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nation intérieure de la convention, que ces 1794.

armées elles-mêmes refusèrent de s'associer
à la barbarie des tigres qui composaient cette
assemblée, en respectant les jours des vain-
cus, qu'un décret leur ordonnait d'égorger
sans pitié, au mépris des plus saintes lois
guerre. Maintenant, il faut
il faut que je re-
prenne le cours des événemens politiques de
la révolution française, que j'ai abandonné
depuis la fin du livre précédent.

de la

Pour écraser Robespierre, dont la perte pouvait seule les sauver, et se faire aider en cela par le peuple, les ennemis de ce membre de la convention l'avaient accusé, dans le premier moment, de tous les meurtres judiciaires qui se commettaient depuis le 10 août 1792, dans toute l'étendue de la France. Par la révolution même du 27 juillet, ces meurtres furent donc interrompus; mais le gouvernement ne changea réellement ni de forme, ni de principes. On put même croire un moment qu'il allait reprendre toute sa férocité. On devait s'y attendre.

Quel est l'homme tant soit peu clairvoyant et au fait des affaires, qui pût croire sur la parole de Billaud de Varennes, l'un des provocateurs des massacres de septembre 1792, et sur celle des autres membres du .

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1794. comité de salut public, que Robespierre seul était coupable de la tyrannie sanglante qui pesait depuis longtemps sur la France, et moissonnait tour-à-tour tout ce que ce malheureux pays renfermait d'hommes distingués par leur naissance, leurs vertus et leurs talens? Cette tyrannie était bien évidemment le crime de la convention entière. Robespierre n'avait, dans cette assemblée que sa voix comme les autres, et on ne l'y voyait revêtu d'aucune dignité qui l'autorisât à donner isolément aucun ordre. Il dominait la convention, parce que son avis était ordinairement celui qui y plaisait davantage; et quand il l'avait donné, avant de le convertir en décret, on recueillait les suffrages dans la forme ordinaire. Etait-ce lui seul qui avait rendu la loi des suspects, supprimé les avocats aux personnes traduites devant le tribunal révolutionnaire ? souffert ou même prescrit les massacres de Lyon, de Marseille, de Nantes? Etait-ce à la suite d'un entretien particulier avec Robespierre, que FouquierTinville, saisi d'horreur à la sommation qui lui avait été faite, d'immoler cent cinquante victimes par jour à Paris, avait cru voir la rivière rouler du sang!

Si l'on s'en rapportait même à quelque

anecdotes on penserait que parmi les do- 1794. minateurs, cet homme était un des moins féroces. Ce fut lui qui s'opposa à ce que soixante-treize députés qui avaient protesté contre la révolution du 31 mai et du 2 juin, fussent envoyés à la mort. On sait que ce fut aussi contre son sentiment qu'on livra la princesse Elizabeth au tribunal révolutionnaire.

Pour étourdir le peuple, on lui cria que Robespierre avait voulu se faire dictateur. Mais agissait-il déjà comme dictateur, pour qu'on pût avec raison prétendre que lui seul et deux ou trois de ses collègues étaient à reprendre pour les excès révolutionnaires commis jusqu'alors? et ensuite quelles preuves fournit-on même de cette prétendance à la dictature ?

Robespierre, dit-on, pour y parvenir, comptait se servir d'une vieille femme qui se faisant nommer Catherine Théos, et en. tourée, dans je ne sais quel réduit obscur, des plus tristes prosélytes, racontait des visions, des révélations mystérieuses dont elle se prétendait honorée. Quelle preuve eut-on de ses intelligences avec cette femme insensée : la répugnance que Robespierre montrait à ce qu'on l'envoyât à l'échafaud? Il fallait être plus qu'un barbare et un misérable pour

1794. comité de salut public, que Robespierre seul était coupable de la tyrannie sanglante qui pesait depuis longtemps sur la France, et moissonnait tour-à-tour tout ce que ce malheureux pays renfermait d'hommes distingués par leur naissance, leurs vertus et leurs talens? Cette tyrannie était bien évidemment le crime de la convention entière. Robespierre n'avait, dans cette assemblée que sa voix comme les autres et on ne l'y voyait revêtu d'aucune dignité qui l'autorisât à donner isolément aucun ordre. Il dominait la convention, parce que son avis était ordinairement celui qui y plaisait davantage; et quand il l'avait donné, avant de le convertir en décret, on recueillait les suffrages dans la forme ordinaire. Etait-ce lui seul qui avait rendu la loi des suspects, supprimé les avocats aux personnes traduites devant le tribu. nal révolutionnaire ? souffert ou même prescrit les massacres de Lyon, de Marseille, de Nantes? Etait-ce à la suite d'un entretien particulier avec Robespierre, que FouquierTinville, saisi d'horreur à la sommation qui lui avait été faite, d'immoler cent cinquante victimes par jour à Paris, avait cru voir la rivière rouler du sang!

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Si l'on s'en rapportait même à quelque

anecdotes on penserait que parmi les do- 1794. minateurs, cet homme était un des moins féroces. Ce fut lui qui s'opposa à ce que soixante-treize députés qui avaient protesté contre la révolution du 31 mai et du 2 juin, fussent envoyés à la mort. On sait que ce fut aussi contre son sentiment qu'on livra la princesse Elizabeth au tribunal révolutionnaire.

Pour étourdir le peuple, on lui cria que Robespierre avait voulu se faire dictateur. Mais agissait-il déjà comme dictateur, pour qu'on pût avec raison prétendre que lui seul et deux ou trois de ses collègues étaient à reprendre pour les excès révolutionnaires commis jusqu'alors? et ensuite quelles preuves fournit-on même de cette prétendance à la dictature ?

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Robespierre, dit-on, pour y parvenir, comptait se servir d'une vieille femme qui se faisant nommer Catherine Théos et en tourée, dans je ne sais quel réduit obscur, des plus tristes prosélytes, racontait des visions, des révélations mystérieuses dont elle se prétendait honorée. Quelle preuve eut-on de ses intelligences avec cette femme insensée : la répugnance que Robespierre montrait à ce qu'on l'envoyât à l'échafaud? Il fallait être plus qu'un barbare et un misérable pour

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