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II. MEMOIRE,

Pour rendre l'Etat puiffant & invincible, & tous les Sujets de ce même Etat heureux & riches.

voies d'ac

N ne peut acquerir de ri- Légitimes cheffes légitimes que par quenir des les arts, l'agriculture & le richeffes. commerce. Toutes autres voies, pour acquerir du bien, doivent être bannies de la fociété civile, puifqu'il ne s'y rencontre qu'ufure & mauvaife foi, qui conduifent indifpenfablement l'Etat le plus floriffant à fa ruine totale.

Plus le commerce fleurit, plus un Etat eft riche, puissant & invincible : & au contraire, plus les Financiers y prennent d'empire, plus l'ufure s'y introduit, & plus cet Etat eft près de

Suites fa

cheufes de

Finan

ciers.

la

fa décadence,Laricheffe des marchands eft l'ame de la Monarchie, & celle des Partifans en eft la ruine. Le fuccès du négoce porte partout l'abondance & la joie ; & le fuccès du Parti y porte pauvreté, le chagrin & le defespoir. Les fortunes fubites des Financiers celles des ont excité plufieurs marchands à quiter le commerce; d'autres à borner leur négoce au commerce ufuraire de l'argent, & une infinité d'autres à quiter l'agriculture, pour pofféder des emplois, ou fe faire pourvoir de charges onereufes à l'Etat en forte qu'abandonnant l'agriculture, la fabrication & le commerce des denrées & marchandifes ceux qui l'ont voulu continuer aïant été obligés de paffer par la main de ces ufuriers, lorfqu'ils ont eu befoin d'argent, ils ont été rançonnés. De là vient que tant de fabriquans & laboureurs, ou fermiers, ont été ruinés; que les terres font incultes ou mal façonnées, & que les banqueroutes font hi fréquentes.

Soins de
Louïs
XIV.
pour le

Le Roi Louis XIV. de glorieuse memoire, Bifaïeul de S. M. dans le def

fein

ce.

fein de faire fleurir le commerce dans fes commer Etats, a ordonné l'établissement de plufieurs Compagnies de commerces, pour négocier dans toutes les parties du Monde, & fait venir les plus habiles ouvriers de l'Europe, pour y établir les belles manufactures que nous y voyons ; & enfin S. M. a établi un Confeil de commerce, à la fuite de fa Cour, pour être toûjours à portée de le protéger, & de lui accorder de nouvelles graces.

Mais comme les guerres qui font furvenues, ont étouffé de fi heureux commencemens,& en même tems donné lieu aux Financiers, & Traitans, de prendre le deffus du commerce, on ne doit pas être furpris, fi l'ufure y régne avec tant d'empire; fi les banqueroutes font fi frequentes dans le commerce,& fi tous les peuples gemiffent.

&

c:ffité à

Si la Hollande, en moins d'un fiécle Leur népar le feul négoce,a élevé à une puif- régard de fance formidable un petit coin de terre Ja France. prefque caché fous les eaux, quel foin ne doit pas prendre celui qui gouverne

une Monarchie comme celle de la Franfituée avec tous les avantages necef

ce,

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Néceffité

commer

ce.

faires pour établir un commerce univerfel, & qui en foi-même a un fonds inépuisable de fécondité, à l'égard de differentes chofes dont les Etats voisins ne fe peuvent paffer.

Quelques avantages que le Royauque le Roi me de France ait, foit par fon heureuprotége le fe fituation, ou par l'induftrie de fes habitans, jamais le commerce n'y fera confiderable, tant qu'il n'y aura point d'établiffement qui en foit connu. Le pere commun du commerce eft en état de favorifer les entreprises des Négocians tant en general qu'en particulier, foit en foutenant les foibles, pour empécher qu'ils ne faffent banqueroute; ou en protégeant les forts, afin de leur donner moyen d'augmenter leur commerce, & de le porter auffi loin que leur genie pourra s'étendre.

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Le Confeil de commerce peut bien protéger les Négocians auprès du Roi, contre les entreprises des Fermiers & Financiers,mais il ne fournira pas de l'argent aux Fabriquans & manufacturiers, pour foutenir le travail de leurs fabriques, ou manufactures; il n'en four

nira pas aux Fermiers & Laboureurs, pour leur donner moyen de mieux cultiver les terres, & parvenir à d'abondantes récoltes, qui eft la mine inépuifable & le Peron que l'on a quité trop légerement, pour l'aller chercher bien loin, avec beaucoup de hazards & de dépenses.

Il ne fe chargera pas non plus du foin de faire mettre en referve la provifion des bleds, des villes, bourgs & paroiffes du Royaume, avant qu'on en permette le tranfport à l'Etranger, afin d'éviter les difettes & les chertés exceffives des grains, comme il n'eft que trop fouvent arrivé.

Il faut donc un établissement gene- Projet d'aral qui mette la main à l'œuvre, pour ne com. pagnie ge parvenir à ce point de vûë, lequel nerale de par fa direction, fon commerce & né- commer goce de participation, puiffe réunir dans ce. un même efprit tous les Négocians du Royaume, fans néanmoins captiver l'inclination de chacun en particulier, nilės empécher d'agir fuivant leurs vûës particuliéres; & en même tems ouvrir un moyen affuré à tous les Sujets de

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