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» que la vérité ». C'est ce qui nous force à lui répliquer, que ce n'est donc pas la vérité qu'il défend, puisqu'il se laisse emporter sans le moindre fondement, et avec les exagérations les plus injustes, aux accusations les plus atroces.

S. IV. Sur les procédés : qui a commencé?

M. DE CAMBRAI.

23. Tout le monde est étonné de voir M. de Cambrai nous faire les agresseurs sur le récit des procédés : voici les paroles de son avertissement : « Qui est-ce qui force M. de Meaux à dé>> clarer tout? J'ai toujours borné la dispute aux points dogmatiques; et malgré mon innocence, j'ai toujours craint des contestations de faits, qui ne peuvent arriver entre des évêques sans » un scandale irrémédiable (1) »,

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RÉPONSE.

24. Nous lui montrerons bientôt que son procédé concernant madame Guyon, que nous sommes enfin contraints de découvrir à toute l'Eglise, influe dans le fond: mais, en attendant, peut-il dire qu'il a toujours évité de former par les procédés entre les évêques des contestations scandaleuses? C'étoit sans doute un procédé qu'il racontoit, quand il reprochoit à M. l'archevêque de Paris l'examen et l'approbation du livre qu'il a condamné, et il savoit bien que ce prélat avoit (1) Rép. à la Relat. Avert. p. 7.

nié cent fois les faits qu'il avance. A-t-il évité cette contestation, et ne l'a-t-il pas au contraire poussée à bout dans sa première lettre à cet archevêque (1)? ne finit-il pas cette même lettre par un procédé si faussement allégué, qu'il l'a supprimé lui-même en d'autres de ses écrits (2), comme il en demeure d'accord par deux fois dans sa Réponse (3)? La première lettre qui m'est adressée est conclue par le même fait, dont il sait bien en sa conscience que nous sommes bien éloignés de pouvoir demeurer d'accord.

25. Il oublie qu'il a déclaré notre procédé si odieux, que l'histoire, si on la faisoit, ne trouveroit point de créance parmi les hommes, en sorte qu'il valloit mieux en ôter la connoissance au public. Qu'il me permette de lui rendre ici les propres paroles dont il s'est servi contre moi (4): « Ce silence dont M. de Meaux se vante, » est cent fois pire que la révélation du secret » qu'il fait semblant de cacher ». Que n'a-t-il pas dit de mon procédé avec madame Guyon, à qui il m'accuse d'avoir donné les sacremens contre toute règle (5)? N'étoit-ce pas un procédé bien essentiel ? passons: mon hypocrisie, mes larmes trompeuses pour le déchirer plus sûrement, et le reste, que le lecteur voir au commencepourra ment de ma Relation: n'étoit-ce pas un procédé des plus odieux qu'il m'imputoit? Ainsi nous ne

(1) I.re Lett. à M. de Paris, p. 41. — (3) Rép. à la Relat. ch. v11, p. 138. (5) Mém. de M. de Cambrai, Relat. 1.

(2) Relat. 1.re sect. n. 1.— (4) Rép. ch. 11, p. 51. sect. n. 3.

faisons que répondre': c'est lui qui nous fait les agresseurs, contre la vérité du fait : dans son intérêt il fait valoir « la réputation si nécessaire à » un évêque pour l'exercice de son ministère (1) » : cependant il veut, tant il est injuste, avoir pu impunément attaquer la nôtre, et encore nous ôter les justes défenses qu'il nous a lui-même fournies.

§. V. Sur les Lettres.

M. DE CAMBRAI.

26. « M. de Meaux a recours à tout ce qu'il y »a de plus odieux.... Le secret des lettres missives » n'a plus rien d'inviolable pour lui.... Il fait inu» tilement ce qu'il n'est jamais permis de faire » contre son prochain (2) ». C'est ce qui revient à toutes les pages, et on allègue partout «< la loi > inviolable des lettres missives et des mémoires » secrets (3) ».

RÉPONSE.

27. Je lui réponds: Le Mémoire que j'ai imprimé n'a jamais été donné comme un secret. C'est la plus fine apologie que M. de Cambrai ait jamais pu faire à son avantage : si elle se tourne contre lui, c'est, par la règle commune, que tout ce qu'inventent pour leur défense ceux qui s'opposent à la vérité, leur tourne à condamnation. Il n'y a donc pas la moindre ombre de violation

(1) Ire Lett. à M. de Paris, p. 55. (2) Rép. à la Relat. Avert, p. 10. Voy. ci-dessus, §. 3. — (3) Rép. ch. 11, 3.o obj. n. 6; p. 70.

du secret dans l'impression de ce Mémoire, qui décide tout.

28. Au surplus, dans une histoire suivie, telle qu'est celle de nos examens et de tous nos procédés, il falloit aller à la source, et faire connoître notre accusateur; convaincre de faux ce qu'il a dit étant fâché, par ce qu'il a reconnu avant que de l'être : c'est ce qui nous a fait opposer ses lettres à ses livres, dès le commencement de cette dispute. Afin de remuer en sa faveur le ressort de la compassion, il s'est donné pour persécuté, et ses confrères pour persécuteurs: pendant qu'ils ne faisoient autre chose que de déclarer leur pensée sur un livre dont on les faisoit garans : et il ne veut pas qu'il leur soit permis de montrer par son propre aveu qu'ils n'ont eu ni l'esprit ni le procédé de persécuteurs de leur frère? Mais luimême, qui veut paroître si scrupuleux sur le secret des lettres missives, m'a-t-il demandé ma permission pour publier celle où je lui dis : « Je » vous suis uni dans le fond avec le respect et » l'inclination que Dieu sait je crois pourtant >> ressentir encore je ne sais quoi qui nous sépare » encore un peu, et cela m'est insupportable (1) ». Cette lettre est de confiance comme les autres, sur la matière de nos examens : visiblement elle est écrite après la signature des Articles, et on voit que je lui insinue le plus doucement que je puis la peine qui me restoit sur le cœur : il est aisé de la deviner: mais quoi qu'il en soit, c'est (1) Rép. à la Relat. ch. 11, 2.a obj. p. 54.

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là une lettre sur mes sentimens secrets qu'il a révélée, pour en tirer avantage contre moi-même. Il ne sert de rien de répondre que j'ai commencé : mon exemple, s'il étoit mauvais, ne l'autorisoit pas à faillir mais c'est qu'il sait en sa conscience que le secret de lettres missives comme celui de certains discours, est sujet aux lois de la discrétion. Il a produit d'autres lettres que les miennes : veut-il qu'on lui demande en vertu de quoi? Il fait encore paroître une de mes lettres sur le sujet important, s'il m'a prié de faire son sacre (1); et il s'en sert mal--àpropos pour établir le ridicule empressement qu'il m'impute par où il montre bien, que s'il en avoit d'autres dont il pût tirer avantage, il ne s'en tairoit pas. Celle-ci se trouve accompagnée d'une de M. de Paris (2). Une autre du même prélat, également révélée dans la Réponse à la Relation, assuroit M. de Cambrai, «< que M. Pirot étoit charmé de l'exa» men de son livre (3) » : M. de Paris lui a-t-il permis de se servir de sa lettre contre un homme qu'il a mis en place, et que cependant M. de Cambrai veut convaincre de variation par cette lettre? C'est la seule preuve qu'il ait de la prétendue approbation dont il se vante il se fait dire par ce docteur, que son livre est tout d'or: ne falloit-il pas distinguer des honnêtetés générales, sur un livre dont on entend la lecture en courant, sans jamais l'avoir entre ses mains, d'avec une approbation sérieuse? Mais il n'a tenu, (3) Ibid. ch. vi, p. 124.

(1) Rép. ch. 1v, p. 92. — (2) Ibid.

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