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» de M. de Meaux, et en profiter, s'ils étoient » bons; mais je ne voulois pas me livrer à lui dans » son tribunal ».

RÉPONSE.

66. Voilà enfin le fond et le secret de la défense de M. de Cambrai sur les conférences. Il n'y sait rien de meilleur que de changer au nom odieux de tribunal, le nom d'une conférence amiable que sa conscience et même l'honneur du monde lui reproche d'avoir injustement refusée. J'ai rapporté tout au long et presque de mot à mot toutes ses réponses: enfin, il est convaincu d'avoir refusé les voies amiables, et d'avoir tellement senti le foible de sa cause, qu'il n'a pu soutenir la face de ses amis.

ARTICLE X.

Sur diverses autres remarques du chap. vii et dernier de la Réponse.

§. I. Sur la falsification de la version latine du livre

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1. « Ce prélat attaque encore la version latine » de mon livre que j'ai envoyée à Rome ». Là il rapporte mes paroles, qu'on peut voir dans la Relation (1); et il les reprend en cette sorte:

(1) Relat. VII. sect. n. 5.

« Qui ne croiroit, à ce ton démonstratif, que » voilà la pleine conviction de mon infidélité : » mais c'est ici que je conjure le lecteur de juger » entre M. de Meaux et moi (1) ».

RÉPONSE.

2. J'accepte l'offre, et je consens qu'un lecteur attentif nous juge par cet endroit seul.

M. DE CAMBRAI,

l'in

3. « 1.o J'ai déclaré dans mon livre que » térêt propre est un reste d'esprit mercenaire; » 2.o j'ai montré avec évidence que M. de Meaux » a pris lui-même l'intérêt, non pour l'objet de » l'espérance chrétienne, mais pour une affection » imparfaite; 3.o le terme de propre, ajouté dans » mon livre à celui d'intérêt, signifie manifeste»ment la propriété, qui, de l'aveu même de M. de » Meaux, est une affection du dedans, et non >> l'objet du dehors; 4.0 M. de Meaux en tradui>> sant mon livre, dans sa Déclaration, a rendu » le mot d'intéressé par celui de mercenarius, Ai-je tort de traduire mon livre comme ce pré» lat l'a traduit lui-même (2) ».

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RÉPONSE.

4. Que servoit tant de discours? La fausseté dont ma Relation accuse M. de Cambrai dans la version de son livre, est d'avoir partout, et plus

(1) Rép. p. 136. — (2) Rép. p. 137.

BOSSUET. xxx.

II

de cinquante fois, inséré dans son texte le terme d'appetitio mercenaria, qui n'y fut jamais; et d'avoir expliqué par-là le mot de motif et celui d'intérêt propre. Pour argumenter contre moi ex concessis, et pouvoir justement alléguer en preuve la Déclaration des trois évêques, il faudroit, non point y marquer en l'air, comme M. de Cambrai fait à la marge, une longue suite de discours, mais quelque endroit particulier où l'on employât le terme appetitio en traduisant ses passages. Mais qui songeoit seulement alors à cette interprétation entièrement inouie? M. de Cambrai lui-même n'y songeoit pas encore dans sa première explication que M. de Chartres a imprimée, puisqu'il y suppose toujours comme constant, qu'il a pris le terme de motif pour la fin qu'on se propose au dehors.

:

5. M. de Cambrai, destitué de preuve, a recours dans sa Réponse à une conséquence tirée du mot de propriété : mais outre qu'une conséquence n'est pas une version où le texte doit être représenté tel qu'il est en soi, on répond de plus que la conséquence est mauvaise et quand la propriété seroit un appetit, il ne s'ensuit pas que le motif en fût un. Ainsi M. de Cambrai demeure, en cinquante endroits, faux traducteur de son propre livre, en substituant une conséquence, et encore fausse, au texte qu'il falloit rendre simplement.

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6. Et pour ne m'en pas tenir, comme fait M. de Cambrai, à de vagues citations, je lui représente

dans son article vIII vrai (1), la traduction de ce passage: « L'ame s'abandonne à Dieu pour tout » ce qui regarde son intérêt propre ». Et un peu après: «En ne lui faisant voir aucune ressource » pour son intérêt propre éternel ». En vérité, osera-t-on dire que ce soit traduire deux endroits si essentiels dans cette matière, que de les rendre en cette sorte le premier, permittere se Deo quoad omnis commodi proprii mercenariam appetitionem : le second, encore plus essentiel: nullá spe quoad proprii commodi etiam æterni mercenariam appetitionem.

7. Il commet la même falsification lorsqu'il traduit, dans l'article x le sacrifice absolu de l'intérét propre pour l'éternité; par ces mots : absolutè proprii commodi appetitionem mercenariam quantum ad æternitatem immolat (2).

8. Pour peu qu'on entende cette dispute, on sait que ces trois passages sont les plus essentiels de tout le livre; et ceux qui en entraînent le plus l'inévitable censure, à titre d'impiété et de blasphême, du propre aveu de l'auteur. Or, est-il qu'en ces trois endroits si essentiels la traduction latine est falsifiée : elle l'est donc dans ce qu'il y a de plus essentiel dans tout le livre.

9.

Il faut ici remarquer que c'est sur cette version latine que M. de Cambrai demande au Pape d'être jugé (3) : et en effet, beaucoup de ses examinateurs, qui n'entendent point ou entendent peu

(1) Max. p. 72, 73. Vers. lat. p. 51, 52.— 2 Max. art. x, p. 90. Vers. lat. p. 65. — (3) Lett. de M. de Cambrai au Pape, ci-après.

le français, le jugent sur sa version. Ils le jugent donc sur des faussetés essentielles : c'est sur des faussetés essentielles qu'il demande d'être jugé. On vante en vain le nombre de ses partisans : la plupart d'eux ne le sont manifestement, que trompés par une infidèle version.

10. Si, malgré l'évidence de ce fait, M. de Cambrai propose qu'on le juge décisivement par cet endroit seul : c'est visiblement qu'il met sa confiance dans la hardiesse de l'affirmation, et non pas dans la force de sa preuve.

S. II. Sur un fait posé par M. de Cambrai, et désavoue par lui-même.

M. DE CAMBRAI.

11. « Voici un fait bien remarquable que j'ai » avancé, et qui, selon M. de Meaux, est si faux » que j'en supprime les principales circonstan»ces (1). Ce fait est que M. de Chartres reste qu'on peut lire dans la Réponse.

et le

12. « M. de Meaux veut que ce fait soit faux; » 1. parce qu'il n'en a jamais entendu parler : » 2. il dit que je me suis dédit sur ce fait com» ment dédit? c'est que, dans une seconde édition. » de ma Réponse, j'ai supprimé cet article. Mais » est-ce se dédire sur un fait que de le suppri» mer »? M. de Cambrai ajoute qu'il l'a supprimé « par discrétion, parce qu'il vouloit supprimer

(*) Rép. ch. vi, p. 137.

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