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grave, et qu'on ne peut point passer si légèrement, « de n'avoir pas gardé fidèlement le secret » d'une confession générale : j'ai fait entendre » que je pouvois parler de quelque chose dont il s'est confessé à moi sur le quiétisme, dont » je me fais un mérite de ne parler pas; et ce » silence, dont je me vante, dit-il, est cent fois » pire qu'une révélation de son secret », de ce secret de confession qu'il m'a confié. Je suis donc coupable d'infidélité dans un secret de confession : ce que j'ai fait est cent fois pire que de l'avoir révélé; et j'en conviens, si ce qu'il avance est véritable.

12. Tout le monde demeure d'accord qu'en quelque manière qu'un prêtre révèle un secret de confession, soit par la parole, soit par quelque autre signe, c'est un des crimes des plus qualifiés qu'il puisse commettre. Il n'est pas même permis de faire connoître par le moindre indice, qu'un pénitent soit coupable. Pierre de Blois, dans son Traité de la Pénitence, accuse un abbé de déshonorer son pénitent, quand il prend pour lui un air de dédain qui soit remarquable: et que par-là il le rend suspect même en général : « et, » dit-il, il importe peu que ce soit ou par la pa» role ou par quelque signe, ou par un air de » dédain sur le visage quodam vultuoso con» temptu » : ou par quelque autre manière que ce soit, qu'on divulgue le secret de la conscience d'autrui. En tous ces cas, poursuit-il, <<< on est » déposé par une censure canonique et après BOSSUET. Xxx.

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» être déchu de son ordre, on est condamné à de » perpétuels et ignominieux pélerinages : tales >canonica censura deponit, etc. » Les peines sont augmentées depuis ce temps-là : la justice séculière met la main sur ces indignes violateurs du plus religieux de tous les secrets, et je n'ai pas besoin de rapporter à quelle peine elle les condamne.

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13. Après ces règles sévères, si M. de Cambrai ne prouve pas le crime digne du feu dont il m'accuse, il voit à quoi il s'oblige devant Dieu et devant les hommes. L'accusation est expresse : une de ses lettres portvit (1) : « Quand vous le voudrez, je vous dirai comme à un confesseur tout » ce qui peut être compris dans une confession générale de toute ma vie, et de tout ce qui regarde mon intérieur » : dire tout cela comme à un confesseur, c'eût été en effet se confesser, et je l'avois naturellement pris de cette sorte: sur ce fondement, ma Relation porte ces mots : << M. de Cambrai sait bien que je n'ai jamais ae» cepté cette offre et moi, dit-il, je déclare qu'il l'a acceptée ». Voilà un démenti bien formel je le mérite, s'il dit la vérité. Il ajoute que j'ai été infidèle à l'inviolable secret d'une confession générale: puis, frappé d'une accusation aussi visiblement fausse, (car il faut bien que je m'explique en termes précis ) il biaise à son ordinaire, et il parle ainsi : « M. de Meaux a gardé quelque » temps mon écrit ». On ne se confesse point par (1) Relat. 111. sect. n. 4.

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écrit: mais on pourra croire qu'il m'a laissé en se confessant ou l'écrit de sa confession, ou du moins quelque écrit d'un pareil secret il n'ose le dire, quoiqu'il tâche de le faire entendre. Estil permis de donner de telles idées et d'articuler de tels faits?

14. Quand il avoueroit à présent qu'en effet je ne l'ai jamais confessé, en disant qu'il m'a confié comme à un confesseur un écrit qu'il appelle une confession générale, la vérité s'y oppose: je n'ai reçu de lui en particulier aucun écrit quel qu'il soit tous les écrits qu'il m'a donnés m'ont été communs avec ceux qu'il avoit mis dans l'affaire à une allégation sans preuves j'oppose un simple déni, et la gravité de la chose m'oblige à le confirmer par serment: Dieu est mon témoin, c'est tout dire.

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15. S'il veut après cela nous avoir donné à tous un écrit de même secret qu'une confession générale; je n'ai rien à dire, sinon ce qui est porté dans ma Relation, que, s'il y a quelque chose de cette nature, « il est oublié, et il n'en sera ja» mais question ».

16. M. de Cambrai soutient que parler ainsi, c'est trop parler d'une confession: cela est visiblement outré. Quand ce prélat se seroit confessé à moi, et que je l'aurois avoué, ce qui n'est pas; c'est autre chose d'avouer une confession, autre chose d'en violer le secret.

17. Mais pourquoi ai-je parlé de confession? je l'ai dit dans la Relation (1) je le répète : c'est

() Relat. 1. sect. n. 13.

qu'on répandoit dans le monde, et les témoins que j'en puis donner sont irréprochables, que la manière dont nos articles ont été signés, étoit un secret que nous nous étions donné les uns aux autres sous le sceau de la confession. Je voulois aller au devant d'un tel discours, et de toute autre semblable idée; et l'accusation sérieuse qu'on me fait encore aujourd'hui sur le secret de la confession, montre trop que ma précaution étoit nécessaire.

18. Je promets, dit-on, d'oublier tout: non je ne dis pas ce qu'on me fait dire, j'oublierai, comme si dans le temps présent j'en avois quelque souvenir je dis, sans rien assurer, que s'il y a eu dans nos conversations ou dans nos écrits quelque chose qu'on se soit donné les uns aux autres sous le sceau de la confession, il est oublié de ma part: est-ce trop parler, et peut-on fonder sur ces paroles une accusation capitale ?

dit

19. Mais je laisse entendre que j'avois quelque chose à dire qui m'avoit été confessé sur le quiétisme, matière si importante et si compliquée; on ose ajouter, que je me fais un mérite de n'en parler pas. Non, encore un coup: je n'ai pas un seul mot du quiétisme; je parle à l'occasion du petit mystère, sur la façon dont les articles d'Issy furent signés entre nous, et il ne s'agit ni directement ni indirectement du quiétisme.

20. Mais je parle, dit-on, de ce qui pouvoit regarder les dispositions intérieures de M. de Cambrai comme de chose oubliée : c'est que ce prélat avoit dit, dans la lettre que j'ai rapportée pour

d'autres fins, qu'il offroit de me confesser tout ce qui regardoit son intérieur (1): mais d'étendre jusqu'au quiétisme, à des crimes, ou à des erreurs, une expression aussi vague et aussi générale que celle de dispositions, qui comprend indifféremment tout le bien et tout le mal, et sur laquelle encore je n'assure rien; c'est empoisonner les paroles les plus innocentes, et proprement me rendre coupable sur un sujet capital sans le moindre indice.

21. En un mot, j'ai voulu qu'on sût, que s'il se trouvoit quelqu'un assez injuste pour me soupçonner de me servir contre M. de Cambrai de la confession qu'il disoit qu'il me vouloit faire, et que j'avois refusée; c'est à quoi je ne songeois pas à Dieu ne plaise on voit d'où j'ai tiré mes preuves, et qu'on tenteroit en vain de me les ôter sous prétexte d'une confession générale qu'on prétendroit m'avoir faite.

22. Quand après cela M. de Cambrai me fait rompre le sceau sacré de la confession par un sacrilége punissable; s'il l'a prouvé, qu'on me châtie: s'il avance témérairement un tel fait contre un évêque son consécrateur, qu'il s'humilie une fois; c'est tout ce que je lui demande : qu'il avoue qu'il est entraîné par la rapidité de son éloquence: qu'il ne vante plus sa modération et sa douceur: «< on n'a guère de peine, dit-il (2), » à être doux, quand on sait qu'on ne défend

(1) Lett. de M. de Cambrai; Relat. 111.o sect. n. 4. Lett. à M. de Meaux, p. 46.

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