Page images
PDF
EPUB

RÉPONSE.

55. Il biaise encore: je suis contraint de le répéter. Il ne s'agit pas d'un livre inconnu auquel on peut ne point penser la Guide de Molinos est un livre qui vient d'abord dans l'esprit à tous ceux qui écrivent de cette matière. On a donc raison de s'étonner qu'il ait supprimé Molinos dans le dénombrement des faux spirituels, et qu'encore il en supprime le livre dans sa lettre au Pape.

M. DE CAMBRAI.

56. « Il m'avoit déjà reproché de n'avoir pas » nommé Molinos, et je répondois que je n'avois » pas jugé nécessaire de nommer un nom odieux » dont il n'étoit point question en France (1) ».

RÉPONSE.

57. Etoit-il plus question en France des illuminés d'Espagne qu'il a nommés? et quand il eût voulu supprimer un nom odieux, devoit-il du moins se taire des quiétistes? Est-ce un jugement téméraire de croire qu'en cette occasion il ait supprimé Molinos, comme il a fait madame Guyon, à qui la Guide de Molinos avoit préparé la voie?

M. DE CAMBRAI.

58. « Pour moi je condamne sans exception et >> sans restriction tous les ouvrages de Molinosi

(1) Rép. p. 158.

>> justement frappés d'anathême pour le saint Siége (1)».

[ocr errors]

RÉPONSE.

59. Qu'il condamne donc en même temps la pernicieuse restriction de l'intention des auteurs, qui en sauvant madame Guyon, sauve en même temps Molinos et tous les hérésiarques.

[ocr errors]

ARTICLE XI.

Sur la Conclusion.

§. I. Discours de M. de Cambrai sur le succès de ses livres.

M. DE CAMBRAI.

1. « A PEINE ai-je publié mes défenses, que le public a commencé à ouvrir les yeux et à me » faire justice.... M. de Meaux me permettra de » lui dire ce qu'il disoit contre moi (2): Ai-je re» mué d'un coin de mon cabinet à Cambrai par » des ressorts imperceptibles tant de personnes » désintéressées, etc. Ai-je pu faire pour mon livre, » moi éloigné, moi contredit, moi accablé de » toutes parts, ce que M. de Meaux dit qu'il ne » pouvoit faire, lui en autorité, en crédit, et en » état de se faire craindre » ?

RÉPONSE.

2. Si M. de Cambrai croit avoir autant ramene

(1) Rép. p. 158.

- (2) Rép. p. 161, 162.

de monde par ses lettres, que son livre en avoit soulevé, il se flatte trop. Le soulèvement fut universel, comme il l'a été d'abord contre toutes les erreurs naissantes; et il avoue que le petit nombre de ceux qui ne se laissèrent point entraîner au torrent, fut réduit à se taire : c'est ce qui n'arrive jamais à la vérité. Les hommes n'opèrent point de tels effets, et les sages savent distinguer l'impression solide et persévérante de la tradition, d'avec les éblouissemens causés par une cabale toujours prête à remuer.

§. II. Sur les cabales.

M. DE CAMBRAI.

3. «< Voici la réponse de ce prélat : Les cabales, » les factions se remuent : les passions, les inté» réts partagent le monde (1). Quel intérêt peut » engager quelqu'un dans ma cause? de quel côté » sont les cabales et les factions? Je suis seul et » destitué de toute ressource humaine; quiconque >> regarde un peu son intérêt n'ose plus me con>> noître. M. de Meaux continue: De grands » corps, de grandes puissances se meuvent. Où » sont-ils ces grands corps? où sont ces grandes » puissances, etc. (2) »?

RÉPONSE.

4. Croit-il avec ces paroles éblouir le monde, jusqu'à lui faire oublier une cabale qui se fait

(1) Relat. 1. sect. n. 8. — (2) Rép. p.

-

162.

sentir par toute la terre? croit-il que quelqu'un ignore les intérêts, les engagemens, les espérances qui ont commencé cette affaire, et les ressources qu'on attend encore pour la rétablir? On en peut voir les fondemens dans la Relation. Quand estce qu'on a plus visiblement éprouvé les efforts d'un puissant parti? Pour ne dire que ce seul fait constant et public, d'où viennent par tout l'univers, et à Rome comme en France, quand il doit paroître quelque écrit de ce prélat, d'où viennent, dis-je, cent avant-coureurs qui publient qu'à ce coup M. de Cambrai me va écraser? Il veut mettre pour lui la pitié. Je suis seul, dit-il : c'est ce que ne dit jamais un évêque défenseur de la vérité catholique, et l'Ecriture lui répond: Væ soli: malheur à celui qui est seul; car c'est le caractère de la partialité et de l'erreur : M. de Meaux est en état de se faire craindre. Puisqu'il m'y force, je lui dirai aux yeux de toute la France, sans crainte d'être démenti, qu'il peut plus avec un parti si zélé, que M. de Meaux occupé à défendre la vérité par la doctrine, et que personne ne

craint.

§. III. Sur Grenade.

M. DE CAMBRAI.

5. « Quand j'aurois admiré les visions d'une » fausse prophétesse, (chose dont M. de Meaux » ne donne pas une ombre de preuve) le savant » et pieux Grenade n'a-t-il pas été ébloui par

» une folle qui prédisoit les visions de son » cœur (1) ».

RÉPONSE.

6. On donne le change: Grenade n'a point excusé de livres pernicieux : Grenade s'est humilié, et n'a point cherché de vaines justifications. Il y a une extrême différence entre une simple surprise et une affectation manifeste de colorer des illusions. M. de Meaux, dit-il, ne donne pas une ombre de preuve : nous entendons ce langage: il veut que les illusions de madame Guyon ne soient pas prouvées; car il la veut toujours défendre malgré son aveu et toutes les démonstrations qu'on à contre elle : et pour lui, il est trop certain par sa réponse, qu'après qu'on lui a découvert les dangereuses spiritualités et les erreurs de son amie, il ne s'est pas moins attaché à la défendre.

§. IV. Propositions pour alonger.

M. DE CAMBRAI.

7. « S'il reste à M. de Meaux quelque écrit ou quelque autre preuve à alléguer contre ma per» sonne, je le conjure de n'en point faire un demi» secret je le conjure d'envoyer tout à Rome, » afin qu'il me soit promptement communiqué » par ordre du Pape (2) ».

RÉPONSE,

8. Pendant qu'on fait semblant de vouloir hâ(1) Rép. p. 166. (2) Rép. p. 167.

[ocr errors]
« PreviousContinue »