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de quatre cabanes, et dont on peut voir une vue charmante dans l'excellent livre du capitaine Belcher; nous rappellerons que la nouvelle compagnie, comprenant toute l'importance de certaines positions, s'est hâtée d'agglomérer la population dont elle pouvait disposer sur ces points habilement choisis, et destinés sans doute à devenir le siége de villes industrieuses. Elle comptait il y a deux ans quinze ou vingt établissements de ce genre, sans mentionner les stations secondaires. Ces centres divers de population s'accroissaient il y a trois ou quatre ans grâce aux efforts de M. Mac Laughlin, gouverneur de la Compagnie et résidant au fort Vancouver. Un homme bien connu par ses travaux, M. Wieth, a proposé naguère la fondation d'une grande cité à Warrior's Point, sur les bords de la Wallamette; et cette ville serait destinée à devenir la capitale de l'Oregon. Quoi qu'il en soit, tous ces établissements, encore peu développés, ne peuvent manquer de prendre bientôt un grand accroissement (1). Des documents pu

qui a écrit d'une manière si pittoresque l'histoire de sa fondation, est habité par un seul homme, M. James Burney, Ecossais et agent de la Compagnie d'Hudson, qui y réside avec ses jeunes enfants et sa femme, qui est Canadienne. Derrière la maison on montre la place sur laquelle était bati l'ancien fort d'Astoria, dont il ne subsiste plus aucun vestige. La maison actuelle est bâtie sur un petit plateau de prairie, derrière laquelle apparait une forêt de pins. Nous avons mesuré un de ces arbres couchés par terre dont la longueur était de quatre-vingt mètres, sur cinq, trois et un de diamètre a diverses hauteurs.... Près de la maison de M. Burney on remarque quelques misérables loges d'Indiens, qui apportent du saumon, des canards et de la venaison, seule viande dont on fasse usage, M. Burney n'ayant qu'une vache pour tout bétail. Dans le hangar sont emmagasinés des cordages, des ancres et des agrès, et l'on voit amarrées au rivage deux bonnes chaloupes. »

(1) Ces établissements commerciaux ne sont pas les centres uniques de population dans ces parages. Non-seulement les forts de Cowlitz et de Wallamette réunissent, depuis 1838, un certain nombre de catéchumènes; mais leurs villages, situés à vingt-deux lieues environ du fort Vancouver et à cinquante-cinq de l'océan Pacifique, sont destinés à prendre un réel accroissement; sept sœurs de Notre-Dame, parties d'Anvers il y a quatre ou cinq ans, résident sur les bords de la Wallamette, qui se jette dans la Colombia. A plus de trois cents lieues de là, sur les rives de la Racine-amère, non loin des montagnes Rocheuses, l'Orégon possède encore un établissement religieux, ayant une certaine analogie avec les anciennes réductions du Para

bliés par les États-Unis, il y a moins de trois ans, annonçaient que des familles entières, traversant les montagnes Rocheuses, émigraient avec tous leurs bagages et leurs ustensiles domestiques pour la riche vallée de la Walla mette. Les mêmes documents nous indiquent l'époque très-prochaine où une imprimerie fonctionnera sur le territoire de l'Orégon, et signalera les avantages que présente ce vaste territoire. Il y a plus encore, un projet tout autrement gigantesque que les projets de colonisation signalés ici a été présenté officiellement par M. Pratt, député de NewYork, à la chambre des représentants dans la séance du 28 janvier 1845. Il ne s'agirait de rien moins que de la construction d'un chemin de fer, qui, partant de l'ouest du lac Michigan, traverserait les montagnes Rocheuses et aboutirait à la partie navigable de la Colombia. Un riche négociant de NewYork, M. Asa Whitney, est l'auteur de ce vaste plan de communication qui changerait infailliblement les relations commerciales du globe, puisque, ainsi qu'on l'a très bien fait observer, a il ouvrirait un passage occidental entre l'Europe et l'Asie, et mettrait New-York à trente jours de distance de la Chine (1).

En attendant l'issue des discussions diplomatiques qui peut servir ou retarder l'accomplissement de ce projet, l'État de l'Union veille avec une admirable sollicitude à tout ce qui peut assurer ses prétentions sur le territoire contesté. Cette vaste étendue de terres

guay. Nous voulons parler de Sainte-Marie des montagnes Rocheuses. C'est une sorte de village palissadé, dans lequel se trouve une église en bois, surmontée de son clocher. Les Indiens campent à l'entour sous leurs tentes coniques faites en peau de buffle.

Il y a quelques années on faisait monter à huit le nombre total des établissements métho distes; mais il s'en préparait un grand nombre d'autres. Nous rappellerons ici que M. Ch. Wilkes porte à 20,000 individus le chiffre approximatif de la population de l'Oregon; if y comprend toutes les races.

(1) Voyez la brochure intitulée: Documents américains, troisième série, Annexion du Teras, 'Oregon, pub. par M. Jollivet, p. 74. Il est bon d'observer toutefois, avec M. de Mofras, que dans l'état actuel des choses le parcours total de Montréal jusqu'à la mer Pacifique a l'embouchure de Rio-Colombia est exactement de dix-huit cents lieues et la durée du voyage de quatre mois et demi.

fertiles, baignée par la Plate, qui conduit au grand passage méridional des montagnes Rocheuses, et qu'on n'avait pas encore érigée en gouvernement, vient de recevoir une organisation administrative, et prend le titre de territoire de Nabraska (1). Il est facile de prévoir l'époque où une force militaire respectable << placée au sommet des montagnes Rocheuses, à la source des grandes rivières, qui viennent se décharger dans le golfe du Mexique et dans l'océan Pacifique (2), » permettra aux États-Unis la réalisation de ses vastes desseins.

NATIONS INDiennes de L'ORÉGON.

Un zélé missionnaire qui a parcouru récemment l'intérieur de ces immenses solitudes, le P. de Smet, semble croire qu'il servira quelque jour de refuge à une race mixte composée des descendants des Indiens et de ces hommes, dangereux mais énergiques, que les États de l'Union repoussent annuellement de leur sein. Peuple pasteur et guerrier, amoureux du pillage comme les sauvages, avide de gain comme les hommes civilisés, il doit renouveler quelque jour dans ces régions ce que vit l'Asie sous les Djenghis et les Timour-Lenck. Chasse abondante, troupeaux nombreux, chevaux sans nombre, tout prépare pour l'avenir les exploits d'une grande nation nomade. En attendant que la succession des siècles amène ce phénomène politique, l'Orégon n'est habité jusqu'à présent que par des tribus dispersées sur de vastes espaces, et dont la plus considérable peut-être ne va pas au delà de 10,000 habitants. Nous donnerons d'abord la rapide nomenclature des peuplades qui ont été visitées récemment. Les Soshonies, plus connus sous le nom des Serpents, habitent la partie méridionale du territoire de l'Orégon, et se répandent jusque dans le voisinage de la haute Californie; ils forment plusieurs peuplades, dont la population totale peut s'élever à dix mille âmes répandues sur la région la plus stérile à l'ouest des montagnes; leur nom indien atteste suffisamment leur misère, car il signifie les déterreurs de

(1) Du nom indien de la Rivière-Plate. (2) On reproduit ici les expressions du rapport de M. Wilkins.

racines. Tout le monde a présent au souvenir la peinture qu'a su en tracer Washington-Irwing (1), lorsqu'il les montre fuyant les autres Indiens au sein de leurs roches désolées. Leur aspect misérable, la coupe bizarre de leurs vêtements, ne démentent en rien aujourd'hui les peintures qu'on nous en a données; mais la multiplication rapide des chevaux a singulièrement amélioré leur situation, et peut la changer complétement. Leur religion semble être une sorte de sabéisme, et, selon le P. Smet, ils croient que le grand esprit réside particulièrement dans le soleil, le feu et la terre.

« Les Sampeetches, continue le mêine voyageur, les Payouts (2) et les Ampayouts sont les plus proches voisins des Serpents; il n'y a peut-être pas dans tout l'univers un peuple plus misérable et plus pauvre. Les Français les appellent communément les Dignes de pitié, et ce nom leur convient à merveille. Le pays qu'ils habitent est une véritable bruyère; ils logent dans les crevasses de rochers ou dans des trous creusés en terre. » Le digne missionnaire nous avoue qu'ils sont sans vêtements, et que leurs plaines incultes ne présentent guère pour nourriture que des sauterelles et des fourmis; cette dernière espèce d'insectes (lorsqu'on les avait torréfiés ) fournissait jadis un aliment fort recherché aux Tupis, qui habitaient les plus belles forêts de l'univers. Les miserables aborigènes de l'Orégon auraient donc un point de contact de plus avec certains habitants du Brésil, s'il est vrai, comme on l'affirma au P. Smet, qu'on les a vus se repaître des cadavres de leurs proches, et même dévorer leurs propres enfants. Pour croire à l'exactitude parfaite d'un tel rapport, pour l'admettre avec certaines restrictions même, il faudrait examiner dans leurs moindres détails les croyances superstitieuses de ces peuples. S'il est reconnu aujourd'hui que les Tapuyas conservaient jadis l'horrible coutume qu'on signala au courageux missionnaire, on a la certitude qu'ils n'y

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obéissaient que par un sentiment religieux.

Les Utaus viennent après les peuplades malheureuses que nous venons de citer; ils s'élèvent à 4,000 individus errants aux sources du Colorado; ils paraissent trouver dans la pêche et dans la chasse une nourriture abondante, et se prêteraient aux efforts de la civilisation. Les Nez-Percés, que l'on rencontre vers le nord et qui ne comptent pas plus de 2,500 individus, possèdent d'innombrables chevaux; les Paloose sont une de leurs tribus. Les Walla-Walla qui habitent la rivière de ce nom, l'un des tributaires de la Colombia, ne s'élèvent pas à plus de 500. Les Spokanes sont plus nombreux, et ils ont adopté entre eux une dénomination qui rappelle une des nations les plus célèbres de l'Amérique du Sud; ils se désignent sous le nom pompeux des enfants du Soleil, et composent une tribu de 800 individus, vivant dans une sorte d'abondance. A l'est du territoire vivent les Stiet-Shoi ou cœurs d'Alène, qui comptent 700 âmes dans leurs villages, et qui se distinguent par une sorte de mansuétude. Les Tétes-Plates (1), unis aux Pondéras, paraissent être la nation la plus digne d'intérêt que l'on rencontre dans ce vaste pays; malheureusement leur tribu ne compte guère plus de 1200 âmes, sur lesquelles il faut compter 800 individus appartenant aux

(1) La carte détaillée jointe au livre du P. Smet indique d'une manière précise la position de ces nations diverses, dont les curieux voyages

de M. Catlin nous ont fait connaitre récemment les habitudes au point de vue pittoresque. On trouvera le Pater noster et le Credo en pondéra et en tête-plate dans l'ouvrage du zelé missionnaire. Le même voyageur comprend parmi les Indiens en voie de civilisation : les Gens du lac, devenus en partie chrétiens, les Schuyelpi ou Chaudières, les Okanakanes, les Simpoils, les Walla Walla, les Kayuses, les Allaxes, les Spokanes ou Zingomènes, les Nez-Percés où Sapetans, les Gens des chutes, les Gens des cascades; les Tchinouks et les Clatsop ou Klatsap. Les missions, bien récentes encore, qui se sont établies parmi ces tribus, sous la direction de M. Blanchet, grand vicaire de toutes les contrées à l'ouest des montagnes, paraissent avoir eu d'heureux résultats. Durant son voyage au fort Vancouver, en 1842, le P. de Smet lui seul avait administré le baptême à 418 personnes, et il faisait monter à 1,654 individus le nombre des catéchumènes convertis par ses soins et par ceux des pères Mangarini et Point, dans l'espace de douze ou quinze mois.

Tétes-Plates proprement dits. Ils chassent le buffle sur les rives de la rivière Clarke, et, franchissant les montagnes Rocheuses, vont jusqu'à l'embouchure des trois fourches du Missouri. Antagonistes courageux des Pieds-Noirs, la guerre leur a été cependant fatale; le P. de Smet en fait un magnifique éloge. « Franes, nobles, généreux dans leurs dispositions, ils ont toujours montré une grande bienveillance pour les blancs et un grand désir de connaître la religion chrétienne. » Ces Indiens paraissent disposés à embrasser la vie agricole; cependant les vallées qu'ils parcourent sont si abondantes en buffles, que le missionnaire qui nous les a fait connaître mieux que tout autre voyageur leur en vit tuer plus de cinq cents durant une seule chasse. Les Têtes-Plates forment aujourd'hui une mission permanente non loin des montagnes Rocheuses, dont les cimes s'élèvent en cet endroit à plus de 10,000 pieds au-dessus du niveau de la mer.

Les Têtes-Plates trouvent des ennemis redoutables dans les Pieds-Noirs et dans les Corbeaux. La première de ces tribus, comprenant les Peagans, les Cotannes et les Gros ventres des prairies, chasse le long du cours supérieur du Mississipi, et s'étend à l'ouest dans les montagnes Rocheuses. Au dire de M. Catlin, elle comptait naguère encore 50,000 individus bien armés ; mais l'année 1838 en a vu disparaître 12,000 qui ont été enlevés par la petite vérole. Les tribus qui errent sur le territoire de l'Oregon sont bien loin d'offrir un chiffre aussi considérable de population; elles sont redoutées néanmoins des sauvages placés à l'ouest des montagnes, non pas précisément en raison de leur valeur, mais à cause de leur goût pour le pillage selon le P. de Smet, « on dit communément dans les montagnes qu'un Tête-Plate ou Pends-d'Oreilles vaut quatre Pieds-Noirs. Un des traits distinctifs des Indiens de ces régions c'est leur amour effréné pour le jeu. Après avoir dissipé tout ce qu'ils ont, ils se mettent eux-mêmes sur le tapis, offrant d'abord une main, ensuite l'autre; si le sort leur est fatal, ils exposent successivement « tous les membres du corps; la tête suit, et s'ils

la perdent, ils deviennent esclaves pour la vie avec leurs femmes et leurs enfants. » Les Corbeaux ou Bel-ant-sia sont les ennemis invétérés des Pieds-Noirs. Au dire de M. Catlin, ils forment une tribu de 7,000 individus, mais il n'y en a qu'une partie qui guerroie jusqu'aux montagnes Rocheuses: ce sont les Indiens les plus spirituels et les plus intelligents de ces parages. Ennemis redoutables des blancs, ils les dépouillent impitoyablement et les font prisonniers, mais ne leur ôtent pas la vie comme le font les Pieds-Noirs.

Lorsque nous aurons nommé les Kootenays, qui se distinguent par leurs habitudes affables, lorsque nous aurons nommé les Porteurs, qui ne présentent pas moins de 4,000 âmes, puis les Sauvages des lacs, restés au nombre de 500 encore aujourd'hui, il ne nous restera plus qu'a signaler les Chaudières, les Sinpavelist, les Schoopshaps et les Okanagans ou Okanakanes. Ces tribus comptent de 500 à 1,100 âmes, et complètent à peu pres la nomenclature que nous avons essayé de tracer.

USAGES ÉTRANGES D'UNE NATION

DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. Lorsque l'ethnographie plus avancée aura enregistré dans ses annales toutes les coutumes bizarres, toutes les croyances étranges, et à peine connues aujourd'hui, des nations qui errent le long de la côte nord-ouest, ou qui parcourent les campagnes bornées par les montagnes Rocheuses, il sera impossible, à la lecture de ces détails, de réprimer un sentiment de dégoût, d'horreur et quelquefois d'étonnement profond, parce qu'ils s'allient fréquemment d'ailleurs à des sentiments d'une certaine délicatesse et quelquefois d'une haute dignité. Comment ne pas être surpris par exemple en retrouvant chez un peuple de la Nouvelle-Calédonie un usage épouvantable, qui rappelle les Satti de l'Inde, et qui fut sans doute adopté dans ces régions sauvages pour donner une sécurité plus absolue au guerrier, dont l'arrogance farouche condamne en naissant la femme aux plus pénibles travaux. Ici seulement le supplice infligé à la compagne du sauvage est plus effroyable que le trépas. Parmi les Talkotins de la Nouvelle-Ecosse,

lorsqu'un chasseur a succombé, l'usage exige que le cadavre soit conservé durant neuf jours, et que pendant tout ce temps la veuve fasse une garde vigilante près du mort ce début d'un premier deuil n'est que le préliminaire d'une horrible cérémonie. Bientôt un bûcher s'élève pour consumer les restes du guerrier, et la veuve est étendue à côté du cadavre. Le supplice de cette infortunée dure autant que le devin qui préside aux cérémonies funèbres l'exige; mais toujours avant qu'on lui donne l'ordre de descendre de larges brûlures couvrent son corps. Ici nous laisserons parler le missionnaire, qui rappelle seulement, il faut bien le dire, un récit transmis par des trappeurs ou par des sauvages. On eroit peut-être que la misérable créature est devenue libre, non : «on la force à recueillir avec ses mains du milieu des flammes la graisse qui découle du cadavre et à s'en frotter le visage ainsi que tout le reste du corps. Lorsque les nerfs des jambes et des bras commencent à se contracter, la malheureuse doit retourner sur le bûcher et redresser ces membres. Si la femme a été infidèle à son mari ou négligente à pourvoir à ses besoins, les parents du défunt la jettent sur le bûcher en flammes; les siens l'en retirent; les autres l'y jettent de nouveau : elle est ainsi ballottee jusqu'à ce qu'elle tombe dans un état d'insensibilité complète.

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Lorsque le corps est brûlé, la veuve doit ramasser les plus grands os, les envelopper dans une écorce de bouleau et les porter au cou pendant plusieurs années. Dans cet état on la considère comme esclave: les travaux les plus pénibles deviennent son partage; elle est la servante de toutes les femmes, même des enfants, et la moindre désobéissance de sa part lui attire un châtiment sévère; les cendres de son mari étant mises en terre, elle est chargée de surveiller l'endroit et d'en ôter les herbes. » Souvent les malheureuses veuves se suicident pour éviter tant de cruautés. Ce supplice peut durer trois ou quatre ans, car ce n'est qu'au bout de ce temps qu'il est permis à la femme du Talkotin de déposer dans un cercueil l'horrible trophée qu'elle traîne en tous lieux. Un grand festin est célébré, et la réhabilitation au

sein de la tribu est presque aussi bizarre que le supplice qui l'a précédé a été horrible. L'un des convives verse sur la tête de la veuve un vase plein d'huile, puis un autre la couvre de duvet. Cette étrange cérémonie lui donne seule le droit de se remarier.

Nous l'avouerons franchement, il faut être familiarisé avec tout ce qu'il y a de bizarre ou d'exagéré dans la vie des Indiens; il faut avoir admiré leur résignation dans la souffrance et leur sang-froid dans les supplices pour accepter dans sa naïveté effroyable un récit de funérailles parmi les sauvages de la NouvelleCalédonie.

d'une chasse à laquelle il assista et durant laquelle cent cinquante-trois buffles furent abattus avant le coucher du soleil. — Le terrible ours gris, qui s'élève quelquefois à une taille vraiment colossale, et dont un seul coup de griffe peut abattre l'agile cheval de l'Indien, est aussi l'objet d'une chasse presque toujours dange reuse. Lewis et Clarke parlent d'un animal de cette espèce qui luttait encore percé de part en part de sept balles; la huitième seule tirée dans la tête l'arrêta. Les trois autres espèces d'ours qui errent dans ces solitudes sont aussi fort redoutables.

Chassés sur tous les grands fleuves du Canada et des États de l'Union, c'est CHASSES DES INDIENS DE L'ORÉGON; aujourd'hui sur le territoire de l'Orégon

PARTICULARITÉS

CASTOR.

TOUCHANT

LE

En moins d'un demi-siècle, et rien que par l'introduction du cheval dans ces parages, les mœurs des Indiens se sont profondément modifiées. C'est au moyen du cheval que les Têtes-Plates, les Pandéras, les Kalispels, les Pieds-Noirs, ne craignent pas d'attaquer ces grands troupeaux de buffles qui errent dans les vallées, et dont le nombre est si prodigieux que pour me servir d'une expression adoptée par le P. de Smet, «< il semble qu'on voye réunis tous les animaux des foires de l'Europe. >> C'est en pareille circonstance qu'a lieu la grande chasse, dit-il. Au signal donné, les chasseurs, tous montés sur des coursiers rapides, se précipitent sur le troupeau qui se disperse à l'instant. Chacun choisit des yeux sa victime; c'est à qui l'abattra le premier; car, aux yeux du chasseur, avoir abattu le premier buffle, ou plutôt la première vache, plus estimée que le boeuf, c'est un coup de maître; mais pour l'abattre plus sûrement, il doit caracoler autour de l'animal jusqu'à ce qu'il soit à portée de le blesser à mort; malheur à lui si la blessure qu'il lui fait n'est pas mortelle! la crainte alors se changeant en fureur, le buffle se retourne brusquement et poursuit à outrance le chasseur... Les sauvages croient que chez les buffles, comme chez les abeilles, chaque troupeau a sa reine, et que lorsque la reine tombe tout le troupeau l'environne pour la secourir.» Le P. Point, l'un des zélés missionnaires actuels de l'Orégon, parle

que les castors se sont refugiés. Le chef de la mission de Sainte-Marie, qui les a observés, nous a donné des détails trop curieux sur leurs mœurs, pour que nous n'en reproduisions pas ici quelques traits Nous avons vu les ouvrages des castors, dit le P. de Smet; le pays où nous sommes est leur pays par es cellence. Tout le monde sait l'emploi qu'ils font de leurs dents et de leur queue; mais ce qu'on ignore peut-être, et ce qui nous a été assuré par des trappiers, c'est que pour faire tomber l'arbre du côté où ils veulent construire leur digue, ils choisissent parmi les arbres du rivage celui qui penche le plus sur l'eau, et s'il ne s'en trouve pas qui ait une inclinaison suffisante, ils attendent qu'un bon vent vienne à leur secours... Tous les trappiers nous assurent que les castors qui refusent de travailler sont chassés de la républi que à l'unanimité des voix et à coups de dents; que ces proscrits sont obliges de passer un hiver misérable à moitié affamés dans quelque trou abandonné d'une rivière où on les prend facilement : les trappiers les appellent castors paresseux, et disent que leur peau ne vaut pas la moitié de la peau de ceux que l'industrie persévérante et la prévoyance ont munis d'abondantes provisions et mis à l'abri des rigueurs de l'hiver... Leur peau, si recherchée, se paye sur les lieux de neuf à dix piastres, mais en marchandise, ce qui ne revient pas à une piastre en argent; car une seule pinte de geniè vre par exemple, qui ne coûte pas dix

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