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ce ne peut être qu'en faveur de cette femme;
par conséquent en faveur de Molinos qu'elle suit.
Mais
pour rendre ceci plus clair, il en faut venir
à l'application en parcourant les Articles, et les
conférant tant avec madame Guyon et Molinos,
qu'avec le livre des Maximes de M. de Cambrai.
2. Le fondement des Articles étoit d'établir,
comme nécessaire à tout état, l'exercice actuel
de la foi, de l'espérance et de la charité, comme
étant des vertus distinctes; ce qui aussi rendoit
nécessaire le désir exprès du salut madame
Guyon, après Molinos, l'avoit ôté aux parfaits.
comme trop intéressé on peut voir le sentiment
de Molinos dans la vii. et xii. proposition parmi
les LXVIII condamnées par Innocent XI (1), et
dans les passages de sa Guide spirituelle, où il
confirme que l'ame parfaite « ne veut rien, ne
» désire rien, et n'a plus de part à la béatitude
» de ceux qui ont faim et soif de Dieu et qui
» craignent de la perdre ». En conformité de
cette doctrine, madame Guyon «< avoit rendu
» l'ame indifférente à tous les biens et à tous les
» maux temporels et éternels, sans pouvoir as-
>> seoir aucun désir même sur les joies du para-
>>> dis Ces passages sont connus; M. de Cam-
brai, malgré les Articles, en revient à la même
indifférence, en établissant celle du salut.

3. Les Articles avoient réduit la sainte résignation et la sainte indifférence de saint François de Sales (2) aux événemens temporels, selon

(1) Actes contre les Quiet, tom. XXVII, p. 510, 511. — (2) Am. de Dieu, liv. IX, ch. ш, etc.

l'intention du saint, sans qu'on y pût comprendre le salut; ce que les mêmes Articles avoient exprimé en termes formels : M. de Cambrai a ôté une restriction si nécessaire, et a rétabli l'indifférence du salut dans ses Maximes (1).

lui

tifs de l'espé

rance.

4. Il nous laisse à la vérité l'espérance chré- Sur les motienne, mais sans qu'elle soit notre motif (2), c'està-dire sans qu'elle nous touche, sans qu'elle excite notre amour; ce qui est en laisser le nom, en ôtant toute sa vertu : par où il fait bien semblant de confirmer les Articles, en conservant l'espérance, mais il en élude l'effet.

5. Le tour que donne ici M. de Cambrai à ses propositions en faveur de l'indifférence, c'est qu'il ne prétend exclure des ames parfaites que le désir naturel du salut, et que le motif qu'il ôte est un appétit intérieur, naturel et intéressé pour la béatitude.

De l'amour

naturel.

6. Pour réfuter ces explications, sans avoir Il est réfuté. besoin d'autre chose, il suffit ici de dire qu'on n'y a pas seulement songé dans les Articles; c'est de quoi M. de Cambrai n'osera jamais disconvenir: on n'a, dis-je, jamais songé ni à cet amour naturel ni à cet appétit intérieur, ainsi ces explications ne servent de rien pour entendre ces mêmes Articles, et y sont absolument étrangères: il ne peut donc pas non plus en être question pour expliquer le livre des Maximes, qui ne devoit être, selon l'Avertissement, qu'une plus ample explication des Articles mêmes.

7. De là je conclus encore que ces explications Suite. (1) Max. p. 49, 50. — (2) Ibid. p. 33, 44.

Sur saint François de Sales.

Sur les actes réfléchis.

étant étrangères au livre des Maximes, comme aux Articles qu'on expliquoit, elles n'étoient que des additions après coup, pour couvrir ce qu'avançoit M. de Cambrai en faveur de madame Guyon, et de Molinos qu'elle suivoit.

8. Saint François de Sales, dont nous expliquions, dans l'article ix, la résignation et l'indifférence, ne songeoit non plus que nous à cet amour naturel et à cet appétit intérieur : et ainsi en toutes manières ces explications étoient étrangères, et aux Articles où l'on proposoit d'expliquer la doctrine de ce saint, et au livre des Maximes qui ne devoit expliquer que les Articles. 9. Molinos et madame Guyon s'étoient expliqués en plusieurs endroits contre les actes réfléchis; les Articles en avoient montré la nécessité dans les plus parfaits (1): M. de Cambrai n'osant les ôter, les a dégradés, en les renvoyant, dans les Maximes des Saints (2), à la partie inférieure; de quoi néanmoins il s'est dédit dans son Instruction pastorale (3), sans vouloir avouer sa faute. 10. Les Articles ne connoissoient de sacrifice crifice du sa- du salut que celui qui se faisoit par une supposition impossible (4): mais parce que madame Guyon après Molinos vouloit qu'on sacrifiât absolument son salut, en le tenant pour indifférent, et que c'étoit là en partie qu'elle mettoit le grand sacrifice des dernières épreuves; M. de Cambrai a ajouté en sa faveur le sacrifice absolu (5), en

Sur le sa

lut, etc.

(1) Art. XVI, XVII.

(2) Max. des SS. p. 87, 90, 91, 118, 122. ›(3) Inst. past. de M. de Cambrai. n. 15, p. 28.- (4) Art. xxx.

(5) Max. p.

87,
7, 95, 91-

laissant croire à une ame désespérée que le cas qui paroissoit impossible, étoit devenu non-seulement possible, mais encore réel et actuel.

Silence de

M. de Cam

11. Une difficulté si essentielle a été touchée dans la Relation (1), et on y a objecté à M. de brai dans sa Cambrai l'addition faite aux Articles, du pré- Réponse. tendu sacrifice absolu : ce prélat n'a rien répliqué à cet endroit dans sa Réponse, parce qu'en effet il n'a pu nier cette addition aux Articles.

>>

de l'ame à sa

12. Les Articles défendoient expressément à Sur l'acun directeur de laisser acquiescer une ame à son quiescement désespoir et à sa damnation apparente; et leur condamnaordonnoient au contraire, «< avec saint François tion. » de Sales, de l'assurer que Dieu ne l'abandonne>> roit pas (2) ». Non content de dissimuler un article si essentiel, M. de Cambrai enseigne (3) qu'il n'est pas question de dire à cette ame le dogme précis de la foi sur la bonté de Dieu qui »> nous veut sauver, ni de raisonner avec elle, » parce qu'elle est incapable de tout raisonne» ment » en conséquence de ce principe, il la fait tomber dans une persuasion et conviction invincible de sa réprobation, et lui permet d'acquiescer à sa juste condamnation de la part de Dieu (4) toutes choses visiblement ajoutées aux Articles, contre leur expresse disposition, pour favoriser madame Guyon et Molinos.

Explica

tions deM.de

13. Il n'est pas question d'entrer ici dans toutes les explications de M. de Cambrai, sur les convictions réfléchies, intimes, apparentes, etc. mais truites parles

(1) Relat. VI. sect. n. 21.- (2) Art. xxxI. — (3) Max. p. 88, 90.

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Cambrai dé

Articles d'Is- seulement de lui demander si toutes ces choses sy. étoient dans les Articles; si les ajouter ce n'étoit rien ajouter aux Articles mêmes; si c'étoit là les entendre, ou les dépraver: il n'a rien dit sur cette demande proposée dans la Relation (1); et jamais il n'y répondra qu'on s'enveloppant dans des équivoques ou dans de vagues discours. 14. Les Articles avoient expliqué très-distinctemplation, tement qu'en tout état la foi explicite aux attriChrist et sur buts particuliers en Dieu, Père, Fils et Saintles personnes Esprit, et en Jésus-Christ Dieu et homme, étoit

Sur la con

sur Jésus

divines.

Sur la mortification.

Sur les ac

nécessaire, et faisoit partie de la plus haute contemplation (2): M. de Cambrai n'ajoute à ces Articles l'exclusion des attributs particuliers absolus ou relatifs, et de Jésus-Christ présent par la foi en certains états; et ne réduit l'ame contemplative, quand elle agit par sa volonté, à l'être abstrait et innominable (3), que pour pallier la foi obscure, indistincte, et générale de Molinos, de Malaval et de madame Guyon; et nos Articles n'avoient pas besoin de ces additions.

15. Les Articles s'étoient expliqués à l'avantage de la mortification (4): M. de Cambrai n'y ajoute ces mots : « Les tentations ou les mortifi>>cations intérieures et extérieures sont entière» ment inutiles (5) » : que pour excuser madame Guyon, qui ne leur est pas favorable.

16. Pour détruire le fondement de la fanates de pro- tique inaction du quiétisme, les Articles avoient

pre effort:

(1) Relat. vi. sect. n. 22.

(2) Art. 11, xXXIV, XXXIII. — (3) Max. des SS. p. 166, 187, 188, 189, 194, 195, 196.- (4) Art. XVIII.- (5) Max. p.

144, 145.

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