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» et si précautionnés contre mes préventions? Quand même ils auroient cru avoir besoin de >> quelques secours, n'en pouvoient-ils pas trou» ver ailleurs qu'en M. de Meaux? Manquoit-on » dans Paris de théologiens? est-ce fuir la lu» mière que de se fier ingénuement à M. de Pa» ris, à M. Tronson et à M. Pirot, à moins qu'on » ne se livre aussi à M. de Meaux? Ce prélat >> devoit-il montrer tant de vivacité, sur ce que » je consultois les autres sans le consulter? Y a»t-il rien de plus libre que la confiance? Sup-» posé même que je me fusse éloigné de lui mal» à-propos, il devoit ménager ma foiblesse, et » être ravi que les autres me menassent douce»ment au but. C'est ainsi qu'on est disposé quand » on se compte pour rien, et qu'on ne recherche » que la vérité et la paix, etc. (1) »

RÉPONSE.

47. Je me suis lassé en voulant rapporter au long ce discours pour être un exemple de la profusion des paroles qui n'ont qu'un beau son. Car, dans cet endroit décisif, comme l'appelle M. de Cambrai, outre qu'on ne voit aucune raison de m'éviter, on ne touche pas seulement la difficulté. Il s'agissoit de répondre au point essentiel. de ma Relation; s'il étoit juste, s'il étoit honnête, s'il étoit utile à l'Eglise, d'empêcher le concert entre les évêques; de les empêcher de concourir tous à l'explication de leurs com(1) Rép. ch. v1, p. 127.

munes maximes, et d'achever ensemble ce qu'ils avoient commencé dans l'union s'il y avoit un autre moyen d'assurer la paix de l'Eglise, que le concert: si, par conséquent, on ne devoit pas sacrifier à un si grand bien, non-seulement de vaines imaginations fondées sur des bruits confus et sur de faux rapports, mais encore de véritables querelles s'il y en avoit. C'est à quoi n'a pu se résoudre celui qui vient nous apprendre à se compter pour rien, et à ne rechercher que la vérité et la paix. M. de Paris, qui vit bien qu'il ne gagneroit rien par ses remontrances sur un homme qui prenoit les honnêtetés pour approbations, et les sages ménagemens pour un acquiescement à ses volontés, tâcha du moins de gagner du temps, en l'obligeant d'attendre la publication de mon livre, pour voir ce qu'elle produiroit, et quel secours on pourroit tirer du temps. M. de Cambrai donna sa parole, il ne la tint pas (1): et enfin il prouve très-bien que j'étois le seul dont il se cachât; mais on ne voit aucun fait prouvé pour justifier une conduite si basse et si partiale.

§. VIII. Réflexions sur les faits des deux articles

précédens.

48. Après cela je soutiens que de tous les faits que M. de Cambrai avance dans sa réponse, pour justifier le refus de son approbation et le dessein de me cacher un livre qui ne devoit être () Rép.ch. vi, p. 122.

qu'une plus ample explication des principes que je suivois, ne peuvent plus subsister un seul moment, pour trois raisons. Premièrement, parce que ce prélat les avance en l'air: ces divulgations de son secret, ces demi-secrets qu'il m'impute, ces confidences si multipliées avec ces hauteurs puériles, ces promesses de l'obliger à se rétracter, et ces ridicules vanteries qu'il me reproche, ne sont point prouvées. C'est là néanmoins tout le fondement de ses injustes refus, de ses pratiques pitoyables pour se cacher de moi et du décri où il voudroit me faire tomber. Voilà un premier degré de fausseté dans ses allégations: attaquer ma réputation en chose grave, me décrier, me chercher querelle, sans preuve; pendant que je ne l'attaque que sur des points de doctrine, où je ne puis garder le silence sans une manifeste prévarication, et sur des faits essentiels prouvés par actes. Le second degré, c'est de se rendre positivement indigne de toute croyance, en avançant des faits sur lesquels il est convaincu par ses propres écrits. Ainsi manifestement M. de Cambrai vient d'être convaincu, par son Mémoire écrit de sa main, que ce qu'il avance sur les conseils de M. de Paris, de M. de Chartres et de M. Tronson, pour ne point approuver mon livre, ne peut subsister. Mais voici un dernier degré de fausseté qui résulte du même Mémoire.

49. M. de Cambrai y a ramassé sans ménagement avec une adresse extrême, tout ce qui pou

voit justifier le refus de l'approbation qu'il m'avoit promise, et la prodigieuse aliénation qu'il témoignoit contre moi, jusqu'à me cacher ce qu'il étoit le plus obligé de me découvrir. Il fonde maintenant ce refus et cette aliénation sur la divulgation de son secret et sur les prétendues promesses que je faisois à tout le monde de la future rétractation à laquelle je l'obligerois : mais dans son Mémoire il ne parloit point de tout cela. Ce sont donc choses avancées depuis, et qu'on n'osoit dire dans le temps qu'on disoit tout contre moi à la personne du monde auprès de laquelle on avoit le plus d'intérêt de se justifier.

lors

50. Qu'ainsi ne soit pour pour montrer que qu'il rendit mon livre sans le vouloir approuver, il n'en avoit vu que les marges, M. de Cambrai en rapporte cette preuve (1): « Je ne vis rien de » tout le reste une preuve claire que je ne le » vis pas, est que je ne l'ai jamais allégué pour » m'excuser de n'avoir pas approuvé le livre ». Quand donc il n'allègue pas ce qui sert à l'excuser, c'est une preuve et une preuve claire qu'il ne l'a pas vu : or est-il que dans son Mémoire il n'allègue pas ces divulgations du secret, ces confidences odieuses, et tout le reste qu'il apporte maintenant pour justifier son refus donc il ne les connoissoit pas alors. C'est pourtant alors, ou jamais, qu'elles avoient dû lui paroître, puisque dès-lors il commençoit, selon le Mémoire (2), ce

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(1) Rép. ch. 1, p. 8. (2) Mem. de M. de Cambrai. Relat. Ir. sect. n. 27. v. sect. n. 5, etc.

qu'il a continué depuis; c'est-à-dire, de se cacher de moi et de m'éviter.

51. Quelle meilleure raison pouvoit - il avoir de se cacher de moi, que celle que je divulguois son secret? Il n'alléguoit alors, pour toute raison de me cacher ce qu'il méditoit sur son livre, que <«< la nécessité où il étoit de laisser ignorer à M. de » Meaux un ouvrage dont il voudroit apparem» ment empêcher l'impression par rapport au » sien (1) ». Je n'étois donc point alors ce faux ami qui trahissoit le secret de M. de Cambrai, et qui en tiroit avantage : je ne m'étois pas encore avisé de cette trahison; mes cent confidens qui, tous en avoient cent autres, n'avoient pas encore porté mon infidélité aux oreilles de M. de Cambrai.

52. Ainsi ce prélat compose une histoire de plusieurs pièces qui se font l'une après l'autre; et quand il écrivoit ses raisons à la personne du monde à qui il vouloit le plus les faire goûter, la saison de raconter mes perfidies envers un ami, n'étoit pas encore venue. Comment aussi persuader tous ces faits, et que je voulois décrier et perdre M. de Cambrai, à une personne qui avoit vu tout le contraire durant la suite de plusieurs années? Comment, dis je, lui persuader que je trahissois le secret, quand tous les jours elle voyoit mes précautions pour l'empêcher de venir où il pouvoit nuire? J'ai donc la preuve constante que tous ces faits sont imaginaires. Pour justifier

(1) Relat. Ir. sect. n. 27. v. sect. n. 5, etc.

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