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& morts, pour l'Eglife feulement; auffi ne peut-on point dire la Meffe pour les excommuniés.

O bonté ineffable de Dieu envers les hommes! vous avez bien voulu venir au monde pour eux, mourir fur la croix pour eux: mais la mort qui finit & termine toutes choses, ne met point de bornes à votre amour; car vous avez voulu encore in ftituer le facrifice de la Meffe, qui doit durer dans tous les tems, qui doit être offert dans tous les lieux, afin que les hommes puiffent en tout tems & en tous lieux, rendre au Pere célefte des adorations dignes de lui; & qu'en tout tems & en tout lieu, l'homme pût traiter avec fon Dieu par vous, ô Jesus; & qu'en tout tems & en tout lieu il puiffe s'unir à vous, & trouver le reméde à fes maux & l'application de votre fang.

DISPOSITIONS
pour entendre la Meffe..

LA premiere & la plus générale difpo

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c'eft d'y affifter avec un profond respect & dans une pofture humiliante: car fi toutes les fois que Dieu paroiffoit dans l'ancienne Loi en la perfonne des Anges, il exigeoit tant de vénération; & file Temple de Salomon étoit un lieu fi faint & fi redoutable où l'on n'offroit néanmoins que le fang des boucs & des taureaux ;, combien

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nos Eglifes demandent - elles plus de ref pect, puifque non-feulement les Anges y affiftent au tems du facrifice, felon le témoignage des Saints, qui difent que c'est le tems favorable où les Anges & les Archanges fléchiffent les genoux pour obtenir les graces qui nous font néceffaires; & qu'au moment que fe fait l'immolation sacrée, les Cieux s'entre-ouvrent à la voix du Prêtre, & que les choeurs des Anges defcendent fur les Autels pour y accompa gner leur Roi? Mais ce qui eft infiniment plus confidérable c'eft que la véritable victime, qui eft Jefus-Chrift Dieu & Homme, y eft offerte au Pere éternel pour le falut des hommes; ce qui rend nos Eglifes un lieu auffi faint que le Ciel, & qui exige de nous la même dévotion que les Anges ont dans le Ciel, où ils tremblent de refpect, & s'écrient fans ceffe: Saint, Saint, Saint. Tâchons d'entrer dans cette fainte difpofition de refpe&t & de vénération toutes les fois que nous affiftons au faint Sacrifice de la Meffe.

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Une autre difpofition plus particuliere, & qui eft la meilleure que l'on puiffe fe propofer, eft de fe conformer au Prêtre & d'entrer dans l'efprit du facrifice qui eft offert; car ce facrifice eft le vôtre, comme il eft celui du Prêtre, & vous devez l'offrir conjointement avec lui; auffi le Prêtre l'appelle-t-il à la Meffe fon facrifice & le vo tre: & s'adreffant à Dieu, il demande d'ête exaucé pour tous ceux pour qui il of

fre le facrifice, & qui l'offrent avec lui: ces collectes & oraifons font au plurier, pour marquer que le Prêtre prie & offre avec le peuple.

L'action qne fait le Prêtre, & dans laquelle doit entrer le peuple, eft le renouvellement & la mémoire du facrifice de la croix. C'eft donc une dévotion très-folide de s'occuper durant toute la Meffe de la paffion & de la mort de Jefus-Chrift & d'y affifter dans l'efprit que la fainte Vierge', faint Jean & les faintes femmes ont affifté à la mort de Jefus. Il y a des livres qui appliquent tous les ornemens dont fe fert le Prêtre, aux inftrumens de la Paffion, toutes les démarches qu'il fait & les prieres qu'il dit, aux différentes fouffrances que Jefus - Chrift a endurées: on peut y avoir

recours.

Vous pouvez divifer la Meffe en trois parties pour une plus grande facilité. La premiere partie, jufqu'à l'Offertoire. Lat feconde, jufqu'à l'Oraifon Dominicale. La troifiéme, depuis le Pater jusqu'à la fin.

La premiere partie eft une difpofition au facrifice, elle repréfente l'homme fous le joug du péché, il fe confeffe criminel; fous le joug de la Loi, les Epitres font d'ordinaire compofées de l'ancien Teftament; & dans l'attente du Meffie, car toute, les Oraifons font comme les vœux & les foupirs des anciens Patriarches après la venue du Meffie. On doit entrer dans toutes

ces difpofitions, fe reconnoiffant crimi nel & banni du Ciel par le péché ; on doit foupirer après la venue du Meffie en nous, & après l'avantage de participer à fon facrifice.

La feconde partie, depuis l'Offertoire jufqu'au Pater, demande un renouvellement d'attention & de pureté de cœur, cela eft marqué par le lavement de l'extrémité des doigts du Prêtre ; action qui exprime la pureté qu'on doit y apporter. C'eft dans cette feconde partie de la Meffe que fe fait la confécration & l'oblation de la victime. Defirons ardemment d'être parfaitement confacrés à Dieu, & d'être entiérement changés en Jesus - Christ par la fainteté de nos mœurs & par la pureté de notre vie, comme le pain & le vin font changés au corps & au fang de Jefus-Chrift.

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Offrons Jefus-Christ & offrons-nous conjointement avec lui au Pere éternel, comme un holocaufte tout confumé pour fa gloire; comme un facrifice d'actions de graces pour tant de faveurs dont il nous a comblés; comme une victime pour expier nos péchés, & comme un facrifice d'impétration pour tous nos befoins: offrons-le pour les vivans & pour les morts.

La troifiéme partie comprend la prépara tion à la communion, la communion & l'action de graces. Le faint Concile de Trente fouhaiteroit que les fidéles fuffent en état de communier facramentellement

toutes les fois qu'ils affiftent à la Meffe, pour en recevoir plus de fruit: mais au moins doivent-ils le faire fpirituellement; ce qui confifte dans un defir fincere & ardent de recevoir le corps de Jefus - Chrift, fi l'on étoit affez pur pour cela : ils doivent donc fe réputer indignes de s'en approcher, & dire avec le Prêtre : Seigneur, je ne fuis pas digne de vous recevoir, mais dites feulement une parole & mon ame fera guérie: ils doivent s'efforcer de participer du moins au fruit & à la grace du Sacrement; ils doivent enfuite faire à Dieu des remercîmens d'avoir inftitué ce facrifice, & de la part qu'il a daigné leur y donner.

Prenez la réfolution d'affifter tous les jours à la fainte Meffe en efprit & en vérité; c'eft la piété la plus folide & la plus utile; rien ne glorifie Dieu davantage, & il y a des bénédictions fans nombre, que Dieu communique à ceux qui y affiftent avec de faintes difpofitions, pourvû que les emplois & le devoir n'appellent pas autre part; car il faut toujours fe fouvenir que la vraie piété n'eft jamais contraire aux fonctions légitimes de notre état ; mais qu'elles en font elles-mêmes l'effentiel & le capital, quand on les fait dans l'Efprit de Dieu.

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