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sciatiques, certaines névralgies intercostales, faciales, etc., cèdent à l'emploi des douches d'eau et de vapeur des sources d'Aix-la-Chapelle; mais les eaux antispasmodiques de Wildbad ou de Schlangenbad conviennent infiniment mieux, lorsque les personnes qui sont atteintes de ces affections sont éminemment nerveuses. » (Rotureau.)

Wetzlar dit s'être bien trouvé de l'usage de ses eaux contre la goutte normale et anormale, aiguë ou chronique. Il a cité un très-petit nombre d'observations. Nous partageons la réserve des auteurs du Dictionnaire des eaux minérales, lorsqu'ils conseillent d'en appeler à l'expérience sur une opinion sérieusement avancée, mais qui contredit les faits observés jusqu'ici près des sources de même classe que celles d'Aachen.

Il est une affection singulière décrite dans ces derniers temps, c'est l'atrophie musculaire progressive. Parmi ses caractères cliniques figure une résistance désespérante à toutes les médications, à l'électricité, aussi bien qu'à d'autres agents thérapeutiques. Or, Wetzlar a publié six faits, dont deux se rapportent à des sujets de la mème famille, et dans lesquels des résultats curatifs très-formels ont été obtenus. En lisant ces observations, on verra, après s'être convaincu d'abord qu'aucune méprise diagnostique ne peut être ici soupçonnée, qu'à la suite d'un traitement qui varia de un à deux mois, et consista surtout dans des bains prolongés (deux heures), il s'est manifesté une amélioration très-positive, c'est-à-dire qu'après que l'état général de l'économie, la caloricité, les fonctions de la peau que ont paru manifestement subir l'action favorable du traitement avant les fonctions musculaires elles-mèmes, celles-ci ont également éprouvé une amélioration qui a consisté dans l'arrêt de la marche progressive de la maladie, la disparition des crampes et des contractions fibrillaires, dans un degré de retour dans les muscles paralysés, tout à fait en rapport avec l'état organique que l'on pouvait supposer à ces derniers; leur guérison étant d'autant plus complète qu'ils étaient plus récemment atteints. Il est encore digne de remarquer qu'en général un amendement sensible ne se faisait sentir que plusieurs mois après la cessation du traitement qui, d'ailleurs, a été purement thermal.

Mais cette action favorable des eaux d'Aix-la-Chapelle, dans l'atrophie musculaire progressive, est-elle spéciale à ces thermes, ou même à la classe des eaux chlorurées sodiques? Les faits observés par Buissard, à Lamothe, et par Lebret, à Balaruc, sont peu significatifs, et nous ne connaissons pas dans la littérature hydrologique d'observations qui puissent être mises en parallèle avec celles de Wetzlar. Cependant nous ne nous haterons pas de conclure. Nous ne sommes pas certain que des eaux minérales d'un autre ordre, des eaux sulfureuses, par exemple, ne puissent pas rendre des services semblables. Pour notre compte, nous avons obtenu sur un malade que nous traitions, il y a quelques mois, à l'hôpital Beaujon, une amélioration positive, à l'aide de bains sulfureux artificiels. Nous déclarons toutefois que cette amélioration s'est bornée à enrayer les principaux accidents et les progrès du mal, à rendre quelques forces au malade, à faire disparaitre quelques phénomènes douloureux; mais qu'un grand

nombre de muscles, déjà très-atrophiés, n'ont pas recouvré leur intėgrité.

WETZLAR (L.), médecin aux eaux d'Aix-la-Chapelle, Traité pratique des proprites curatives des eaux thermales sulfureuses d'Aix-la-Chapelle, et de leur mode d'emploi. Bonn, 1856.-Rapport de Durand-Fardel sur le précédent ouvrage, in Annales de la société d'hydrologie médicale de Paris, 1856-1857. Onservation d'atrophie musculaire progressive traité par les eaux d'Aix-la-Chapelle (Annales de la Société d'hydrologie, loc. cit., p. 167. — L. Wetzlar, A practical treatise on the medical properties of the Aix-la-Chapelle hot sulphureous Waters and the mode of their employment. Aix-la-Chapelle, 1862.

L. DESNOS.

AKIDOPÉIRASTIQUE (áxicomεipactixý) de axis, pointe et pi0a, explorer. C'est le nom donné par Th. Middeldorpf, de Breslau, à une méthode d'exploration au moyen d'instruments piquants. Avant lui, la plupart des procédés de la méthode étaient déjà employés, mais il les réunis et en a étendu les applications.

La première idée de l'akidopéirastique réside certainement dans l'acupuncture, pratiquée depuis des siècles par les Chinois dans un but théra peutique. Dans les cas de suppuration douteuse, on avait recours depuis longtemps à des ponctions d'essai avec un bistouri long et étroit. Plus tard, Récamier inventa le trocart explorateur pour établir le diagnostic des tumeurs liquides. Quand le microscope fut introduit dans la clinique, on sentit le besoin de modifier le trocart pour pouvoir ramener de petits fragments des tumeurs solides et les soumettre à l'examen microscopique.

C'est à cette idée que sont dus le trocart à harpon de Küss (de Strasbourg) et le kelectome ou trocart à tire-bouchon de Buisson (de Montpellier). Enfin l'auteur de cet article a proposé d'appliquer la ponction exploratrice aux os pour y reconnaître la suppuration du canal médulaire.

Cependant toutes ces tentatives étaient restées isolées et en partie stériles; c'est incontestablement à Middeldorpf que revient le mérite de les avoir réunies en faisceau, de les avoir expérimentées sur une grande échelle, en un mot, d'avoir créé non-seulement le mot, mais aussi la méthode de l'akidopéirastique.

Les instruments employés par Middeldorpf sont : 1° des épingles à suture ordinaire de différents calibres ou de longues aiguilles en acier: 2o des trocarts fins, à canules en acier, avec mandrins mousses ou pointus. Dans certains cas, l'extrémité est terminée en harpon ou en tirebouchon. Le mandrin mousse permet d'explorer une cavité dans laquelle on pénètre préalablement avec l'instrument pointu; 3° un foret explore teur, à colonne torse, semblable à celui des dentistes. Les pointes de différentes formes peuvent être revêtues d'un curseur, qui les empèche de pénétrer au delà de la profondeur voulue. Cette précaution est surtout nécessaire lorsqu'on pratique une ponction exploratrice au crâne.

Tous ces instruments, à l'exception du dernier peut-être, ne laissent pas trace de leur passage et l'ouverture qu'ils ont faite par écartement rla'ôt que per division des tissus, se referme immédiatement derrière

eux. Une expérience, ancienne déjà, a prouvé l'innocuité de la ponction exploratrice, et quant à l'aiguille à acupuncture, on sait qu'elle peut être enfoncée sans danger dans toutes les parties du corps presque sans exception.

L'akidopéirastique est susceptible des applications les plus variées; elle donne une précision presque mathématique aux sensations souvent trompeuses du toucher. Elle nous renseigne sur la consistance, la forme, la position, la sensibilité, etc., des parties saines ou morbides. Nous n'allons pas énumérer ici toutes les affections dans lesquelles on pourrait employer cette méthode d'exploration. Middeldorpf en donne une liste fort longue, trop longue peut-être. D'ailleurs le trocart explorateur, aidé ou non du microscope, est d'un usage général pour le diagnostic des tumeurs. Nous citerons seulement quelques applications moins connues que nous devons en grande partie au professeur de Breslau. Dans les luxations, l'aiguille, implantée dans une saillie de nature douteuse, nous dira clairement si nous avons affaire à une extrémité articulaire déplacée ou à un engorgement inflammatoire. Malgaigne avait déjà indiqué cet expédient. Dans certaines fractures obscures du crâne, des côtes, de l'omoplate, du bassin, Middeldorpf emploie l'aiguille pour reconnaître les fissures des os. Il s'en sert également dans les affections osseuses, soit pour distinguer la carie de la nécrose, soit pour déterminer des dimensions des cloaques ou la mobilité des séquestres, en l'absence de fistules suffisantes, ou encore pour suivre les progrès de l'ostéomalacie et du ramollissement graisseux. Dans les affections de la tête, l'aiguille peut seule indiquer d'une façon positive si une tumeur a détruit la voûte crânienne et dans quelle étendue (fongus de la dure-mère, hydrocéphale, encéphalocèle, etc.). Dans deux cas d'accidents cérébraux, paraissant réclamer la trepanation, Middeldorpf perfora le crâne avec un foret très-fin, en forme de cuiller et muni d'un curseur; une première fois cette exploration préliminaire démontra la nécessité du trépan, et, la seconde fois, son inutilité. C'est là une ressource qui n'est pas à dédaigner dans les situations douteuses, et nous ne pensons pas que cette ponction exploratrice puisse empirer l'état du malade. La même manœuvre a été employée pour reconnaître de bonne heure les abcès de l'antre d'Highmoore ou du canal médullaire des os longs. On pourra aussi se servir de l'aiguille pour déterminer avec plus de précision le siége et la nature des corps étrangers logés dans l'œsophage, l'urèthre, l'intestin. Enfin Middeldorpf, et après lui Plouviez, recommandent l'acupuncture comme le meilleur et le seul moyen de constater la cessation. des battements du cœur et par conséquent la mort.

Une dernière et très-récente application de l'akidopéirastique a été essayée dans l'infection trichinale, par Küchenmeister. Le diagnostic de cette affection ne peut se faire que par l'examen microscopique de la substance musculaire. Il s'agit donc d'extraire, avec le moins de délabrement possible, une petite quantité de ce tissu, pris de préférence dans le biceps ou les gastro-cnémiens près de leur insertion aux tendons respectifs. Le trocart à harpon parait très-propre à cet usage, et on l'a sou

vent employé pour décider un diagnostic incertain. Il faut cependant être prévenu que l'instrument a fait défaut dans des cas où une incision exploratrice ultérieure a permis de découvrir de nombreuses trichines dans les muscles. Traube, de Berlin, vient de publier une observation de ce genre. Il suppose que le trocart était de trop petit calibre, ce qui est leur défaut ordinaire; pour la ponction des muscles en particulier, on ne courait aucun risque en employant un instrument plus volumineux.

Ces quelques indications suffiront pour montrer que l'akidopéirastique a déjà apporté des éléments nouveaux au diagnostic et qu'elle est suscep tible d'en fournir d'autres encore entre des mains intelligentes.

MIDDELDORPF (A. Th.), Ueberblick über die Akidopeirastik in Zeitschrift fur klinische Medizin. von Günsburg, VII Bd, 3e Heft. 1856.

BOECKEL (E), De la périostite phlegmoneuse in Gazette médicale de Strasbourg, p. 26. 1856 KUECHENMEISTER, Untersuchungen über Trinchina spiralis, etc. Leipzig und Heidelberg, 1860. TRAUBE, Berliner klinische Wochenschrift, 1864, no 4.

EUG. BOECKEL.

ALBINIE, ALBINISME, ALBINOS, Il serait inutile de reproduire ici les fables trop longtemps accréditées, même parmi les savants, au sujet des albinos. On sait aujourd'hui, à n'en pas douter, qu l'albinisme n'appartient pas à une race d'hommes particulière. Cette denomination, d'origine portugaise, doit s'appliquer uniquement à une anemalie caractérisée par l'absence congénitale, plus ou moins complète, de la matière pigmentaire.

Caractères généraux. — Rien de plus étrange que l'aspect offer par les albinos. Leur peau est d'un blanc mat, comparable à la couleur du lait ou à celle du linge, couleur bien différente de celle qui distingu normalement la peau des Européens. Leurs cheveux, ordinairement tresminces, sont absolument blanes ou d'un jaune sale. Tout leur corps est recouvert d'un duvet excessivement ténu. Mais ce qui frappe le plas l'attention, c'est l'état singulier de leurs yeux. Chez eux, le fond de l'ar est d'un rouge ardent, et reluit comme un rubis. L'iris, d'un rose påle, ou mème complétement transparent, quelquefois bleu pàle ou lilas, se dilate et se resserre incessamment pendant le jour. Le globe de l'œil luimême est agité par un véritable nystagmus. La plupart des albinos sout nyctalopes la lumière qui pénètre dans l'œil, n'étant pas absorbée par la choroïde, est insupportable pour leur vue; ils fuient le grand jour, qui donne à leur démarche une certaine hésitation, et ils ne recouvrent leur assurance qu'à la lueur du crépuscule. Ils sont généralement d'une constitution fort délicate et d'un tempérament très-lymphatique. Leur physionomie est désagréable et sans expression. D'ordinaire on découvre même chez eux quelque vice de conformation, comme une tète et un cou trop gros, des mains trop longues, des oreilles trop grandes et placées trop haut, etc. Aussi faibles au moral qu'au physique, leur manque d'intelligence et d'énergie les expose presque partout au mépris et aux mauvais traitements, si ce n'est dans quelques districts de l'Afrique, où ces

caractères exceptionnels les ont rendus l'objet d'une sorte de culte superstitieux.

Du reste, des descriptions authentiques et suffisamment nombreuses aujourd'hui permettent d'affirmer que, sauf la couleur, les albinos présentent les traits généraux des diverses races humaines dans lesquelles on les a rencontrés. C'est ainsi que la dépression du front, l'aplatissement du nez, la saillie des pommettes, l'aspect laineux de la chevelure, justifient jusqu'à un certain point le nom bizarre, au premier abord, de nègres blancs, qui leur a été donné dans le continent africain.

Tel est, d'une manière succincte, l'albinisme type, celui qu'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire appelle l'albinisme complet, par opposition avec l'albinisme partiel et l'albinisme imparfait.

Dans l'albinisme partiel, une ou plusieurs taches d'un blanc blafard occupent une partie plus ou moins grande de la surface cutanée, ou réciproquement, des îlots colorés se détachent nettement sur un fond blanc. Lorsque cette répartition a lieu d'une manière à peu près égale, dans la race nègre, on a cette variété qui a été désignée du nom expressif d'hommes-pies. Quelquefois les choses se passent d'une façon plus singulière encore c'est ainsi qu'on a vu la décoloration limitée à une seule moitié du cuir chevelu (Bartholin) ou encore aux mains et aux pieds seulement (Erdmann Isert), etc. Évidemment cette anomalie, lorsqu'elle est limitée à un espace très-circonscrit, se confond avec le vitiligo congénital.

Dans l'albinisme imparfait, il y a du pigment à peu près partout, mais partout il existe en quantité insuffisante. Les sujets sont colorés en gris très-clair, en brun roux, en jaune pur, en jaune roussàtre; ces variétés individuelles dépendent, et de l'abondance relative du pigment, et de la couleur typique de la race que l'on observe. La nuance du système pilcux subit des variations analogues. En pareil cas, la coloration de l'iris est presque toujours le bleu clair.

Il y aurait peut-être lieu de faire, avec Cornaz, un dernier groupe des cas où l'albinie est limitée à un seul système, comme la peau, les poils, les yeux, en totalité ou en partie. Nous avouons ne pas attacher grande importance à toutes ces distinctions; car, en réalité, ces états divers ne sont que des degrés d'une seule et même anomalie.

Ce qui a beaucoup plus d'intérêt, c'est de connaitre les modifications anatomiques qui correspondent à l'altération que nous étudions en ce moment. On sait que le pigment a son siége dans une couche de cellules molles situées à la partie la plus profonde de l'épiderme, et qui constituent le corps muqueux ou réseau de Malpighi. Que devient cette couche dans le cas d'albinisme? Nous ne possédons, pour répondre à cette question, qu'un fort petit nombre d'observations de date déjà assez ancienne. Les plus complètes sont celles de Buzzi; cet anatomiste déclare n'avoir trouvé aucune trace de corps muqueux. Il y aurait là matière à des recherches nouvelles d'une grande importance. La disparition de tout un système de cellules marquerait, en effet, une imperfection organique beau

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