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Vous êtes adorables, mais que vous êtes peu imités par les hommes, qui éloignent de leur efprit autant qu'il left en eux, la penfée de la croix, qui ne fe propofent que des penfées agréables, qui ne parlent que de ce quifeft capable de contenter leurs fens ! Imprimez dans mon cœur, ô Jefus, un amour fincere des fouffrances & des defirs ardens vers la croix. Que je fois convaincu que la vie d'un Chrétien devant être un retracement & une copie fidelle de votre vie crucifiée, ma plus grande gloire doit être de conformer mes inclinations aux vôtres & de n'avoir à votre exemple, de l'ardeur & de l'empreffement que pour les humiliations & pour les mortifications, qui doivent fervir à la gloire de Dieu, & à me procurer le falut éternel.

LES CAUSES DE LA PASSION & de la Mort de Jefus.

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les hommes, ce font les Juifs & les Gentils, les Prêtres & le Peuple, les Soldats & vos Difciples, vos amis & vos ennemis c'eft chacun de nous par fes péchés; car ce font nos péchés qui ont demandé, ô Jefus, que vous fuffiez crucifié ; & qui l'ont demandé d'une voix plus forte 'que le peuple ne le fit, lorfqu'il s'écria en parlant de vous, Qu'on le crucifie. Hélas Seigneur! j'avois mérité en qualité de pé

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theur, que toutes les créatures fe foulevaffent contre moi, & que chacune devînt pour moi l'auteur de quelque fupplice particulier; & il fe trouve que c'eft fur vous que fe tourne toute leur fureur : j'avois mérité par mes péchés, d'être attaché à la croix; & pour me délivrer du péché & de la peine qui lui eft dûe, c'est vous-même qu'on y attache.

Mais ce qui eft le comble de l'ingratitu de, c'eft qu'oubliant un fi fignalé bienfait, je vous ai crucifié une infinité de fois dans moi-même par mes péchés. O infenfibilité de mon cœur ! eft-ce ainfi que je reconnois les faveurs & les graces de Jefus ? Et fi je n'ai pû me difpenfer de crucifier Jefus par le péché, que j'ai nécessairement contracté de mes premiers parens, pourquoi par un choix libre & un pur effet de ma volonté déréglée, me fuis-je engagé dans de nouveaux crimes qui donnent derechef la mort à Jefus ? Je prends bien la résolution de n'en plus commettre déformais, pour ne plus crucifier Jefus-Chrift.

La feconde caufe de vos fouffrances & de votre mort, ô Jefus, c'est vous-même ; car vous vous êtes offert vous-même à la mort, & vous n'êtes mort que parce que vous l'avez voulu; vous pouviez par plufieurs moyens, empêcher les hommes d'attenter fur votre perfonne, ou en ne permettant pas qu'ils euffent ce malheureux deffein, ou en le leur ôtant, ou en empêchant l'exécution. Mais vous n'avez rien

voulu faire de tout cela, parce que vous vouliez mourir pour le falut des hommes. O Seigneur, que votre conduite eft différente de celle des hommes, qui emploient toutes fortes de moyens pour éviter la croix, & pour le procurer le plaifir; & vous, pouvant vous procurer les joies & les douceurs, yous choififfez la croix !

La troifiéme caufe de vos douleurs & de votre mort, ô Jefus, c'est le Pere éternel de qui votre Apôtre dit: Qu'il n'a pas épar gné fon Fils, & qu'il l'a livré à la mort pour nous. [ Rom. 8. 32. ] parce que c'est un arrêt qu'il a prononcé dans fon confeil éternel, & un véritable commandement qu'il vous a fait de mourir; & parce qu'il a revêtu de fon pouvoir & de fon autorité vos Juges pour vous condamner, qu'il vous a abandonné à la difcrétion & à la fureur de vos bourreaux, & qu'il vous a laiffé à la croix dans une douleur & une défolation inexprimable; état qui vous a été fi fenfible, que vous vous en êtes plaint amoureusement à lui-même. O que la main du Pere éternel s'eft puiffamment appefantie fur fon Fils, lorfqu'il l'a chargé de nos crimes & de la peine qui leur étoit dûe! c'eft ainfi que j'aurois dû être traité; mais, ô excès d'amour, Jefus porte la peine que j'avois méritée !

AGONIE DE JESUS au Jardin des Oliviers.

Jefus votre Evangélifte nous ap

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été accablé de trifteffe, que vous y avez eu le cœur preffé d'une extrême affliction ; & qu'alors vous avez dit à vos Apôtres: Mon ame eft dans trifteffe mortelle. O affliction, ô trifteffe mortelle dont le cœur de Jefus a été accablé dans cet état! Eh, comment s'eft-il pu faire que cette fainte ame, qui poffédoit une joie & une félicité plus grande que celle des Anges, qui jouiffoit de la vue de Dieu, ait été ainfi noyée dans la douleur & abîmée dans la trifteffe? Comment accorder deux chofes fi oppofées ? Mais l'amour ingénieux de Jefus en a bien trouvé le moyen; car pour nous délivrer de cette trifteffe qui nous étoit dûe, il a fufpendu & arrêté par fa puiffance le torrent de joie qui devoit inonder fa fainte ame, & s'eft réduit volontairement à cet accablement. O quels fentimens de reconnoiffance n'en devons-nous pas conserver dans nos cœurs? quelles actions de graces ne lui en devonsnous pas rendre ? Après cela, fi je n'ai point affez de vertu pour choisir moi-même la croix, & pour prendre la trifteffe & Paffliction pour mon partage; aurai-je encore de la peine à l'accepter & à m'y foumettre, quand il plaira à Dieu de m'en envoyer quelqu'une?

Mais quel fujet caufe à Jefus cette extre me trifteffe eft-ce autre chofe que les péchés de tous les hommes, qui étoient préfens alors à fon efprit avec toute leur difformité & leur oppofition aux perfections divines, & en particulier la fuite honteufe de fes Difciples, la trahifon de Judas, l'aveuglement des Juifs, & en particulier mes propres péchés qui font innombrables, & qu'il a vu dans toutes leurs circonftances? O quelle pefante charge! je ne fuis pas furpris fi Jefus, pour en marquer le poids, permet que fon ame fembley fuccomber, & paroiffe comme accablée fous ce poids. O que le péché me doit fembler quelque chofe d'horrible; & par rapport aux perfections de Dieu qu'il offense, par rapport à la douleur extrême qu'il caufe au cœur de Jefus ! Ce fera fous ces vûes que je le confidérerai tous les jours, & fur-tout toutes les fois que je devrai m'approcher du Sacrement de Pénitence; & afin d'obtenir une contrition véritable j'aurai une dévotion finguliere à ce Mystére de l'agonie de Jefus.

ORAISON DE JESUS au Jardin.

&

Otre Evangile nous apprend, ô Jefus, que vous vous profternâtes dans ce Jardin, le vifage contre terre, priant & difant: Mon Pere, s'il eft poffible, faites que ce calice paffe & s'éloigne de moi; mais néan

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