Page images
PDF
EPUB

14 sous, tant pour lui que pour Jean de Beaumont et beaucoup de chevaliers qui l'avaient accompagné. En outre, le baron de Grate-Cuisse reçut 4 livres 4 sous et 4 deniers. pour ses propres frais. Le baron de Chemillé reçut 8 livres 7 sous. Le baron de Montjean, seigneur de Briançon, 6 livres 7 sous 8 deniers. On ne s'occupa point du seigneur de Briollay parce qu'il était absent. Le lendemain matin, l'évêque Guillaume descendit près de la Maine, devant le château et là, monta sur un chaland qui l'amena à son château de Chalonnes où se firent de nouvelles cérémonies.

Nous avons parlé un peu au long de ces anciens usages parce qu'ils nous montrent les goûts de nos pères, leurs susceptibilités en même temps que leur belle simplicité. Un noble baron de Craon, dont un prédécesseur n'avait pas craint de se mesurer avec le comte d'Anjou et qui avait du sang royal dans les veines, se montrait tout fier d'être châtelain de Briollay parce que ce titre lui donnait le droit de porter l'évêque. Le seigneur de Montjean, non moins glorieux de son titre de vassal de l'évêque, put regagner l'un de ses nombreux fiefs monté sur le beau palefroy de son suzerain et, pour cette époque, ce n'était pas un mince privilège.

Le récit que nous venons de faire prouve que Briant de Montjean était seigneur de Saint-Jean-des-Mauvrets. M. Célestin Port dit en effet : « La terre seigneuriale de Saint-Jean-des-Mauvrets formait une châtellenie détachée dans les premières années du XII° siècle, par des partages de famille, de la baronnie de Briançon, où elle continua à rendre hommage. »

Les chartes que nous avons citées parlent du chevalier Briant de Montjean en 1295, mais nous ignorons s'il s'agit de Briant Ier ou de Briant II. Cependant, il nous semble probable que Briant II venait récemment de succéder à son père quand il alla faire hommage au comte d'Anjou, à SaintOuen près Paris. Ce fut le mardi après le relèvement du

corps de saint Louis en 1298. Saint Louis avait donné le comté d'Anjou à son frère Charles, devenu plus tard roi de Naples. Briant profita de cette circonstance pour se faire rendre le droit de chasse dans la forêt de Briançon, comme l'exprime la charte suivante en langage du temps. A tous ceulx qui ces présentes leitres verront et orront, Briant sire de Mont Joan, saluz. Sachent tuit que comme nous demandeson la restitucion de la chace de noz boys de Briençon. Si comme nous dision que noz devanciers en avaient usé, de laquelle chace très noble prince Challes, jadis roi de Sezile et conte d'Anjou, avait deseisi nostre père et tenu longtemps deseisi; très noble prince nostre très chier seignour Monseignour Challes, conte d'Anjou, disant que a lui appartenait ladite chace et non a autrui, et nous en offreit a fere droit en sa court par la costume de la terre, nous respondions que O lui de ceite chose n'aurions nous ja pleit : et i de sa courtaisie, nous donaa ladite chace, laquelle nous receumes de son don, sauf tout autrui droit. En temoing de cette chose, nous avons scellé ces présentes leitres de notre séel. Donné à St Oyn, pres de Paris, le mardi après le Relevement Monseigneur Saint Loys, L'an de grace mil deus cenz quatre vingt et diz et oict. D

Charles II d'Anjou qui avait succédé à son père était venu à Saint-Ouen pour la cérémonie de l'exhumation et du placement sur les autels des reliques de son oncle saint Louis 1.

Briant II assista au mariage de Jean de Laval, seigneur de Pacy avec Jeanne de Chemillé. Arthur de Bretagne, fils de Jean II, le nomme son cousin.

1 Dans le rôle des seigneurs qui comparurent au ban et arrièreban, convoqué l'an 1304 pour la guerre de Flandre, on trouve pour l'Anjou sept des plus grands seigneurs de ce pays, parmi lesquels le « seigneur de Montejean. » (Traité de la noblesse 1734, p. 102).

2 Il mourut en 1312.

Il était mort en 1320, laissant pour successeur son fils Briant III, qui est qualifié seigneur de Montjean, Briançon et Bécon. Saint-Jean-des-Mauvrets fut sans doute, dès lors, distrait de la baronnie de Montjean pour faire la part d'un fils puîné ou d'une fille.

Briant III était grand échanson de France et prit une part très active à la guerre de Gascogne en 1337, sous les ordres du connétable d'Eu, Raoul IV, qui eut la tête tranchée en 1351.

Édouard d'Angleterre commençait à mettre en avant ses prétentions au trône de France alors occupé par Philippe de Valois. Édouard voulait reprendre les places de Guienne qui avaient été enlevées au parti anglais. Les Flamands prirent parti pour lui et le seigneur de Montjean fut encore parmi les chevaliers français qui combattirent dans les Flandres et le Hainaut en 1340.

Nous avons dit que la châtellenie de Bécon se trouvait ajoutée aux anciens fiefs des barons de Montjean. Il est probable que ce fief lui vint du chef de sa mère, qui fut peut-être le dernier rejeton de la famille illustre des seigneurs de Bécon qui s'étaient crus parfois autorisés à prendre le titre de princes. Une importante fondation se rattache à leur nom et, comme conséquence, à celui des seigneurs de Montjean, celle de l'abbaye de Pontron.

Vers 1121, un ermite, nommé Clément, vint habiter dans le pays béconnais. Trois gentilshommes de la contrée : Hubert, du Louroux, Savary, de la Poëze et Isembert, de la Lande, lui donnèrent quelques terres et un peu d'argent pour se bâtir un ermitage. Il y avait déjà dans la forêt, que choisit Clément, d'autres reclus qui s'associèrent à lui. Plus tard, Clément désira donner à cette communauté la régularité monastique. Il alla donc demander aux Cisterciens du Louroux, près Vernantes, quelques religieux et les obtint. Son petit domaine était devenu insuffisant. Herbert-le-Roux et Rainaud du Pinelier lui donnèrent

une vaste lande et de grands bois, au-delà d'un ruisseau nommé tantôt Ver, tantôt Velro ou Vernon. C'est sans doute de ce ruisseau que le château de Vernon a pris son

nom.

Ces terres étaient dans la féodalité de Joscelin et de Thomas de Bécon. Ces seigneurs se montrèrent enchantés de cette circonstance et abandonnèrent leurs droits sur ce territoire. Cette année même Joscelyn partant pour la Terre-Sainte vint entendre la messe de Clément dans sa petite chapelle, lui fit bénir ses armes et lui donna une maison dans son fief, en présence de Savary de la Poëze, Maurice du Louroux, Herbert-Le-Roux et son fils Hubert, Rainaud du Pinelier, Rochard et Hugues, frères de Joscelin. Clément soumit toutes ces donations à Martin, abbé du Louroux, dont le monastère n'avait alors que treize années d'existence et se trouvait dans toute la ferveur des premiers temps. Martin se rendit à Pontron et fit élire pour premier abbé un nommé Foulques.

Pontron devint en peu de temps tellement florissant que, dès l'an 1132, deux de ses moines sous la conduite du prêtre Rivalon allaient dans le diocèse de Nantes jeter les premiers fondements de l'abbaye de Melleray. Dix ans après, l'abbé de Pontron y envoyait des moines et un abbé et, enfin en 1183, on y consacrait une église.

Quant à Pontron, en 1134, l'évêque Ulger .donnait une charte confirmant sa fondation. Dès lors, les seigneurs de Bécon furent regardés comme les fondateurs de ce monastère, et ce titre leur donnait droit à être enterrés dans l'église même de l'abbaye. C'est comme seigneurs de Bécon que les barons de Montjean furent dans la suite inhumés à Pontron où se voyaient encore au XVIII° siècle deux mausolés de cette famille. Briant III avait épousé Jeanne, fille de Geoffroy de Montluçon. Il en eut Briant IV. Briant III est encore connu par les titres de l'Hôtel-Dieu d'Angers, en 1342 il cède ses droits sur un patronage

qu'il avait dans cette ville pour la fondation d'une chapellenie dans l'Hôtel-Dieu 1.

Dans la liste des sénéchaux d'Anjou, on trouve en 1346 un Jean de Montjean qui était probablement frère de Briant III. La plus grande gloire de ce dernier serait d'avoir été le père de Jeanne de Montjean qui aurait épousé Hardouin de Maillé, père de sainte Jeanne-Marie de Maillé, si l'on en croyait l'auteur de l'article sur Sillé-le-Guillaume dans le Maine pittoresque. Mais la vie de cette sainte, rédigée par son directeur et éditée par les Bollandistes au 28 mars, contredit cette donnée. D'après ce religieux, nommé Martin de Boisgautier, sainte Jeanne de Maillé naquit le 14 avril 1331 de Hardouin de Maillé et de Jeanne de Montbazon. Il est probable que c'est le nom de Jeanne de Montbazon qui a causé l'erreur en question. Mais la mère de sainte Jeanne était fille de Barthélemy de Montbazon, tandis que le père de Jeanne de Montbazon, épouse de Briant III, se nommait Geoffroy. Il est vraisemblable que ces deux Jeanne étaient cousines germaines ; ce qui explique les relations qui s'établirent dans ce temps. entre la famille de Montjean et celle de Maillé dont les noms s'introduisent dans la première. Ainsi le petit-fils de Briant III reçoit le nom de Hardouin qui fut celui du père de Sainte Jeanne et d'un grand nombre de seigneurs de Maillé. Le nom de Béatrix entra dans la famille de Maillé, comme dans celle de Montjean.

Sainte Jeanne fut dame de Sillé, et nous verrons tout à l'heure un seigneur de Montjean épouser une dame de Sillé, puis son fils s'unir avec une de Maillé.

Ce fut du temps de Briant III que s'ouvrit la lutte de Charles de Blois et de Jean de Montfort à l'occasion du décès

1 Archives de l'Hôtel-Dieu, A.-I.

Il est assez remarquable que ce directeur se nommait Martin de Boisgautier. Or, nous avons vu dans la charte de 1202 qu'il y avait à Montjean un quartier nommé Boisgautier.

« PreviousContinue »