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30. Elle fortifie dans le voyage de cette vie, & conduit heureufement au port de l'éternité.

VI. Avec cette différence toutefois, que le pain ordinaire fe change en notre subftance, mais que l'Euchariftie nous change en Jefus-Chrift. En forte, difent les Saints, que par la manducation du corps du Seigneur & de fon fang, nous devenons, pour ainsi dire, un même corps & un même fang avec Jefus-Chrift. C'est ce que Jesus-Chrift a voulu nous marquer par ces paroles: Ceiui qui mange ma chair & boit mon fang, demeure en moi & moi en lui. [ Joan. 6. 57.] Puifque cela eft, ne devons-nous pas nous uuir parfaitement à Jefus Chrift, nous changer & nous transformer en lui; c'est-àdire, lui devenir femblables, humbles comme il a été humble, obéiffans, patiens, chaftes, pauvres comme Jesus-Chrift; & c'est ce que veut dire faint Paul, quand il dit ; Revêtez-vous de notre Seigneur Jesus-Christ, [Rom. 13. 14.]

VII. L'Euchariftie rend Jesus-Christ notre principe & notre fin; elle nous met dans un état à recevoir tout de Jefus, & à lui rapporter tout; comme Jefus Chrift, par fa qualité de Fils de Dicu, procéde de fon Pere, reçoit tout de lui, & eft toujours à fon égard dans un état de rapport; Comme mon Pere qui eft vivant, dit JelusChrift, m'a envoyé, & que je vis par mon Pere; de même, celui qui me mange vivra auffi par Roi. [ Joan. 6. 58.] Une perfonne qui a

communié, doit donc dire, que ce n'est plus elle qui vit, mais que c'eft JesusChrift qui vit en elle; & c'eft pratiquer ce que dit l'Apôtre: Que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux mêmes; mais pour celui qui eft mort & qui eft reffufcité pour eux. [ 3. Cor. 5. 15.]

VIII. L'Euchariftie fait que ceux qui fe nourriffent de ce pain, ne font plus entreeux qu'un même corps & qu'une même fociété & les ayant unis entre eux, elle les unit parfaitement à leur Chef, pour ne faire qu'un même Jefus Chrift; & cette admirable union imite celle qui fe trouve entre les Perfonnes divines, comme Jefus-Chrift l'avoit fouhaité, en difant à fon Pere: Qu'ils foient un comme nous. [Joan. 17. II.]

IX. Bien plus, l'Euchariftie fait entrer l'homme dans une admirable fociété & unité avec Dieu : Et qu'ils foient, dit Jefus-Christ, un tous enfemble, comme vous, mon Pere, êtes en moi & moi en vous, qu'ils foient de même un en nous. [ Joan. 17. 21.] Ainfi l'Euchariftie nous rend participans de la nature divine, & elle opere en nous d'une maniere merveilleufe, ce que le dé-" mon avoit promis à nos premiers parens, en fe moquant d'eux, pour les engager à manger le fruit défendu, en leur difant: Vous ferez comme des Dieux. Elle nous communique dès cette vie, la vie éternelle, dont elle eft appellée le gage, mais qui n'en eft différente que dans la maniere.

Seigneur, pouviez-vous donner à l'hom me plus de marques de votre bonté envers lui, qu'en lui donnant votre corps à manger! Quelles actions de graces pouvons nous vous rendre pour un bienfait fi excellent? Eft-ce trop de confacrer huit jours durant l'année, & tous les Jeudis de chaque femaine, pour renouveller la mémoire d'une fi grande faveur? Que tous les jours, s'il fe peut, je prenne un tems propre pour aller vous rendre vifite dans le Saint Sacrement où vous daignez repofer, pour vous y adorer comme mon Roi & mon fouverain Seigneur; vous Y confulter comme mon Docteur & mon Maître; pour y répandre mon cœur avec tendreffe & affe&tion, comme en la présence de l'époux de

mon ame.

VIE CONVERSANTE de Jefus.

J

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les hommes les dernieres années de fa vie; il a appellé & formé fes Difciples, il a prêché, il a couverti les pécheurs, il a fait grand nombre de miracles, éclairé des aveugles, fait parler des muets, entendre des fourds, guéri des paralytiques, refluf cité des morts, chassé les démons des corps des poffédés, &c. Le tems que l'Eglife deftine à honorer cette vie converfante de Jefus parmi les hommes, eft depuis l'OcLave de la Fête du Très Saint Sacrement

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jufqu'au premier Dimanche de l'Avent. Occupons-nous beaucoup durant tout ce tems-là à lire & à méditer les paroles que Jefus Chrift a dites, les instructions qu'il a données, les converfions qu'il a faites, les miracles qu'il a opérés étant fur la terre. Confidérons que Jefus-Chrift fait encore la même chose tous jours à l'égard des hommes d'une maniere invifible par fon Efprit, & d'une maniere fenfible par fes Miniftres, lefquels continuent fur la terre la Miffion de Jefus-Chrift, laquelle doit durer jufqu'à ce que le dernier des élus ait été fauvé, c'eft-à-dire, jufqu'à la fin du monde.

les

Adorons toutes les paroles, les actions,

pas, les travaux & les fouffrances de ce divin Jefus dans fa vie converfante, qui étant la fainteté même, n'a pas dédaigné de converfer avec les hommes, & avec des hommes pleins de crimes, qui le plus fouvent n'ont eu que de l'ingratitude pour lui, jusqu'à lui rendre des injures pour les biens dont il les avoit comblés: c'eft ce qui nous arrive encore tous les jours, & ce que nous avons peut-être été affez malheureux de faire par nos péchés, lorsqu'il nous recherchoit dans nos égaremens, par les inspirations qu'il nous donnoit au-dedans de nous-mêmes, & au dehors par la voix de fes ferviteurs.

Vivons toujours dans les fentimens d'une parfaite reconnoiffance pour tant de gra

ces dont Jefus - Chftrift a comblé les hom mes qui ont eu le bonheur de le voir dans fa chair mortelle, & pour toutes les faveurs qu'il nous a faites à chacun en particulier, & à ceux qui ne l'ayant pas vu des yeux du corps, ont néanmoins à préfent le bonheur de jouir de fa conversation felon l'efprit.

TRANSFIGURATION.

Lle Thabor, dont l'Eglife fait la Fête A Transfiguration de Jesus-Chrift sur

le fixiéme du mois d'Août, eft un Mystére que l'Eglife célébre dans le tems qu'elle eft occupée à honorer la vie converfante de Jefus parmi les hommes, & que nous ne devons pas paffer fous filence, y ayant tant d'inftructions renfermées & tant de graces

attachées.

La premiere chofe que nous devons honorer dans ce Mystére eft la privation où Jefus Chrift a été de fa gloire durant toute fa vie mortelle, pour accomplir les deffeins de fon Pere fur lui, qui vouloit fauver les hommes par les humiliations & par les fouffrances de fon Fils; car rien n'étoit plus légitimement dû à l'humanité té de Jefus, que l'éclat de fa gloire; & ç'a été un perpétuel miracle qu'il a fait, d'avoir bien voulu en porter la privation fi long-tems; c'eft en quoi a paru l'excès de fon humilité & de fon amour, s'étant

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