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enseignement à l'Université catholique d'Angers, a voulu y fonder cette année une Chaire d'Agriculture qui a été rattachée à la Faculté des sciences.

Nous avons d'autant plus de motifs de nous réjouir de cette détermination, que c'est au Directeur de notre Syndicat, à M. Nicolle, qu'a été confiée la mission d'inaugurer ce nou

veau cours.

« Nous croyons devoir signaler dès aujourd'hui l'importance que nous attachons à une Institution qui pourra si utilement concourir, de concert avec notre Syndicat, au progrès de l'Agriculture dans notre Anjou.

La science vient de plus en plus en aide aujourd'hui à l'Agriculture, et désormais, pour cultiver avec profit, il ne faut pas négliger de s'initier à ses enseignements.

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Aussi aurons-nous plus d'une fois à revenir sur le vœu très ardent que nous formons, pour que nos associés se fassent honneur de répondre avec empressement et en grand nombre à la sollicitude que témoigne Monseigneur l'Évêque d'Angers pour les intérêts agricoles, au service desquels notre Syndicat est spécialement consacré. »

M. André Godard, dont la Revue de l'Anjou a publié de charmantes poésies, doit faire paraître prochainement un nouveau roman, l'Agence spirite. Notre jeune compatriote avail obtenu l'année dernière, nos lecteurs s'en souviennent, pour son coup d'essai dans ce genre, un joli succès avec Bébé-Rose.

Les lecteurs de la Revue de l'Anjou ont eu l'occasion d'apprécier le talent d'un jeune poète, M. Charles Fuster. Il publie aujourd'hui son premier roman sous ce titre : l'Amour de Jacques. C'est plutôt une longue nouvelle, sans complexité d'intrigue, mais pleine d'observation et de fraicheur. Nous sommes convaincus que l'Amour de Jacques rencontrera auprès de nos lecteurs l'accueil le plus favorable.

En creusant un égoût devant la cathédrale d'Angers, les ouvriers ont mis au jour plusieurs substructions intéressantes. Le parvis Saint-Maurice était un cimetière, et, comme aujourd'hui en Orient, comme naguère en France, où le

cimetière avoisinait l'église, dans les villes et dans les villages, le peuple s'y tenait fréquemment. Un marché avait lieu, à Angers, au XVe siècle, au parvis Saint-Maurice.

Presque en face de la porte de la maison occupée par M. le chanoine Rogeron, on a mis au jour, presque à fleur de terre, un cercueil de pierre en forme d'auge, à côté d'un petit massif de fondations, déjà fouillé naguère.

Il se peut que ce cercueil soit celui de Guillaume Fournier, dont l'épitaphe se voit à la cathédrale, dans la nef, à gauche, avec celles des évêques Guillaume de Beaumont et lugues Odard.

C'est Guillaume Fournier qui avait conduit Louis XI au pèlerinage de Béhuard. Il avait fait entourer le parvis SaintMaurice de sièges de pierres, et construit une chaire à prêcher et une petite chapelle, devant l'anci n porche de la cathédrale. C'est dans cette petite chapelle, détruite en 1682, à la suite. des outrages qu'elle subissait, que Guillaume Fournier fut inhumé en 1490. Lors de la démolition de ce petit édifice, les restes de Guillaume Fournier, exhumés de sa tombe, furent transférés dans le transept, sous l'escalier de la bibliothèque du chapitre (reconstruit de nos jours), chapelle des Chevaliers, et de nouveau exhumés le 29 octobre 1846, pour être transportés où ils sont aujourd'hui.

Plus loin, dans l'axe de la maison qui forme l'angle de la place Saint-Maurice, au coin de la rue Saint-Christophe, de l'ancienne rue détruite des Quatre-Vents, on distingue très nettement, dans la tranchée, sous des amas de décombres, les piles de maçonnerie de l'ancien vestibule de la chapelle paroissiale de Saint-Maurice, vestibule qui se trouvait en alignement avec le grand porche démoli sous le premier Empire et que voulait faire reconstruire, il y a quelques années, M. le chanoine Vinsonneau.

Au même endroit, on remarquait deux cintres en schiste ardoisier, d'une profondeur de moins de deux mètres, destinés sans doute à soutenir des murs et des conduits en argile rouge, dont les archéologues devraient bien nous dire la raison d'être. Aujourd'hui, d'ailleurs, deux murs s'élèvent déjà dans la tranchée, en grande partie recouverte.

Le cercueil dont nous venons de parler vient d'être déposé au musée Saint-Jean.

V. P.

CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE

Historique du 135o de ligne, d'après les documents officiels, par Henri Descoings, lieutenant au corps. Angers, 1891, Germain et C. Grassin, I vol. in-8°.

S'il est utile de perpétuer le souvenir des actions de guerre, c'est surtout pour entretenir et fortifier le goût des armes; la tradition des noms et des faits qui honorent en particulier chaque régiment forme et nourrit l'esprit de corps, qui, avec la discipline, constitue la force morale des armées; bien dirigée, cette force est un des premiers éléments de succès et la meilleure sauvegarde des empires. Le soin qu'on a pris de recueillir les faits d'armes éclatants, les actes de courage, d'intrépidité et de dévouement dont nos annales sont remplies et de les offrir en exemple aux générations qui se sont succédé, n'a pas peu contribué aux triomphes de nos armées nationales..... On sait de quels prodiges de valeur les régiments sont capables pour soutenir l'honneur de leur numéro et pour se montrer dignes de leur surnom. ›

Ainsi parlait le maréchal Soult dans un rapport adressé au Roi, le 14 avril 1839.

Le 3 juin 1872, le général de Cissey, ministre de la guerre, de son côté, écrivait :

• Il faut que nos jeunes soldats apprennent, en entrant au régiment, que cette famille a eu un passé souvent glorieux, que dans nos plus grands malheurs, au milieu de nos plus affreux revers, elle s'est toujours montrée dévouée au pays, fidèle à ses devoirs, à la hauteur des dures épreuves que nous a envoyées la Providence. Le simple récit de ce qu'ont fait leurs devanciers leur fournira de justes motifs d'émulation et de profitables enseignements et leur inspirera le désir d'imiter ceux qui, avant eux, ont bien mérité de la Patrie. ›

Notre jeune compatriote, M. Henri Descoings, lieutenant au 135 de ligne, qui vient, à la suite d'un brillant concours, d'être reçu à l'Ecole de guerre, s'inspirant des deux textes que nous venons de citer, a, dans un volume de plus de 200 pages, rédigé l'historique de son régiment.

Dans l'introduction, l'auteur jette un coup d'œil sur les institutions militaires à l'époque du régime feodal, puis apres nous avoir parlé des Milices des communes et des Croisades, arrive au règne de Charles V où Duguesclin, appelé en Espagne par Henri de Transtamarre, débarrasse la France des GrandesCompagnies. Voici ensuite Charles VII qui, ayant, grace a

Jeanne d'Arc, reconquis le trône de France, songe à créer une armée permanente, dont l'organisation est améliorée successivement par Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François 1er. Enfin Henri II réunit plusieurs bandes en légions sous un chef unique c'est l'origine des régiments. Après nous avoir donné des renseignements instructifs sur le recrutement, l'armement, l'organisation et les règles de manoeuvres de l'infanterie depuis François Ier, et nous avoir appris que sous Louis XIV, le numéro 135 est occupé par Riberpré II, qu'en 1714, le 135° rang est tenu par le régiment Dorington, que ce numéro, après avoir disparu en 1745, fut pris en 1747 par Saint-Germain, M. Descoings nous annonce la formation de la 135° demi-brigade, qui devient, en 1803, le 135° régiment.

Le chapitre premier nous fait voir le rôle joué par le 135° régiment pendant les campagnes du premier Empire (12 janvier 1813-12 mai 1814). Il fait partie de la 4° division (Rochambeau) placée sous les ordres du général Lauriston et s'illustre à la défense de la ville et du pont de Halle où, le 2 mai 1813, il repousse les attaques de 10,000 Prussiens ayant 15 pièces d'artillerie; il eut 650 hommes tués ou blessés. A la bataille de Bautzen, les braves du 135 se couvrent de gloire, sous la conduite du commandant Prévost. A l'attaque de Goldberg, l'ennemi est obligé de plier devant une charge du 135. Dans chacune des journées de la bataille de Leipzig, le régiment se trouva au poste d'honneur: il fut en grande partie détruit avec l'arrière-garde chargée de défendre Leipzig et de protéger la retraite de l'armée. A Hanau, le 135 de ligne aborde à la baïonnette les Bavarois qui sont forcés de repasser en désordre la Kintzig. Nous retrouvons ensuite le numéro 135 dans tous les combats qui furent livrés pendant cette triste et glorieuse campagne de France terminée par l'abdication de Napoléon 1er à Fontainebleau.

L'ordonnance du 12 mai 1814 réduisit à 90 le nombre des régiments d'infanterie de ligne. Pendant un demi-siècle le numéro 135 ne reparaît plus.

Le chapitre II est consacré à la période du 27 septembre 1870 au 1er octobre 1887. Le 27 septembre 1870, est formé, pendant le siège de Paris, le 35 régiment de marche. Plusieurs de ses détachements prennent part, d'une façon brillante, à divers. combats livrés en avant de Saint-Denis, entre autres à la prise du Bourget. Par décret du 30 octobre, le 35° de marche devient le 135 de ligne. Commandé par le lieutenant-colonel de Boisdenemetz, il reçoit bravement le baptême du feu dans le combat d'Epinay. Ce qui me rassure, écrivait au général Trochu l'amiral de la Roncière Le Nourry, c'est que j'ai le 135° sur lequel je compte absolument et dont le colonel vaut à lui seul un régiment. » Il combat vaillamment à Montretout et subit avec courage toutes les horreurs du froid et de la faim. Ils faisaient pitié à voir, dit de nos soldats le général Ducrot dans La Défense de Paris; la tête entourée de chiffons, leur couverture pliée et repliée autour du corps, les jambes

enveloppées de loques, n'ayant plus forme de soldats, ils allaient sous la bise glacée, aux avant-postes, aux tranchées. »

Le 135° assiste encore à la prise de Montretout, après laquelle il rentre dans ses cantonnements qu'il occupe jusqu'à l'armistice. Il fait ensuite partie de l'armée de Versailles contre la Commune. Je ne veux pas me séparer de votre beau et brave régiment, écrivait le général Hanrion au colonel de Boisdenemetz, sans lui exprimer tous mes regrets et tous mes remerciements. Son courage, sa constance, sa discipline au milieu des épreuves que nous venons de traverser, aussi bien que le concours intelligent et dévoué de son digne chef, seront dans les meilleurs souvenirs de ma carrière militaire. »

Nous assistons alors aux différentes transformations que subit ce corps jusqu'à nos jours; puis l'auteur nous apprend le rôle joué, de juillet 1881 à 1883, par un bataillon de son régiment dans l'expédition de Tunisie.

Le volume se termine par la liste des colonels depuis le 4 décembre 1658 jusqu'à nos jours, et par l'état nominatif des officiers, sous-officiers, caporaux et soldats sous les drapeaux le 29 août 1891.

Cette pale analyse de l'ouvrage de M. Descoings ne peut donner qu'une faible idée de la quantité des faits condenses dans son volume. En lisant ces pages patriotiques, pleines d'intérêt, écrites dans un style sobre et élégant, on sent que l'auteur n'a pas oublié un seul instant le but qu'il s'était proposé Fournir de justes motifs d'émulation et de profitables enseignements et inspirer aux jeunes soldats le désir d'imiter ceux qui, avant eux, ont bien mérité de la patrie.

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