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Le mulâtre, furieux d'être obligé de subir l'autorité du vieux nègre qu'il avait tant de fois insulté, partit pour la France, le 29 juillet 1800, suivi de quelques chefs, parmi lesquels étaient Pétion et Boyer. Beaucoup d'autres hommes de couleur, soit par vanité, soit par crainte des vengeances, se retirèrent aux États-Unis avec leurs familles. Le triomphe des noirs était assuré. Cet événement complète la troisième phase de la révolution de Saint-Domingue. Toussaint-Louverture règne sans rival, et son administration témoigne qu'il était digne de son rang.

Néanmoins des réactions sanglantes suivirent la victoire; Toussaint les toléra, mais en en laissant tout l'odieux au féroce Dessalines. Ce chef noir, aveugle dans ses passions et dans ses fureurs, parcourut les habitations le fouet et le sabre à la main, exterminant les mulâtres, jusqu'à ce que, fatigue de cruautés trop lentes, il les fit noyer par centaines. On assure que plus de dix mille mulâtres de tout âge et de tout sexe périrent par ses ordres. Lorsque Toussaint jugea qu'on avait fait assez pour inspirer la terreur à ses ennemis, il fit arrêter les massacres et recommencer les travaux. La province du sud, dévastée par la dernière guerre, fut remise en culture. Les colons réfugiés soit aux ÉtatsUnis, soit dans les autres Antilles, furent invités à se remettre en possession de leurs propriétés. L'autorité des noirs était si bien affermie, que les affranchis purent rappeler leurs anciens maîtres et leur rendre les biens qu'ils avaient perdus. Les blancs, qui savaient quelque gré aux nègres d'avoir maltraité les mulâtres, qui recevaient d'ailleurs de Toussaint des égards particuliers, oublièrent leur ancien orgueil, et acceptèrent les bienfaits du vieil esclave devenu chef de la colonie.

Il sut aussi s'attacher le clergé par le respect qu'il témoignait aux prêtres et par tous les dehors d'une dévotion Trofonde.

De bons administrateurs étaient placés à la tête des finances. Les habitations qui restaient sans propriétaires étaient affermées aux chefs militaires, moyennant de fortes redevances. Les revenus augmentaient de jour en jour, et les services publics étaient assurés. Une discipline exacte régnait dans l'armée et dans toute la hiérarchie du gouvernement. Jamais un ordre aussi parfait n'avait régné à Saint-Domingue. Il est vrai que Toussaint avait une justice sommaire qui le faisait promptement obéir. Les nègres d'une habitation s'étant révoltés, il les fit rassembler sur la place d'armes du Cap, où, après quelques questions, il désigna ceux qui devaient expier la faute de tous. « Sur la mine et sur la réponse équivoque, dit Pamphile de Lacroix, il ordonnait individuellement à chacun des noirs d'aller se faire fusiller. Les victimes qu'il désignait ne murmuraient pas; elles joignaient les mains, baissaient la tête, s'inclinaient humblement devant lui, et allaient avec conviction, soumises et respectueuses, recevoir la

mort. »

Il savait bien que les blancs ne pouvaient l'aimer; cependant leurs réclamations étaient accueillies avec la même faveur et avec plus de courtoisie que celles de ses frères d'armes. Il ne se vengeait des blancs qu'en les nommant à des emplois qui les mettaient directement sous sa dépendance. Une garde dont il s'entoura, et à laquelle il donna le costume des anciens gardes du corps, fut composée en grande partie d'hommes de l'ancien régime et des colons de noble descendance. Ces hommes orgueilleux, qui n'avaient pas voulu reconnaître la suprématie de la France, consentaient maintenant à monter la garde à la porte du chef africain.

Toussaint ne se dissimulait pas combien sa position était difficile. Les mépris secrets des blancs, la haine des mulâtres, les méfiances de la métropole le tenaient dans une position précaire, dont il éprouvait le besoin de sortir. Il disait à ses confidents : J'ai pris « mon vol dans la région des aigles. Il faut « que je sois prudent en regagnant la << terre je ne puis plus être placé que « sur un rocher, et ce rocher doit être « l'institution constitutionnelle, qui me

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⚫ garantira le pouvoir, tant que je serai parmi les hommes. »

C'était là en effet le projet qui le préoccupait le plus, depuis que l'anéantissement du pouvoir des mulâtres l'avait laissé seul maître de l'autorité. Il comprenait que cette autorité ne reposait encore que sur la reconnaissance plus ou moins désintéressée, plus ou moins durable d'un gouvernement lointain. Il voulait bien en être l'instrument unique et suprême, mais non pas un instrument que put briser un ca price ministériel. C'est surtout dans cette pensée qu'il méditait une constitution qui pût être pour lui une sauvegarde.

Mais il fallait auparavant que ses triomphes fussent complets par la soumission entière de Saint-Domingue à l'autorité française. Malgré les stipulations du traité de Bâle, toute la partie orientale restait entre les mains des Espagnols. Rigaud n'était pas encore soumis, que Toussaint se mettait en mesure de faire exécuter le traité de 1795. Pressé par lui, le commissaire Romme envoya le général Agé à San-Domingo pour y faire la prise de possession au nom du peuple français.

Mais les Espagnols cachaient mal le désir qu'ils avaient d'éluder le traité. Le général Agé s'étant présenté presque seul, courut de grands risques de la part d'une multitude fanatique, qui regardait avec horreur les républicains français, et il dut se retirer promptement pour sauver sa vie. Toussaint, enflammé de colère, écrivit au gouverneur espagnol don Joachim Garcia, pour lui demander satisfaction de l'insulte faite à l'envoyé francais, et sa lettre était appuyée d'une armée de dix mille hommes qui marchait par le nord sur Santiago, tandis que lui-même se dirigeait par l'ouest sur la capitale. Don Joachim ne tenta pas de résister, et le 16 janvier 1801 le pavillon tricolore flottait sur les murs de San-Domingo. Toussaint, fidèle à ses habitudes religieuses, se rendit à l'église avec les autorités espagnoles et y fit chanter le Te Deum.

Rien ne manquait alors à la gloire de Toussaint. Il avait chassé les Anglais, soumis les Espagnols, dompté les mulâtres abaissé les blancs et tenu

sous sa dépendance les agents de la métropole. Il se crut assez fort pour proclamer la constitution.

Pour lui donner plus d'autorité aux yeux de la France, et en faire un acte mémorable de consentement public, il la soumit à la sanction d'un certain nombre de colons blancs, qu'il avait réunis en assemblée, nommée par lui assemblée centrale de Saint-Domingue.

Vainement le général Vincent avaitil tenté de le détourner de ce projet : l'exemple de Bonaparte l'avait séduit, et il en avait fait un argument au commissaire français, qui devait, certes, être embarrassé d'y répondre.

La constitution fut proclamée le 2 juin 1801. Elle laissait à la France un droit purement nominal de suzeraineté, mais assurait réellement l'indépendance, par la nomination de Toussaint aux fonctions de gouverneur et président à vie, avec le droit d'élire son successeur, et de nommer à tous les emplois. De plus, l'ile était appelée à faire ellemême ses lois : la justice devait être administrée et les arrêts rendus au nom de la colonie française de Saint-Domingue.

Vincent fut chargé d'aller présenter la constitution aux chefs du gouvernement français. Il comprit que sa mission était finie, et s'empressa de recevoir le passe-port que lui offrait ToussaintLouverture.

Celui-ci ne pouvait se dissimuler qu'il venait d'accomplir une tentative hardie. Les prétentions de la métropole sur Saint-Domingue lui étaient connues; mais il comptait quelque peu sur les difficultés où elle etait engagée dans sa lutte contre l'Europe coalisée. Toutefois, il redoubla de soins pour affermir son gouvernement et pour développer le bien-être de la colonie. Les services publics furent rétablis, les finances organisées, les routes réparées, les villes incendiées partout rebâties.

L'armée est bien exercée et bien payée; la discipline y est sévère jusqu'à la cruauté. Ces hommes à peine délivrés du fouet de l'esclavage ont souvent besoin de leçons sanglantes. Toussaint montre comment il veut être obéi, en faisant fusiller son neveu, qu'il chérissait, le général Moïse, pour avoir

maltraité les blancs de son quartier. Il entend que sous sa domination les ressentiments de race disparaissent; ou plutôt il veut enlever aux anciens colons tout sujet de plainte qui puisse justifier l'intervention de la métropole.

Des détails très-intéressants sur cette époque de la vie de Toussaint nous ont été transmis par le général Pamphile de Lacroix; nous en rapporterons quelques-uns.

La vie du vieil esclave de Bréda était alors celle d'un prince, et il en remplissait le rôle non-seulement avec une haute intelligence, mais aussi avec une grande aisance de manières

Il avait divisé ses audiences en grands et en petits cercles. Aux grands cercles, lorsqu'il se présentait, toutes les personnes réunies dans la salle se levaient sans distinction de sexe. Il exigeait les plus grands respects, surtout des blancs. Entouré d'un brillant état-major, il se faisait remarquer par la simplicité de son costume; mais il aimait beaucoup à voir ses officiers bien tenus, et excitait toujours les nègres à prendre exemple sur les blancs.

Les petits cercles étaient des audiences publiques, qui avaient lieu tous les soirs; il y portait le costume des anciens propriétaires sur leurs habitations, c'est-à-dire un pantalon et une veste blanche en toile très-fine, avec un madras autour de la tête. Après avoir fait le tour de la salle, et parlé à chacun, il introduisait dans une pièce voisine les personnes avec lesquelles il voulait passer la soirée. L'entretien prenait alors un caractère sérieux, et roulait sur les affaires administratives, la religion, l'agriculture, le commerce. Lorsqu'il voulait qu'on se retirât, il se levait et faisait une profonde révérence, accompagnait ses hôtes jusqu'à la porte et assignait des rendez-vous à ceux qui demandaient à l'entretenir en particulier. Puis, il s'enfermait avec ses serétaires, et travaillait ordinairement

avant dans la nuit, ne consacrant lus de deux heures au sommeil : car at parvenu à dompter les besoins on corps comme les passions de me. Sa sobriété était excessive, isait publiquement parade d'une e réserve dans ses mœurs, ren

voyant sans façon les dames et les jeunes filles, noires ou blanches, qui se présentaient trop décolletées, « ne concevant pas, disait-il, que des femmes honnêtes pussent ainsi manquer à la décence. >>

Il se montrait de préférence empressé auprès des blanches, leur donnant toujours le titre de madame, et appelant citoyenne les femmes de couleur et les noires.

Sa plus grande joie était de prouver aux nègres sa supériorité sur eux. Comme Louis XIV, il était flatté de voir ses officiers l'approcher avec un trouble occasionné par le respect; et si quelque noir se présentait devant lui d'un air assuré, il se plaisait à l'humilier en lui adressant quelques questions sur le catéchisme et l'agriculture, qui démontraient l'ignorance du pauvre nègre et la capacité de son général.

Aussi tous les noirs le considéraient comme un être extraordinaire; les soldats le révéraient comme leur bon génie, et les cultivateurs se prosternaient devant lui comme devant la divinité de leur race. Ses officiers et ses généraux étaient en sa présence tout tremblants, et même le féroce Dessalines, dit M. de Lacroix, n'osait le regarder en face.

Malgré la violence de ses passions intérieures, il s'était étudié avec tant de soin à dissimuler ses pensées, qu'il était devenu impénétrable même pour ceux qui vivaient dans son intimité. Il lui fallait cet empire sur lui-même pour cacher la haine profonde qu'il portait aux blancs, dont il avait besoin pour former l'éducation de son peuple nouveau. C'était beaucoup que de comprendre la nécessité d'employer de préférence les anciens tyrans de sa race; c'était plus encore que de commander aux souvenirs d'anciens ressentiments, et de voiler sous des égards empressés les fureurs d'une âme qui aspirait à la vengeance. Quelquefois cependant son impassibilité ordinaire se démentait, lorsqu'on nommait devant lui des hommes qui dans nos assemblées publiques avaient parlé contre les noirs. Aussi, avait-il défendu qu'on prononçât leurs noms en sa présence, parce qu'il s'était aperçu que malgré lui ses yeux s'en

flammaient de colère. Lorsqu'il lui arrivait par hasard de les nommer luimême, on voyait chez lui des frémissements concentrés.

Avec ses nègres, il était quelquefois enjoué et familier, quelquefois sévère et hautain. Il aimait à les haranguer et à leur parler en paraboles, qui exerçaient toujours un grand effet sur ces âmes naïves. Il employait souvent celle-ci : « Dans un vase de verre plein de grains de maïs noir, il mêlait quelques grains de maïs blane, et il disait à ceux qui l'entouraient: Vous êtes le maïs noir, les blancs qui voudraient vous asservir sont le maïs blanc Il remuait le vase, et, le présentant à leurs yeux fascinés, il s'écriait en inspiré Guette blanc ci la la c'est-àdire: Voyez ce qu'est le blanc proportionnellement à vous (1) ».

Ce n'était pas sans inquiétude que Toussaint attendait des nouvelles de la France. Il était, non sans raison, fier de son ouvrage; mais tout en proclamant hautement que le gouvernement français lui devait de la reconnaissance, il craignait l'intervention jalouse et presque toujours maladroite de la métropole. Il aurait bien voulu que le premier consul, rendant justice à ses mérites, l'appuyåt dans son œuvre, et il était tout disposé à se montrer son fidèle auxiliaire. Il lui écrivit une lettre, dans laquelle il lui témoignait toutes ses sympathies. Cette lettre portait pour suscription: Le premier des noirs au premier des blancs. Bonaparte ne daigna pas répondre; ce silence, qui était évidemment pour Toussaint une menace ou un signe de mépris, l'indigna vivement.

Il est certain que Bonaparte méconnut le chef noir, et ne comprit pas l'état intérieur de Saint-Domingue. Il ne prit conseil que de gens prévenus, de colons entêtés, et d'anciens agents mécontents.

Le général de Laveaux, qui aurait pu lui faire connaître la véritable situation des choses, était en disgrâce, et ne put obtenir de lui une audience (2). Le premier consul était d'ailleurs préoccupé de l'idée de rendre à la France tous les avantages qu'elle avait possédés, et la riche colonie de Saint-Domingue était une

(1) Révolution de Saint-Domingue.

(2) Pamphile de Lacroix, Révolution de SaintDomingue.

trop belle reprise pour qu'il voulût y renoncer. On a prétendu aussi qu'il voulait dans cette expédition lointaine se débarrasser des anciens soldats de Moreau; c'est là une accusation qui n'a pas de sens : il avait trop d'occasions de sacrifier des soldats, pour pouvoir jamais en être embarrassé.

La paix d'Amiens venait d'être signée, lorsque Bonaparte résolut d'accomplir le projet qu'il méditait. Une armée, composée des vétérans de la république, fut mise sous les ordres du général Leclerc, beau-frère du premier consul, et une flotte considérable confiée au commandement de l'amiral Villaret-Joyeuse.

Les chefs de l'expédition partaient avec la ferme conviction qu'ils n'avaient qu'à se présenter pour prendre possession de l'île. Leclerc comptait y trouver pour lui une position de souverain, et il emmenait sa femme pour y faire les honneurs de son gouvernement. On ne saurait se faire une idée de la folle imprévoyance des directeurs de l'entreprise : ils croyaient trouver à Saint-Domingue du blé comme en Égypte (1), et s'imaginaient que les nègres, épouvantés à leur aspect, déposeraient aussitôt les armes. Les fanfarons créoles offraient à Leclerc d'aller arrêter Toussaint dans l'intérieur du pays avec soixante grenadiers, et Leclerc les croyait. Malenfant, qui devait faire partie de l'expédition en qualité d'inspecteur, fut renvoyé de Brest à Paris par le général en chef, parce qu'il chercha à le détromper.

A la fin de décembre 1801, Toussaint avait appris à Saint-Domingue l'expédition qui se préparait; aussitôt toutes ses mesures furent prises : il fortifia ses places, concentra ses troupes, parcourut les côtes et les points les plus importants de l'intérieur, et attendit dans une sombre agitation l'approche de l'orage.

Vers la fin de janvier 1802, les premiers vaisseaux parurent en vue de la côte. Lorsque Toussaint, qui était accouru, vit la flotte immense réunie dans la baie de Samana, il fut un instant saisi de découragement : « Il faut périr, ditil, la France entière vient à Saint-Dovient mingue; on l'a trompée : elle y pour se venger et asservir les noirs. Il faut périr.

(1) Malenfant.

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