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vous avez choifi entre toutes les Natione pour être votre peuple, à qui vous aviez donné des Patriarches & des Prophétes; que vous aviez retiré de la captivité d'Egypte, à qui vous aviez donné votre Loi fur le mont de Sina; que vous aviez nourri miraculeufement durant quarante ans dans le défert; que vous aviez rendu vi&orieux plufieurs fois de fes ennemis ; à qui vous aviez donné la terre de promiffion, & duquel vous aviez voulu prendre naiffance; parmi lequel vous aviez prêché, fait tant de miracles, dont vous aviez éclairé les aveugles, fait marcher les boiteux, guéri les paralytiques, reffuscité les morts; & pour reconnoiffance de tant de bienfaits, il demande qu'on vous crucifie? O ingratitude des hommes ! il faut qu'il y ait dans le cœur de l'homme un terrible fonds de mifere & d'oubli de fon Dieu.

Mais, Seigneur, ce ne font pas les Juifs feuls qui vous ont traité de la forte, c'eft moi-même, après avoir reçu de vous des faveurs encore plus grandes que ce peuple; car ne m'avez-vous pas tiré de l'Egypte du péché, & fait paffer au travers des eaux du Batême dans votre Eglife, où vous m'avez fait renaître en vous, & où vous avez pris naiffance en moi; ne m'y avez-vous pas donné la Loi de votre amour dans mon cœur; ne m'y avez-vous pas nourri de la manne facrée de votre corps; ne m'y avezvous pas éclairé dans mes ténébres, fait marcher dans vos voies; n'y avez-vous pas

guéri

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gueri la langueur & la paralyfie de mon ame., & ne m'y avez-vous pas donné la vie dans vos Sacremens ? Et cependant après tout cela, je vous ai crucifié , je vous ai donné la mort, je vous ai fait perdre la vie que vous aviez dans mon ame laquelle vous étoir plus précieufe que celle que vous avez perdue fur la croix, & que les Juifs vous ont ôtée: car cette vie que je vous ai fait perdre, ô Jefus, étoit votre vie reffufcitée, votre vie célefte, votre vie glorieuse; vie pour laquelle vous aviez perdu l'autre en mourant fur la croix. Je fuis donc plus coupable fans comparaison, que les Juifs; & c'eft fur mon ingratitude que je dois verfer des larmes, & que je dois travailler à la réparer par une très-grande fidélité à vous fervir déformais durant tout le tems de ma vie.

JESUS CONDAMNÉ
à la Mort.

Ilate abandonne enfin Jefus-Chrift aux Juifs pour le faire mourir. O efprit de victime & de facrifice, ô pofture humiliante dans lefquels vous recevez, ô Jefus votre arrêt de mort prononcé par un Juge de la terre, comme s'il eût été prononcé par votre Pere! Oui, quelque injuftice que les hommes femblent commettre contre moi, je l'accepte avec une humble foumiffion, comme étant ordonnée par le confeil de Dieu; je fléchis les genoux, & I. Partie. *E

je me profterne par terre à l'exemple de Jefus, pour recevoir l'arrêt de ma condam nation.

Mais, 6 foibleffe dans ce Juge, qui avoit rendu plufieurs fois témoignage à l'innocence de Jefus, qui avoit même fait quelque effort pour le renvoyer; & quand on le menace d'encourir la difgrace de Céfar, s'il ne livre Jesus-Chrift à la mort, il ne balance plus, il fe laiffe aller lâchement à le condamner! Quand on a dans le cœur le defir de faire fortune, ou quelque autre paffion, on fe cache pour un tems on pa roit même zélé pour le bien; mais quand

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on vient à commettre avec notre vertu prétendue, nos intérêts; alors le masque tombe, la diffimulation n'a plus de lieu on paroît dans fon naturel, on fe livre à fa paffion.

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O vertu de la plupart des hommes, que tu es fauffe ou que tu es foible, quand tu es expofée à l'épreuve de la tentation! Ne permettez pas, Seigneur, que je fois tenté d'une maniere forte & violen- ̈ te; ou fi vous le permettez, ne fouffrez pas que je tombe fous les efforts de la tentation, mais que j'en fois victorieux; car fans votre grace, 6 Jefus, je ferai encore plus lâche que Pilate, je vous livrerai à la mort, & je vous crucifierai moi-même, comme je J'ai fait tant de fois par mes crimes, fans balancer un feul moment à prendre un fi méchant parti,

J. C. PORTANT SA CROIX.

J

Esus eft chargé de fa croix, il paffe ainfi au milieu de Jérufalem, & il en! fort pour aller au Calvaire. O fpectacle digne de compaffion, & de tirer les larmes de nos yeux, comme il en tira de ceux des faintes femmes qui avoient toujours fuivi Jefus! mais ô objet de rifée & de mépris pour tout le peuple Juif, qui s'empreffe' avec joie de voir Jefus dans cet état ! Vous avez ainfi été donné, ô Jesus, en spectacle de moquerie à toute la ville de Jérufalem, pour expier les offenfes que l'on commet en affiftant à la Comédie & à l'O-' péra, qui font dès fpectacles qui infpirent une joie criminelle, & qui remuent vivement les paffions, que des Chrétiens doivent toujours mortifier. Vous marchez accablé fous le poids d'une pefante croix durant un fi long trajet, pour réparer tant d'injures faites à Dieu, par les pas que l'on fait dans les danfes & dans les bals, qui font véritablement des affemblées du démon, où les hommes & les femmes s'af faffinent & fe font une infinité de plaies mortelles.

Pour moi, je vous confidére & je vous adore dans cet état, comme le véritable Haac, chargé du bois de fon facrifice, comme un Roi orné de fon fceptre, comme un Héros revêtu des armes dont il va terrasser ses ennemis; je vous regarde dans

cet état comme accablé fous le poids de mes péchés, dont vous avez bien voulu vous charger, & dont cette croix eft une figure donnez-moi la grace de porter la mienne à votre fuite avec patience, avec, humilité, & même, s'il fe peut, avec joie.

VIN MESLÉ DE FIEL,

JEsus étant arrivé au Calvaire, on lui.

préfenta du vin mêlé de fiel & il en goûta. Vous expiez, ô Jefus, par l'amertume de cette liqueur, les excès de bouche que les hommes commettent dans la quantité & dans la qualité des mets qu'ils recherchent avec empreffement. Gémiffons ici de toutes les fautes que nous avons pu commettre par fenfualité contre la fobriété & la tempérance, apprenons de l'exemple de Jefus-Chrift, à nous morti fer dans nos appétits.

JESUS-CHRIST
dépouillé de fes habits.

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ESUS CHRIST avant que d'être atta⇒ ché à la croix, eft dépouillé de fes ha bits. Cette nudité que vous fouffrez ici, Jefus, eft pour expier le crime de nos premiers parens, qui fe font dépouillés par: leur défobéiffance, de la robe de l'innor. cence; & pour fatisfaire à votre Pere pour tant de luxe & de vanité qui se trouyent aujourd'hui dans les habits, & pour

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