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» trine ne diffère en rien de celle-là »; ce qui est dans tous les conciles, et en particulier dans celui d'Ephèse, la formule d'approbation la plus authentique. On voit donc que toute la doctrine de saint Cyrille, qui a paru au concile, est expressément approuvée ; et il faut bien remarquer qu'il parle, non d'une épître, inais de plusieurs; ce qui fait dire aux juges, dans le concile de Chalcédoine (1), que « l'Empereur recevoit deux » épîtres canoniques de saint Cyrille, confirmées » dans le concile d'Ephèse ».

Si M. Dupin, qui se vante de nous donner une histoire si exacte, n'avoit point passé tout cela, il n'auroit peut-être pas pris la liberté de prononcer comme il fait (2), que « les douze

chapitres de saint Cyrille n'ont jamais fait par» tie de la foi de l'Eglise ». Je voudrois bien lui demander s'il croit qu'il lui soit permis d'en révoquer en doute quelques-uns, après cet anathématisme du concile cinquième (3) dont nous avons déjà parlé : « Si quelqu'un défend les écrits >> impies de Théodoret, qu'il a faits contre la foi >> et contre le premier concile d'Ephèse, et eon>>tre saint Cyrille et ses douze chapitres;..... et » s'il ne les anathématise pas, et tous ceux qui » ont écrit contre la foi et contre saint Cyrille » et contre ses douze chapitres, et qui sont de» meurés jusqu'à la mort dans une telle impiété,

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qu'il soit anathême ». Voilà une décision d'un concile général, dont personne ne conteste plus l'autorité; et si l'on répond que ce concile n'a

(1) Act. 1. in fin. · (2) Pag. 781. — (3) Collat. vii, c. XIII.

pas été assemblé sur la foi, mais sur certaines personnes, comme parle saint Grégoire, je prends droit par cette réponse. Saint Grégoire, ni les autres saints qui ont parlé de cette sorte, n'ont pas voulu dire qu'il n'y ait point de décrets sur la foi dans ce concile; car tout en est plein: ce qu'ils veulent dire, c'est qu'on n'y a point traité, comme dans les quatre précédens, de questions spéciales concernant la foi, mais seulement des matières déjà résolues. Ainsi l'approbation des chapitres de saint Cyrille étoit un point décidé; et un jeune docteur nous viendra dire que ces chapitres n'appartiennent pas à la foi de l'Eglise.

Aussi le prétexte qu'il en prend est pitoyable. Il est vrai, comme il le remarque, qu'on n'en parla point dans l'accord; mais si l'on veut conclure de là que la troisième lettre de saint Cyrille, qui est celle où sont renfermés les douze chapitres, ne fait point partie de la foi, on en pourra dire autant de la seconde, que M. Dupin veut bien regarder comme nommément approuvée, puisqu'on ne parla non plus de l'une que de l'autre dans l'accord: on en pourra dire autant de la lettre de saint Célestin, dont on ne fit non plus nulle mention; ce qui seroit trop abuser de la modération de saint Cyrille, et de la condescendance de l'Eglise.

Il faut donc dire au contraire, avec toute la théologie, que pour le bien de la paix, sans obliger les Orientaux à toutes les expressions que le concile avoit approuvées, l'Eglise se contenta de

termes équivalens dont on convint, ce qui ne dérogeoit pas à l'autorité de ses actes, non plus qu'aux expositions qu'on avoit jugées nécessaires contre les écrits de Nestorius.

Au fond, les deux lettres de saint Cyrille sont visiblement d'un même esprit et d'un même sens. Tout y dépend d'un seul principe, qui est que la personne du Verbe Dieu est la même que celle de Jésus-Christ homme; ce qui étant une fois posé, tous les anathématismes ont une suite manifeste; et tout ce qu'on trouve de plus dans la troisième lettre de saint Cyrille, dont on veut contester l'autorité, c'est une application plus particulière et plus précise de la doctrine de la seconde, aux propositions de Nestorius. Ainsi qui approuve l'une, approuve l'autre. Si les propositions de saint Cyrille ont eu besoin de tant d'éclaircissemens, et ont causé tant de disputes, ce n'étoit pas une raison à M. Dupin pour dire, qu'on ne les a pas approuvées dans le concile d'Ephèse, et qu'il n'en étoit pas question (1). Car il a vu qu'il étoit si bien question de la lettre où elles étoient, qu'on en fit un des fondemens de la condamnation de Nestorius. Pour les disputes qu'elles ont causées, il en faut uniquement imputer la faute aux préventions des partisans de Nestorius, qui, irrités contre saint Cyrille, de ce qu'il avoit condamné leur ami, le vouloient condamner lui-même, et à quelque prix que ce fût, trouver dans ses douze articles l'arianisme, et ̧(1) Pag. 771, 774.

toutes les hérésies, encore qu'elles y fussent formellement rejetées.

SIXIÈME REMARQUE.

Un des anathématismes de saint Cyrille faussement rapporté.

Au reste, il est véritable que si les chapitres de saint Cyrille étoient tels que M. Dupin les a rapportés, ils auroient besoin non-seulement d'éclaircissement, mais encore de rétractation. En voici un, comme il le rapporte (1): « Le neuvième » est contre celui qui dit que Jésus-Christ a fait » des miracles par la vertu du Saint-Esprit, et » non pas par la sienne propre ». Si saint Cyrille avoit nié que Jésus-Christ fit des miracles par la vertu du Saint-Esprit, il auroit démenti JésusChrist lui-même, qui déclare, sans difficulté, qu'il chasse les démons par le Saint-Esprit (2). Ç'eût donc été à ce coup qu'il eût bien fallu se dédire. Mais il n'y a que M. Dupin qui le fasse si mal parler; car ce Père, en reconnoissant que Jésus-Christ faisoit des miracles par le SaintEsprit, a déclaré seulement que cet Esprit, par lequel il les faisoit, ne lui étoit pas étranger, mais lui étoit propre aussi bien qu'au Père (3), ce qui ne peut souffrir de contestation.

Notre auteur répondra, sans doute, qu'il ne l'entend pas autrement; et c'est de quoi on l'accuse, de ne pas savoir démêler les choses, et de ne pas considérer ce qu'il écrit.

(1) Pag. 699.—(2) Matt. x11. 28. — (3) Anath. ix.

SEPTIÈME REMARQUE.

Sur l'expression de saint Cyrille : UNAM NATURAM

INCARNATAM.

Je ne veux point disputer avec notre auteur sur le sens de cette expression: Una natura incarnata; je lui dirai seulement qu'il n'a pas dû dire que saint Cyrille et les Egyptiens s'en »servoient ordinairement, et la préféroient aux » autres (1)». C'est une petite manière d'attaquer saint Cyrille, en lui imputant qu'il a préféré à toutes les expressions celle qui, comme il ajoute, << fut depuis considérée par les Eutychiens, comme » le fondement de leur doctrine ». Mais il en impose à ce saint. Il préféroit si peu cette expression à toutes les autres, qu'il ne s'en est jamais servi ni dans le concile, ni dans la lettre d'union après le concile, ni enfin dans aucune lettre synodique, devant ou après. On en trouve quelque chose devant le concile, dans un traité de saint Cyrille contre Nestorius(2); mais on n'y voit pas les termes précis. On trouve, devant le concile, ce terme précis dans la lettre aux Impératrices; mais dans un passage de saint Athanase qui y est cité; et il n'est peut-être pas inutile de remarquer que ce passage de saint Athanase, quoique rapporté deux fois tout entier par saint Cyrille, comme constamment de ce Père, n'est pas de ceux qu'on produit du même saint Athanase dans le concile

(1) Pag. 779.—(2) Adv. Nest. lib. 1, cap. 11.

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