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c'étoit le fondement de ce qu'ordonnoit l'Empereur. Le texte dit : «< Qu'on le fasse entrer, » parce que l'archevêque Léon lui a rendu son » évêché: Restituit ei episcopatum archiepisco» pus Leo (1) ». C'étoit si bien là ce qu'on vouloit dire, qu'on le répète encore une fois; et les commissaires remarquent que saint Léon l'a rétabli dans son siége, restituit ei proprium locum.

L'auteur ne craint point de changer ces termes, de lui rendre son évéché, de le rétablir dans son siége, en celui de le reconnoître pour légitime évêque, qui peut convenir à tout le monde, et que M. Dupin lui-même attribue à Flavien, dans ce même fait de Théodoret. « Fla» vien, évêque de Constantinople, le reconnut, » dit-il (2), pour un évêque catholique »>. Que fait donc ici le Pape plus que Flavien? rien du tout, selon notre auteur; mais beaucoup selon les actes du concile; puisque le Pape rétablit, rend l'évêché par un acte de juridiction, qui ne pouvoit convenir à l'évêque de Constantinople sur Théodoret. C'est pourquoi il est marqué dans la suite, que ce rétablissement de Théodoret s'étoit fait par un jugement de saint Léon (2): Ut ecclesiam suam recipiat, sicut sanctissimus Leo archiepiscopus judicavit (3). Le Pape est donc regardé comme le juge de tous les évêques; puisqu'il l'étoit de celui-ci, quoiqu'il fût du patriarcat d'Antioche; et tout le concile applaudit, en s'écriant: Post Deum Leo judicavit. Est-il (1) Act. 1.- - (2) P. 196. --- (3) Act, vin.

permis à un historien de supprimer ces circonstances? et ce qui est plus mal encore, de les déguiser, en substituant un terme équivoque et vague à des termes précis et formels?

Il tombe dans la même faute, lorsque, parlant du même Théodoret (1), et du recours qu'il eut à saint Léon, lorsqu'il fut injustement déposé, il dit que cet évêque, apres avoir complimenté saint Léon sur la primauté, sur la grandeur et sur les prérogatives de son Eglise, lui parle de son affaire; comme si c'étoit un simple compliment de reconnoître la supériorité du siége de Rome, qui, comme parle Théodoret, avoit le gouvernement de toutes les Eglises du monde, et non pas le fondement nécessaire du recours qu'il avoit à lui. C'est entrer dans l'esprit des Grecs schismatiques, qui, dans le concile de Florence, vouloient prendre pour honnêteté et pour compliment, tout ce que les Pères écrivoient aux papes pour se soumettre à leur autorité.

pas

que

Quant au titre d'archevêque qu'on donnoit au Pape dans le concile de Chalcédoine, il ne falloit c'étoit alors dans l'Eglise grecque oublier le terme de la plus grande dignité, et qu'on le donnoit au Pape avec une emphase et une force particulière; puisque saint Léon est appelé l'archevêque de toutes les Eglises, ou, comme porte le latin (2), le Pape de toutes les Eglises; ce qui revient à l'endroit de la relation du concile au Pape, où les Pères le reconnoissent pour leur (1) P. 274. — (3) Act. 1v.

chef, pour celui à qui la garde de la vigne a été commise par le Sauveur, et se considèrent comme ses membres : TU AUTEM SICUT CAPUT MEMBRIS

PRÆERAS.

Il ne faut point dire, ni que ces choses sont peu importantes, puisqu'elles sont si essentielles; ni qu'elles sont trop communes, puisqu'on en rapporte de moins rares; ni qu'elles sont trop longues à déduire, puisqu'il n'y falloit que peu de lignes. Certainement supprimer dans l'histoire de deux conciles si célèbres, dont nous avons les actes tout entiers, et dont on nous promettoit un récit mieux circonstancié que celui de tous les autres historiens; supprimer, dis-je, tant de choses sur l'autorité du Pape, qui y devoit éclater partout, comme elle fait dans la vérité à toutes les pages, et déguiser tant d'autres faits par de foibles ou de fausses traductions, c'est induire les fidèles à erreur, et faire perdre à l'Eglise ses avantages.

SIXIÈME REMARQUE.

Bévues et altérations sur la présidence de saint Cyrille dans le concile d'Ephèse, comme tenant la place du Pape.

APRÈS Ce qu'on vient de voir, il ne faut pas s'étonner si notre auteur fait tant d'efforts pour déposséder le Pape de sa présidence dans le concile d'Ephèse, par les dissimulations et les altérations que nous allons voir. Voici par où il commence (1): (1) P. 768.

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Saint Cyrille prend dans la souscription de la première, de la seconde et de la troisième action, la qualité de tenant la place de Céles>> tin ». Vous diriez qu'il ne l'auroit pas dans les autres; mais le nouvel historien se trompe en tout. Saint Cyrille n'a jamais pris cette qualité dans les souscriptions : elle lui est donnée dans le registre du concile, à l'endroit où sont rapportés l'ordre, la séance, et la qualité des évêques; et elle lui est donnée, non-seulement dans la première, dans la seconde et dans la troisième action, qui sont celles où M. Dupin s'est restreint; mais encore très-expressément, ét en mêmestermes dans la quatrième et dans la sixième; et s'il n'en est point parlé dans la cinquième et dans la septième, c'est que la séance n'y est point marquée; mais on sait que c'est toujours en supposant que tout s'y étoit passé à l'ordinaire. Voilà d'abord un mauvais commencement pour un homme dont on vante tant l'exactitude. Voyons la suite.

SEPTIÈME REMARQUE.

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Suite des erreurs de M. Dupin sur la présidence de saint Cyrille.

« Je croirois plutôt, continue-t-il, que saint » Cyrille ayant eu cette qualité avant le concile, » l'a conservée dans le concile même, quoiqu'il » ne l'eût plus ». Que veulent dire ces mots, a conservée une qualité qu'il n'avoit plus? Etoit-ce

erreur? étoit-ce mensonge? étoit-ce entreprise et attentat? Mais le contraire paroît en ce qu'il a conservé cette qualité avec l'approbation de tout le concile même qui la lui donne, comme on vient de voir; en ce qu'il l'a conservée en présence d'Arcadius, de Projectus et de Philippe, légats spécialement députés au concile; en ce que les légats, loin d'y trouver à redire, approuvent expressément les actes où on la lui donne; en ce que le pape Célestin ne l'a pas non plus trouvé mauvais; en ce qu'il est demeuré notoire dans tout l'univers, qu'il avoit cette qualité dans le concile, et que tous les historiens en sont d'accord, comme l'auteur en convient. Il est donc faux que ce patriarche ait pris une qualité qu'il n'avoit (1).

pas

Que sert maintenant de demander « où l'on » voit que le Pape l'ait commis pour assister en » son nom au concile avec ses légats, où qu'il » lui ait prorogé, pour cet effet, le pouvoir qu'il >> lui avoit donné ». Tout cela, c'est disputer contre un fait constant, et opposer les conjectures de de Dominis, ennemi de la papauté, à des actes de treize cents ans qu'on n'a jamais révoqués en doute. Nous demandons, à notre tour, pourquoi affecter dans un concile une qualité qu'on n'a pas, et qui ne donne aucun avantage; puisque saint Cyrille, à ce que l'on prétend, auroit toujours présidé sans cela? Qu'on nous rende raison de cette conduite.

(1) P. 767.

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