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Les Anglais vainqueurs négligèrent cependant de cultiver leur nouvelle possession. Pendant près d'un siècle, ils ne s'occupèrent que de courses mariti mnes, continuant la vie aventureuse qui les avait amenés sur ces rivages.

En 1750, ils furent à leur tour attaqués par un corps espagnol de 1,200 hommes, qui n'eurent pas de peine à triompher. Après l'expulsion totale des Anglais, les Espagnols se retirèrent, laissant toutefois à Sainte-Croix une faible garnison pour repousser l'agression des Anglais, s'ils étaient tentés de revenir. Mais quelques mois après, 160 Français, venus de Saint-Christophe, attaquèrent les Espagnols, qui, sans opposer de résistance, les mirent en possession de l'île.

Pour cultiver leur nouvelle conquête, les Français furent obligés de détruire les épaisses forêts qui, interceptant l'air, entretenaient dans l'ile une constante humidité et produisaient de vastes marécages. Cependant, c'était une tâche herculéenne, et impossible pour un si petit nombre de travailleurs. ils résolurent donc d'employer le feu, et se retirèrent sur leurs vaisseaux, pendant que l'île entière était en flammes. L'incendie dura plusieurs mois, et ne s'éteignit que faute d'aliments, laissant une surface nue, mais devenue plus fertile par cette combustion universelle.

Bientôt le sol cultivé récompensa largement les efforts des colons. De nouveaux aventuriers accoururent; et, dès l'année 1661, l'île comptait 822 blancs, assistés d'un nombre considérable d'esclaves.

Cependant, la principale source de richesse pour les habitants était un commerce de contrebande avec les Danois de Saint-Thomas. Mais les compagnies privilégiées auxquelles avait été concédée l'île, voulurent empêcher ce trafic : alors les colons, qui voyaient leur prospérité arrêtée dans son essor, abandonnèrent, les uns après les autres, une île devenue, pour ainsi dire, inhospitalière. En 1696, on ne comptait plus que 147 blancs de tout sexe et 623 esclaves. Ces derniers débris de la colonie n'y restèrent pas même longtemps, et SainteCroix fut bientôt sans un habitant, sans une seule plantation.

Pendant trente-sept ans, elle demeura

solitaire et inculte, lorsqu'en 1733 elle fut vendue par le gouvernement français aux Danois pour une somme de 320,000 fr.

Cette île était particulièrement utile aux Danois, à cause de la proximité de Saint-Thomas, où se transportèrent tous les produits de la nouvelle possession. La culture reprit avec vigueur; les colons accoururent, et les esclaves y furent amenés en foule. Cinquante ans après l'acquisition faite des Français, on comptait environ 40,000 nègres cultivateurs dans les îles de Saint-Thomas, Sainte-Croix et Saint-Jean.

Les produits de ces îles consistent principalement en coton et en sucre. La récolte annuelle du premier article est de huit cents balles, et celle du second de quatorze millions de livres. Du café, du gingembre, du bois de marqueterie forment les autres branches de commerce. Le tout est exporté par quarante navires de 120 à 300 tonneaux. Sainte-Croix fournit seule les cinq septièmes des produits.

Sainte-Croix, dit Raynal, est divisée en 350 plantations. Chaque plantation contient 150 arpents de 40,000 pieds carrés. Les deux tiers du territoire sont propres à la culture du sucre, et le propriétaire peut consacrer à cette culture environ 80 arpents, dont chacun lui donnera, année moyenne, seize quintaux de sucre, sans compter les mélasses. Le reste peut être employé en cultures moins importantes.

La position secondaire du Danemark parmi les puissances européennes l'empêcha de prendre une part active aux grandes guerres entre la France et l'Angleterre; ses colonies ne furent point troublées pendant les luttes de la révolution et de l'empire. Il conserva ce qu'il possédait, sans avoir aucune chance d'y ajouter, mais aussi sans la crainte de perdre. La faiblesse même de la métropole sert à protéger les colonies.

COLONIE SUÉdoise.

Saint-Barthélemy.

Saint-Barthélemy forme pour les Suédois une possession solitaire, au milieu du vaste archipel des Antilles. La faible

étendue du territoire, la pauvreté du sol, le voisinage d'îles riches et considé rables, ont contribué à jeter de l'obscurité sur l'époque de sa découverte. Pendant deux siècles, Saint-Barthélemy demeura étranger à l'histoire européenne.

Cependant, en 1648, cinquante Français, venus de Saint-Christophe, prirent possession de cette petite île, quoiqu'elle n'offrit pas beaucoup de ces richesses qui tentaient alors les aventuriers. En 1653, la colonie ne comptait pas plus de 170 blancs ils avaient entre eux tous 50 esclaves, qui, avec 64,000 cocotiers, formaient toutes leurs richesses. En l'année 1656, ils furent attaqués par une troupe de Caraïbes venus de Saint-Vincent et de la Dominique : tous les colons qui tombèrent entre les mains de ces guerriers sauvages, furent impitoyablement massacrés. De longues années s'écoulèrent avant qu'on pût réparer les désastres de cette subite irruption. Cependant, en l'année 1760, les blancs étaient au nombre de 400 avec 500 nègres.

L'île de Saint-Barthélemy a environ six lieues de circonférence, et serait presque sans valeur, si elle n'avait un exellent port.

Le sol est loin d'être fertile; et sa surface présente un aspect extrêmement irrégulier, à cause du grand nombre de collines qui la coupent en tous sens. Depuis la première colonisation jusqu'en 1785, cette île n'a pas connu d'autres maîtres que les Français. A cette dernière époque, elle fut cédée à la Suède, qui la conserve encore de nos jours.

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étroit canal, qui n'est navigable que pour les barques au-dessous de cinquante tonneaux. Les habitants l'appellent Rivière salée.

La partie orientale se nomme GrandeTerre; elle a vingt-cinq lieues de long sur six de large la partie occidentale se nomme Basse-Terre; elle a quatorze lieues sur cinq.

Le sol est très-fertile et produit du sucre, du café, du coton, de l'indigo et du gingembre. On en exporte aussi un nombre considérable de cuirs.

La Guadeloupe, dédaignée par les Espagnols au moment de la découverte, demeura encore, pendant environ cent cinquante ans, au pouvoir des Caraïbes, aucun Européen n'ayant, durant toute cette période, tenté de s'y établir. Ce ne fut qu'en 1635 que six cents Français, sous la conduite de MM. Lolive et Duplessis, s'embarquèrent à Dieppe et arrivèrent à la Guadeloupe le 28 juin. Mais les chefs de l'expédition avaient si mal pris leurs mesures, que deux mois après le débarquement toutes les provisions étaient épuisées. Ils s'adressèrent aux Caraïbes; mais ceux-ci dans leur vie simple et oisive ne faisaient pas d'épargnes. On attribua leurs refus à la mauvaise volonté, et ils furent attaqués par les nouveaux venus, avec toute la violence d'hommes désespérés.

Les malheureux Indiens, incapables de résister aux armes à feu, détruisirent eux-mêmes leurs cabanes et leurs plantations, et se retirèrent, les uns dans cette partie de l'île appelée depuis Grande-Terre, les autres dans les îles avoisinantes. Cependant, les plus résolus retournèrent dans les parties habitées par les envahisseurs, se cachèrent dans les montagnes et les bois, et commencèrent une guerre de surprises et d'embûches. Tous les Français qui se détachaient pour aller à la chasse ou à la pêche étaient massacrés sans pitié. Chaque nuit, les faibles maisons étaient brûlées et les provisions détruites.

Une horrible famine fut la conséquence de ces ravages. Les souffrances des nouveaux colons furent si vives, que plusieurs d'entre eux, qui avaient été autrefois captifs des Algériens, regrettaient leurs jours d'esclavage. Leur triste situation fut enfin connue du

L'UNIVERS.

gouvernement de la Martinique, qui leur envoya des provisions et des renforts. Un officier, nommé Aubert, arriva à la tête d'un détachement militaire. Ce supplément de forces contraignit les Caraïbes à cesser leurs hostilités, et Aubert conclut avec eux, en 1640, une alliance qui servit de fondement à la colonie française.

En même temps, le souvenir des maux passés excita les colons à se livrer avec activité à la culture du territoire. Leur nombre était bien réduit; mais ils furent peu après rejoints par des mécontents de Saint-Christophe, par des matelots fatigués des excursions maritimes, et par quelques marchands qui employerent leurs capitaux à faire fructifier un sol fertile.

Néanmoins, divers obstacles s'opposaient encore aux développements de la colonie. L'insuffisance de forces militaires, le défaut de fortifications, laissaient l'île ouverte aux pirates des mers et des contrées voisines. Des bandes de flibustiers faisaient de subtiles irruptions, attaquaient les habitants, enlevaient les esclaves et les troupeaux, et détruisaient les récoltes. Souvent aussi le repos des planteurs était troublé par des querelles intestines, par des rivalités de commerce, par des conflits d'autorité. Toutes ces circonstances provoquèrent des émigrations considérables de riches habitants qui se retirèrent à la Martinique. Cette dernière île, pourvue de bons ports, était le rendez-vous d'un grand nombre de flibustiers, qui allaient y vendre le produit de leurs prises. Les négociants, trouvant d'énormes profits dans l'acquisition de ces riches dépouilles, en faisaient une branche importante de commerce; et, après avoir amassé à ce négoce de gros capitaux, les employaient souvent à de vastes établissements de culture. Il en résulta que la Martinique vit rapidement accroître sa population, et qu'elle devint le chef-lieu du gouvernement français dans les Antilles. Tous les priviléges, toutes les sollicitudes du gouvernement furent pour elle, et les autres colonies se trouvèrent négligées.

La Guadeloupe, délaissée et oubliée, ne fit donc que de lents progrès, et le tème des compagnies opposa aussi

à sa prospérité de sérieux obstacles. Ce n'est qu'au moment où fut rendue au commerce quelque liberté, que ses resparaison entre l'état de la population, sources s'accrurent; et une simple comdans les années 1700 et 1755, sert à démontrer combien une bonne administration peut être efficace pour le développement des richesses.

sait que de 3,825 blancs, avec 6,725 esEn 1700, la population ne se compoclaves. On comptait, en outre, 325 libres de couleur. Les établissements industriels et agricoles consistaient en 60 petites plantations de sucre, 66 d'indigo, une petite quantité de cacao et de coton. Les troupeaux ne se montaient qu'à 1,620 chevaux et mulets et 3,699 bêtes à cor

nes.

En 1755, la colonie était peuplée par 9,643 blancs et 41,140 esclaves. Les articles d'exportation étaient le produit de 334 plantations de sucre, 15 terres cacao, 11,700 de tabac, 2,257,725 de cultivées en indigo, 46,840 tiges de café et 12,748,447 de coton. Pour ses consommations intérieures, elle avait tates, 21,028,529 bananiers, 32,577,950 29 carrés de riz et de maïs et 1,219 de paplants de manioc. Le bétail se composait de 4,924 chevaux, 2,924 mules, 125 ânes, 13,716 bêtes à cornes, 11,162 moutons ou chèvres, et 2,444 pores.

s'étaient effectués dans un espace d'enviTels étaient les progrès rapides qui ron cinquante ans ; et cependant, en l'année 1703, l'île avait considérablement souffert, par suite de l'invasion d'une expédition anglaise, composée de neuf vaisseaux et de quarante-cinq bâtiments de troupes choisies. Pendant cinquantede transport, portant six mille hommes six jours, la Basse-Terre et la GrandeTerre furent assiégées; et, durant tout ribles ravages, brûlant les plantations ce temps, les envahisseurs firent d'hormoulins et les usines. Mais, après avoir de tabac et d'indigo, detruisant les perdu plus de deux mille hommes, ils furent contraints de se retirer.

En 1759, les Anglais furent plus heureux. La Guadeloupe, attaquée par une lation. flotte considérable, se rendit par capitu

périté matérielle de l'ile s'accrut: le Sous la domination anglaise, la pros

commerce avec les Antilles britanniques fut des plus actifs; toutes les marchandises européennes abondaient à la Guadeloupe; et bientôt la perspective d'une paix prochaine encouragea les planteurs français à en faire de grandes provisions, après les avoir obtenues à des prix excessivement réduits. En outre, les spéculateurs anglais développèrent considérablement la culture, et pendant les quatre années que fut conservée la conquête, ils y transportèrent 18,721 nègres esclaves. Ils améliorèrent également les plantations des petites îles qui dépendent de la Guadeloupe, et qui suivaient toutes ses fortunes.

Les Saintes forment trois petites îles, à trois lieues de la Guadeloupe, et toujours soumises à sa juridiction. Trente Français y tentèrent d'abord un établis sement en 1648; mais ils furent obligés d'abandonner leur entreprise, par suite d'une sécheresse excessive qui tarit leur source unique, avant qu'ils eussent le temps de construire des réservoirs.

Une seconde tentative, en 1652, réussit mieux quelques plantations ý furent établies elles produisent aujourd'hui 50,000 livres de café, 90,000 livres de coton, un peu de tabac et une grande quantité de vivres pour la consommation intérieure, particulièrement du manioc, des patates et des pois. Il y a aussi dans les les une grande variété de volailles, et les habitants y élèvent une multitude de porcs. On y rencontre des perroquets, des tourterelles et tous les oiseaux des contrées tropicales; les côtes abondent en excellent poisson. L'air y est pur et constamment rafraîchi par les brises de la mer; en sorte que la chaleur n'y est jamais aussi oppressive qu'à la Guadeloupe et à la Martinique. Ces petites îles offrent un lieu de retraite trèsagréable pour les personnes qui désirent échapper au tumulte des grandes plantations, et elles ne sont pas d'une importance assez grande pour être moTestées par des ennemis extérieurs.

L'état florissant de la Guadeloupe en 1767, quand on en établit une nouvelle statistique, démontra clairement que les planteurs avaient été plus qu'indemnisés des pertes que leur avait fait subir la guerre, car la population totale

était montée à 85,376 individus; en 1779, elle était de 86,709.

Dans la guerre qui suivit, l'Angleterre était trop malheureusement occupée de sa lutte avec les colonies de l'Amérique septentrionale, pour songer à faire quelques entreprises dans les Antilles. Ce fut une époque de prospérité croissante pour la Guadeloupe. Il est à remarquer que les récoltes étaient supérieures à celles de la Martinique. La raison en est facile à comprendre. La Guadeloupe emploie plus de nègres sur ses plantations, tandis que la Martinique, qui est une île de commerce aussi bien que de culture, en occupe davantage dans les villes et sur les navires.

Avant la paix de 1763, la Guadeloupe et les autres îles du Vent avaient été soumises au gouvernement de la Martinique. Mais le cabinet français ayant jugé que la prospérité des colonies anglaises était due en grande partie à la séparation des administrations, la Guadeloupe fut confiée à la direction d'un gouverneur et d'un intendant tout à fait Indépendants des colonies voisines. Auparavant, tous les produits de l'île qui étaient transportés en Europe, devaient passer par la Martinique, au grand préjudice des planteurs, dont les denrées se trouvaient soumises à des droits considérables. Non-seulement ce transport intermédiaire fut supprimé, mais encore on interdit toute transaction commerciale entre les deux îles, de sorte que les habitants devinrent aussi étrangers les uns aux autres que si les deux colonies eussent appartenu à des puissances ri vales.

La Guadeloupe se trouva bien de ce nouvel état de choses, et, jusqu'a la révolution, une prospérité non interrom pue démontra qu'on avait pris un sage parti. Mais, lorsque commença la grande lutte entre la France et l'Angleterre, la supériorité navale de cette dernière puissance dut compromettre le sort de toutes les colonies françaises. Déja la Martinique était au pouvoir des Anglais, lorsqu'au mois de mars 1794, des troupes britanniques, en nombre considérable, se présentèrent devant la Guadeloupe. L'île était déchirée par les factions. Les royalistes, en grande majorité,

bravaient ouvertement les ordres du gouvernement central. L'anarchie était au comble l'occasion était favorable pour l'ennemi extérieur. En conséquence, au mois de mars 1794, les forces britanniques, qui se présentèrent en vue de la Guadeloupe, n'eurent pas de peine à y pénétrer. L'égarement des opinions politiques les aida, et le petit nombre de troupes républicaines qui voulurent résister, fut obligé de céder devant la mauvaise volonté des habitants les plus considérables.

Cependant, les Anglais ne s'y maintinrent pas longtemps. Dans la même année, un armement fut envoyé de Rochefort, composé de quinze cents hommes de bonnes troupes; elles débarquèrent sous le commandement du général Pélardy : le représentant du peuple Victor-Hugues les accompagnait.

Les forces anglaises étaient beaucoup diminuées par les ravages de la fièvre jaune, qui sèvissait encore avec violence. Des renforts furent demandés aux îles voisines, et sir Charles Grey arriva, le 7 juin, à la Guadeloupe, avec des troupes nouvelles. Les royalistes français les plus compromis se joignirent aussi à l'ennemi, et formerent un corps d'environ cinq cents hommes.

Néanmoins, les républicains pénétrérent hardiment dans le port, et, par une brusque attaque, se rendirent maîtres du fort de Fleur d'épée et de la Pointe-à

Pitre.

Mais de nouveaux renforts, envoyés de Saint-Christophe, permirent aux Anglais de résister avec avantage. Ils formèrent sur les hauteurs de Berville un camp retranché, où il devenait difficile de les attaquer; car il était protégé d'un côté par la mer, et de l'autre par un marais impraticable. Ainsi postés, les Anglais crurent pouvoir attendre tranquillement qu'on leur envoyât de nouvelles forces.

Mais, à côté des avantages de cette position, se firent bientôt sentir de terribles inconvénients. Les exhalaisons des marais, sous un soleil brûlant, amenèrent une épidémie meurtrière. Au mois d'août, les malades formaient la majorité de l'armée, et leur nombre ajoutant au travail des hommes valides, les fatigues donnaient une nou

velle intensité à l'épidémie. Au mois de septembre, dans toute l'armée, on ne pouvait trouver un nombre de soldats suffisant pour fournir les hommes de garde.

Afin de cacher leur affaiblissement à l'armée assiégeante, et pour présenter encore un front formidable, les Anglais appelèrent des troupes de toutes les îles voisines: ils furent aussi rejoints par un corps de royalistes. Ceux-ci, plus accoutumés aux influences du climat, avaient moins à craindre de l'épidémie.

Cependant, les mêmes ravages sévissaient dans le camp français; et, malgré toutes les précautions prises par l'ennemi pour dissimuler ses pertes, les assaillants étaient avertis par leurs propres malheurs des souffrances de leurs adversaires. Ils résolurent d'en profiter, et d'attaquer vivement le camp retranché de Berville.

Pour réparer les pertes que leur avait causées l'épidémie, les chefs français formèrent des corps de nègres et de mulâtres, et leur donnèrent des armes, après avoir introduit parmi eux quelque discipline. Ces auxiliaires étaient d'autant plus utiles, que leur constitution et la nature de leurs travaux les mettaient à l'abri de l'épidémie.

Après avoir ainsi renforcé sa petite armée, le général Pélardy la fit embarquer, le 26 septembre, au milieu de la nuit; et, côtoyant le rivage, il trompa la vigilance des vaisseaux ennemis, et fit débarquer ses forces en deux divisions, dont l'une prit terre à Goyave, l'autre à Mahault, attaquant ainsi par derrière le camp des Anglais, du côté où ils se croyaient protégés par la mer. Non loin de Mahault était posté un corps de royalistes francais, dans un endroit nommé Gabarre. Les républicains s'y dirigèrent rapidement pour le placer entre eux et le camp; mais les royalistes, par une prompte retraite, déconcertèrent ce projet, et allèrent donner l'alarme au camp.

Un autre corps républicain s'avançait vers Petit-Bourg. Le colonel Drummond, averti de son approche, sortit au-devant de lui, et prit position près d'une batte rie qui avait été élevée sur le rivage. Mais la vivacité de l'attaque ne lui permit pas de s'y maintenir : il se rendit, avec sa

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