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on signe de cette sorte, on fait ce que la théologie appelle déposer son doute ou son opinion: nous crûmes alors facilement, après toutes les promesses de M. de Cambrai, qu'au moins il avoit signé dans cet esprit, ce qui naturellement prépare la voie à l'intelligence parfaite si le contraire est arrivé à M. de Cambrai, et qu'en effet il ait signé contre sa conscience, je ne vois pas dans les cœurs je ne le dis mais par malheur, c'est lui-même qui vient d'avouer qu'il étoit prêt à signer par déférence, contre sa persuasion. Sur un tel entortillement je l'abandonne à lui-même, et je lui laisse à expliquer un mauvais discours.

pas;

§. X. Sur la soumission avant le sacre.

M. DE CAMBRAI.

48. « M. de Meaux assure que deux jours avant

» mon sacre, étant à genoux, et baisant la main

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qui me devoit sacrer, je la prenois à témoin, » que je n'aurois jamais d'autre doctrine que la » sienne. Quoi d'autre doctrine que la sienne? » C'est celle de l'Eglise catholique, apostolique » et romaine, qu'il faut qu'un évêque promette » de suivre, et non pas celle d'un autre évêque. » Si j'eusse parlé ainsi, il auroit dû me repren>>dre aussi n'ai-je jamais rien fait qui ressemble » à ce récit (1) ».

(1) Rép. ch. 1v, p. 85.

RÉPONSE.

49. N'est-ce donc rien qui ressemble à ce récit, de m'avoir écrit tant de fois sur des points. de foi; « Il ne me reste qu'à obéir car ce n'est » pas l'homme ou le très-grand docteur que je regarde en vous: c'est Dieu : un mot sans rai>> sonnement me suffira: je ne tiens qu'à une >> seule chose, qui est l'obéissance simple : ma >> conscience est donc dans la vôtre: traitez-moi » comme un petit écolier (1) », et le reste qu'on peut voir dans ma Relation: et maintenant il vient nous apprendre « que c'est la foi de l'Eglise catholique, apostolique et romaine qu'il faut qu'un évêque suive, et non pas celle d'un autre » évêque ». Qui ne le sait ? Mais lorsqu'on parle à un autre évêque, comme on vient d'entendre, c'est qu'on a toute la certitude morale de la foi de cet autre évêque conforme à la catholique, apostolique et romaine, et qu'on espère d'entendre Dieu parler par sa bouche: ce qui fait écrire avec confiance comme faisoit ce prélat : C'est Dieu que je regarde en vous.

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»

50. Je n'avois donc point à reprendre M. de Cambrai de sa protestation: il ne faisoit que répéter, par cette action, ce qu'il avoit dit autant et plus fortement dans ses lettres. Je ne le crois pas assez injuste pour blâmer ces paroles de ma Relation (2) : « Je reçus cette soumission comme » j'avois reçu toutes les autres de même nature, (1) Relat. 111. sect. n. 4, 6, 7. . (2) Ibid. n. 14.

» que

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l'on voit encore dans ses lettres : mon âge, » mon antiquité, la simplicité de mes sentimens, qui n'étoient que ceux de l'Eglise, et le per» sonnage que je devois faire, me donnoient cette >> confiance »>. Pourquoi donc ici se récrier tant: Quoi, n'avoir point d'autre doctrine que celle de M. de Meaux? N'étoit-ce pas à l'Eglise catholique que je voulois l'attacher, en l'obligeant à quitter les malheureuses singularités que je rejetois? Quoi qu'il en soit, il n'y a rien de nouveau, rien qui ne ressemble à ce que M. de Cambrai avoit déjà fait et s'il nie le fait du sacre, du moins il n'en peut nier la connexion avec ce qui précédoit. Le reste, qui nous jetteroit sur la question de mon empressement à faire ce sacre, ne vaut pas la peine d'être examiné.

§. XI. Sur Synesius.

M. DE CAMBRAI.

51. « Pour applanir tant de difficultés, il a >> recours à l'exemple du grand Synesius (1) ».

RÉPONSE.

52. Il ne servoit de rien à notre sujet d'employer quatre grandes pages à expliquer le fait de Synesius, ni de se montrer savant dans une chose si triviale. Tout ce que j'ai voulu tirer de cet exemple, c'est que si on a cru que Synesius seroit docile à déposer les erreurs dont il s'ac(1) Rép. ch. iv, p. 94.

cusoit lui-même, je pouvois bien espérer que M. de Cambrai en feroit autant après des promesses si solennelles.

S. XII. Du peu de secret dont M. de Cambrai m'accuse.

M. DE CAMBRAI.

53. « C'est ainsi que M. de Meaux parloit à >> tous ses confidens en grand nombre il leur » racontoit qu'il venoit de sauver l'Eglise : qu'il » avoit découvert et foudroyé une secte naissante; » et les confidens de M. de Meaux en assez grand » nombre, avoient à leur tour d'autres confidens >> aussi zélés qu'eux pour les victoires de M. de >> Meaux contre le quiétisme. Ce que j'avois con» fié secrètement à M. de Meaux me revenoit » par ce demi-secret qui est pire qu'une divulga» tion entière ». Me voilà bien foudroyant et bien enflé de mes victoires.

RÉPONSE.

54. Les diseurs de belles paroles, parlent autant contre eux que pour eux. Si pour vanter mes victoires sur le quiétisme renaissant en M. de Cambrai, on ne faisoit que divulguer ce que ce prélat m'avoit confié, il me l'avoit donc confié; et l'on ne divulguoit rien que de véritable. Parlons nettement : si l'on avoit voulu perdre M. de Cambrai, il ne falloit point tant de confidens. Qu'il voie là-dessus, dans cet article vii, la réponse des nombres 15, 16 et 23: et qu'il reconnoisse l'effet de notre silence durant trois ans.

BOSSUET. Xxx.

8

§. XIII. Sur les lettres de M. l'abbé de la Trappe.

M. DE CAMBRAI.

55. « Si on doute de ce fait, on n'a qu'à lire » la première des deux lettres de M. l'abbé de la » Trappe, sur mon livre. Je pensois, dit-il, par» lant de moi, que toutes les impressions qu'a» voit pu faire sur lui cette opinion fantastique, » étoient entièrement effacées, et qu'il ne lui »restoit que la douleur de l'avoir écoutée (1) ».

RÉPONSE.

:

56. Que M. de Cambrai se souvienne des bruits répandus partout depuis si long-temps, de sa liaison avec madame Guyon (2) liaison qui étoit fondée sur la spiritualité, et si répandue dans le monde, que ce prélat va encore nous avouer que sa réputation eût été blessée, si cette femme se trouvoit capable en ce temps des erreurs dont elle étoit accusée. Après cela on pouvoit juger des impressions QU'AVOIT PU FAIRE sur lui une opinion fantastique: son livre imprimé étoit une preuve qu'elles étoient véritables; et l'on pouvoit alors en être étonné, comme tout le monde le fut, sans jugement téméraire. C'est donc par une injuste préoccupation qu'il veut toujours tout rejeter sur M. de Meaux.

(1) Rép. ch. v, p. 102. — (2) Voyez ci-dessus, n. 15, 16, 23.

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