Lapauze, Ernest Laur, Louis Lumet, Léon Millot, Ch. Saunier, Ed. Sarradin, Eug. Thébault, Thiébault-Sisson, Roger-Milès, H. Lagrange, critiques d'art. Les secrétaires de la Commission seront MM. Pelletier, R. Pradel, Riottot et Eugène Berteaux. Quelques autres critiques d'art ont été ultérieurement adjoints à la Commission. L'arrêté ministériel était précédé du rapport suivant de M. Dujardin-Beaumetz, que nous reproduisons intégralement :

Monsieur le Ministre,

Mon administration s'est, à diverses reprises, préoccupée de la question des musées des départements, dont le nombre s'accroît d'année en année.

Le développement des cours de dessin à tous les degrés de l'enseignement, la création de cours de l'histoire de l'art dans les établissements de l'enseignement secondaire, naturellement suivie de la création de cours identiques dus à l'initiative privée, et plus récemment, l'ouverture des écoles régionales d'architecture subventionnées par l'État, grâce aux libéralités du Parlement, n'est-ce pas là qu'il faut chercher la raison qui détermine de plus en plus les municipalités à consentir des sacrifices pour la création de nouveaux musées ou pour l'installation plus hospitalière des collections déjà existantes?

La circulaire ministérielle du 26 avril 1881 disait excellemment que « si c'est à l'école que l'enfant et l'ouvrier reçoivent l'enseignement, c'est surtout au musée qu'ils trouvent l'exemple. La réorganisation du musée est donc le corollaire de celle de l'école >>.

Moi-même, dans mon rapport sur le budget des Beaux-Arts de l'exercice 1899, et surtout dans mon rapport de 1900, je crus pouvoir écrire que « le musée est un établissement d'enseignement au même titre que l'école, dont il est le complément nécessaire ». Et j'ajoutais : « Il suffit d'avoir visité quelques-uns de nos musées de province pour comprendre à quel degré des réformes y sont nécessaires, non seulement pour le personnel, mais surtout pour le classement des ouvrages et leur conservation. Des richesses réelles y sont entassées pêle-mêle dans des bâtiments humides, sans jour, et s'y perdent; des tableaux de la plus grande valeur coudoient des œuvres de dernier ordre, souvent des attributions erronées y déroutent le visiteur... >>

Dans l'état actuel des choses, les musées de province remplissent-ils plus convenablement leur rôle ?

Les collections qu'ils abritent sont-elles toujours aussi dignes qu'on pourrait le souhaiter d'être exposées, c'est-à-dire de prétendre à jouer en quelque mesure le rôle éducateur qu'on attend d'elles? Quand ces collections ont une réelle importance, trouvent-elles dans les musées une installation convenable et leur conservation est-elle pleinement assurée ?

L'État saurait d'autant moins s'en désintéresser que c'est à sa contribution directe que la plupart des municipalités doivent la création et, en partie, le développement normal de leurs musées. Les dépôts de l'État dans les musées de province remontent au 14 fructidor an VIII (1er septembre 1800), et si la Restauration et la Monarchie de Juillet n'apportèrent aucun empressement à y ajouter, la République de 1848 sut marquer le souci qu'elle avait des collections provinciales, tout en sauvegardant les intérêts primordiaux du musée national du Louvre.

Dans un rapport de mars-avril 1848, le directeur des musées nationaux montrait les dangers qui entouraient les musées de province laissés à l'abandon pour la plupart « Un directeur ou conservateur, écrivait-il, peut restaurer, ce qui n'est pas loin de pouvoir détruire; il peut prêter, ce qui n'est pas loin de pouvoir perdre; il ne peut pas inventorier, il ne peut pas cataloguer, ce qui n'est pas loin de pouvoir se laisser voler. »

Et, rêvant d'une centralisation aujourd'hui irréalisable, il ajoutait : « A la direction générale des musées nationaux, il appartiendrait, ce me semble, de rappeler aux musées municipaux les origines et les mérites des œuvres dont la nation les a dotés. La sollicitude légale devrait parfois modérer l'arbitraire, activer l'incurie, prévenir la détérioration et rappeler la responsabilité. »

Il demandait, en outre, qu'on confiât à un corps d'inspecteurs la mission d'étudier l'état présent et les besoins des musées provinciaux.

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