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» qu'il venoit de me promettre? Ce n'étoit pas les >> rapports confus qui pouvoient alarmer un » prince si sage : ce qui le frappa fut le pardon » que M. de Meaux lui demanda pour ne lui » avoir pas plus tôt déclaré mes égaremens. Si » ce prélat eût cherché la paix, il n'avoit qu'à » dire à Sa Majesté : Je crois voir dans le livre » de M. de Cambrai des choses où il se trompe » dangereusement, et auxquelles je crois qu'il » n'a pas fait d'attention; mais il attend des re» marques que je lui ai promises : nous éclairci>>rons avec une amitié cordiale ce qui pourroit. >> nous diviser; et on ne doit pas craindre qu'il » refuse d'avoir égard à mes remarques' si elles » sont bien fondées (1) ».

RÉPONSE.

13. C'étoit là un beau discours à me proposer: sans doute, je devois répondre d'une amitié qui venoit d'être violée par un acte si solennel : je devois me rendre garant de la docilité de M. de Cambrai, après la marque qu'il en donnoit par un livre où il venoit d'éluder tous les Articles que nous avions signés ensemble, et où il entreprenoit d'expliquer ma propre doctrine sans m'en donner part de telles propositions sont d'un homme qui a coutume d'endormir les autres par la facilité de ses expressions. Il veut encore que je l'excuse sur son peu d'attention, lui à qui je voyois une attention si prodigieuse, mais à

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éluder, mais à peindre de belles couleurs les maximes les plus dangereuses.

14. Mais j'ai demandé pardon : quelle merveille! nous avions eu peut-être de bonnes raisons d'épargner M. de Cambrai : mais comme j'ai déjà dit, nous avions l'événement contre nous: ne devois-je pas encore aller disputer contre un si bon maître, et soutenir M. de Cambrai, qui, contre tant de promesses, mettoit la division dans l'Eglise? on ne permet à un homme de bien d'être trompé qu'une fois.

15. « Ce n'étoit pas les rapports confus qui >> pouvoient alarmer un prince si sage ». Il appelle des rapports confus la voix publique de tout le royaume contre son livre, et le témoignage précis que rendoient naturellement à Sa Majesté les gens les plus sages. C'étoit comme le premier cri de la foi blessée qui venoit frapper ses oreilles, et s'opposer au quiétisme renaissant je n'avois pas encore ouvert la bouche; et je ne le dirois pas si je pouvois en être dédit. On s'étonnoit de me voir si en repos pendant tous les mouvemens que certaines gens faisoient contre moi. Mais quoi? je sais à qui je me fie, et que celui qui garde Israël ne dort pas.

M. DE CAMBRAI.

16. « Qu'avois-je fait depuis que M. de Meaux » avoit applaudi à ma nomination à l'archevêché de Cambrai? je n'avois fait que mon livre; » (c'étoit bien assez) et c'est ce livre même sur

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» lequel il m'avoit promis ses' remarques », (concertées, comme on vient de voir, avec M. de Paris et M. de Chartres; ce qui demandoit du temps.) « Encore une fois qu'avois-je fait dans >> cet intervalle si court? je ne vois que ma Lettre » au Pape qui ait pu le choquer (1) ». Ailleurs: << Ma soumission au Père commun devoit-elle » irriter M. de Meaux (2) » ?

RÉPONSE.

17. Ma soumission est connue, et je n'ai qu'à laisser passer des traits si malins.

M. DE CAMBRAI.

18. << Etoit-ce me rendre indigne des remarques » de M. de Meaux que d'écrire, selon le désir du » Roi, une lettre au Pape pour lui soumettre » mon livre, contre lequel on publioit déjà de grands bruits à Rome (3) »? Il dit ailleurs : «< Le » Roi n'a-t-il pas désiré que j'écrivisse (4) » ?

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RÉPONSE.

19. Ne disons rien sur la suite de la même malignité mais on ne peut passer le désir du Roi. « On m'avoit, dit-il, assuré que le Roi souhai» toit que j'écrivisse » : Ce n'est donc point un ordre qu'il eût reçu: mais il sait bien que c'est autre chose de souhaiter, autre chose de souffrir ou de laisser faire; et il ne lui est pas permis d'énoncer contre la vérité le désir du Roi.

(1) Rép. ch. v11, p. 130. — (2) Ibid. p. 144. — (3) Ibid. p. 131.. (4) Ibid. p. 144.

§. II. Sur le refus des conférences.

M. DE CAMBRAI.

20. « Les prélats dressoient ensemble une espèce » de censure de mon livre, etc. (1)

>>

» Dès que ces assemblées des prélats furent établies, et eut été concerté contre mon tout y que » livre, on ne songea plus qu'à me réduire à y >> aller comparoître. Voilà ce que signifioient ces » tendres paroles : Que ne venoit-il à la confé»rence, éprouver la force de ces larmes frater»nelles, etc. »

KÉPONSE.

21. Comme le refus des conférences amiables est un des endroits qui incommode le plus M. de Cambrai, il emploie ses plus grands efforts à le couvrir; mais il ne faut que se souvenir du fait expliqué dans la Relation (2). Nous ne pouvions nous dispenser de nous déclarer sur ce que M. de Cambrai supposoit dans son Avertissement qu'il ne faisoit son livre des Maximes que pour expliquer nos principes. Est-ce une chose qu'on puisse nier, que notre silence autorisoit sa déclaration? Nous ne pouvions donc ni nous empêcher de parler, ni parler sans convenir, ni convenir sans nous voir ensemble. Quel air voit-on là d'autorité ou d'assemblée établie pour y faire comparoître M. de Cambrai? Mais encore de quel moyen nous servions-nous pour l'attirer à ce tribunal ? c'étoit

(1) Rép. ch. VII, p. 131. — (2) Relat. 1.re sect. n. 5.

de lui proposer une conférence amiable pour nous expliquer ensemble. Peut-on plus visiblement abuser des mots, et renverser le langage humain que d'appeler cela comparoître?

M. DE CAMBRAI.

22. «S'agissoit-il de conférences où M. de >> Meaux voulût me proposer douteusement ses » difficultés, et se défier de ses pensées contre » mon livre (1)? etc. »

RÉPONSE.

23. Il n'est pas de la nature des conférences amiables de proposer douteusement ses difficultés: car ainsi tant de conférences avec les Ariens, avec les Manichéens, avec les Monothélites, présupposoient un doute dans saint Hilaire, dans saint Ambroise, dans saint Augustin, dans saint Maximè, dans les autres qui les proposoient. Quand les apôtres conféroient avec les Juifs, est-ce à dire, qu'ils leur parloient douteusement de la venue de Jésus-Christ. Le faux saute aux yeux dans une semblable proposition : par conséquent j'ai raison de dire (2) ce que rapporte M. de Cambrai (3) : « Nous ne mettions point en » question la fausseté de sa doctrine: nous la >>tenions déterminément mauvaise et insoute»nable ». D'où je conclus « que supposé qu'il » persistât invinciblement, comme il a fait, à

(1) Rép. ch. ví, p. 132. — (2) Relat. 11. sect. n. 21.

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(3) Rép.

P. 132.

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