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,,Conformément aux instructions reçues du Conseiller Privé actuel Zinoview, le Consulat à Bitoli a informé officiellement la population Chrétienne que le Gouvernement Impérial réprouve sévèrement la manière d'agir des Comités et ne prêtera pas secours à ceux qui auront pris part aux troubles. Une déclaration semblable a été faite aux membres des Comités, qui ont été invités à cesser leur coupable activité et à ne pas mettre obstacle à l'oeuvre de la réalisation des réformes proposées par les Puissances. || Cette déclaration a été accueillie avec un mécontentement extrême par les chefs du mouvement révolutionnaire, ceux-ci étant loin d'être satisfaits par le projet des Puissances, et rêvant d'introduire dans les trois vilayets un régime autonome qui leur permettrait d'obtenir pour eux-mêmes des postes administratifs bien rétribués. Les Comités ont envoyé dernièrement au Consulat un fondé de pouvoirs qui a dit qu'ils considéraient comme impossible de dissoudre les bandes tant que les réformes n'auraient pas été effectivement appliquées et n'auraient pas été reconnues comme atteignant leur but. Afin d'entretenir le mécontentement parmi les Chrétiens et de les engager à remplir comme par le passé les rangs des bandes, les chefs des Comités s'appliquent de toute manière à empêcher que ne se répandent parmi la population des nouvelles relatives à l'amnistie accordée par le Sultan et aux mesures prises par la Porte pour l'amélioration du sort des Chrétiens dans les trois vilayets. En même temps l'activité des bandes ne discontinue pas. Entre elles et les détachements Turcs qui les poursuivent se produisent des conflits sanglants. Parfois les Bachi-Bouzouks prêtent leur concours aux troupes régulières dans la poursuite des bandes; mais, ces derniers temps, les Turcs n'ont pas commis d'actes de violence contre la population paisible. || Parallèlement au renforcement de l'activité des bandes, a augmenté en dernier lieu le nombre des assassinats politiques, dont les victimes sont principalement les maîtres d'école et prêtres Serbes qui déconseillent à leurs congénères paysans de se joindre aux bandes. || Le fait de l'intensité plus grande de l'action des Comités concorde avec l'arrivée à Bitoli du gérant nouvellement nommé de l'Agence Commerciale Bulgare de cette ville, et a donné lieu au bruit défavorable pour la Bulgarie, comme quoi la Principauté participe à l'activité des dits Comités, en désirant prouver dans le cas actuel que le centre du mouvement révolutionnaire se trouve en dehors de ses limites. || Le Gouvernement Turc continue à réaliser activement le projet de réformes proposé par les Puissances. C'est ainsi que simultanément avec l'amnistie dernièrement annoncée, l'Inspecteur des Finances du Vilayet de Salonique a été chargé de dresser un Budget pour les trois vilayets Macédoniens. | Ali Riza

Pacha, nouvellement nommé Gouverneur-Général de Bitoli, prête un concours actif à l'oeuvre de la pacification du pays, et fait tous les efforts pour détruire les abus auxquels se livrait le personnel administratif.“

1903:

Télégramme du Consul de Russie à Uskub en date du 14 Mars,

„Les troubles dans le Vilayet de Kossovo, loin de diminuer, ne font qu'augmenter. Le centre du mouvement insurrectionnel sera probablement Ischtib, Prilep, et les environs de Kitchévo. A Kotchan et à Ischtib se trouvent beaucoup de bandes qui se composent souvent de 100 hommes et plus, habitants des villes et maîtres d'école, mais non paysans. On se propose de faire sauter par la dynamite les casernes, le parc d'artillerie, les écuries à Ischtib, à quoi s'emploiera l'officier Kovatchew, et de détruire les communications postales et télégraphiques. On attend un grand nombre d'officiers de Bulgarie. On oblige les paysans, sous menace de mort, à aider les bandes, à fournir de l'argent, à préparer pour le printemps des approvisionnements destinés aux bandes et à prendre les armes. || La communication du Consulat de Russie faisant connaître que le Gouvernement Impérial n'approuve pas l'action des Comités et abandonnant, en cas d'insurrection, les insurgés à leur propre sort, est cachée soigneusement à la population par les Comités. Ceux-ci s'efforcent de convaincre les habitants que tout se ferait sous la protection de la Russie. C'est ainsi que le 11 Mars s'est présentée au Consulat Russe une députation du village de Sokolartsy, près Kotchan, demandant de faire savoir si se trouve exacte l'affirmation des chefs de bande comme quoi le mouvement aurait été suscité sur l'ordre de la Russie, et ajoutant, que dans ce cas, malgré leur manque de sympathie pour les Comités qui réduisent la population à la misère et aux malheurs de toute sorte, ils sont prêts à aller où la Russie leur indiquera; ils demandent seulement un asile pour les femmes et les enfants. Ce fait sert de preuve que le mouvement a un caractère artificiel et n'a pas de point d'appui dans la masse de la population. || Pour donner plus d'acuité à la situation, les Comités recourent à des actes de violence et de cruauté à l'égard des Turcs. C'est ainsi que dernièrement à Prilep la bande d'un nommé Georges, qui venait d'être amnistié, a tué un Notable de cette ville, Séfeddin Bakhtiar, auquel ont été arrachés les ongles, crevé les yeux et enfin tranché la tête. Le même jour, un certain Detcho Traïko a cruellement molesté un homme riche de l'endroit; Vessel Abdi a pendu sa mère, une femme très âgée, après lui avoir fait subir des outrages. Les Comités tâchent de toute manière de provoquer une irritation générale de la population Musulmane et de l'exciter à un massacre des Chrétiens.“

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Nr. 13247. RUSSLAND. Konsularberichte über die Revolution in Mazedonien und Albanien.

,,Journal de Saint-Pétersbourg" of March 21 (April 3), 1903. (April 6.) Extrait d'un rapport du Consul-Général de Russie à Salonique, en date du 1er Mars, 1903:

„Aux troubles qui s'étaient produits l'automne dernier, avait succédé une période d'action occulte, mais tenace, des Comités Révolutionnaires, dont tous les efforts tendaient, comme précédemment, à faire éclater un soulèvement général. En appelant les Chrétiens à une lutte manifestement inégale, les Comités espèrent provoquer l'intervention de l'Europe en leur faveur. | L'état des esprits, tant parmi les Musulmans que parmi les Chrétiens, est extrêmement inquiétant. En prévision de complications possibles, les autorités s'occupent de la construction de routes et de casernes. Il n'y a pas de village dans tout le district où il n'y ait des bandes d'insurgés, qui trouvent parmi les Chrétiens des protecteurs forcés ou volontaires. Les Comités préparent avec une activité fébrile tout le nécessaire pour l'insurrection: ils enrôlent dans leurs rangs de jeunes Chrétiens, s'approvisionnent de chaussures, de vêtements, de réserves de toute sorte et de matériel de pansement. Quant au plan de l'insurrection, il consiste principalement en ceci: les bandes doivent se porter dans les montagnes, y attirer la population et faire une guerre de partisans aux troupes Turques cantonnées dans les différentes localités. || Les escarmouches des bandes avec les troupes Turques deviennent de plus en plus fréquentes. Il est difficile d'admettre que l'agitation révolutionnaire, qui a poussé au cours de longues années de profondes racines, se dissipe par voie pacifique. Bien qu'on ne doive pas appréhender une insurrection générale, il ne faut pas perdre de vue la possibilité de l'explosion simultanée d'actes de rébellion sur divers points dans les trois vilayets.

Télégrammes du Consul de Russie à Mitrovitza,

des 13, 17, et 18 Mars, 1903.

Des Albanais, rassemblés près de la ville de Voutchetyrn avaient réclamé l'éloignement des zaptiés Chrétiens; les autorités ayant refusé de donner suite à leur demande, les Albanais sont entrés le 16 Mars à Vouchetyrn et ont fait conduire sous escorte les zaptiés Chrétiens à Prischtina. Le 17 Mars ils ont assiégé Mitrovitza, mais ils ont été repoussés et dispersés par le feu d'artillerie des troupes Turques, en laissant sur le terrain plus d'une centaine de morts et de blessés. || De nouvelles bandes d'Albanais avancent d'Ipek et de Yeni-Bazar.

Staatsarchiv LXX.

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Télégramme du Consul de Russie à Uskub, du 18 Mars, 1903.

Notre Consul à Mitrovitza a été blessé le 18 Mars, à 5 heures et demie du soir, dans les circonstances suivantes: - Etant sorti de son domicile avec son kavass et une escorte militaire, M. Stcherbina avait rencontré un soldat Albanais, nommé Ibrahim, qui, feignant de le saluer, lui a tiré un coup de fusil Mauser, dont la balle lui a transpercé le flanc gauche. Après avoir tiré un coup de fusil contre le kavass, Ibrahim a été blessé lui-même par les soldats de l'escorte de M. Stcherbina. Ibrahim dit avoir tiré sur le Consul de Russie pour venger un parent qui avait été blessé la veille. || Le Commandant Militaire de Mitrovitza, Saïd Bey, accompagné de médecins, s'est rendu aussitôt sur les lieux et a fait transporter M. Stcherbina à son domicile. L'Inspecteur-Général, Hilmy Pacha, et l'Aide-de-camp, Général Nassir Pacha, ont immédiatement exprimé leurs regrets par télégraphe. Jacob Pacha, le meilleur chirurgien du vilayet, est parti aussitôt, par ordre de Hilmy Pacha, pour Mitrovitza. || D'après les avis des médecins, la blessure de M. Stcherbina n'est pas dangereuse.

„Journal de Saint-Pétersbourg" of March 23 (April 5), 1903. (April 9.) Le Messager Officiel" publie aujourd'hui la communication suivante: ,,Dès qu'on eut reçu à Constantinople la nouvelle de l'audacieuse attaque des Albanais sur Mitrovitza, l'Ambassadeur de Russie près Sa Majesté le Sultan s'était empressé d'attirer l'attention du Grand Vizir sur l'insuccès manifeste des tentatives faites par la Porte d'obtenir l'obéissance des Albanais par des remontrances pacifiques, et sur le besoin urgent de prendre des mesures énergiques pour chatier les insurgés et assurer la sécurité de la population Chrétienne. Férid Pacha s'était empressé de donner au Conseiller Privé actuel Zinoview l'assurance que le Gouvernement Turc, conscient du devoir qui lui incombe, emploierait tous les moyens dont il dispose pour faire cesser les troubles et rétablir la tranquillité. Cependant on recevait à Constantinople un télégramme signalant une nouvelle manifestation du fanatisme des Albanais dont avait été victime le Consul de Russie à Mitrovitza. Aussitôt cette douloureuse nouvelle reçue, le Sultan a chargé, par télégraphe, le Représentant Ottoman à Saint-Pétersbourg d'exprimer au Gouvernement Impérial son plus profond regret de l'attentat à la vie du Conseiller de Cour Stcherbina. En même temps, le Sultan envoyait auprès du Conseiller Privé actuel Zinoview le Grand Vizir, qui, après avoir témoigné le profond regret de Sa Majesté Abdul Hamid au même sujet, a transmis l'assurance qu'on a pris des mesures pour une enquête sévère et pour la cessation immédiate

du mouvement Albanais. || Le Gouvernement Impérial a pris acte des assurances données au nom du Sultan, et le Conseiller Privé actuel Zinoview a été chargé de faire à la Porte des représentations pressantes afin que soient prises immédiatement toutes les mesures pour le châtiment le plus sévère des fauteurs des troubles de Mitrovitza et de l'odieux attentat à la vie du Consul de Russie. || En même temps, le Conseiller de Cour Maschkow, Consul à Uscub, était chargé de se rendre à Mitrovitza. || M. Stcherbina est actuellement soigné par le Dr. Jacob, Médecin de Division, envoyé par Hilmy Pacha, Inspecteur-Général des trois vilayets, et par le Dr. Soubbotitch, de Belgrade, qui s'est rendu à Mitrovitza par ordre du Roi de Serbie. En outre, sur le désir exprès du Sultan, a été envoyé à Mitrovitza le meilleur chirurgien de la Cour - Cambor-Oglou. Suivant les avis des médecins, l'état du blessé, quoique très sérieux, n'inspire pas d'inquiétudes pour sa vie. | Suivant les renseignements que l'on reçoit, la Porte s'efforce réellement de mettre fin aux actes arbitraires des Albanais; beaucoup de troupes, la plupart venant de l'Asie - Mineure, ont déjà été envoyées sur le théâtre des troubles."

Nr. 13248. GROSSBRITANNIEN. Der Botschafter in Konstantinopel an den Minister des Ausw. Unterredung

mit dem Sultan. Der Sultan will einstweilen nur wenige fremde Offiziere anstellen.

Constantinople, April 4, 1903. (April 13.)

My Lord, || I had the honour of being received in audience yesterday by the Sultan after the Selamlik. || His Majesty referred to the recent incidents at Mitrovitsa, and to the difficult position in which he was placed by this sudden and tempestuous outbreak. He said he intended. to send a special Commission composed of Zia Noureddin Bey and several Ulemas to explain to the leaders of the insurrection that the reforms would not in any way prejudice their interests, that Rayahs had been employed from time immemorial in the service of the State, not only throughout the provinces but also in the capital, and that it was their duty to obey his orders in this respect. The Albanians were a proud and independent race, and if he wounded their amour-propre they would become still more intractable. He believed, however, they would yield to his exhortations and advice; but, if they refused to do so, he would be compelled to employ coercion. I expressed the hope that the measures taken by His Majesty would be successful, as it was in his own interest to suppress the lawlessness of his subjects without delay

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