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en éclairer le diagnostic: abcès ou kystes; 5° dans le but de donner issue, par des ponctions capillaires, à des liquides épanchés dans des tissus ou renfermés dans des tumeurs épanchements de sang, hydrocèle, etc.; 4° enfin, pour conduire un courant électrique au sein des tissus ou d'un organe varices, paralysies, etc. Dans l'une ou dans l'autre de ces quatre conditions, le procédé opératoire est toujours le même; le but thérapeutique scul varie. Les instruments peuvent varier dans la dimension du diamètre, dans la longueur de l'aiguille et dans la nature des matières qui les composent l'acier, le platine, l'argent ou l'or sont les métaux ordinairement employés pour faire ces instruments. En Chine et au Japon, l'acupuncture est pratiquée avec des aiguilles d'or ou d'argent, d'un délié presque capillaire, et de 0,06 à 0,07 de longueur. Elles sont terminées par une espèce de manche cannelé, à rayures obliques, permettant de pouvoir, pendant leur introduction, les tourner entre les doigts, afin de faciliter leur entrée dans les tissus; des instruments spéciaux étaient employés à cet usage chez les Chinois et les Japonais.

Les aiguilles dont on se sert dans la pratique commune de l'acupuncture, dites aiguilles à acupuncture, sont en acier ou en platine; elles ont de 0,06 à 0,08 de long, sont terminées par un petit anneau ou par une petite boule aplatie, de façon à pouvoir être saisies par les extrémités d'un réophore.

Le procédé opératoire, employé pour pratiquer l'acupuncture, est trèssimple l'instrument doit être introduit dans les tissus sans effort, en l'engageant doucement par des mouvements de torsion. Le derme traversé, il pénètre facilement dans les parties profondes, et glisse facilement dans le tissu cellulaire. On peut l'enfoncer aussi loin que possible, et aussitôt que la pointe de l'instrument pénètre dans une cavité, on s'en aperçoit au mouvement de latéralité qu'on peut lui imprimer.

L'acupuncture n'est pas une opération douloureuse, ni sanglante. Lorsqu'elle est employée dans le but de déterminer une dérivation, les aiguilles sont laissées en place pendant un temps variable; les Chinois et les Japonais laissaient ces petits instruments en place pendant tout le temps que le malade mettait à exécuter trente inspirations. On peut laisser les aiguilles plusieurs heures, ou même, à l'exemple de Jules Cloquet, quelques jours. On peut en appliquer une seule ou plusieurs, suivant le but thérapeutique qu'on veut obtenir. La présence des aiguilles dans les tissus ne donne lieu à aucun accident, rarement elles provoquent des douleurs; elles dégagent quelquefois des courants électriques, ce dont on peut constater l'existence au moyen d'un multiplicateur.

L'acupuncture est employée en médecine et en chirurgie, dans un but complétement différent; dans le premier cas, c'est un moyen thérapeutique local, c'est une action dérivative qu'on veut établir, par exemple, dans les névralgies anciennes, les rhumatismes chroniques, les paralysies, etc. Les diverses indications à son emploi relèvent directement de la médecine, et doivent être mentionnées ailleurs.

En chirurgie, l'acupuncture s'éloigne un peu de ce qu'elle est en réalité,

son but est différent. On l'emploie dans l'intention de favoriser la coagulation du sang dans les vaisseaux, dans des varices, dans les anévrysmes même, ainsi que cela a été fait par Strambio, et proposé avant lui par Velpeau. | Dans ce cas, l'aiguille fait office de corps étranger, et permet à la fibrine de se coaguler autour d'elle. On emploie encore l'acupuncture dans le but de vider le liquide d'une hydrocèle, ainsi que cela a été conseillé par Lewis, pratique utile dans l'hydrocèle infantile. Dans les épanchements de sang dans les tissus, à la suite d'écrasements, l'acupuncture, ainsi qu'elle a été conseillée et employée souvent par Voillemier, donne de bons résultats. Dans les céphalématome, comme je le fais depuis plus de cinq ans, l'a cupuncture répétée, amène généralement une résolution rapide; dans les spina-bifida, l'acupuncture est d'un usage utile et efficace. Elle a encore été conseillée dans les varices, pour vider les grandes dilatations veineuses. Enfin, l'acupuncture peut fournir une précieuse ressource pour conduire un courant électrique au sein des organes dans des cas de paralysie. Elle s'appelle alors électro-puncture.

L'électro-puncture est souvent employée dans un but thérapeutique. Pravaz, Pétrequin, Strambio, Ciniselli, en ont conseillé l'emploi dans les varices, les anévrysmes; la galvano-puncture a aussi été essayée pour des recherches physiologiques. Dutrochet, Becquerel et Breschet en ont fait un heureux usage pour la recherche des variations de température des différents organes, et récemment, Montgommery a employé l'électro-puncture avec succès pour constater les différents degrés de température dans les tissus enflammés.

TEN RHYNE, De arthritide mantissa schematica, de acupunctura, etc. Londres, 1683.
DUJARDIN, Histoire de la chirurgie depuis son origine. Paris, 1774.

VICQ D'AZYR, in Encyclopédie méthodique.

CINISILLI, Sulla elettro-puntura nella cura degli aneurismi. Cremona, 1846.

HOLMES, System of Surgery. London, 1860; vol. I.

BERLIOZ, Mémoire sur les maladies chroniques, les évacuations sanguines et l'acupuncture. Paris, 1816.

DENTU, Traité de l'acupuncture d'après les observations de M. J. Cloquet, Paris, 1826. VOILLEMIER (Mémoires de la Société de chirurgie, t. V, 1er fasc., p. 101.) Des Ponctions capillaires dans le traitement de certaines collections sanguines, etc.

STRANDIO, Galvano-ago-puntura dei vasi sanguini per curare gli aneurismi e le varici. Milan, 1847
PETREQUIN, Nouvelle Méthode pour guérir les anévrysmes, 4o mém. 1846.
LEWIS, British Annals of medecine, june 1857.

ADAPTATION. Voy. ACCOMMODATION.

ADDISON (Maladie d'). Voy. BRONZÉE (Maladie).

GIRALDES.

ADÉNITE. — Des travaux récents ont profondément modifié l'état de la science touchant la structure intime et le rôle physiologique des ganglions lympathiques; à côté de quelques divergences de détail, l'accord est complet sur les questions fondamentales. Or, si ces acquisitions nouvelles n'ont rien changé à l'étude clinique des altérations morbides qui sié gent dans le système lymphatique, elles ont transformé l'histoire anatomopathologique de ces lésions, elles ont conduit à une interrétation physiologique plus rigoureuse des symptômes observés. On ne peut donc aujour

hui étudier isolément et en elles-mêmes les diverses lésions des glandes mphatiques; pour être fructueuse et complète, cette étude doit reposer r une connaissance parfaite de l'histologie et de la physiologie de ce ystème, et comme ces considérations générales ne peuvent trouver place ue dans un article d'ensemble sur l'appareil lymphatique, il a paru plus Convenable de remettre à ce moment la description de l'adénite (Voy. YMPHATIQUES (Ganglions). JACCOUD.

ADHÉRENCE. On donne le nom d'adhérence à l'union vicieuse ou accidentelle de surfaces contiguës. Que, par exemple, les deux feuillets pposés de la plèvre, au lieu de glisser librement l'un sur l'autre en conservant leur indépendance réciproque, viennent à s'accoler et à s'unir, on dit qu'il s'est produit entre eux une adhérence. De même, si les anses intestinales s'agglutinent par leur face séreuse, si les parois d'un conduit muqueux se réunissent de façon à en oblitérer le calibre, si un vaisseau artériel, veineux ou autre, s'oblitère par rapprochement et fusion de ses tuniques internes, on dit encore, dans tous ces cas, qu'il s'est développé des adhérences.

S'il fallait conserver à ce mot l'acception la plus générale qu'on lui accorde dans le langage vulgaire, en serait conduit à lui rattacher la description de certains phénomènes pathologiques qui ne doivent pas trouver ici leur place. Les cicatrices, par exemple, le cal, certaines malformations congéniales par fusion d'organes, seraient autant d'exemples d'adhérences qu'il faudrait comprendre dans cet article. Telle n'est pas la signification que le langage clinique accorde à ce terme. Dans un sens plus restreint, l'adhérence ne s'applique en pathologie qu'à l'union de surfaces naturellement contiguës, et non à la réunion de tissus accidentellement séparés, non plus qu'à la fusion congéniale de parties normalement distinctes.

Ainsi comprise, l'adhérence n'en est pas moins un phénomène très-fréquent dans l'organisme, si fréquent qu'il est bien peu de cadavres sur lesquels on n'en trouve d'exemples.

L'adhérence se développe sur des tissus et entre des organes très-divers. On l'observe surtout dans les différents départements du système séreux, sur la paroi interne des vaisseaux, sur les muqueuses, plus rarement à la peau et sur d'autres organes.

I. Adhérences du système séreux. Ce sont de beaucoup les plus nombreuses. Nulle part ailleurs les phénomènes d'adhésion ne sont aussi communs que dans ce système. Cela s'explique aisément par l'inflammation fréquente des membranes séreuses, inflammation soit primitive, soit surtout consécutive; par l'intimité de contact de leurs feuillets opposés, et par la desquamation facile de l'épithé!um qui les tapisse.

L'adhérence se rencontre ici sous plusieurs formes. C'est tantôt, à un premier degré, une simple agglutination des feuillets opposés de la séreuse; à cette période, l'union est encore faible et le moindre effort suffit à séparer les surfaces ainsi accolées (adhérence glutineuse). Tantôt, c'est une fausse membrane plus ou moins épaisse, qui, développée sur les deux

feuillets, les fixe plus intimement l'un à l'autre (adhérence pseudo-mnbraneuse). Tantôt enfin, à un âge plus avancé, c'est un véritable tissu ceiluleux, organisé, vasculaire, qui assure l'union des surfaces d'une fa on définitive (adhérence celluleuse).

Ces adhérences varient d'étendue. Le plus souvent, elles sont partielles, c'est-à-dire limitées à une portion restreinte du sac séreux. Plus rarement, elles tendent à se généraliser. Quelquefois enfin, elles sont générales et oblitèrent la cavité séreuse d'une façon absolue et complète.

Communément, elles s'étendent en surface, en nappe, sous forme d'a lamelle comprise entre les deux feuillets. D'autres fois elles deviennent!. menteuses, rubanées, lorsqu'une traction permanente est exercée sur surfaces ainsi réunies. C'est par ce mécanisme que se forment les prétend. ligaments du poumon et certaines brides péritonéales.

Elles sont plus ou moins épaisses, plus ou moins résistantes. Le pl souvent ce sont de simples lamelles très-ténues; mais ailleurs ce se des membranes denses, des bandelettes celluleuses, des brides for ment constituées. On trouve ainsi parfois deux feuillets séreux sépares par des couches pseudo-membraneuses de trois, quatre, huit millimetr.. d'épaisseur. J. Cruveilhier cite même des membranes pleurales organis dont l'épaisseur atteignait quatre centimètres. C'est dans ces cas surt f que les adhérences prennent une résistance excessive, comparable à celle ~ tissus fibreux (adhérences fibreuses). Plus rarement, enfin, elles augm tent encore de densité, pour devenir cartilagineuses ou même ossiformes

Les adhérences peuvent se développer sur toutes les séreuses, mais ave un degré de fréquence très-inégal. Elles affectent surtout la plèvre, a elles sont si communes qu'il est bien peu d'autopsies où l'on n'ait l'oersion d'en rencontrer. Une foule d'états morbides contribuent en effet les développer sur cette séreuse: phthisie tuberculeuse, pneumonie, pletrésie, bronchites même, lésions traumatiques, fractures de côtes, can‹ du sein, etc... C'est surtout dans la tuberculisation qu'elles sont le plu communes et le plus remarquables. Telle est leur fréquence dans ce!! affection que Louis ne les a vues manquer qu'une seule fois sur cer douze cas. Il Ꭹ aurait de plus, d'après ce savant médecin, une relation constante de siége et de degré entre les pseudo-membranes pleurales et les désordres pulmonaires produits par les tubercules. - Habituellemen' partielles, elles sont parfois très-étendues et mème presque générales, Celluleuses dans le plus grand nombre des cas, elles prennent d'autres fo une épaisseur et une densité considérables. Chez les phthisiques, elles enveloppent le poumon d'une sorte de cuirasse résistante et le coiffent de vérita bles calottes cartilagineuses. Plus rarement, elles circonscrivent des loges plus ou moins larges, qui constituent ce qu'on appelle des kystes pleuraux. Après la plèvre vient, en seconde ligne de fréquence, le péritoine. Dars celte vaste séreuse les adhérences sont très-fréquentes, et le siége, comme la forme, en est très-varić. Parfois, on les y rencontre très-étendues et même générales, comme dans la péritonite chronique où la masse intestinale ne forme qu'un bloc soudé aux parois et aux différents viscères de

abdomen. Mais plus souvent elles sont partielles et limitées à une circoncription de la séreuse, comme au péritoine péri-hépatique, péri-splénique, ntestinal ou pelvien. C'est ainsi qu'on rencontre le foie adhérent soit au liaphragme, soit à la paroi costale, soit à l'estomac ou à l'intestin; le grand épiploon uni à la séreuse pariétale; l'intestin soudé à l'utérus, à la essie, etc... La plupart de ces adhérences sont très-curieuses au point de vue clinique et très-importantes à connaître en raison des désordres qu'elles peuvent produire. Telles sont, pour n'en signaler que quelques exemples, celles qui, réunissant des anses intestinales, soit entre elles, soit à la paroi abdominale, constituent autant de causes d'iléus par des mécanismes divers; telles sont encore celles qui développent ces dangereuses brides péritonéales, origine fréquente d'étranglement interne. Telles sont, de même, avec un bien plus haut degré de fréquence, celles qui, développées dans le petit bassin, infléchissent l'utérus dans un sens ou dans un autre, déplacent, refoulent les ovaires et les trompes, soudent l'intestin et la vessie à l'appareil utérin, compriment l'uretère, et entraînent ainsi à leur suite des accidents aussi nombreux que variés. Ajoutons enfin qu'ici, comme dans la plèvre, elles affectent parfois la forme kystique. Soudé par ses bords aux organes voisins, le grand épiploon circonscrit, en certains cas, des collections abondantes qu'on a pu même confondre avec l'ascite. Au troisième rang, toujours par ordre de fréquence, se placent les adhérences du péricarde. Celles-ci sont infiniment plus rares que les précédentes. Elles sont presque toujours le résultat de péricardites aiguës ; bien plus rarement elles sont produites par un travail inflammatoire primitivement chronique (dilatation du cœur, dilatation anévrysmale de l'aorte, tumeurs du médiastin, etc.). Le plus souvent partielles, elles restent limitées à une étendue variable de la séreuse, à la base du cœur notamment ou même à la pointe. Quelquefois, au contraire, elles sont très-étendues, et en certains cas la fusion des deux feuillets devient tellement générale et tellement intime à la fois qu'elle a été prise pour une absence congéniale du péricarde. Elles varient également de forme: tantôt lamellaires et en nappe, tantôt filamenteuses et en brides. Le plus souvent celluleuses et peu épaisses, elles deviennent en d'autres cas fibreuses, très-denses et très-résistantes. Parfois mème, elles atteignent l'état cartilagineux, calcaire et osseux. On a vu ainsi le cœur enveloppé d'une sorte de coque osseuse, et Bouillaud relate des cas dans lesquels cet organe, étouffé par d'énormes masses pseudo-membraneuses, avait perdu la moitié ou plus encore de son volume, et se trouvait atrophié comme un poumon qu'a longtemps comprimé un épanchement pleural.

A

De toutes les grandes séreuses, l'arachnoide est celle où les adhérences sont le plus rares. Il est même remarquable qu'elles fassent souvent défaut en ce point dans les conditions les mieux appropriées en apparence à leur formation. Ainsi, elles ne s'observent que très-rarement dans les cas de productions pseudo-membraneuses développées à la surface interne de la dure-mère; le feuillet viscéral de l'arachnoïde ne contracte presque Jamais alors d'union avec les néo-membranes, et cela malgré un contact

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