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pandit sur sa contumace, tant en l'accusant, qu'en prononçant sa sentence (1).

Il fait encore objecter (2), en confirmation de ces mauvaises intentions du concile, que les troubles qui l'ont suivi les font connoître, «< et >> qu'on peut dire que ces troubles ne furent ar» rêtés, que parce qu'on ne parla plus de ce qui » y avoit été fait ».

La fantaisie des censeurs du concile d'Ephèse est en effet, que dans toute cette dispute il ne faut presque considérer que l'accord avec les Orientaux, sans plus parler du concile même. Pour satisfaire à ce doute, il ne suffit pas de répondre (3) « qu'on ne toucha point dans l'accord » à la condamnation de Nestorius, et que le ju»gement du synode, touchant sa personne et sa » doctrine, fut suivi »; car tout cela se peut faire, comme parle M. Dupin (4), « pour le bien » de la paix, et pour ôter tout scandale », par consentement à la chose même dans le fond, sans se soumettre au concile dans sa forme ; et c'est ce que veulent dire ceux qui font cette objection outrageuse, que les troubles ne furent arrêtés que parce qu'on ne parla plus de ce qui avoit été fait dans le concile, comme si l'on avoit fait la paix sans en parler. Or le contraire est certain; puisque le concile d'Ephèse, où Célestin étoit par ses légats, fut reçu dans l'accord même, avec mention expresse qu'on s'y soumettoit par

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(1) Act. 1. Apol. ad Imperat. III. part. cap. x111, ubi sup. — (2) Pag. 772.—(3) P. 744. — (4) P. 774.

un acquiescement à sa sentence dans toutes ses parties (1); et ce fut la déclaration qu'on exigea que Jean d'Antioche, et les évêques qui étoient avec lui, fissent en termes formels dans une lettre synodique adressée au pape saint Sixte, à saint Cyrille et à Maximien de Constantinople, pour être ensuite répandue dans toute l'Eglise; ce qui dissipe, en un mot, toutes les fausses idées qu'on pouvoit avoir du concile, comme si l'on n'en eût pas fait assez d'état dans l'accord. Et il faut ici bien remarquer que l'auteur rapporte cet acte (2), sans faire aucune mention qu'on y ait parlé du concile d'Ephèse, ni de l'acquiescement qu'on vient de voir à sa sentence; et sans qu'il y ait un seul mot, dans toute son histoire, pour marquer une chose si essentielle à l'autorité du concile.

ONZIÈME REMARQUE.

Irrévérence envers le concile II de Nicée, et le concile de Chalcédoine.

LE concile d'Ephèse n'est pas le seul que notre auteur ait maltraité. Tout le monde est scandalisé de lui voir réfuter pied à pied le concile II de Nicée (3), et le plus souvent sans l'entendre.

Pour le concile de Chalcédoine, je ne crois pas qu'un homme bien sage eût pu se résoudre à en faire cette peinture (4): « Les uns crioient qu'il » étoit déposé de son siége: les autres l'accu>> soient d'être Nestorien : les Orientaux crioient

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(2) Pag. 745.

(1) III part. Conc. Eph. cap. xxvii; col. 1088. ·
(3) Tom. v, p. 456. ·(4) Hist. du Conc. de Chal. p. 832.

> contre Dioscore et les Egyptiens, ceux-ci >> crioient contre les Orientaux. Cela auroit duré » long-temps, et leur assemblée auroit dégénéré » en cohue, si les commissaires n'eussent arrêté » ces cris populaires ». Ces basses expressions devoient être bannies de ce lieu; et je ne sais si l'on me pardonnera de les avoir répétées. M. Dupin avouera qu'il pouvoit montrer le concile par de plus beaux endroits; et s'il en vouloit marquer les cris, il en eût pu rapporter de ceux que le zèle de la foi et l'amour de la discipline avoient fait p Ceux qu'il raconte n'étoient pas plus de son sujet, et rien ne paroît le déterminer à ceux-ci plutôt qu'aux autres, que le plaisir d'étaler quelque chose qui ne semble pas assez réglé. Encore s'il avoit daigné remarquer qu'en ce temps - là, dans les assemblées ecclésiastiques aussi bien que dans les civiles, et même dans le sénat, qui étoit la plus auguste assemblée de cette nature, souvent on opinoit par acclamation, et s'il eût voulu ajouter que les Pères de Chalcédoine se calmèrent d'abord, on eût vu une occasion naturelle de tels cris, et l'on n'eût pas été surpris qu'une assemblée de six cents évêques ait eu besoin une fois ou deux d'être avertie de la gravité convenable à des évêques, et du bon ordre qu'il falloit garder dans un concile. Il y avoit d'autres circonstances qui pouvoient adoucir une idée capable de faire de la peine. Mais notre auteur a mieux aimé se signaler par un air de liberté, et il préfère à des termes plus respectueux la licence et le style du marché.

CHAPITRE TROISIÈME.

Sur les Dogmes.

PREMIÈRE REMARQUE.

Trois erreurs justement imputées à notre auteur. Première erreur: Que Nestorius ne nioit pas que JésusChrist fút Dieu, ou que la manière dont il le nioit n'est pas celle qui a causé tant d'horreur.

L'HABILE homme qui a fait imprimer un mé moire adressé à la Sorbonne, objecte à M. Dupin un endroit de son histoire, où il dit trois choses sur le dogme de Nestorius (1): la première, « que l'horreur extrême que le peuple >> en témoigna, étoit attachée à une fausse idée »: la seconde, « que quand on connut que son er>> reur étoit plus subtile, saint Cyrille demeura » d'accord qu'il eût mieux valu ne pas remuer » cette question » : la troisième, « qu'elle con>sistoit autant dans les mots que dans les » choses ». Voilà trois particularités que M. Dupin nous découvre. On voit assez où elles tendent; et il ne reste qu'à examiner ce qu'il en faut croire.

Premièrement, est-il véritable que l'horreur que tout le peuple témoigna d'abord contre l'erreur de Nestorius, étoit attachée à une fausse

(1) Mém. p. 2. Histoire du Conc. d'Ephes. p. 776, 777

idée? M. Dupin le prouve ainsi : « C'est qu'il par» loit, dit-il, d'une manière qui pouvoit faire » croire qu'il étoit dans l'erreur de Photin et de » Paul de Samosate. Ce fut pour cela, continue» t-il, que les prédications de Nestorius et de ses » amis causèrent un si grand scandale. On crut » d'abord qu'il étoit dans les sentimens de Paul » de Samosate la chose étant ensuite hien exa» minée, on connut bien que son erreur étoit plus subtile ».

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Mais encore pourquoi crut-on que Nestorius étoit dans cette erreur? notre auteur va nous l'apprendre. « Quand, dit-il, on dit à un peuple, » qui est accoutumé à entendre dire, en parlant » de Jésus-Christ, qu'un Dieu est né, qu'un Dieu » est mort, etc. quand on lui vient dire que ces » propositions sont fausses et insoutenables, il » s'imagine aussitôt qu'on nie que Jésus-Christ » soit Dieu ». Si M. Dupin se fut souvenu, je ne dis pas de sa théologie, mais des premières instructions du christianisme, il n'eût pas appelé cela imagination; puisqu'au contraire, si d'un côté Jésus-Christ est né et est mort, et si de l'autre il est faux et insoutenable qu'un Dieu puisse naître et mourir, il ne reste autre chose à croire, sinon que Jésus-Christ n'est pas Dieu; ce qu'on ne peut entendre avec trop d'horreur.

C'étoit là en effet le fond de l'erreur de Nestorius. Quelque dissimulé qu'il fût, il ne falloit pas le presser beaucoup pour lui faire dire, non par conséquence, mais ouvertement, que Jésus

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