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V.

Note verbale addressed by the Turkish Commissioner at Sophia to the Bulgarian Government.

Le 24 Août, 1903.

Le Commissariat Impérial vient d'être informé qu'une réunion, tenue à la mairie même de Philippopoli, a décidé de former une Commission spéciale dans le but de recueillir des collectes en faveur des malfaiteurs, et qu'elle a nommé comme membres de cette Commission les Sieurs Djévizoff, Maire de la ville, Abadjieff, négociant, et le Dr. Ch. Guénadieff, qui, se mettant aussitôt à l'œuvre, ont publié et fait afficher dans les rues une Proclamation séditieuse, par laquelle ils invitent la population à prêter leur concours moral et matériel aux révolutionnaires. || Le Commissariat Impérial, qui a déjà protesté contre la formation de pareilles Commissions de souscriptions dont la plupart, voire même toutes, receuillent les collectes par force fera remarquer au Ministère Princier que la convocation de la réunion à la mairie, la participation du Maire comme membre actif de la Commission, et enfin la distribution des Proclamations par des sergents municipaux, sont des faits qui donnent à ces Commissions un cachet incontestablement officiel, et contribuent, à ce titre, à encourager et à appuyer les agitateurs et les perturbateurs de l'ordre et de la tranquillité des vilayets de l'Empire. || Aussi, le Commissariat Impérial ne peut-il rester indifférent à l'égard de ces procédés encourageants des autorités Princières, et rejette sur le Gouvernement Princier toute la responsabilité des conséquences fâcheuses qui pourraient découler de cette situation, au cas où il n'y met pas un terme par les mesures promptes et énergiques qu'elle nécessite.

VI.

Note verbale addressed by the Bulgarian Government to the
Turkish Commissioner at Sophia.

Le 28 Août (10 Septembre), 1903.

Le Commissariat Impérial Ottoman sait parfaitement, comme tout le monde, sans que le Ministère des Affaires Étrangères ait besoin de lui rappeler certaines circonstances qui s'y rapportent, que des souscriptions et collectes d'argent se font depuis longtemps en Bulgarie et à l'étranger en faveur des milliers de familles restées sans pain et sans abri dans les vilayets limitrophes, ou réfugiés sur le territoire Bulgare pour des causes qui lui sont aussi parfaitement connues. En particulier, il doit se souvenir de ses propres démarches auprès du Gouvernement Princier en vue

d'obtenir le rapatriement des réfugiés. || Dès lors, comment s'expliquer sa note verbale du 24 Août, qui a trait pourtant au même ordre d'idées et de faits? C'est que les circonstances ont changé et, avec elles, le Commissariat Impérial a cru devoir modifier son attitude. Il ne trouve plus intérêt à se préoccuper du sort de ces milliers de malheureux dont le triste dénuement sollicite la charité publique; il fait semblant d'ignorer aujourd'hui que c'est à eux que sont destinés les secours recueillis: il ne voit plus en eux aujourd'hui, comme par une sorte d'obsession, que des fauteurs de désordres et des malfaiteurs, et il attribue à des actes méritoires de charité des intentions criminelles, en y impliquant la responsabilité d'hommes honorables et de représentants de l'autorité, ainsi que celle du Gouvernement Princier. || En vérité, si le Commissariat Impérial Ottoman ne s'est pas rendu compte de ce que sa démarche a d'offensant pour l'infortune humaine, il ne reste au Ministère des Affaires Étrangères qu'à exprimer sa profonde tristresse de l'avoir vu ternir les nobles et généreuses manifestations de la charité envers les malheureuses victimes des événements survenus dans les provinces de l'Empire.

Nr. 13295. TÜRKEI. Note an die Mächte über das Dynamitattentat der Bulgaren.

Konstantinopel, 17. September 1903.

L'Attentat à la dynamite qui vient de causer la perte du bateau „Vascapou,“ de la Compagnie Hoffman, et qui s'ajoute à un semblable méfait perpétré il y a quelque temps à bord du „Guadalquivir", des Messageries Maritimes, ne laisse plus de doutes sur l'un des moyens adoptés par les Comités Bulgares en vue de parvenir à leurs fins repréhensibles. Ceux-ci cherchent indubitablement à causer des explosions. dans le port de Constantinople, aussi bien que dans certains ports de la Turquie d'Europe, dans le but d'y troubler l'ordre public et d'alimenter dans les esprits une inquiétude et une agitation préjudiciables au maintien de la tranquillité publique et au libre cours du commerce international. Quoique le retard survenu au cours du voyage du „Vascapou“ ait empêché son explosion dans le port de Constantinople et qu'il ait ainsi fait manquer en partie le plan de ces malfaiteurs, le fait qu'on doit à un hasard tout à fait fortuit de prévenir l'explosion et l'incendie d'un bateau dans le port de la capitale ou amarré aux quais et d'éviter ainsi les conséquences fâcheuses d'un tel malheur, démontre amplement la nécessité urgente où l'on se trouve de prendre des mesures efficaces pour empêcher la perpétration à nouveau de pareils actes criminels. Il y a

ici un état de choses digne d'attirer l'attention de toutes les Puissances et de les amener à faire le nécessaire afin de protéger l'ordre public contre les menées subversives des gens qui, sous le couvert d'un but politique, dirigent leurs attaques contre la civilisation et la société humaine elles-mêmes. || Le Gouvernement Impérial espère que les États, dont les navires de commerce se trouvent exposés aux attentats des criminels Bulgares voudront bien dicter à leurs ressortissants intéressés une série de mesures de prudence et de surveillance propres à prévenir à l'avenir l'embarquement d'explosibles et d'engins meurtriers. || Il s'attend à en être informé au plus tôt, afin de faire de son côté les communications nécessaires aux autorités Ottomanes de la police et de la douane. || Le Ministère Impérial croit devoir faire remarquer en même temps que la police Ottomane, ne pouvant actuellement opérer des perquisitions préventives à bord des bateaux étrangers et au moment même de leur arrivée ou de leur départ, il ne lui est guère possible de contrecarrer les projets criminels qui les visent, et qui échappent forcément à ses moyens d'action.

Nr. 13296. BULGARIEN. - Denkschrift über Ausschreitungen der türkischen Truppen im Vilajet Adrianopel.

Sandjiak de Kirk-kilissé.

I. Caza de Malko-Tirnovo.

10. 23.

Sofia, September 1903.

1. Le village de Déré-keuy entièrement incendié et pillé. Une partie des habitants arrêtés et conduits à Kirk-kilissé; deux paysans brûlés vifs, plusieurs tués; le reste des habitants s'est enfui. || 2. Le village de Maglaïk également incendié et pillé. Dix familles exterminées; le reste des habitants a pris la fuite. || 3. Le village de Stoïlovo incendié en partie à deux reprises. La première fois, le feu a été mis à la suite d'un bombardement avec de l'artillerie de montagne. Sur les 150 maisons qui composaient le village, cinquante sont détruites; tous les habitants en fuite; leurs biens pris par les soldats. || 4. Le village de Chiok-Tépé, d'abord pillé par les soldats et ensuite incendié. Il n'y reste plus que vingt maisons, sur quatre-vingt qui composaient le village. Les habitants sont en fuite; trois femmes, deux enfants, et sept hommes ont été assassinés. Quelques femmes ont été arrêtées par les soldats au moment de leur fuite, et enfermées dans les casernes. || 5. Le village de Gramatikovo a été incendié en entier, le 26 Août, par les soldats. Le pillage a

précédé l'incendie.

Tous les habitants se sont réfugiés en Bulgarie. Leurs biens ont été emportés sur des chariots spécialement amenés des villages Grecs Costi et Borenkovo. || 6. Les villages de Hégalovo, Kératzinovo, et Kamila, incendiés le 30 Août. La récolte également incendiée sur les champs, et les biens des habitants emportés par les soldats. Tous les habitants se sont enfuis dans les montagnes; très peu d'entre eux ont réussi à passer en Bulgarie. On ignore le sort des habitants qui se sont enfuis dans les montagnes. | 7. Les villages de Tziknihor et Kladara incendiés; leurs habitants se sont enfuis, en partie dans les montagnes et en partie en Bulgarie. || 8. Le village de Kara-déré, de quatre-vingt-dix maisons, a été pillé par les soldats et les Bachi-Bozouks du village de Zazara; l'église a été souillée; les habitants sont en fuite; trente paysans ont été assassinés dans le village et une vingtaine au moment de leur fuite. || 9. Le village de Mokrouchévo a été incendié à trois reprises et définitivement détruit le 26 Août. Les habitants sont tous en fuite; deux garçons ont été tués. || 10. Le village de Paspalévo a été attaqué, pillé, et à moitié incendié par les soldats. Il y a dix personnes tuées et le reste des habitants sont en fuite. || 11. Dans les environs de Malko Tirnovo, les fermes (,,tchifliks") Selichté, Zagorskikolibi, Belkovtzi, Paprikovtzi, Sobotinovo, Kojrovo, Eabina-niva, Scharenkovtzi, Drajevité-kolibi ont été pillées; tous les biens meubles ont été emportés à Malko-Tirnovo et les maisons incendiées. Plusieurs habitants de ces fermes ont été tués. Dix-huit femmes et neuf enfants qui étaient venus de Malko-Tirnovo chercher un asile à Drajevité-kolibi, ont été massacrés par les soldats. || Tous les magasins et maisons Bulgares dans la ville même de Malko-Tirnovo ont été pillés et le butin a été emporté à Kirk-kilissé. Des femmes ont été emmenées dans les casernes; parmi celles-ci se trouvent la femme et les trois filles de Dimitri Kokoulari, qui a été tué. Il en est de même de la fille et du fils de Stéphane Kiourktchi, qui a été aussi tué. Il y a tout lieu de croire qu'il y a dans les casernes plus de 100 femmes et jeunes filles. || Presque tous les maîtres-bergers ont été tués et leurs troupeaux ont été enlevés par les soldats. Parmi ceux-là figurent: Pètre R. Roussenoff, Dimitre Kokoschkoff, et Petko Kormitchieff. Beaucoup de citoyens ont été arrêtés et soumis à des mauvais traitements et tortures. || A peu près les trois quarts des habitants Bulgares du Caza de Malko-Tirnovo se sont réfugiés en Bulgarie; plus de 200 personnes ont été tuées lors de la fuite.

II. Caza de Kirk-kilissé.

Le 26 Août, le village Ediga a été cerné par les troupes et les Bashi-Bozouks qui y ont mis le feu de tous les côtés. N'ont pu se sauver que les paysans ayant quitté le village avant l'arrivée des soldats. Tous les habitants y ont péri: les uns tués au moment où ils essayaient de quitter le village, les autres brûlés vifs. Les Grecs, qui constituaient la moitié des habitants de ce village et qui y étaient restés se croyant à l'abri des persécutions, ont subi le même sort que les Bulgares. || Le village de Vélika pillé et puis incendié à la suite du feu de l'artillerie. Une cinquantaine de familles ont pu se sauver en Bulgarie; on ignore le sort des soixante dix autres familles. || Il en a été de même du village d'Ouroum-beyli. Les habitants sont dispersés dans les montagnes et l'on ignore leur sort. || Le village de Kourou-déré également pillé et incendié; le bétail emporté; la plupart des habitants massacrés. || Le village de Kécherlik a subi le même sort. || Dans le village d'Elkleré, toutes les maisons Bulgares (une centaine) détruites; tous les habitants tués, sauf six, qui ont réussi à se réfugier à Bourgas. || Le village Kouriata entièrement détruit; la plupart de ses habitants massacrés. || Les villages Almadjik, Tass-Tépé et Kadiévo incendiés; dans le premier village n'ont été incendiées que les maisons Bulgares. On ignore le sort de la plupart des habitants. || Les habitants du village Inidjé ont été tous massacrés par les soldats Albanais. Six paysans seulement ont pu se sauver. || Les villages Dokouzyouk, Enis-Khale, Kara-Kassly, Kara-Ali, Koyoun-Ghiaour ont été attaqués et pillés par les Bachi-Bozouks. On ignore ce que sont devenus les habitants de ces villages. || Les habitants du village de Raklitza, qui s'étaient réfugiés à Kirk-kilissé, ont été forcés de réintégrer leurs foyers; puis, le 4 Septembre, ce village a été attaqué et incendié par la troupe régulière et tous les habitants, sauf quatre, ont été massacrés. || Les Albanais ont pillé les magasins et boutiques Bulgares dans la ville même de Kirk-kilissé; ils ont attaqué les Bulgares dans la prison et ont tué l'officier (Youzbachi) qui était de garde à la prison. Des Bulgares ont été massacrés dans les rues de la ville.

III. Caza de Vassiliko.

Le village de Voulgari entièrement incendié par les soldats, le 28 Août. Une soixantaine de femmes et enfants ayant réussi à se sauver dans le couvent voisin,,Saint-Constantin," les soldats les ont massacrés et le couvent a été incendié; quelques femmes seulement ont pu s'échapper. || Le village de Rézovo incendié le 2 Septembre. On ignore

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