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tes les humanités, la vôtre feule fera à ja→ mais unie au Verbe; & entre les perfonnes divines, la feule perfonne du Verbe eft. unie à la nature humaine. Que vous êtes admirable, ô Jefus! que vous êtes adora-' ble! que vous êtes aimable dans toutes ces retraites & ces folitudes! que je puiffe vous y aller trouver qu'il me foit permis de vous tenir compagnie; compagnie douce, charmante & délicieufe, & fur-tout durant le faint tems de Carême, en gardant des tems de retraite & de filence pour honorer vos retraites & votre filence.

I.

par

Un de vos Evangélifes dit, que vous fûtes conduit par l'Efprit dans le défert, pour y être tenté par le Diable. [ Matth. c. 5. v. 1.] Et un autre dit, en parlant de vous, ô Jefus, L'Esprit le chaffa dans le défert, où il demeura quarante jours & quarantenuits, & fut tenté Satan, & il étoit parmi les bêtes, & les Anges le fervoient. [ Marc c. I. v. 13.] Eft-ce ainfi qu'eft traité le Fils de Dieu, la fainteté même, & celui qui dès le commencement de fon Incarnation, devoit pofféder la gloire, & ne paroître parmi les hommes que dans l'éclat & la fplendeur? J'adore, ô Jefus, cette fufpenfion que vous avez faite de votre gloire, qui vous étoit dûe à caufe de votre union perfonnelle avec le Verbe, & qui devoit naturellement fe répandre de votre ame glorieufe fur votre corps facré. Ç'a été l'excès de votre amour pour nous, & Į zéle de la gloire de votre Pere, qui vous

à fait choifir cet état, afin de paroître dans une chair semblable à la chair du péché, & de porter la figure du pécheur, fans toutefois en avoir la tache & la fouillure, & de pouvoir plus glorieufement vaincre le péché par la reffemblance du péché même.

Car vous êtes chaffé dans le défert comme on chaffoit autrefois le bouc émisfaire après l'avoir chargé des péchés du peuple.. On chaffoit cet animal dans le défert pour y être dévoré par les bêtes fauvages; & en cela il étoit une figure de ce qui devoit vous arriver dans ce défert, où vous avez été réduit à la compagnie des bêtes; & dans votre Paffion, où vous avez été exposé à la fureur des Juifs & des Gentils qui font appellés des bêtes dans l'Ecriture. O profonde humiliation & anéantissement de l'HommeDieu, qui confond notre orgueil, & qui nous apprend à ne mettre point de bornes à nos abaiffemens! mais ce n'eft pas là où fe rerminent les vôtres.

Vous voulez, ô Seigneur, permettre au démon de vous tenter, & de vous tranfpor ter en différens lieux; afin de nous mériter par cet état que vous avez bien voulu honorer, la grace de devenir victorieux de nos tentations; que nous vous euflions pour modéle, & que nous puffions appren dre de vous, la maniere de vaincre & de furmonter nos tentations; & afin que nous euffions cette confolation, quand nous fom. mes tentés & accablés quelquefois par des

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tentations violentes & importunes, de fça voir que cet état peut être un état faint & que les plus faints peuvent être les plus tentés, puifque vous qui êtes le Saint par excellence, l'avez été. O Jefus, fortifiezmoi dans mes tentations: ne permettez pas que j'en aie qui foient au-dessus de mes forces, & faites que j'en fois toujours viЯorieux.

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Mais de quelles armes faut-il que je me ferve pour furmonter les tentations ? Vous nous l'avez enfeigné ailleurs en difant que le démon ne fe chaffe que par le jeûne & par la priere; & vous nous l'apprenez ici par votre exemple, en paffant quarante jours & quarante nuits dans la priere & dans un jeûne continuel. O priere trèshumble, très-ardente & très-perfévérante du cœur de Jefus, puiffiez-vous être le modéle de mes prieres! O jeûne très-auftére & continuel de Jefus, imprimez en moi l'amour du jeûne & des privations dans les alimens du corps, dans les plaisirs des fens & dans l'ufage des créatures.

Prions Jefus de nous donner un faint mépris du monde, la grace de le fuir de corps autant qu'il nous fera poffible, & de le fuir toujours de coeur & d'affection. Gardons durant le cours de l'année, furtout durant le Carême, des tems de retraite & de filence, pour honorer la retraite & le filence de Jefus : jeûnons en l'honneur de fes jeûnes, en nous retranchant dans le boire & le manger, le fommeil, les pa

tures, les divertiffemens, les vifites & les promenades. Uniffons notre oraison à la fienne, & la faifons avec humilité, avec ferveur & avec perfévérance: prions - le qu'il nous donne la force de foutenir avec courage les tentations les plus violentes, & que la victoire qu'il a remportée des fiennes, nous rende victorieux de celles de la chair du monde & du démon.

LA PASSION DE JESUS-CHRIST.

Deffeins éternels de Dieu fur la Paffion de Notre-Seigneur Jesus-Chrift.

Ous pafferez tout le tems que l'Eglife deftine à honorer le Myftére de la Paffior de Notre-Seigneur, dans la méditation de toutes les circonftances de la Paffion, de la Mort & de la Sépulture de Jefus-Chrift.

Confidérez que Dieu de toute éternité a formé le deffein de livrer fon Fils dans le tems, à toutes les fouffrances qu'il a endurées, & à la mort même, ayant en vûe fa propre gloire & notre falut qui devoient être procurés par le facrifice de la Croix; car Dieu devoit trouver par ce moyen un adorateur digne de lui, qui l'adorât en qualité de victime; & l'homme devoit trouver une victime capable d'expier & de fatisfaire pleinement & abondamment pour les péchés.

O Dieu, que vous êtes adorable dans

vos deffeins! c'eft donc ainfi que vous trai tez votre Fils unique, & que de toute éter-. nité vous le deftinez à la mort? Auffi vous traitez ainfi les Fidéles qui font vos enfansadoptifs, & de toute éternité vous leur, avez préparé des croix. J'accepte de bon cœur, ô mon Dieu, toutes celles que vous m'avez deftinées ; quoique je les ignore, je m'y foumets, & je les regarde comme un inftrument par lequel vous voulez procurer votre gloire, & me donner des marques de

Votre amour.

Je remarque ô mon Dieu, ces deux chofes dans vos deffeins adorables fur votre Fils: il n'eft rien de fi faint & de fi grand, que vous ne facrifiiez à votre gloire : la véritable grandeur & la vraie fainteté de chaque chofe, c'eft d'être facrifiée & anéantie: devant vous..

Mais, ô bonté ineffable de mon Dieu, d'avoir tant aimé le monde, que d'avoir réfolu de toute éternité de livrer votre Fils. unique à la mort pour racheter des efcla-ves; & d'avoir pensé à nous, lorsque nous étions incapables de penfer à vous! main-tenant que nous le pouvons, faites que nous tâchions de reconnoître une fi grande faveur par des actions de graces continuelles, & par une vie mortifiée qui exprime & qui honore par état la mortification de Jefus votre Fils.

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