Page images
PDF
EPUB

admirabl s par les Sentimens ; c'est en quoi ils excellent; les sujets y sont touchez d'une maniere si naturelle, si insinuante; les caracteres y sont si justes les Portraits si parlans, qu'on ne peut se deffendre d'en ressentir les secretes impressions.

3

Quoi de plus sensible et de plus touchant que l'histoire de Joseph, r connu par ses Freres, telle que nous la voyons décrite dans la Genese? Toutes les cir constances y sont amenées avec tant de justesse et placées dans un jour si favorable, qu'elles saisissent le cœur et tirent presque les larmes des yeux. On sent l'embarras, l'inquietude, les agitations des freres; on p ́netre le trouble et les remords d une conscience qui se reveille dans l'adversité, et qui les force de se reprocher un crime dont ils reconnoissent la juste punition. On entre naturellement dans le cœur de Joseph; on y découvre la droiture, la piété, la tendre affection des freres si dénaturez. On s'imagipour ne entendre ces paroles qui sont pour eux, comme un coup de foudre : Je suis Joseph que vous avez vendu en Egypte. on diroit que les voilà abbattus, prosternez, n'osant lever les yeux, se jugeant des victimes destinées à la mort, pou

vant à peine se rassurer par la douceur et la bonté de celui dont ils redoutent la vengeance. Voilà ce que c'est que les Sentimens dans une narration, qui paroît toute simple et sans art.

Tel est encore le jugement de Salomon. La nature même y parle, et c'est la nature qui produit le sentiment, ou plutôt qui en est la source feconde; c'est delà qu'il se puise, et on ne le trouve point ailleurs; de sorte qu'une Piéce, qu'un Livre où il n'y auroit point de naturek, n'auroit aussi ni goût ni sentiment.

Voilà, ce me semble, l'idée qu'on attache communément aux termes d'Invention et de Sentiment, lorsqu'on parle des Ouvrages d'Esprit; c'est l'usage et Fapplication qu'on voit les personnes de mérite et éclairées en faire dans les conversations ou dans leurs Ecrits.

S. L. SIMONNET, Prieur,
Curé d' Heurgevilly.

Ce 21 Mars 1733.

BOU

BOUQUET.

A M* de ***, l'un des 20 de l'Academie Royale de Soissons.

Far L. P. R. D. L. O

L'Aurore avare de ses pleurs,

Et Zéphire de son haleine,. Fourroient suspendre encor la naissance des Acurs,

Que je n'en serois pas en peine..

Pour un favori d'Apollon,

A qui mon cœur doit rendre un tribut légis

time,

ne faut que des fleurs, que sur la double

Cime,

Il a cueilli cent fois, lorsqu'ami de la Rime,
Ses Vers ont enchanté tout le sacré Vallon.

De *e* daigne donc en agréer l'homage, A peine aux chastes Sœurs ai-je annoncé ton

nom,

Que toutes s'empressoient d'en faire l'assem blage

Mais Calliope enfin disputant l'avantage,

[ocr errors]

La Fête, a-t-elle dit, qu'on celebre aujour

d'hui,

→ Est d'un mortel, l'objet de ma....

trême,

tendresse ex

Un Bouquet pourroit-il être digne de lui,
Si je ne le faisois moi-même y

Dès sa plus jeune saison,

Ma main versa sur lui les faveurs du Permesse A tant d'esprit et de noblesse,

Tout reconnut en lui mon plus cher Nourrisson, Minerve même en fut jalouse;

Les Graces murmuroient de trouver un Rival,, Il seroit encor sans égal,

S'il étoit encor sans * Epouse..

LETTRE de M. Titon du Tillet

M. de la R..

M

...

ONSIEUR,

'ai lû dans votre Mercure du mois de Mars, P.481.une Lettre qui m'est addressée au sujet de l'Edition du Liv, intitule le Parnasse François, que j'ai donnée:

Dame d'un esprit peu ordinaire.

L'année

l'année derniere. Si je connoissois l'Auteur de cette Lettre, je lui addresserois ma réponse, et je le remercirois plus am plement que je ne le fais icy, de la maniere avantageuse dont il parle de cet Ouvrage qu'il veut bien traiter d'Excellent, et qu'il marque ne pouvoir être que d'une extrême utilité et d'un agrément in fini à ceux qui voudront connoître le genie des Poëtes et des Musiciens François, que mon zele et mes travaux n'immortalisent pas moins, que les Ouvrages qu'ils ont laissez.

Les louanges qu'on me fait l'honneur de me donner sur mon zele, me font des plus agréables, et je les reçois volontiers; Personne ne pouvant en avoir davantage pour la gloire de notre Nation et pour celle des grands Hommes qu'elle a produits. A l'égard des louanges qu'on me donne sur mes travaux pour célébrer le génie et les talens de nos. Poëtes et de nos Musiciens, je sens que je suis encore bien éloigné de la perfection où j'aurois souhaite porter un pareil Ouvrage ; c'est pourquoi je suis tres-obligé à celui qui m' crit des Remarques, dont il veut bien me faire part sur quelques fautes qui ont pû s'y glisser. Je reçois donc, avec plaisir, ses Remarques, mais il me permettra de lui dire que la plupart des fautes

« PreviousContinue »