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entiere de Dieu. Reconnoiffez que vous në vous devez pas ce que vous êtes; mais à l'Elprit faint, qui foufle où il veut. Rendez-lui graces de ce qu'il a commencé en vous l'ouvrage du falut, & efpérez qu'il le confommera.

Je vous déclare que plufiears viendront d'Orient & d'Occident, & auront leur place dans le Royaume du Ciel avec Abraham, Isaac & Jacob. [Mat. 8. 4.]

Mais que les enfans du Royaume feront jettes dans les ténébres extérieures. [x. 13.]

les Gentils font venus

Cdenférez que de l'Occident, & cont entrés dans l'Eglife, qui eft le Royaume de Dieu; & que les Juifs qui étoient les enfans du Royaume par leur vocation, ont été féparés de l'Eglife, & jettés dans les ténébres extérieures.

Confidérez avec crainte, que fouvent des laïques font élevés à un dégré de vertu très-éminent, lorfque des Prêtres & des Religieux leur font bien inférieurs en mérite la fainteté des actions fouvent ne fe trouve pas jointe à la grandeur des condi tions.

Confidérez que l'on a vu & que l'on ne voit encore que trop fouvent des personnes qui paroiffoient avoir une piété éminente 1omber dans des excès horribles, & mener dans la fuite une vie toute payenne, lorsque d'autres très-vicieufes fe font converties, &

ont réparé heureufement par une pénitence édifiante les plus grands excès.

Les derniers feront les premiers, & les pre miers feront les derniers ; parce qu'il y en a beaucoup d'appellés, mais peu d'élus. [ C. 20. V. 14.]

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Oilà des paroles bien furprenantes: paroles de confolation pour les pécheurs, ils peuvent par la pénitence devenir les premiers. Paroles de crainte & de tremblement pour les Juftes; ils peuvent décheoir de la juftice, & être mis au dernier rang. Que les pécheurs ne défefperent point à la vue de leurs péchés : que les juftes à la vue de leur juftice, ne fe laiffent point aller à la préfomption, ni à fe préférer aux plus grands pécheurs; ils peuvent devenir tels eux-mêmes, & les plus grands pécheurs peuvent devenir juftes, & prendre leurs places.

Beaucoup d'appellés, mais peu d'élus. Qui ne tremblera, quelque bien qu'il ait fait jufqu'alors: ce n'eft point la feule fidélité à la vocation qui fauve; beaucoup ont bien commencé, & ont très-mal fini: c'eft la perfévérance dans la juftice, qui eft la marque, le fceau & la confommation du falut. Eh, qui ofera fe la promettre, qui peut la mériter?

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Quelles actions de graces, ô mon Dieu, ne dois-je pas vous rendre, de m'avoir pellé à l'Evangile (grace que vous n'avez

pas faite à tant de Nations, qui en auroient mieux ufé que moi) de m'avoir rendu enfant de l'Eglise, de m'avoir tant de fois fait participant de votre Esprit dans vos Mystéres! Ne permettez pas que par mes infidélités je laffe votre patience, & que j'oblige votre miféricorde à fe retirer de def. fus moi, pour transporter à d'autres vos faveurs, dont j'ai fi mal ufé jufqu'à préfent: j'efpere que par votre grace j'en ferai déformais un meilleur ufage, & que vous consommerez en moi l'ouvrage du falut que Vous y avez commencé.

SOIN DE DIEU POUR SES ELUS.

Si le Seigneur 'n'avoit abbrégé ces jours, nul homme n'auroit été fauvé mais il les a abrégés en faveur des élus qu'il a choifis. [ Març. 13.20.]

Onfidérez le foin que Dieu prend de Cfes élus, tout eft fait pour eux; Dieu

ne permet pas que les tentations foient audeffus de leurs forces, & qu'elles les renverfent il les abrege & il les diminue quand il le juge à propos ; & s'il permet qu'ils y fuccombent, cela entre dans l'ordre de leur prédeftination, & ces chûtes fervent à les relever plus folidement, à les entretenir dans l'humilité, & à les préferver de la plus horrible des chûtes, qui eft la mort dans le péché : quelquefois Dieu trouve à propos de renverfer la fortune des

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hommes, de les réduire à la pauvreté, de ruiner leur fanté, il abrége même leurs jours, & les enléve dans leurs premieres années; c'est que tout cela eft nécessaire pour accomplir les deffeins de Dieu fur fes élus.

Ce feroit une belle chofe de pouvoir découvrir les moyens dont Dieu fe fert pour exécuter à préfent ce qu'il a réfolu de toute éternité fur chaque prédeftiné: mais ce n'est pas ici le tems, un jour on le verra, & la fageffe de Dieu, qui maintenant eft fouvent condamnée par les hommes, dont les vûes font fort bornées, alors sera justifiée par ses enfans.

Ne permettez pas, ô Seigneur, que je fois tenté au-deffus de mes forces: mais fi vous permettez que pour rabaiffer mon orgueil je fuccombe à la tentation, faites que ma chute ferve à m'inftruire de ma foibleffe, à me faire vivre dans la défiance & qu'elle me rende plus ferme dans la fuite, & plus affûré dans la voie de vos commandemens.

EXCELLENCE DES DONS DE DIEU.

Si vous connoiffier le don de Dieu, & qui eft celui qui vous dit : Donnez-moi à boire vous lui en auriez demandé vous-même, & il vous auroit donné de l'eau vive. [ Joan, 4. 10.]

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Onfidérez que le grand don de Dieu aux hommes, c'eft Jefus-Chrift: rien de fi rare que la connoiffance de JesusChrift & la piété envers cet Homme-Dieu : on éléve fouvent les Chrétiens dans toute autre pratique que celle-là ; & on pourroit bien leur dire, en fe plaignant des abus, & en gémissant de leur ignorance fur cet article: Si vous connoiffiez le don de Dieu. Evitez qu'on puiffe vous faire ce reproche avec fujet, en vous appliquant à connoître Jefus-Chrift dans la méditation de fes Mystéres, dans la lecture des Ecritures, & furtout du nouveau Testament.

Jefus-Chrift dit: Donnez-moi à boire. Jesus-Chrift a une foif ardente de notre falut, elle ne peut être étanchée que par la converfion entiere de notre cœur vers lui: offrez-vous à lui, & vous facrifiez fans réserve pour fatisfaire fes inclinations. Mais reconnoiffez en même tems que Vous êtes incapable de rien donner à JefusChrift, qu'il eft votre Dieu, qu'il n'a pas besoin de vos dons; & que s'il demande que vous vous donniez à lui, c'est afin de

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