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La marine ne consistait que dans dix frégates, quelques bâtiments légers et un certain nombre de chaloupes canonnières, employées à garder l'entrée des fleuves et des ports.

La guerre commença sur la frontière du Canada. Le général Hull, qui commandait dans le Michigan, s'avança dans le Canada, avec l'espoir de faire soulever le pays mais les Canadiens ne répondirent pas à son appel, et les Anglais, accourant avec des forces supérieures, le ramenèrent à Détroit. Ils l'y attaquèrent avec vivacité, et le firent capituler.

Cette première victoire donnait aux Anglais quarante barils de poudre, quatre cents boulets, cent mille cartouches, deux mille cinq cents fusils, vingt-cinq canons de fer et huit de bronze, dont la plupart avaient été pris sur l'ennemi, dans la guerre de l'Indépendance.

Mais la capitulation ne se bornait pas au fort de Détroit; elle s'étendait à tout le territoire, à tous les forts, à toutes les troupes qui se trouvaient dans le gouvernement du général Hull; elle comprenait les détachements des colonels Cass et M' Arthur, qui étaient à trente milles de distance. Il n'y eut pas même d'exception pour la petite troupe du capitaine Brush qui s'était établie vers la rivière Raisin; mais ce brave officier refusa de se rendre; et,forcé d'abandonner les munitions confiées à sa garde, il se retira du moins avec ses gens dans l'Etat d'Ohio. Les Anglais permirent aux miliciens ainsi qu'à la plupart des volontaires de se retirer chez eux; les troupes réglées et le général furent emmenés prisonniers à Québec.

Cette malheureuse capitulation excita chez les Américains un sentiment de vive douleur et d'indignation profonde. Le général Hull, échangé pour trente Anglais, fut traduit devant une cour martiale, sous l'accusation de trahison, de lâcheté, et d'une conduite indigne d'un officier. Il fut acquitté sur le premier chef, et condamné sur les deux autres la peine de mort fut prononcée: cependant, en considération de ses services passés et de son grand âge, on lui fit grâce de la vie; mais son nom fut à jamais rayé des contrôles de l'armée.

Les revers éprouvés sur terre, au début de la campagne, furent glorieuse

ment compensés, pour les Américains, par les succès éclatants de leurs opérations navales.

Au moment de la déclaration de guerre, une escadre, composée des frégates le Président, le Congrès, les EtatsUnis, et du brick le Hornet, se réunit, sous les ordres du commodore Rodgers, devant Sandy-Hook. Ces quatre bâtiments mirent en mer le 21 juin, à la poursuite du convoi des Indes occidentales, qu'on savait avoir fait voile le mois précédent. Ils rencontrèrent et chasserent la frégate anglaise la Belvidéra: le Président, qui marchait le mieux de l'escadre, vint à portée de canon du vaisseau ennemi; mais une explosion de gargousses, arrivée par accident à bord de la frégate américaine, entrava sa manœuvre et permit à la Belvidéra de s'échapper. L'escadre ensuite alla se montrer jusqu'à l'entrée de la Manche, parut en vue de Madère, des Açores, des îles de Terre-Neuve, et rentra definitivement à Boston le 30 août. Elle avait capturé, dans sa croisière, un assez grand nombre de navires marchands; et cependant ses succès n'étaient pas aussi considérables qu'on aurait pu l'espérer, parce qu'elle avait été contrariée constamment par un temps couvert et bru

meux.

D'un autre côté, la frégate la Constitution, capitaine Hull, était partie de la Chesapeake. Quatre frégates anglaises et le vaisseau de ligne l'Afrique lui donnèrent la chasse, le 17 juillet, devant Egg-Harbour. Surprise par le calme, et voyant arriver l'ennemi que favorisait une légère brise, la Constitution se préparait au combat; mais le calme s'étant également fait sentir aux vaisseaux qui la poursuivaient, la Constitution, par la supériorité de sa manoeuvre, eut le bonheur d'échapper au danger d'une lutte trop inégale, et de s'éloigner hors de la vue des Anglais.

Le 19 septembre, la Constitution découvre un navire qu'on reconnait pour être la Guerrière, frégate anglaise de premier rang. Cette fregate met en panne; la Constitution laisse arriver, vent arrière, sur la Guerrière, et le combat s'engage avec ardeur de part et d'autre. Trente minutes après que la Constitution avait rangé la Guerrière bord à

bord, celle-ci fut obligée d'amener, n'ayant pas un mât debout, et tellement criblée de boulets, que quelques volées de plus l'auraient certainement coulée : on fut même forcé de la brûler le lendemain de l'action. La Constitution avait infiniment moins souffert : elle ne comptait que sept tués et sept blessés, tandis que la Guerrière comptait cinquante morts et soixante-trois blessés.

Ce brillant avantage excita l'enthousiasme et répandit la joie dans toutes les contrées de l'Union. Partout les officiers de la Constitution furent accueillis par des acclamations et par l'expression de la reconnaissance publique. Le président en avança plusieurs; quant aux hommes d'équipage, le congrès vota 500,000 dollars à répartir entre eux, pour les dédommager d'avoir perdu leur prise.

Une série de victoires avait commencé pour les Américains.

Le commodore Porter, commandant la fregate Essex, avait appareillé de New-York le 3 juillet. Peu de temps après, il rencontre un convoi qu'escortait une frégate. Il se tient à distance pendant le jour, et s'empare, à la nuit, d'un brick ayant à bord cent cinquante soldats. Ces soldats, après avoir été désarmés, jurent qu'ils ne serviront pas contre l'Union, de toute la guerre, et sont laisses sur le brick qu'on avait rançonné. Si le commodore avait eu, dans ce moment, avec lui, soit une seconde frégate, soit une corvette, tandis qu'il aurait poursuivi l'engagement avec la frégate anglaise, son autre bâtiment aurait pu s'emparer du convoi, composé d'un assez grand nombre de navires qui portaient deux mille hommes de troupes. Le commodore, dans son rapport au secrétaire de la marine, exprimait un vif regret de l'insuffisance de ses forces.

Le 13 août, l'Essex, après une action de huit minutes, s'empara de la corvette l'Alerte. Enfin, ayant passé plus de deux mois à la mer, elle termina son heureuse croisière, et le 7 septembre elle entrait dans la Delaware.

Le 8 octobre, une escadre, composée des frégates le Président, les EtatsUnis, le Congrès, et du brick l'Argus, sortit de Boston. Le 13 du même mois, un fort coup de vent sépara les États

Unis et l'Argus, des deux autres frégates.

Celles-ci, peu de jours après, eurent la bonne fortune de capturer le paquebot anglais le Swallow ayant 200,000 dollars à bord, et rentrèrent le 30 décembre à Boston.

L'Argus fit une croisière de quatrevingt-seize jours, sortit avec autant d'habilité que de courage de plusieurs rencontres dangereuses, et revint à NewYork, avec des prises estimées à 200,000 dollars.

Le 25 octobre, la frégate les ÉtatsUnis, commandée par le commodore Décatur, s'empare, à la hauteur des les occidentales, de la Macédonienne, frégate anglaise de quarante-neuf canons et de trois cents hommes d'équipage. Dans ce combat, les Américains prouvèrent d'une manière incontestable que leur marine avait acquis une grande supériorité sur la marine anglaise.

Le commodore Décatur fut accueilli par ses concitoyens avec le même enthousiasme que le capitaine Hull; et leurs ennemis eux-mêmes ajoutèrent à ces ovations un tribut d'éloges pour la générosité avec laquelle les vaincus furent traités.

La corvette américaine le Wasp, commandée par le capitaine Jones, mit en mer le 13 octobre. Le 17 au soir, elle découvrit plusieurs voiles, et, le jour suivant, elle reconnut que ces voiles formaient un convoi, sous l'escorte du Frolick, brick de vingt-deux canons, et de deux autres navires, armés chacun de douze canons. Le Frolick, ayant fait filer tout le convoi, reste en arrière. Il s'engage alors entre le Wasp et le Frolick un combat terrible, à la suite duquel le Frolick tombe au pouvoir du Wasp. Cette victoire était d'autant plus honorable pour les Américains, que le Frolick était d'une force bien supérieure à celle du Wasp. Celui-ci, toutefois, avait éprouvé de grandes avaries dans sa mature, de sorte qu'il ne put échapper au Poitiers, vaisseau anglais de soixante-quatorze, qui survint après le combat, et s'empara facilement du Wasp et de sa prise. La république se montra reconnaissante et généreuse envers Jones et son équipage; le capitaine, échangé quelque temps après, reçut le commandement de la

frégate la Macédonienne, que le commodore Décatur avait capturée.

Tandis que la marine de l'État se couvrait de gloire, les vaisseaux armés par des particuliers se signalaient également par de nombreux exploits. Il faut remarquer, à l'honneur des Américains, que leurs corsaires eurent toujours à cœur de montrer qu'ils ne ressemblaient pas à ceux des autres nations, qu'ils étaient soumis aux mêmes règles que les vaisseaux de l'État, et que le désir de servir la patrie, plutôt que la cupidité, présidait à leur armement. C'est une justice que les Anglais leur rendirent eux-mêmes, lorsqu'ils surent avec quelle humanité les vainqueurs avaient toujours traité leurs prisonniers.

Ainsi, les premières opérations navales des États-Unis contre l'Angleterre eurent pour résultat la prise de deux de ses plus fortes frégates par deux frégates américaines, et la capture plus glorieuse encore d'un brick par un bâtiment de force évidemment inférieure. Il fut prouvé de plus, par des rapports authentiques, que, dans cette campagne, l'Union s'était emparée de deux cent cinquante navires, dont cinquante étaient armés; qu'elle avait pris cinq cent soixante-quinze canons et fait trois mille prisonniers. Pour contre-balancer cette perte immense, l'ennemi n'eut que de faibles succès à présenter. La croisière du commodore américain Rodgers avait beaucoup facilité la rentrée des navires marchands.

Les succès imprévus de la marine américaine contrastaient d'une manière frappante avec la défaite de l'armée de terre. Et cependant c'était pour la première qu'on éprouvait d'abord les craintes les plus vives; c'était dans la dernière qu'on avait mis tout espoir.

L'Angleterre, atteinte dans le principe même de sa force, fut cruellement blessée vainement chercha-t-elle, pour ses revers, des déguisements, des explications ou des excuses. Un comité d'enquête, chargé de constater sérieusement l'état des choses, déclara que, par une inconcevable négligence, la marine anglaise était dégénérée: on lui recommandait, en conséquence, un redoublement de zèle et d'efforts, afin de remonter à la hauteur d'où l'on ne pouvait nier

qu'elle ne fût descendue. Sur ces entrefaites, l'empereur de Russie, devenu ennemi de la France, offrit sa médiation aux deux puissances, pour faire cesser leur querelle; mais le cabinet de Londres exigeait, avant toutes conditions, que les États-Unis se soumissent au droit de visite. Les Américains n'y pouvaient consentir la médiation devint inutile.

Durant ce temps, on procédait à l'élection du président. Madison fut réélu, et continua de diriger la guerre qu'il avait commencée.

Encouragés par leurs succès maritimes, les Américains étaient sortis de l'espèce de stupeur où les avait plongés la reddition du général Hull ; ils se préparèrent à tenter de nouveau sur terre la fortune des armes. Dans l'ouest, dans le sud, des corps de volontaires tout équipés se réunirent comme par enchantement. La Pensylvanie, la Virginie, mais surtout le Kentucky, l'Ohio, le Ténessée firent des préparatifs de guerre avec une étonnante rapidité. Les femmes elles-mêmes rivalisaient de zèle avec les hommes: partout elles préparaient les uniformes, les havre-sacs de leurs maris ou de leurs parents, et mettaient à la disposition des soldats tout ce qui pouvait leur être utile. Des compagnies entières furent levées, armées, équipées en un seul jour, et prétes à se mettre le lendemain en campagne.

La guerre se poursuivit encore sur les frontières du Canada.

Le rendez-vous des détachements divers était à Rapids. Le commandement en chefde toutes ces troupes, qui recurent le nom d'armée du nord-ouest, fut confié par le président au major général Harrison. Ce général songea d'abord à porter du secours aux postes de la frontiere, au fort Harrison, sur le Wabash, au fort Wayne, construit au bord du Miami, sur la route de Rapids. Il y avait lieu de craindre que ces forts, ainsi que le fort Dé. fiance, situé plus bas, ne fussent attaqués par les Anglais, qui devaient essayer de couper la route qui conduit à Detroit. Le général Harrison arrive au fort de Wayne, le 12 septembre, avec deux mille hommes. Là, ne voulant pas marcher sur Rapids, avant d'avoir été rejoint par le reste des troupes, il envoie le co

lonel Wells et le général Payne ravager les bourgades des Indiens, prenant luimême part à ces opérations. De retour au fort Wayne, il y trouva le général Winchester avec un renfort considérable. Ce dernier ayant d'abord été désigné comme devant commander en chef, le général Harrison, qui n'avait pas encore reçu ses lettres de commandement, crut devoir retourner dans l'Indiana; mais la nouvelle de sa nomination lui parvint en route: il revint sur ses pas, et reprit le commandement le 23 septembre.

Cependant, Winchester était parti pour se rendre au fort Défiance, et se porter ensuite à Rapids où, comme nous l'avons dit, toute l'armée devait se réunir. Après une marche pénible, ses troupes, accableés de fatigue et commençant à manquer de vivres, apprennent à leur arrivée que le fort Défiance est occupé par les Anglais, et que les Indiens sont campés à deux milles en avant. Malgré ce contre-temps, lorsqu'elles eurent reçu des vivres, elles contínuèrent de s'avancer vers la place, dont elles reprirent possession, les Anglais et les Indiens s'étant empressés de l'évacuer à leur approche.

Le 4 octobre, le général Harrison quitta le fort Défiance, dans lequel il s'était établi, et retourna dans l'intérieur, pour faire avancer le centre et l'aile droite de son armée. Il laissa la gauche sous le commandement de Winchester; mais, avant de partir, il avait donné l'ordre au général Tupper de se rendre immédiatement avec un millier d'hommes à Rapids, et d'en chasser l'ennemi. Winchester et Tupper marchaient ensemble.Le premier ordonne à toutes les troupes de faire une battue dans les environs, afin de s'assurer du nombre des Indiens qu'on y pouvait rencontrer; le second lui représente en vain qu'une pareille poursuite, en fatiguant ses troupes, devait nécessairement retarder, sinon arrêter tout à fait, son départ pour Rapids: Winchester, usant de son droit d'ancienneté, destitue de son commandement le général Tupper, et le remplace par le colonel Allen; mais les volontaires et les miliciens de l'Ohio, voyant qu'on leur ôtait leur général, refusent de servir plus longtemps, et se mettent en route

pour retourner dans leur pays. Ainsi fut manquée totalement l'expédition préparée: dès lors, avant de rien entreprendre contre Rapids, encore moins contre Détroit, il fallut attendre les autres divisions de l'armée.

Après sa querelle avec le général Winchester, Tupper reçoit le commandement de la division du centre, avec ordre d'aller au fort M'Arthur. Là, ce général prépare une nouvelle expédition contre Rapids, qui se trouvait toujours entre les mains de l'ennemi. Six cents hommes, ayant pour cinq jours de vivres, viennent jusqu'en vue du poste qu'ils voulaient attaquer; mais harcelés par une multitude d'Indiens à cheval, et ne pouvant traverser la rivière à cause de là rapidité du courant, ils sont obligés de revenir au fort M'Arthur. De ce moment, on dut renoncer au projet de s'emparer de Rapids.

Les chefs ne sachant pas s'entendre, et les soldats ne voulant pas obéir, les expéditions dont nous avons parlé n'avaient produit aucun résultat. Dans le même temps à peu près, des volontaires qu'on n'avait pas employés, parce que le gouvernement ne pouvait leur fournir les provisions nécessaires, se réunissent d'eux-mêmes à Vincennes, avec l'autorisation du gouverneur du Kentucky. Ils étaient au nombre de quatre mille, presque tous à cheval. Sous la conduite du général Hopkins, ils se rendent à leur tour au fort Harrison, le 10 octobre, dans l'intention d'aller attaquer les bourgades des Kickapoos et des Péorias, éloignées, les premières de quatre-vingts, les secondes de cent vingt milles. Ils se mettent en route; mais, au bout de quatre jours de marche, fatigués par les hautes herbes des savanes qu'ils avaient à traverser, découragés par un incendie qui s'alluma par hasard dans ces herbes sèches, ils refusent d'obéir à leurs chefs et d'avancer plus loin. Le général est obligé de revenir avec eux au fort Harrison. L'indiscipline des volontaires, dont le zèle se ralentissait trop facilement, compromettait sans cesse toutes les opérations.

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Par compensation, le même général Hopkins fit ensuite une expédition plus heureuse. Avec douze cents hommes et sept bateaux, il remonta le Wabash, et

détruisit trois villages de cent vingt cabanes, ainsi que les provisions de blé que les Indiens avaient faites pour l'hiver. Dans cette occasion, du moins, les miliciens firent preuve de constance et de subordination.

Dans les premiers jours de septembre, les Indiens attaquèrent, pendant la nuit, le fort Harrison; et comme ce fort était construit en bois, ils y mirent aisément le feu. Mais le commandant, avec une présence d'esprit admirable, ordonna d'enlever les planches qui servaient de toit; il se mit lui-même à l'ouvrage; et, malgré la fusillade continuelle des sauvages, on arrêta bientôt l'incendie. Les Indiens se retirèrent, et ne firent plus de tentative contre le fort, qui, du reste, fut secouru quelques jours après par le général Hopkins.

Sur la riviere Missisinewa, branche du Wabash, le lieutenant-colonel Campbell détruisit quelques villages.

Outre ces expéditions, il s'en fit plusieurs autres, dans lesquelles se distinguè rent particulièrement les milices d'indiana, d'Illinois et du Missouri. Harrassés par ces nombreuses attaques, les Indiens commencèrent à se repentir de s'être étourdiment engagés dans la guerre. Privés de moyens de subsistance, ils furent forcés d'en aller chercher aux établissements anglais, qui se trouvaient fort éloignés, et d'emmener avec eux leurs femmes et leurs enfants. Pendant tout l'hiver, les habitants des frontières demeurèrent à l'abri de toute incursion des sauvages.

D'autres événements avaient lieu sur la frontière septentrionale, depuis Niagara jusqu'au fleuve Saint-Laurent. On avait dirigé de ce côté des compagnies de volontaires et des recrues; ces troupes, bien exercées, étaient commandées par des officiers expérimentés. Il y avait fieu d'espérer qu'au mois d'octobre, on aurait pu tenter avec succès une incursion sur le haut Canada; mais ce projet fut contrarié par le refus des gouverneurs de Massachussets, de Newhampshire et de Connecticut, de permettre aux miliciens de ces Etats de marcher conformément aux réquisitions du président. Les milices ainsi paralysées étaient les mieux diciplinées de l'Union. De grands magasins militaires avaient été

formés sur différents points. Toutes les forces réunies se montaient à huit ou dix mille hommes. La division du général Van Reusslaer fut nommée l'armée du centre, et celle que commandait le général Dearborn reçut le nom d'armée du nord.

L'armée du centre fut témoin d'un succès naval, qui servit puissamment à exciter son zèle.

Le lieutenant Elliot, un des marins envoyés sur les lacs, s'empara, le 10 octobre, des bricks anglais le Détroit et la Caledonia, sortis de Malden et mouillés sous la protection du fort Erié, presque en face de Blackrock, appartenant aux Américains. Comme le vent n'était pas assez fort pour qu'on pût remonter le courant, on fit échouer les deux navires. La Caledonia se trouvant sous la protection des canons de Blackrock, fut sauvée; quant à l'autre bâtiment, les Américains n'eurent que le temps d'en enlever les objets de valeur, et furent obligés de le brûler. On prit sur la Caledonia pour 150,000 dollars de fourru

res.

Le général Van Reusslaer, voulant profiter de l'enthousiasme qu'avait causé cette victoire, résolut d'attaquer les hauteurs fortifiées de Queenstown.

Les Anglais étaient sur leurs gardes; mais les Américains, bravant le feu de l'ennemi, attaquèrent avec furie. Dans trois engagements successifs ils furent trois fois victorieux; mais les Anglais s'étant ralliés et les miliciens ayant refusé de se battre plus longtemps, il fallut songer à la retraite. Les Américains perdirent mille hommes tant tués que blessés et prisonniers. Les Anglais, dont on ne connut pas exactement la perte, eurent particulièrement à regretter le général Brock, mortellement blessé dans le second engagement. Pendant la cérémonie funèbre du général, les Américains, voulant honorer en lui la mémoire d'un ennemi brave et généreux, avaient tiré plusieurs salves de toute leur artillerie.

Dans le même temps, le fort Georges, occupé par les Anglais, ouvrit son feu sur le fort américain de Niagara. Ces deux forts, situés presque en face l'un de l'autre, à l'entrée de la rivière du Niagara, s'envoyèrent, à deux reprises.

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