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tient réellement Jefus Chrift; car il ne falloit pas moins qu'un Dieu pour être la nourriture & le foutien de la vie d'un Dieu, laquelle eft en nous, & cette vie de Jefus fera en nous dans fa confommation, quand nous ferons parvenus à la plénitude de la charité, & que nous ferons des hommes parfaits en J. C.-comme parle faint Paul.

De plus, nous ne pouvons avoir accès auprès du Pere éternel que par J. C. & Dieu ne fe communique aux hommes que par Jefus-Chrift & en Jesus-Chrift; car JesusChrift eft l'unique Médiateur entre Dieu & les hommes.

Tout cela prouve que le Chrétien eft dans une étroite obligation de s'appliquer à J. C. & que la premiere, la principale & la plus folide dévotion eft de s'occuper des Myftéres de J.C. de fes paroles, de fes actions, & de retracer dans toute fa conduite la Vie de Jefus-Chrift.

C'eft ce qui a obligé l'Eglife de diftribuer dans fes Fêtes & dans fes Offices durant le cours de l'année, les Myftéres qui compofent la vie de Jefus-Chrift & fes principales paroles, dans les Evangiles qu'elle fait lire à la Meffe; afin que les fidéles durant ces tems différens les adorent, les méditent, les aiment, & les imitent; & c'eft auffi ce qui a engagé à donner au public ces difcours fur les Myitéres & fur les principales Paroles de J. C. qui peuvent être propres à tout le monde; beaucoup de perfonnes n'ayant pas la commodité de faire de grandes lectures &

de longues prieres vocales; mais tous pou vant avec ce peu d'aide, entrer dans l'efprit des Myftéres, & s'en remplir durant le tems que l'Eglife les célébre.

Cette maniere de prier qu'on propofe ici, eft très-digne de Dieu, puifque c'est ainfi qu'il veut être adoré en efprit & en vérité, & elle est très-utile aux fidéles: car quoique la lettre & l'écorce des Myftéres, pour ainfi dire, foient paffés, lefprit & l'onction de grace fe répand toujours fur ceux qui les honorent.

Chaque Myftére, chaque Parole, chaque 'Action de Jefus-Christ a ses graces; ainfi la fainte Enfance de Jefus communique à fes adorateurs la grace de l'enfance chrétienne. Sa Vie retirée, l'efprit de retraite. Sa Vie laborieufe, l'efprit de travail. Sa Vie converfante attire la bénédiction fur les conver fations avec le prochain. Sa Mort fait mourir au monde, au péché & à foi-même. Sa Réfurre&tion nous mérite & nous donne une vie nouvelle. Son Afcenfion éléve les affec tions du cœur vers le Ciel.

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Et c'eft le peu d'ufage que l'on fait de ces chofes fi faintes, qui fait que par-tout il se trouve fi peu de l'Efprit de J. C. & tant de l'efprit du monde. Evitez ce défaut, & appliquez vous férieufement à méditer les Myftéres & les Paroles de Jefus Christ, & à en tirer tout le profit que vous devez. L'on vous en préfente ici une méthode aifée, dont vous pourrez vous fervir dans les tems différens où l'Eglife célébre ces Myftéres

&en quelque autre tems que ce foit, pour renouveller & conferver en vous l'efprit & la grace des Myftéres, des Actions & des Paroles de J. C.

Il y a des Myftéres que l'on traite ici, qui font expliqués hors de leur rang, & dont on auroit dû parler plutôt, fi l'on avoit fuivi l'ordre des choses; mais on a fuivi l'ordre des tems où l'Eglife les honore, & les propose à la dévotion des fidéles; & c'eft ce qu'on avoit eu en vue d'abord, pour porter les fidéles à s'occuper de J. C. & de fes Myftéres, dans les tems où l'Eglife en célébre les Fêtes.

On n'a point fait difficulté d'employer ici plufieurs pensées, & même de fe fervir. fouvent des paroles du très-pieux Cardinal de Berulle, Fondateur de la Congrégation de l'Oratoire de Jefus & des Carmélites en France. Car comme la feule chofe qu'on' s'eft propofée ici, eft de porter les fidéles à la connoiffance, à l'amour & à l'imitation de Jefus-Chrift, on a cru qu'on ne pouvoit mieux faire que de leur mettre devant les yeux & dans la bouche, les paroles de ce faint homme, que l'on doit regarder comme un des plus beaux modèles de la liaison étroite que nous devons avoir avec J. C. C'est pourquoi on ne peut trouver mauvais que l'on faffe voir ici en peu de mots, quel étoit fon attachement pour cet Homme-Dieu, puifqu'en cela il peut fervir d'un grand exemple à la piété des fidéles,

Ce faint homme, comme l'ont témoigné ar

les perfonnes qui l'ont approché de plus près, étoit dans une fi grande plénitude de N. S. J. C. que fon amour fe répandoit comme un torrent fur toutes les parties de La vie ; & que (pour se servir d'une pensée que l'on tient de lui ) J. C. doit être notre plénitude. Il avoit dès ce monde, cet ineftimable privilége qui nous eft promis dans le Ciel, où J. C. doit être toutes chofes en tous. Il ne vouloit que J. C. il ne goûtoit que J. C. il ne s'occupoit, il ne s'entretenoit que de J. C. il languiffoit conti nuellement dans le defir de voir & de pofféder J. C. fa langue ne parloit que de J. C. fa plume ne traçoit que J. C. fa conduite ne tendoit qu'à établir J. C. C'étoit à lui, qu'à l'exemple de faint Jean, il renvoyoit tous les difciples que la Providence divine lui adreffoit. Il ne concevoit le falut éternel que comme liaison à Jefus-Chrift; & fi l'on eût pu faire une anatomie fpirituelle de fon cœur, au lieu du defir de fe fauver on y eût vu une forte paffion d'appartenir parfaitement & inféparablement à Jefus, & d'être entiérement transformé en lui: on y cût vu auffi le defir de fauver les autres .. mais fous cette même vue, de les lier étroi Lement & pour jamais à Jesus.

Le fentiment qu'il avoit pour la gloire, il l'avoit pour les vertus: il les vouloit tenir de Jesus-Christ; & elles ne lui étɔient agréables, qu'autant qu'elles le rendoient femblable à lui: il difoit quelquefois : « Plufeurs travaillent aux vertus, cela eft bon.

& même néceffaire; mais cela ne fuffit pas: je defire les avoir toutes de Jefus » Chrift, & que ce foit lui qui me les don ne, afin de tenir tout de lui dans le tems & dans l'éternité, & jamais rien de moi. Plu >> fieurs cherchent les vertus, pour être dif » posés en eux-mêmes felon que la droite » raifon & leur devoir le requiérent; cela > est louable : mais pour moi, depuis qu'il 5 a plû à Dieu fe faire homme, & pratiquer 5 en fa perfonne les vertus dont nous avons befoin pour être parfaits, j'eftime bien plus la vertu en ce qu'elle me fait reffembler à Jefus-Chrift, & qu'elle me donne » quelque rapport à lui comme à mon mo→ » déle, qu'en ce qu'elle me rend conforme " à la raison & à mon devoir : car fi ce der>nier motif eft faint, l'autre eft divin.

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Quand les croix & les traverses se présen toient à lui, il les recevoit comme une con. tinuation de la croix & des fouffrances de J. C. felon ces paroles de l'Apôtre : J'accomplis dans ma chair ce qui reste à fouffrir à Jefus-Chrift. Coloff. r. 24. Dans les œuvres de la charité, il accomplisfoit véritablement ce qu'il plaît à J. C. de nous commander, non-feulement de nous aimer mutuellement; mais encore de nous aimer comme il nous a aimés, & comme n'étant tous qu'un en Dieu fon Pere & en lui.

Ce fut cette fainte liaison qu'il confidéra dans la dignité de Cardinal dont il fut honoré, & dont la pourpre lui repréfentoit celle dont Jefus-Chrift fut couvert dans fa

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