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lation de vapeurs ou vaporarium de 20° à 22°, et la salle d'inhalation gazeuse froide. Niepce fait valoir que, pour entrer dans cette dernière, les malades n'ont pas besoin d'enlever leurs vêtements. Elle ne contient que l'air atmosphérique mélangé à des gaz qui se dégagent de l'eau sulfureuse; par le procédé suivant: un jet d'eau multiple est reçu dans un bassin supérieur; le trop plein se divise en tombant sur une série de vasques superposées, plus larges vers la base et s'écoule dans un réservoir communiquant avec la salle au moyen de nombreux orifices. L'eau minérale divisée se désulfure en laissant dégager le gaz sulfhydrique. La composition de l'atmosphère de la salle est telle, qu'un individu qui y respire pendant une heure, fait passer dans ses poumons 52 litres 940 de gaz acide sulfhydrique, 38 litres 288 d'acide carbonique, et 65 litres 52 d'oxygène. (Niepce.)

Dans le vaporarium on trouve mêlés à la vapeur d'eaux minérales nonseulement de l'oxygène en moindre proportion que dans l'air atmosphérique, circonstance à laquelle Niepce attache de l'importance, non-seulement de l'azote, de l'acide carbonique et de l'acide sulfhydrique, mais encore les sels minéralisateurs de l'eau en quantité appréciable et même de l'iode. Tels sont du moins les résultats des analyses du médecin-inspecteur.

La ventilation de ces salles doit être surveillée avec soin, car l'analyse lui a également révélé la production rapide de miasmes, par suite du séjour qu'y font les malades. On conseille particulièrement le vaporarium dans les cas de catarrhe sec. Les effets de l'inhalation dans la salle gazeuse froide sont considérés comme sédatifs, lorsque les malades y restent quelque temps. Un peu de céphalalgie se fait ordinairement sentir au début du séjour.

Il est presque inutile de dire que c'est aux affections pulmonaires que s'adressent et le vaporarium et la salle d'inhalation froide.

Du traitement du catarrhe nous n'avons qu'un mot à dire. Les succès sont nombreux, bien constatés. Cela se comprend et de reste. Mais on guérit aussi la phthisie à Allevard, la phthisie au premier, au deuxième et au troisième degré. De 1848 à 1855, par exemple, Niepce est arrivé aux chiffres suivants :

Phthisies au premier et au second degré, 69: 14 guérisons; phthisies au troisième degré, 18: 5 guérisons. Ajoutons une grande proportion d'améliorations qui ne peuvent être objet de discussion. Mais nous avouons que ce chiffre considérable de guérisons nous inspire de l'hésitation, à nous partisan de la curabilité de la phthisie. Malgré l'autorité de Niepce, nous souhaiterions, avec les auteurs du Dictionnaire des eaux minérales, des éléments de diagnostic plus explicites, et surtout nous désirerions qu'on tint grand compte de ce principe, d'après lequel on ne peut proclamer la guérison d'un phthisique sans avoir surveillé son état pendant longtemps après la cure. Que si l'on était tenté d'attribuer à l'existence de l'iode, dans l'air du vaporarium, d'heureux résultats, on suspendrait son jugement en présence des contestations, dont la réalité de cette existence a été l'objet.

Les bains de petit-lait représentent à Allevard une médication d'autant plus intéressante qu'elle est peu connue en France. Les limites de cet article ne nous permettent pas de nous étendre sur ce sujet intéressant, pour lequel nous renvoyons au mot petit-lait. Qu'il nous suffise de dire que les bains doivent être regardés comme sédatifs, et qu'ils rendent de très-grands services dans le traitement de certaines névroses, de certaines formes de maladies de poitrine, soit qu'on les emploie seuls, soit qu'on y ait recours comme à un adjuvant du traitement thermal.

Niepce a communiqué à l'Académie de médecine une observation d'atrophie musculaire progressive, qu'il a traitée avec de bons résultats. NIEPCE, Mémoires sur l'action des bains de petit-lait, soit pur, soit à l'état de mélange avec l'eau d'Allevard. Paris, 1850. Propriétés thérapeutiques de l'eau sulfureuse et iodée d'Allevard, dans les maladies chroniques de la poitrine Macon, 1855, et dans les Annales de la Société d'hydrologie. t. IV, p. 243).

J. LAUVE, Eau d'Allevard et les stations d'hiver au point de vue des maladies des poumons. Paris, 1859

Dictionnaire général des eaux minérales et d'hydrologie médicale. Paris, 1860, t. I, p. 71.

ALLUMETTES. Voy. NÉCROSE et PHOSPHORE.

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L. DESNOS.

ALOÈS. HISTOIRE NATURELLE MÉDICALE. On donne le nom d'aloès au suc épaissi et concret de plusieurs plantes du genre Aloe (famille des Liliacées).

CARACTÈRES DE L'ALOÈS. Dans le commerce on connaît plusieurs espèces d'aloès. Leur nomenclature est assez peu claire, et il est difficile de bien saisir leur synonymie, plusieurs noms différents étant donnés aux mêmes produits et, en même temps, différents produits recevant le même nom. Pour éviter toute confusion, nous décrirons les aloès d'abord en ne nous attachant qu'aux caractères, et ensuite en nous occupant de leur pro

venance.

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A. D'après leurs caractères extérieurs on distingue trois formes d'aloès : l'aloès lucide, l'aloès opaque, l'aloès caballin. Première forme. — Aloès lucide. - Son nom l'indique, il est transparent, il se présente sous la forme de gouttelettes qui ne sont qu'une exsudation des feuilles. Cette espèce est la plus pure mais, on le conçoit, elle est très-rare et très-chère, aussi pour cette raison a-t-on reporté cette dénomination à tout aloès présentant le caractère de transparence quelle que soit au reste sa provenance.

Deuxième forme.

-

Aloès opaque.

Celui-ci est en masses nou transparentes; rappelant plus, ou moins la couleur du foie, d'où le nom d'aloès hépatique qu'il porte en même temps. Il est de seconde qualité; il contient des impuretés.

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Troisième forme. Aloès caballin.-C'est le plus impur de tous; on y trouve du sable, du charbon, des fragments du végétal. Il est réservé pour la médecine vétérinaire. On le trouve en masses noires uniformes, difficiles à triturer.

B. En considérant les aloès d'après les lieux de provenance, l'on a : I. Aloès de Socotora ou socotrin. Ces aloès sont tirés non-seulement de Socotora, mais aussi de l'Arabie, des côtes d'Adel et du Zanguebar. Ils arrivent dans des poches faites de peau de gazelle, ellesmêmes renfermées dans des tonnes ou des caisses. Leur consistance varie à la périphérie la masse est sèche et cassante, elle est molle et demi-liquide au centre; — leur couleur est tantôt rouge hyacinthe, tantòt rouge grenat; - leur cassure est unie, lustrée, conchoïdale; — leur odeur, assez vive sur les échantillons frais, est agréable, rappelant celle de la myrrhe; leur saveur est franchement amère. Pulvérisés et triturés dans l'eau, il s'y dissolvent complétement et donnent un soluté jaune foncé.

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On retrouve dans les aloès socotrins les trois formes que nous avons indiquées plus haut. La première et la seconde peuvent être séparées, mais le plus souvent l'aloès lucide forme des veines transparentes au milieu de la masse opaque de l'aloès hépatique. Ce sont les meilleurs aloès, mais à cause de leur prix on les rencontre peu dans le commerce surtout en France; on leur subsistue les aloès du Cap qui sont beaucoup moins bons. La troisième forme peut être représentée par l'aloès fétide, qui vient des mêmes lieux, dans les mèmes peaux, mais falsifié, altéré, en un mot de qualité très-inférieure.

Tels sont les aloès socotrins. Cette dénomination devrait être réservée aux aloès venant des pays que nous avons mentionnés. Mais le mot socotrin implique avec lui une idée d'excellence qui a engagé les vendeurs à baptiser successivement de ce nom (qui facilitait mieux le débit de leur marchandise) d'abord tous les bons aloès quelle que fù! leur provenance, ensuite tous les aloès quelle que fùt leur qualité. Cette malversation a amené une si grande confusion que la qualification de socotrin tend chaque jour à disparaître du langage pharmaceutique.

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II. Aloes des Barbades et de la Jamaïque. Cet aloès a une couleur rougeâtre terne, ressemblant à celle du foie; aussi mérite-t-il particulièrement la qualification d'hépatique, qu'on lui donne souvent; avec le temps la surface devient presque noire; -odeur de myrrhe rappelant l'iode; poudre rouge sale devenant rouge-brun à la lumière. Triturée avec de l'eau dans un mortier, son odeur diminue, il donne un soluté assez coloré.

Il nous vient dans des calebasses, d'où ce nom d'aloès en calebasses, employé comme synonyme d'aloès hépatique vrai ou d'aloès des Barbades Il doit être, pour la qualité, placé après l'aloès de Socotora. Son prix est encore assez élevé; il se rencontre peu en France.

Les mêmes contrées nous envoient des produits de qualité très-inférieure qu'on doit ranger dans les aloès caballins.

Aloes du Cap de Bonne-Espérance.

Il arrive dans

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III. d'énormes caisses où il forme de grandes masses compactes; couleur brun noirâtre avec un certain reflet vert caractéristique; rouge foncé ;

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lames d'un

cassure brillante vitreuse; - odeur peu agréable, aro

matique, fort tenace;

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saveur amère;

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poudre jaune verdâtre. Trituré dans l'eau, son odeur augmente il s'y divise moins bien que les deux précédents, il forme plutôt une masse molle qui se dissout à peine, aussi le soluté est-il peu foncé.

Comme l'aloès de Socotora l'aloès du Cap présente les trois formes, aussi la substitution se fait-elle avec une étrange facilité. Cet aloès est de qualité inférieure à ceux de Socotora et des Barbades; pourtant, à cause de son moindre prix, il est à peu près le seul qu'on rencontre France.

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IV. Aloès de l'Inde. Il ne nous arrive de ce pays que des aloès caballins connus sous le nom de Mozambruns; on doit les rejeter.

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ORIGINE DES DIFFÉRENTS ALOÈS. Toutes les espèces du genre Aloe peuvent fournir la substance que nous venons de décrire; mais est-il certaines espèces végétales qui produisent plus spécialement l'une ou l'autre des espèces pharmaceutiques? On l'a cru longtemps, certains auteurs le croient encore, mais en les parcourant attentivement on ne tarde pas à se convaincre que le plus grand désaccord règne entre eux. Ainsi, tandis que les uns font provenir l'aloès socotrin de l'Aloe Socotrina, d'autres le font provenir de l'Aloe perfoliata; on n'est pas plus certain de l'origine de celui du Cap. Il nous parait plus probable, et cette opinion met les

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auteurs d'accord, que les aloès sont fournis par plusieurs espèces à la fois, et même par tous les Aloe originaires du pays qui nous les envoie ainsi l'aloès de Socotora sera fourni par l'A. Socotrina et par l'A. perfoliata; les aloès de l'Inde par l'A. linguæformis et l'A. spicata; enfin l'A. vulgaris commun aux Barbades, fournirait l'aloès qui vient de cette contrée.

Disons deux mots de ces espèces diffé

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rentes.

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1° A. Socotrina Lamk. Feuilles en rosette, légèrement tachetées; oblongues, ensiformes, épineuses sur les bords; fleurs en épi serré, pendantes, rouges, verdissant au sommet (Fig. 35).

2° A. perfoliata Lamk. Feuilles en rosette, épaisses, charnues, allongées, aguës, longues de 20 à 25 centimètres, larges de 8 à 12, dentelées sur les bords, couleur vert glauque, parsemées de quelques verrues blanchâtres et épineuses. Fleurs tubuleuses, rouges, dressées avant l'épanouissement, pendantes à l'époque de la floraison en grappes allongées.

3° A. spicata Thunb. - Feuilles en ro

sette, ensiformes, dentées sur les bords, non épineuses, non tachetées; fleurs en épi làche, horizontales, campanulées.

4° A. vulgaris Lamk. - Feuilles en rosette, lancéolées, à bord épineux, tachetées; fleurs en épi grèle, pendantes, rougeâtre jaunissant.

5° A linguæformis Thunb. - Feuilles distiques, en forme de langue, obtuses, légèrement dentelées, non épineuses, tachetées, verruqueuses; fleurs en épi làche, pendantes, cylindriques, rouges.

D'autres espèces, A. arborescens, A. Commelini, entrent aussi

petite part dans la production de l'aloès, mais elles restent sur un second plan; nous n'en dirons rien.

FABRICATION DE L'ALOÈS. Si l'on peut admettre que le choix des espèces végétales est pour quelque chose dans la qualité d'aloès, on doit attribuer au procédé de fabrication la production des différentes formes que nous avons décrites; cela devient évident en comparant ces procédés divers. En effet, dans les feuilles des aloès, on trouve au milieu du ligneux qui en forme la charpente une pulpe mucilagineuse inerte, et vers l'extérieur un suc amer plus ou moins abondant; plus le produit sera débarrassé de la pulpe mucilagineuse, plus il sera pur et par cela même transparent, et vice versa.

Les procédés varient avec les pays. 1er procédé. Il consiste à récolter les gouttelettes qui forment une sorte d'exsudation des feuilles. L'aloès ainsi obtenu est le plus pur; il est toujours lucide.

2o procédé. -On coupe les feuilles, on les place obliquement les unes à côté des autres sur la concavité d'une plus grande qui sert de récipient, on recueille le sue qui en découle, on fait bouillir, et quand le liquide est réduit à peu près au tiers, on le verse dans de grandes caisses pour le transporter. En remplaçant la feuille qui sert de récipient par un large vase, on simplifie un peu ce procédé.

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L'aloès obtenu ainsi est lucide; on comprend, en effet, que le suc seul de la plante concourt à le former, et qu'il ne peut y avoir d'addition de la matière pulpeuse inerte des feuilles.

Ce procédé est employé au Cap et à Socotora. (Thunberg.)

3 procédé. A Socotora on agit encore de la manière suivante : les feuilles sont hachées, pilées, le jus est exprimé et mis en repos pendant vingt-quatre heures : la matière pulpeuse gagne le fond, on décante et l'on fait évaporer dans des assiettes. (Thompson.)

4 procédé. Les feuilles sont hachées, pilées, on ajoute de l'eau pour en extraire le suc; on fait bouillir le marc, on passe la décoction, on réunit les deux liquides, on évapore dans des chaudières jusqu'à consistance d'extrait, on coule dans les vases. Quand la matière est refroidie, elle se sépare en trois couches: la première, qui est pure, est lucide; la deuxième est opaque hépatique; enfin la troisième, qui est au fond et qui contient les détritus de toute sorte, est le caballin.

On emploie ce procédé au Cap concurremment avec le deuxième. 5 procédé. - Aux Barbades, on arrache la plante, on la coupe en

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