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diens comme auxiliaires: Harrison accepta, pour la seconde fois, leur secours, en leur imposant, pour condition, d'épargner la vie des prisonniers, et de ne jamais tourner leurs armes contre les femmes et les enfants sans défense.

Les parties les plus reculées de la frontière n'avaient plus à redouter les incursions des sauvages; mais les établissements isolés, épars le long du lac, depuis Erié jusqu'à Frenchtown, eurent beaucoup à souffrir de leurs attaques. Le major Ball mit un terme à ces brigandages; et, par une suite d'heureuses opérations, rétablit pour longtemps la sécurité dans ces contrées.

Dans le nord, la guerre se poursuivait avec des succès divers.

Aussitôt que le lac Ontario fut dégagé de glaces, on forma le projet d'aller attaquer York, capitale du haut Canada. Cette place était le dépôt des magasins militaires des Anglais; c'était de là qu'on fournissait des munitions à tous les postes de l'ouest; on savait d'ailleurs qu'il y avait sur les chantiers un grand navire de guerre presque achevé, enfin; on pensait que les Américains, une fois maîtres d'York, pourraient aisément s'emparer du fort Georges, et se porter ensuite, à l'aide d'une flotte, contre la ville de Kings

ton.

Dans une conférence que le général Dearborn eut, vers le milieu d'avril, avec Pike et les autres officiers supérieurs, tout fut arrangé pour réaliser promptement ce projet. Le commodore Chaun cey disposa ses navires pour le transport des troupes; et Pike, à qui l'on devait en grande partie le plan d'attaque, fut chargé d'en assurer l'exécution. Le 27 avril, à deux heures du matin, la flotte mouilla devant les ruines de Torento, point qui n'est éloigné d'York que de deux milles. Le général ennemi Sheaffe, à la tête de la garnison, qui se composait de sept cent cinquante Anglais et de cinq cents Indiens, sans compter un corps de grenadiers et de tirailleurs qui se trouvaient accidentellement dans la place, se porta sur le rivage, afin de s'opposer au débarquement. Après une longue et vive résistance de la part des Anglais les Américains à dix heures du matin, avaient entièrement effectué le passage.

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Lorsque toutes les troupes furent à terre, elles commencèrent à s'avancer en bon ordre; mais, au moment où les Américains débouchèrent d'un bois qui les avait couverts, ils recurent le feu d'une pièce de vingt-quatre, tirée de l'une des batteries avancées des Anglais. Cette batterie fut emportée dans un instant; et les Américains marchèrent aussitôt sur une seconde, que les Anglais abandonnèrent, en se retirant vers une enceinte qui renfermait des casernes et des magasins.

Après le débarquement, le commodore Chauncey, malgré les vents contraires, avait pris une position d'où ses navires purent faire beaucoup de mal à l'ennemi. L'assistance de cet officier, dans ces circonstances, contribua d'une manière efficace au succès des opérations.

Pike avait ordonné de faire halte; et comme les casernes qu'il avait devant lui paraissaient vides, il voulut s'assurer, avant de se porter plus loin, si cette prompte retraite de l'ennemi ne cachait pas quelque stratagème. Il envoya donc le lieutenant Riddle reconnaître les lieux, lorsque tout à coup une effroyable explosion se fit entendre. Les magasins situés près des casernes, à cent toises environ des Américains, venaient de sauter cinq cents barils de poudre enflammés à la fois remplirent l'air de terre, de pierres et de débris. Des masses énormes et brûlantes tombèrent de toutes parts sur les Américains, et tuèrent ou blessèrent plus de deux cents hommes. Parmi les blessés, se trouvait le général Pike. Ce terrible événement causa dans ses colonnes un moment de trouble et d'hésitation; mais bientôt les Américains, brûlant de venger leur général, continuèrent de marcher en avant, et mirent les Anglais en fuite.

Les blessures de Pike étaient mortelles: le drapeau qu'on venait d'enlever à l'ennemi, lui fut apporté ses yeux reprirent une dernière fois leur éclat : ayant fait signe qu'on plaçât le drapeau sous sa tête, il expira glorieusement sur ce trophée.

Le colonel Pearce, comme le plus ancien des officiers, prit le commandement des troupes, et se porta sur les casernes, dont le major Forsythe avait déjà pris possession. Les Américains, en s'approchant de la ville, rencontrèrent

des officiers de la milice canadienne, qui venaient offrir de capituler. Comme on soupçonnait ces officiers de vouloir faire traîner la négociation en longueur, on ne cessa point d'aller en avant; mais enfin, à quatre heures de l'après-midi, la capitulation ayant été réglée, les Américains se virent en pleine possession d'York.

La capitulation portait que les troupes régulières, les miliciens et les marins de tous rangs seraient prisonniers de guerre; que les propriétés publiques seraient livrées aux Américains; que les propriétés privées seraient respectées; que les autorités civiles conserveraient les pouvoirs dont elles étaient revêtues, et que les chirurgiens qui soigneraient les blessés ne seraient considérés, dans aucun cas, comme prisonniers. Ces conditions furent remplies par les Américains avec exactitude; mais le général Sheaffe détruisit plusieurs magasins militaires, au moment même où, d'après ses ordres, on en stipulait la remise; il emmena de plus avec lui son état-major et toutes les troupes de ligne qui devaient rester au pouvoir du vainqueur. Cependant les Américains firent deux cent quatre-vingt-onze prisonniers, dont plusieurs officiers. Les Anglais perdirent en tout sept cent cinquante hommes. Quoiqu'on eût détruit des propriétés d'une grande valeur, il en tomba néanmoins entre les mains des Américains pour plus de 500,000 dollars. Sheaffe, dans la précipitation de sa fuite, laissa derrière lui ses bagages, sa bibliothèque et tous ses papiers. La perte totale des Américains ne se monta pas à plus de trois cents hommes, tués ou blessés, et sans l'explosion du magasin à poudre, elle eût été bien moins considérable.

Le 1er mai, les Américains, considérant comme accompli le but de cette expédition, abandonnèrent volontairement la ville d'York. Ils attaquèrent ensuite le fort Georges et, secondés, par le feu de leur fort de Niagara, forcèrent l'ennemi d'évacuer la place. En se retirant, le commodore anglais avait ordonné de laisser des mèches allumées dans ses magasins; mais les Américains entrèrent dans le fort assez à temps pour arrêter l'incendie, qui commençait à faire des ravages.

Après la capture du fort Georges, le général anglais Vincent avait pris position sur les hauteurs qui dominent la baie de Burlington. Les généraux américains Winder et Chandler furent chargés d'aller attaquer cette position. Ils rencontrèrent et repoussèrent dans leur marche plusieurs partis anglais, et vinrent camper sur le bord d'un ruisseau nommé Stoney-Creek. L'ennemi, pendant la nuit, surprit leur avantgarde, s'empara de plusieurs canons, et fit prisonniers les généraux Chandler et Winder.

Tandis que l'expédition du général Dearborn contre le fort Georges avait lieu, sir Georges Prévost, gouverneur du haut Canada, tentait une attaque sur Sackettsharbour. Au plus fort du combat, on vint dire au lieutenant Chauncey que les troupes américaines étaient en déroute; et le lieutenant, suivant ses instructions, mit le feu à tous les magasins. Reconnaissant bientôt qu'on venait de lui donner une fausse nouvelle, il ne put maîtriser les flammes, avant qu'elles eussent produit une grande dévastation. Les Anglais furent contraints de se retirer; dans cet engagement, les pertes furent à peu près compensées de part et d'autre.

Le général Lewis et le commodore Chauncey revinrent à Sackettsharbour. Le premier s'occupa très-activement à réparer les bâtiments et les magasins qu'avait endommagés l'incendie. Vers le même temps, le général Dearborn, dont la maladie devenait de jour en jour plus grave, quitta le service, et laissa le fort Georges sous la garde du général Boyd.

Au mois de juillet, les Américains firent une nouvelle expédition contre York: ils débarquèrent à peu de distance de la place, chassèrent les troupes établies sur ce point, détruisirent des approvisionnements, délivrèrent des prisonniers et revinrent à Sackettsharbour, sans s'être emparés d'York.

Sur le lac Champlain, les Anglais, dont les forces étaient supérieures à celles des Américains, leur prirent deux goëlettes, l'Eagle et le Growler; et ne rencontrant plus, après cette capture, de résistance sur le lac, en ravagèrent impunément les bords. Le 23 juillet, ils

descendirent à Plattsburg; et, non contents de détruire les magasins et les bâtiments publics, ils incendièrent les maisons et les ateliers de plusieurs habitants, et se retirèrent chargés de butin. Ils en firent de même à Swanton, dans l'État de Vermont.

Sur le lac Ontario, les forces des deux côtés étaient plus égales. Le 7 août, les deux flottes étaient en présence: elles s'observèrent, pendant là journée, sans engager le combat. Dans la nuit, une tempête étant survenue, le commodore Chauncey perdit les goëlettes le Scourge et le Hamilton, qui sombrèrent sous voile. On employa les deux jours suivants à manoeuvrer sans résultat. Enfin, le 9, à onze heures du soir, le feu commença d'abord entre les deux arrièregardes, et devint bientôt général. Vers onze heures et demie, l'amiral anglais, sir James Yeo se mit à la poursuite du Growler et de la Julia, qui s'étaient séparés de la flotte américaine, et s'en empara. L'action ne se prolongea pas davantage : les Anglais emmenèrent leurs prises; et le commodore Chauncey revint à Sackettsharbour, pour ravitailler sa flotte.

Les revers de la France ayant laissé plus de forces disponibles aux Anglais, tout annonçait qu'au printemps les côtes de l'Atlantique allaient devenir le théâtre d'une guerre de dévastation.

Au mois de février, une escadre anglaise était entrée dans la Chesapeake. L'amiral Cockburn, qui la commandait, occupa trois ou quatre petites îles, qui lui servirent de point de départ pour se porter sur le continent, dans les endroits où les Américains n'étaient pas sur leurs gardes. Il dirigeait ses attaques, tantôt contre des fermes isolées, tantôt contre des maisons de campagne qui ne pouvaient opposer aucune résistance. Il égorgeait les bestiaux, détruisait les habitations, armait les esclaves contre leurs maîtres, et les encourageait, par son exemple, à commettre toute espèce de violences et de déprédations. Enhardi par ses premiers succès, il attaqua Frenchtown, hameau composé de six maisons et de deux grands magasins, et lieu de dépôt pour les paquebots et pour les diligences qui se rendaient de Baltimore à Philadelphie. Quelques mi

liciens d'Elkton firent une apparence de résistance; mais ils laissèrent bientôt le champ libre à l'amiral, qui s'empara des marchandises renfermées dans les magasins, les brûla, ainsi que les maisons de Frenchtown et plusieurs navires marchands qui se trouvaient dans le port. Il fit éprouver le même sort au Havre-de-Grâce, joli bourg de vingt à trente maisons sur la Susquehanna, à deux milles environ de l'embouchure de cette rivière. Cependant, il préserva de l'incendie la maison du commodore Rodgers, où les femmes appartenant aux familles les plus notables étaient allées chercher un refuge. Après avoir saccagé le bourg, il dévasta les environs. Ensuite il termina son expédition par le pillage et l'incendie de Georgetown et de Frédéricktown, deux petites villes très-florissantes, situées en face l'une de l'autre sur les rives du Sassafras.

Dans le courant de mai, l'amiral anglais Waren vint aussi dans la Chesapeake, avec une escadre, composée de sept vaisseaux de ligne, douze frégates, et d'un grand nombre de navires d'un rang inférieur. Cette escadre avait à bord une armée de débarquement, sous les ordres du général sir Sidney Beckwith. L'arrivée d'un armement aussi considérable causa la plus vive alarme dans toutes les villes voisines de la baie. Baltimore, Annapolis, Norfolk étaient à la fois menacées; mais on s'aperçut bientôt que cette dernière ville devait recevoir les premiers coups. Pour l'attaquer avec succès, il fallait d'abord occuper l'île Crany, qui en défendait les approches. Les Américains empêchèrent les Anglais de s'en emparer; et Norfolk, Gosport, Porstmouth et les autres villes environnantes durent leur salut à la vigoureuse défense de cette île. Les Anglais se portèrent alors contre Hampton, à dix-huit milles de Norfolk. Hampton est une petite ville de peu d'importance et non fortifiée. L'ennemi s'en rendit aisément maître, et y commit d'horribles excès.

L'escadre de l'amiral Waren, pendant le reste de l'été, menaça tantôt Washington, tantôt Annapolis, tantôt Baltimore, et fatigua beaucoup les miliciens, qui furent continuellement

sur pied; mais elle ne tenta rien d'important.

Dans la Caroline et la Géorgie, Cockburn continua son plan de dévastation. 11 prit deux corsaires américains, s'empara de Porstmouth, qu'il traita comme le Havre-de-Grâce, et se retira sur ses vaisseaux, chargé de butin, et suivi d'un grand nombre de nègres, auxquels il avait persuadé d'abandonner leurs maitres, en leur promettant la liberté; mais il les envoya bientôt aux Antilles, où il les fit vendre.

Les côtes du nord n'eurent pas tant à souffrir que les rivages de la Chesapeake; mais elles furent attaquées aussi quelquefois, et gênées constamment dans leurs communications. Les Anglais tinrent bloqué, pendant plusieurs mois, à New-London, le commodore américain Decatur. Leurs forces, en ces parages, étaient commandées par le commodore Hardy, dont la conduite humaine et loyale offrait un heureux contraste avec celle de Cockburn.

Cependant, dans les engagements partiels, les navires américains avaient souvent l'avantage.

Le Hornet avait été laissé devant San-Salvador pour y bloquer la corvette anglaise la Bonne-Citoyenne: celle-ci n'osait sortir du port. Le Hornet continua le blocus pendant quelque temps; mais, le 24 janvier 1813, il fut chassé lui-même par le vaisseau de ligne anglais le Montagu. Il dirigea sa course vers Fernambuco; devant ce port, il captura le brick la Résolution de dix canons, ayant à bord vingt-trois mille dollars en espèces. Ensuite, il croisa successivement dans les parages de Moranham, de Surinam et de Démérari. Le 23 février, près de ce dernier port, il eut un engagement avec un grand brick, le Peacock, dont il se rendit maître, et qui fut si maltraité dans l'action, que, peu d'instants après, il coulait bas. Les marins du Hornet firent tous leurs efforts pour sauver l'équipage, et traitèrent les prisonniers de la manière la plus généreuse.

D'un autre côté, les Anglais étaient victorieux. La frégate le Shannon s'emparait de la frégate la Chesapeake, et le brick le Pélican avait le même avantage sur le brick l'Argus.

Mais, vers cette époque, le commodore Porter annonçait qu'il avait capturé plusieurs navires anglais dans la mer du Sud, et que la petite flotte dont il avait complété la formation le rendait maître de la navigation de l'océan Pacifique.

Le brick américain l'Entreprise était sorti de Porstmouth, le 1er septembre. Il aperçut le 5 la corvette anglaise le Boxeur, avec laquelle il eut un engagement, et qu'il força de se rendre. Les deux capitaines de ces bâtiments, tués dans le combat, furent enterrés à côté l'un de l'autre à Portland, avec tous les honneurs militaires.

Le 26 septembre, la frégate le Président, montée par le commodore Rodgers, rentrait à Newport, après une croisière très-longue. Le commodore avait fait quatre prises devant les Açores, et deux autres sur le banc de TerreNeuve. Enfin, le 25 septembre, aux atterrages d'Amérique, il captura la goëlette la High-Flyer, aviso de l'amiral Waren. Rodgers trouva sur ce petit navire les instructions secrètes de Waren; ce qui le mit à même d'éviter, en rentrant, les escadres anglaises qui croisaient sur les côtes. La frégate le Congrès, séparée du Président auquel elle était jointe à son départ, continua sa croisière jusqu'au 11 décembre: elle était restée tout ce temps principalement sur les côtes de l'Amérique du Sud, où elle avait capturé plusieurs bâtiments, entre autres deux bricks, armés chacun de dix canons.

Les corsaires américains soutinrent dignement l'honneur du pavillon national.

Le capitaine Boyle, commandant le corsaire la Comète, fut attaqué par un grand brick de guerre portugais et par deux autres navires marchands, armés en guerre. Après plusieurs heures de combat bord à bord, il réduisit le brick à prendre la fuite, et s'empara d'un des navires marchands.

Le 15 août, le corsaire le Décatur découvrit le paquebot la PrincesseCharlotte et la goëlette de guerre la Dominique. Il prit la Dominique à l'abordage; la Princesse-Charlotte força de voiles, et disparut. Le Décatur n'avait que six caronnades de 12 avec une

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Tandis que la guerre avait lieu sur la frontière septentrionale et sur les côtes de l'Atlantique, il ne s'était rien passé d'important à l'armée de l'ouest. Le printemps et l'été furent consacrés aux préparatifs nécessaires pour augmenter les forces qui devaient agir incessamment sur terre et sur le lac Erié.

Enfin, le 4 août, le capitaine Perry, chargé d'opérer sur ce lac, parvint à compléter son armement; et il mit à la voile à la recherche de la flotte ennemie. Les Américains avaient neuf navires et cinquante-quatre canons, et les Anglais six navires et soixante-sept bouches à feu. Le 10 septembre au matin, on se rencontra; le combat dura trois heures, et la flotte américaine captura la flotte entière des Anglais. Les Américains eurent trente-sept hommes tués et quatre-vingt-seize blessés; les Anglais eurent environ deux cents hommes tués ou blessés, et les Américains firent sur eux six cents prisonniers. Ainsi l'Angleterre, déjà battue dans des combats de navire à navire, le fut cette fois en bataille rangée. Dans toutes les parties de l'Union, la nouvelle de cette victoire causa le plus vif enthousiasme : des fêtes et des illuminations célébrèrent la gloire nationale.

Les Américains, dès lors, étaient maîtres de la navigation du lac; mais les Anglais occupaient encore une partie de leur territoire : il s'agissait de les repousser et d'aller les attaquer jusque

sur le sol canadien. En conséquence, Harrison réunit aux miliciens de l'Ohio quatre mille volontaires du Kentucky, commandés par Shelby leur gouverneur; et le 27 septembre, les troupes s'embarquèrent, et gagnèrent le jour même une pointe de terre, près de Malden. Le général anglais, à leur approche, détruisit ce fort et tous les magasins du gouvernement, puis effectua sa retraite le long de la rivière Thames, emmenant avec lui les Indiens, commandés par Tecumseh. Harrison et Shelby se mirent à la poursuite des Anglais, avec trois mille cinq cents hommes. Dans la première journée, les Américains firent vingt-six milles. Le jour suivant, ils prirent un détachement ennemi, et surent que Proctor, quoiqu'il ne se doutât pas d'être poursuivi de si près, faisait cependant, par précaution, détruire tous les ponts sur ses derrières.

Le 5 octobre, les Américains, continuant leur marche, s'emparèrent d'une quantité considérable, d'approvisionnements militaires, et campèrent le soir au lieu même où les Anglais avaient couché la nuit précédente. Le colonel Johnson, envoyé pour reconnaître la force de l'ennemi, rapporta qu'il venait de s'arrêter, et qu'il paraissait dans l'intention d'accepter le combat. Proctor avait placé ses troupes sur une langue de terre fort étroite, flanquée d'un côté par un marais, de l'autre par la rivière, et couverte par une quantité de grands hêtres. Les Anglais, appuyés à la rivière et protégés par leur artillerie, formaient la gauche à droite, les Indiens, sous Tecumseh, étaient embusqués près du marais et dans les bois dont il était environné.

Harrison avait ordonné d'abord au colonel Johnson de se former sur deux lignes avec ses cavaliers, afin d'attaquer de front les Indiens; mais les broussailles dans lesquelles ceux-ci s'étaient embusqués, étant trop épaisses pour que la cavalerie pût agir contre eux, Harrison changea son ordre de bataille, et réunit ses forces contre les Anglais qui se trouvaient à sa droite. Les cavaliers, mis en ligne devant les brigades, chargent avec une telle impétuosité, qu'ils traversent les rangs des Anglais; ils se reforment ensuite sur leurs derrières,

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