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passerons à l'essai de la vision excentrique et des limites du champ de la vision. Le malade ferme l'œil qui n'est pas en observation et fixe le centre d'un tableau suspendu à une distance qui doit être mesurée avec exactitude. Le tableau est partagé par un grand nombre de lignes verticales et horizontales en un grand nombre de petits carrés, et les lignes sont munies à leurs extrémités de lettres et de nombres, de sorte qu'au moyen d'un nombre et d'une lettre, on puisse indiquer chaque point de croisement des lignes. On fait mouvoir alors sur les différentes parties du tableau, en allant jusqu'aux limites du champ de la vision, un objet qui doit être blane lorsque le tableau est noir et qui doit être noir lorsque le tableau est blanc. Il serait vraiment désirable d'exécuter cet essai avec la même exactitude que l'essai de l'acuïté centrale de la vision. On pourrait très-bien employer dans ce but la surface interne d'une capsule sphéroïdale, divisée en méridiens et en cercles parallèles et se servir, comme objet à observer, d'une échelle formée de points plus ou moins gros s'éloignant ou se rapprochant à une plus ou moins grande distance. Ces dispositions font encore défaut jusqu'ici. Du reste, les moyens connus actuellement nous permettent d'établir avec assez d'exactitude: 1° si les limites du champ de la vision sont normales; 2° si la vision excentrique est normale, si elle diminue dans le sens de la périphérie, suivant une progression correspondant avec l'acuité centrale de la vision, ou plus rapidement encore; 3° sil a diminution est uniforme, ou si elle est interrompue par des lacunes locales dans le champ de la vision. Ces déterminations sont d'une extrême importance pour le diagnostic et le pronostic, et dans certaines circonstances leur importance est plus grande que la détermination de l'acuïté centrale de la vision.

1o Des rétrécissements du champ visacl de différents genres. a. Le rétrécissement concentrique dans lequel les limites du champ sont à peu près circulaires, mais placées plus près du centre, se rencontre rarement dans l'amblyopie cérébrale, mais existe plus fréquemment dans la choroïdite avec infiltration pigmentaire dans la rétine il est surtout caractéristique de la forme chronique connue sous le nom de rétinite pigmentaire. Dans la première période de cette affection, la vision peut encore exister à la périphérie, mais elle possède alors si peu de force que, lorsque l'examen de la vision est fait avec un éclairage peu énergique, il paraît y avoir déjà un rétrécissement du champ visuel. Plus tard il se produit réellement un rétrécissement qui augmente chaque année, en sorte que le malade est hors d'état de se conduire lui-même, tandis que l'acuïté centrale de la vision n'étant pas altérée, le malade peut encore lire les caractères les plus fins.

b. Rétrécissement hémiopique, c'est-à-dire absence d'une moitié du chamĮ. visuel. Ce symptome se produit fréquemment dans les affections céré brales et la constatation de son existence est souvent d'une grande importance pour le diagnostic de l'affection cérébrale elle-même. Comme le nerf optique se divise en deux parties dont l'une envoie ses fibres à la moitié externe de la rétine de l'œil correspondant, tandis que l'autre se

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797 croisant avec la moitié interne de l'autre nerf optique, envoie ses fibres à la moitié interne de la rétine de l'œil opposé, la paralysie du tronc du nerf optique supprime la fonction de l'une des moitiés de la rétine dans les deux yeux. ᏚᎥ par exemple, le tronc du nerf optique droit est atteint, les moitiés droites des deux rétines sont affectées; par suite, les deux moitiés gauches du champ visuel font défaut. Si au contraire, une tumeur placée à la base du cerveau a exercé précisément une pression sur les faisceaux croisés, les deux moitiés internes de la rétine des deux yeux et les deux moitiés externes du champ de la vision, c'est-à-dire la moitié droite pour l'œil droit et la moitié gauche pour l'œil gauche font défaut.

Le rétrécissement hémiopique du champ visuel existe aussi très-fréquemment dans le décollement partiel de la rétine: mais, dans ce cas, la moitié du champ visuel qui fait défaut est ordinairement la moitié supérieure correspondant au décollement de la moitié inférieure de la rétine. C'est seulement dans les cas récents que l'on observe le décollement de la moitié supérieure, parce que plus tard le liquide épanché entre la rétine et la choroïde descend à la partie inférieure et conduit ainsi soit à un décollement total, soit à un décollement persistant de la moitié inférieure et à une réintégration de la moitié supérieure. Si le décollement s'étend dans le sens de la périphérie, le rétrécissement hémiopique peut être transformé eu un rétrécissement concentrique : toutefois le quart supérieur interne de la rétine résiste en général, et la portion du champ de la vision qui se trouve en bas et en dehors, est celle qui est conservée le plus longtemps.

2o Diminution de la vision excentrique. a. Diminution de la vision excentrique correspondant à la diminution de l'acuïté centrale de la vision et augmentant d'une manière régulière du centre vers la péripheric. Elle peut exister dans toutes les variétés d'amblyopie.

b. Diminution de la vision excentrique dans une partie circonscrite. Elle peut se présenter comme symptôme précurseur des différentes formes de rétrécissement du champ visuel dont nous venons de parler et même accompagner ces rétrécissements; il se trouve encore souvent une diminution prononcée dans une zone qui, parallèle à la partie affectée du champ de la vision, lui est limitrophe.

c. Une diminution inégale de la vision excentrique de formes variées peut être observée dans les différentes affections de la rétine dans lesquelles⚫ les modifications morbides atteignent la couche des fibres nerveuses et diminuent, sans la supprimer, la fonction de la partie de la rétine dans laquelle se rendent les fibres qui ont été atteintes. Les affections de la choroïde et les troubles du corps vitré peuvent également occasionner des diminutions de même genre dans la netteté de la vision excentrique. On les rencontre dans une partie voisine du centre, sans que l'ophthalmoscope nous fournisse aucun renseignement, dans ces cas où le strabisme convergent a déterminé un degré prononcé d'amblyopie. La diminution de la vision excentrique vient de ce que les objets fixés par l'autre ail, projettent en cet endroit leur image dans l'œil atteint de strabisme

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et le malade pour ne pas voir double, est obligé de supprimer continuellement l'observation de cette image de la rétine.

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3o Interceptions du champ de la vision. Ces interceptions se produisent généralement à la suite des affections de la choroïde et de la rétine qui atteignent des portions circonscrites de la couche postérieure de la rétine, de la couche des bâtonnets, et par exemple, après de petits extravasats et de petits exsudats à la surface interne de la choroide ou dans les couches postérieures de la rétine, après l'infiltration pigmentaire dans la rétine, etc. L'influence de ces interceptions pour l'acte de la vision est très-différente, suivant leur position ou leur étendue. Ainsi l'agrandissement du punctum cœcum, que l'on observe dans le staphyloma posticum très-prononcé, reste souvent inaperçu; de même les petits scotomes (c'est sous ce nom que ces interceptions sont désignées) que l'on rencontre groupés à la périphérie, dans la choroïdite disséminée, n'apportent dans la plupart des cas, aucun désordre grave. Les interceptions annulaires qui se rencontrent exceptionnellement, au lieu d'une restriction concentrique du champ de la vision, dans la rétinite pigmentaire, sont bien plus fàcheuses, surtout lorsque la zone qui fait défaut dans le champ visuel n'est pas très-éloignée du centre. Mais les effets les plus fàcheux proviennent, sans contredit des scotomes placés au centre ou à proximité du centre. Ils se produisent non-seulement après les affections de la choroïde et de la rétine que nous avons indiquées, mais quelquefois aussi sans cause ophthalmoscopique déterminée, dans les affections céré brales ou bien après une action trop forte de la lumière, après de trop grandes fatigues des yeux, etc. Comme l'acuïté de la vision diminue trèsrapidement dans l'œil normal à partir du centre jusqu'à la périphérie, une interception de ce centre même lorsqu'elle est produite par un scotome excessivement petit, détermine déjà une amblyopie d'un degré très-prononcé; quand le centre est entièrement libre, mais que le scotome en est très-voisin, cela apporte beaucoup d'obstacles à la perception des images de grande dimension. Pour une même grosseur et une même distance du centre, les scotomes placés à droite empêchent davantage de lire et d'écrire que ceux qui sont à gauche, parce qu'ils masquent la portion qui doit ètre perçue d'abord par le regard qui se rend à droite le long des lignes. Toutes les maladies qui conduisent à l'amaurose conduisent également à l'amblyopie lorsqu'elles n'atteignent qu'un développement plus faible. Nous pouvons donc, en ce qui concerne leur énumération, renvoyer à l'article précédent pour des renseignements plus complets, de même, pour la bibliographie de l'amaurose et de l'amblyopie, nous renverrons aux articles consacrés à chacune des maladies, qui peuvent amener ces symptômes. R. LIEBREICH.

AMBRE GRIS. ORIGINE. Servat Marel attribuait l'ambre gris à la baleine franche et Swediaur au cachalot; celui-ci le considérait comme un excrément endurci et Pelletier et Caventou comme un calcul biliaire. Guibourt croit qu'il participe à la fois de la nature de l'un et de l'autre.

L'ambre est une matière solide, assez dure, d'une densité moins grande que l'eau, grasse, cireuse, se ramollissant peu, se fondant par la chaleur.

Sa couleur est d'un gris noirâtre, cendré, quelquefois jaunâtre ou brunâtre, avec efflorescence blanche à la surface. Son odeur est suave, agréable. Sa saveur est à peu près nulle.

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DOSES. 25 centigr. à 1 gramme, comme excitant aphrodisiaque. LÉON MARCHAND.

AMBRE JAUNE. Voy. SUCCIN.

AMBULANCES (de ambulare, marcher, se transporter d'un lieu dans un autre). On donne le nom d'ambulances au service hospitalier qui suit une armée en campagne; mais une partie seulement de ce service appartient aux ambulances proprement dites, l'autre est destinée aux hôpitaux provisoires ou temporaires que toute armée est forcée d'établir après les grandes batailles.

Personnel. Le personnel médical de l'ambulance d'une division d'infanterie, forte d'environ dix mille hommes, est fixé de la façon suivante par l'art. 1056 du règlement de 1851 :

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La haute direction l'ambulance appartient à un sous - intendant, qui est le chef de tous les services administratifs.

Les divisions de cavalerie comportent le même nombre de médecins, 5 officiers d'administration, 2 infirmiers-majors et 8 infirmiers ordinaires (art. 1057, Règlement 1854). Le même règlement ne fait plus mention du coutelier attaché à l'ambulance, et placé sous les ordres du médecin en chef par les décrets du 16 ventòse an II et du 24 thermidor an VIII. Si c'est un oubli, il serait utile de le réparer.

Paris de Bollardière fixe de la façon suivante le personnel d'une ambulance divisionnaire : 1 médecin-major, chef du service médical, et 2 médecins ; un pharmacien aide-major, chef du service pharmaceutique ; 1 officier d'administration comptable et 2 adjudants ou élèves d'administration; 4 infirmiers-majors; 6 infirmiers de visite et 50 infirmiers ordinaires. En portant à 60 le nombre des infirmiers, on remplace, en quelque sorte, les compagnies de brancardiers, proposées par Percy, pour relever les blessés du champ de bataille. Si le nombre des médecins était triplé, le personnel de l'ambulance ainsi composée ne laisserait rien à désirer. En effet, il ne faut pas se dissimuler l'impossibilité où se trouvent les chirurgiens, après les batailles, de subvenir toujours en temps

opportun aux soins nombreux et difficiles que réclament les blessés, mais il faut encore que le nombre des médecins soit suffisant pour que les secours soient immédiats. Attendre pour attendre, presque autant vaudrait laisser les blessés où ils sont tombés; on aurait moins à craindre le désordre et la confusion, résultat forcé d'un pareil encombrement. Dans la judicieuse critique que fait Legouest du personnel des ambulances, il insiste beaucoup sur l'insuffisance du nombre des médecins. Stromeyer, Demme, Macleod relèvent le même fait, et il a frappé tous ceux qui ont suivi nos dernières guerres. On pourrait, il est vrai, se demander s'il est matériellement possible d'obtenir, en temps de guerre, un personnel médical suffisant pour obvier à une imperfection si générale dans le service des ambulances. Le soir d'une grande bataille, tel est le nombre des blessés, que les ressources les plus considérables et les mieux organisées seraient encore insuffisantes. Le dernier congrès médical réuni à Genève a fait à ce sujet quelques propositions d'une utilité pratique incontestable. L'histoire nous apprendra si elles peuvent être réalisées.

Si nous nous demandons maintenant quelles sont les qualités nécessaires aux chirurgiens qui doivent suppléer au nombre par leur activitė, par leur dévouement et par la précision de leurs connaissances, rappelons-nous d'abord le sage conseil de Guthrie. Il faut toute la souplesse, la vigueur et l'entrain de la jeunesse à ceux qui sont appelés à passer des journées et des nuits entières à genoux, et courbés vers le sol, pour panser les malheureux blessés couchés par terre. L'expérience acquise par l'àge ne saurait remplacer une colonne vertébrale flexible. Le service actif des ambulances doit être réservé à des hommes jeunes encore; leurs ainės seront plus utiles dans les hôpitaux temporaires et dans ceux de deuxième et de troisième ligne, qui reçoivent sans cesse les évacués du champ de bataille. C'est là aussi que les pharmaciens militaires trouveront leur raison d'être, car ils ne sont de quelque utilité dans les ambulances que lorsque, renonçant à des fonctions impossibles, ils viennent en aide aux chirurgiens dans les opérations et dans les pansements.

Dans l'armée française, le véritable chef de l'ambulance est, non pas un médecin, mais un sous-intendant; c'est lui qui doit tout prévoir et tout ordonner. Cette mesure, qui met à la tête du service médical des capitaines, sortis pour la plupart de l'artilleric ou de l'état-major, parait extraordinaire à tout étranger qui étudie notre organisation médicale. Hâtons-nous d'ajouter qu'elle n'a pas tous les inconvénients que l'on pourrait prévoir, car les officiers de l'intendance prennent habituellement les avis du médecin en chef, en ce qui concerne le service médical proprement dit.

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Matériel. Le matériel de l'ambulance se compose des objets nécessaires aux opérations, aux premiers pansements et à l'alimentation des blessés, et de moyens vecteurs destinés à les transporter des lignes des combattants à l'ambulance, et de cette dernière vers les hôpitaux d'évacuation. Ce matériel suit l'armée dans des caissons, ou, lorsque les chemins sont impraticables aux voitures, dans des cantines portées à dos

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