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défendu à tous les fidèles de s'attendre à des in- sur l'inaction stincts et inspirations particulières de Dieu (1): et sur l'imM. de Cambrai ne fait que changer le langage, tique. pulsion fanalorsqu'il exclut tous les actes de propre industrie et de propre travail (2), et introduit la grâce actuelle, comme faisant connoître aux ames parfaites en toutes occasions, ce que Dieu veut d'elles (3).

les Articles

17. Je pourrois marquer à M. de Cambrai Dernière rebeaucoup d'autres contraventions aux Articles marque sur qu'il a souscrits: mais je ne veux plus en rap- d'Issy. porter qu'une seule touchant les vertus, à cause qu'elle étoit touchée dans la Relation (4), et qu'il a tâché d'y satisfaire dans sa Réponse (5).

tus.

18. J'avois demandé à M. de Cambrai, à quoi Sur les ver. servoit à l'explication de nos Articles, ces propositions de ses Maximes, qu'on n'aime plus les vertus comme vertus (6), et les autres de cette nature si souvent rapportées dans cette dispute. << Nous n'avions rien dit d'approchant dans nos » Articles », comme portoit la Relation: ainsi, «< ce n'en étoit pas une explication plus étendue, » comme M. de Cambrai l'avoit promis >>: mais une manifeste dépravation pour favoriser Molinos, qui avoit décrié les vertus dans ses propositions (7), et madame Guyon qui le suit.

19. Il ne sert de rien de répondre, comme fait M. de Cambrai (8), que les passages de cette femme que j'ai tirés de sa Vie lui sont inconnus, puisqu'il

(1) Art. X1, XXV, XXVI. —— (2) Max. p. 65, 117, 118, 150, 227. (3) Inst. past. de M. de Cambrai, n. 3, p. 7, 8. Max. p. 34, 35, 186, etc. · (4) Relat. v1.o sect. n. 20. — (5) Rép. p. 71, 72.

(6) Max. p. 224, 225, 226, 253. (7) Actes contre les Quiét. prop. xxx1, xxxv, tom. xxviui, p. 517, 518, — (8) Rép. p. 72.

Excuse de M. de Cam

brai.

Vain recours à saint François de

Sales.

n'a jamais lu sa Vie. Car, outre qu'elle a avancé ailleurs des propositions de même nature; il me suffit qu'il paroisse, qu'à inspirer le dégoût des vertus, sans même lire les livres de madame Guyon, M. de Cambrai se trouve naturellement de même esprit qu'elle.

20. Il en revient à s'autoriser de saint François de Sales; et il nous demande : « Est-il vrai out » non, que ce grand saint ait dit qu'il se faut dépouiller d'un certain attachement aux vertus » et à la perfection (2) »? Qui doute qu'il ne se trouve des attachemens même vicieux aux vertus, lorsque, par exemple, sans aller plus loin, on veut trop les rendre siennes, et s'en glorifier soimême? Mais ce n'étoit pas de cela qu'il s'agissoit. Nous savions bien que madame Guyon, après Molinos, aussi bien que M. de Cambrai, abusoient de l'autorité de saint François de Sales, et en alléguoient des passages, auxquels aussi j'avois répondu amplement. Il s'agissoit des Articles; et je demandois si nous y avions mis quelque chose d'approchant de ce qu'avoit dit M. de Cambrai qu'on n'aime point les vertus comme vertus; qu'on n'y pense pas; qu'on ne veut point être vertueux, etc. Au lieu de répondre sur les Articles dont il s'agissoit, se rejeter dans la question tant de fois vidée et épuisée, de saint François de Sales; visiblement ce n'est pas répondre, mais éluder. J'ai donc eu raison de conclure, qu'en effet il n'y avoit rien dans nos Articles qui obligeât M. de Cambrai aux explications où l'estime des vertus fût diminuée, et qu'il n'y étoit en(1) Moyen court, p. 36. — (1) Rép. p. 71.

tré que pour contenter madame Guyon et Molinos

son auteur.

21. Ainsi il paroît, par les choses mêmes, que Conclusion. le livre, qui promettoit l'explicatión des Articles, étoit fait pour les éluder, sous prétexte d'en étendre les principes, et qu'il étoit fait, par conséquent, pour excuser madame Guyon qui en étoit accablée. Joignez à cette raison, que je tire des choses mêmes, celle que je tire des faits; celle que je tire, par exemple, de l'estime aveugle de la haute spiritualité de cette femme; celle que je tire de tous les efforts qu'on a faits et qu'on fait encore pour en soutenir, excuser, ou pallier les écrits: après cela, qui pourra douter de l'intention de l'auteur, et que son sens, dans les lieux obscurs, ne doive être déterminé par cette vue.

22. Ceux qui en voudront savoir davantage sur le parallèle de Molinos, de madame Guyon et de M. de Cambrai, peuvent lire le traité intitulé, Quietismus redivivus, où ce parallèle est démontré. Il me suffit ici de faire sentir qu'il ne s'agit pas de deux ou trois passages: il s'agit de tout le systême, de tous les principes; et de démontrer que c'est enfin tout le quiétisme que M. de Cambrai veut excuser dans madame Guyon, à titre d'exagération, d'équivoque et de langage mystique.

§. III. De l'état de la question.

S'il y

a de

1. On ne s'attend pas que j'aille ici traiter la question tant rebattue de la charité, et de la dé- la bonne foi finition qu'on en donne communément dans l'E

à m'accuser

de condam- cole; j'ai épuisé la matière dans mes traités préner l'Ecole. cédens. Il s'agit uniquement de savoir, si la bonne foi a dû permettre à M. de Cambrai, de supposer cinq cents fois dans sa Réponse à la Relation, et dans ses autres écrits, que je suis contraire à l'Ecole, pendant que j'en défends ex professo, les principes dans le Summa doctrinæ (1); dans deux Ecrits composés exprès sur ce sujet parmi les divers Mémoires (2); dans la Préface sur l'Instruction pastorale de M. de Cambrai (3); dans l'avertissement qui la précède (4) : ce que je confirme encore tout nouvellement dans le traité tout entier intitulé Schola in tuto (5), et dans le Quietismus redivivus (6), aux endroits particuliers cotés à la marge.

Suite.

que

.

2. Après ces traités, où je soutiens expressément en français et en latin, scolastiquement et en toute autre manière, la définition de l'Ecole, je dis la bonne foi ne permettoit pas de supposer que je l'attaquasse. Pour la doctrine, je renvoie un sage lecteur aux endroits marqués à la marge, qui ne sont pas longs; et s'il n'est pas convaincu de ma bonne foi, et dans le fond et dans la forme, supposé qu'il lise sérieusement, et avec un amour sincère de la vérité, je lui conseille de n'ouvrir jamais aucun de mes livres. S'il s'agit de 3. On voit par-là clairement l'illusion qu'on T'amour pur voudroit faire à l'Eglise dans cette dispute, en

dans cette

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(1) Sum. doct. n. 8. · (2) 11. Ecrit, art. v, x, etc. IV Ecrit, art. xxI. V. Écrit, art. x, x1, XII. — - (3) Préf. n. 38, et suiv. (4) Avertiss. n. 8, 9, 10. (6) Quiet. red. sect. v, cap. 11.

(5) Sch. in tuto, sex primis quæst.——

mettant

mettant toujours devant soi le nom d'amour pur; dispute, et si comme si nous combattions cet amour: au lieu nous l'atta

que l'amour pur que nous combattons n'est pas le véritable amour pur que toute l'Ecole reconnoît, mais un faux amour pur que M. de Cambrai veut introduire.

quons.

Vrai amour pur de FEamour pur de

cole: faux

M. de Cam

brai

4. L'amour pur que toute l'Ecole reconnoît, c'est l'amour justifiant; autrement l'amour de la charité toujours désintéressée par sa nature, comme saint Paul le décide: Non quærit quæ sua sunt (1). Cet amour pur est celui dont M. de Cambrai a fait son quatrième degré, sans pourtant lui vouloir donner ce nom : c'est aussi celui que toute l'Ecole reconnoît, et que personne ne condamne, comme je l'ai remarqué cent et cent fois. L'amour pur que nous condamnons est celui dont l'Ecole ne parla jamais, et dont M. de Cambrai compose son cinquième amour, où l'on ne retient que le nom de l'espérance et de son motif. 5. Nous avons souvent représenté, en français et en latin, quelquefois en très-peu de mots, mais toujours à fond, et en particulier dans les lieux écrits précémarqués à la marge (2), qu'au-dessus de l'amour dens. pur du quatrième degré, où l'on ne cherche << son >> bonheur propre que comme un moyen qu'on » rapporte à la fin dernière, qui est la gloire de » Dieu (3) » il n'y avoit rien qu'un amour qui exclut la félicité, même comme subordonnée:

(1) 1. Cor. x111. 5. — (2) II.o Ecrit. n. 17. ÏV. Ecrit, `n. 21. V. Ecrit, n. 11, etc. Quiet. rediv. Admonit. præy. n. 5.,Quæs• tiunc. n. 1, etc. (3) Max. des SS. p. 9

BOSSUET. Xxx.

14

Vrai état de

la question

dans mes

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