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une parfaite spirituelle? point du tout: c'est une perturbatrice des communautés, dont elle renverse l'esprit et parce qu'en la chassant d'un diocèse on lui fait des complimens d'honnêteté, qu'on ne refuse jamais à ceux à qui on ne fait point le procès juridiquement, c'est un titre pour en faire une amie spirituelle, et pour lier avec elle le commerce le plus étroit sur la piété.

nement

sur

mon attesta

13. Je ne répéterai pas ce qu'on a dit sur une Faux raisonautre lettre et sur la censure de ce prélat ; et c'est assez d'en avoir marqué l'endroit au lecteur (1). tion.. Mais on m'allègue moi-même pour garant du grand mérite de cette femme (2) : peut-ce être sérieusement? je m'en rapporte au lecteur. Mais encore que produit-on en sa faveur? une attestation où je lui défends «< d'enseigner et de dogma»tiser dans l'Eglise; de répandre ses livres ma>> nuscrits ou imprimés; de conduire et diriger >> les ames dans les voies intérieures (3) » : c'est un titre à M. de Cambrai pour la préférer aux plus saints hommes, et pour en faire son amie avec tant de distinction.

Suite des

14. Mais vous ne dites pas tout? Il est vrai, je la décharge, dans l'attestation, des abominables actes. pratiques qu'on l'accusoit de reconnoître à titre d'épreuves avec Molinos; car ce sont les termes de l'acte dont l'attestation n'est que l'abrégé j'ai même reçu ses excuses, la tenant à cet égard hors d'atteinte, et en possession, pour ainsi parler, de son innocence, dès-là qu'elle n'étoit point

(1) Ci-dessus, art. 11, §. 3, n. 8. — (2) Ibid. §. 4, n. 10, etc. — (3) Rép. à la Relat. ch. 1, p. 16.

Le foible de

lon M. de

Cambrai.

convaincue et parce qu'elle s'excuse en ma présence et de mon aveu de telles abominations, on me donne pour témoin de la sainteté et de la haute spiritualité de cette femme : y a-t-il une conséquence plus mal tirée?

15. Voici enfin la difficulté invincible, selon ma cause se- M. de Gambrai (1), c'est d'avoir donné les sacremens et une attestation si authentique à une femme qui n'a point avoué ses fautes, qui ne les a point rétractées, qui ne s'en est point repentie; qui même, quand elle seroit excusable depuis son repentir, ne laisseroit pas d'être digne du feu avant qu'elle eût demandé pardon. « C'est ici, » dit M. de Cambrai (2), que tout le grand génie » de M. de Meaux et toute son éloquence ne peu>> vent couvrir l'endroit foible de sa cause ». Mais si l'éloquence ne me peut être ici d'aucun secours, voyons ce que pourra faire la simplicité. Je réponds donc, en un mot, comme j'ai déjà fait (3) Il n'y a aucune de ses fautes qu'elle n'ait reconnue, dont elle n'ait demandé pardon, dont elle n'ait rendu grâces d'avoir été avertie son repentir, qui paroissoit si humble, ayant fait juger qu'elle n'étoit pas indocile, on a plaint son ignorance plutôt que de la pousser à toute rigueur est-il si malaisé de couvrir ce foible?

Déclarations de madame Guyon.

16. Je passerai sous silence la déclaration « de » n'avoir jamais eu intention de rien enseigner >> contre la foi catholique », et celle « de n'avoir >> eu aucune des erreurs dont elle avoit souscrit

(1) Rép. ch. 1, p. 60, 61, elc. — (2) Ibid, p. 64. — (3) Ci-dessus, art. 11, n. 18, 19, 20, 21, 22, ele,

>> la condamnation dans nos censures » : la première ne prouve rien, sinon qu'elle a pu errer par ignorance plus que par malice: et la seconde, qui seroit de conséquence, est inventée d'un bout à l'autre. Ce ne sont pas là de beaux tours, de beaux traits d'esprit : il n'y a rien pour les curieux qui veulent voir comment un esprit souple se tire légèrement d'un mauvais pas : c'est dans la simplicité, la vérité même.

17. Voyons si M. l'archevêque de Cambrai Foibles jusréussira mieux à se justifier qu'à me reprendre. Il

tifications sur la lecture

par M. de

emploie, sans exagérer, plus du tiers de sa Ré- des livres de ponse à prouver qu'il n'a point lu les écrits où M.me Guyon étoient ces prodigieuses communications de grâ- Cambrai. ces, et toutes les autres absurdités de la spiritualité de son amie : il ne veut pas même avouer (1) que j'aie dit dans la Relation que je lui ai lu ces prodiges dans le livre même; contre la foi de mes paroles, contre les termes exprès de ma Relation (2) que j'ai cités: hé bien, passons-lui tout ce qu'il voudra: il n'a du moins osé nier que je lui aie rapporté tous ces excès. Il avoue, dans le détail, que je lui ai raconté ces absurdes communications de la grâce, ce pouvoir de lier et de délier, ces merveilles de la femme de l'Apocalypse ou il m'en aura demandé la preuve, et il l'aura vue ou, ce qui est pis, il ne l'aura pas demandée, et il n'aura pas voulu voir.

18. Voici, sur l'approbation des livres de madame Guyon, le raisonnement de la Relation

:

Approba

tion des li

vres de ma

« Je l'ai laissé estimer par des personnes illustres; dame Guyon (1) Rép. p. 27. — (2) Relat. 11.o sect, n. 20.

par M. de Cambrai et

» je n'ai pu ni dû ignorer ses écrits (1) » : c'est ce par ses amis. qu'avoit dit M. de Cambrai, et j'en avois tiré cette conséquence naturelle : « C'étoit donc avec ses » livres qu'il l'avoit laissé estimer ». M. de Cambrai se récrie (2): « Que peut penser le lecteur de » ce donc? J'ai laissé estimer la personne de ma» dame Guyon: donc c'est avec ses écrits que » je l'ai laissé estimer » : comme si cette conséquence étoit étonnante. Mais si elle est si éloignée, pourquoi faire marcher ensemble l'estime de la personne et la connoissance des écrits? Y a-t-il rien en effet de plus lié que ces deux choses, surtout quand c'est la par ses écrits que personne s'est signalée; que ses écrits sont réputés être la peinture de son oraison; et enfin que cette personne, estimée principalement pour sa spiritualité, ne peut pas ne la point être par une oraison excellente? Faut-il croire encore, avec tous les autres paradoxes de l'histoire qu'on nous propose, que ces personnes qui admiroient madame Guyon comme étant si spirituelle, qui recevoient d'elle une si grande communication des grâces, et qui y tenoient par tant de droits, ne lisoient point ses livres? M. de Cambrai dira-t-il qu'il les en ait empêché, lui qui le pouvoit par un seul mot? Après cela, réduire la chose à la distribution manuelle, et faire consister la difficulté en cela seul, n'est-ce pas, dans une matière si sérieuse, s'attacher trop à des minuties?

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19. Le dernier refuge de M. de Cambrai et de

(1) Mémoire; Relat. Ir. sect. n. 9, 11, 12. art. iv, n. 8. Relat. ibid. Rép. ch. v11, p. 154. ̧

- (2) Ci-dessus,

:

duits sans né

ses amis contre la Relation, est que tous les faits gers àla quesen sont inutiles à la question, et qu'aussi je n'y ai tion et prorecours qu'étant vaincu sur les dogmes: mais tout cessité. cela est encore une illusion manifeste: il n'est pas vrai, dans le fait, que je ne sois venu aux procédés que n'en pouvant plus sur les dogmes: au contraire, j'ai démontré (1) que c'est après avoir établi les dogmes que je suis venu aux procédés. Il est encore moins vrai que j'y sois venu le premier (2) je n'y suis venu qu'à l'extrémité, poussé par M. de Cambrai : c'est lui qui a commencé ce combat: c'étoit donc lui, selon ses principes, qui n'en pouvoit plus; et tous ses avantages, qui remplissent la juste moitié de son livre, ne sont que des illusions. Enfin, il est faux encore que ces faits n'influent rien dans les choses: si une fois il est démontré, comme il l'est, que M. de Cambrai n'ait travaillé, ne travaille encore, et ne doive travailler à l'avenir que pour défendre ou pour excuser madame Guyon, puisqu'il ne nous montre point d'autre objet de son travail; nous ne nous tromperons pas de réduire son livre à cette vue, et ce seul endroit en détermine le sens.

§. II. Dessein d'éluder les Articles d'Issy, pour sauver madame Guyon.

1. Après avoir présupposé que ces Articles ont On propose été dressés principalement contre madame Guyon, de parcourir il est aisé de comprendre que si M. de Cambrai les a restreints ou entendus, et tournés à sa façon,

(1) Ci-dessus, art. 1, n. 1, et suiv. (2) Ibid. n. 23, et suiv.

les Articles d'Issy.

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