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sols aux vendeurs, se vend ici jusqu'à vingt francs. Est-il étonnant que ces gens fassent si facilement des fortunes colossales; tandis que les employés auxquels on donne jusqu'à neuf cents piastres par an n'ont pas même une chemise à la fin de l'année? Dans cette catégorie de vendeurs n'est pas comprise l'honorable Compagnie de la baie d'Hudson dans l'Orégon; la vente de toute liqueur y est strictement défendue.

« La loutre brune ou noire abonde dans les rivières de nos montagnes; mais, comme les castors, elle est poursuivie avec avidité par le chasseur.»>

Nous terminerons ces détails, qu'il nous eût été facile de multiplier, en disant quelques mots de l'élan. La chasse générale de ce gracieux animal est parmi les Indiens un jour de réjouissance. C'est dans une sorte de parc habilement construit et où l'on contraint les élans à se réfugier, qu'ils trouvent ordinairement la mort; on en tue souvent au delà de deux cents dans une seule chasse.

DISCUSSION DIPLOMATIQUE TOUCHANT LA POSSESSION DE CE TERRITOIRE.

Nul n'ignore maintenant que ces trois cents lieues de côte dont nous avons essayé de donner une idée exacte sont aujourd'hui encore l'objet d'une contestation animée entre trois gouvernements puissants. Les pretentions de chacun d'eux ont été exposées dans ces derniers temps avec une lucidité parfaite dans l'ouvrage publié par M. Greenhow sur l'Orégon, et plusieurs écrivains distingués ont cherché à tirer une solution bien diverse des documents qui leur étaient offerts. L'exposé succinct des faits qui servent de base à la discussion nous entraînerait bien au delà des limites assignées à cette notice; nous nous contenterons de mettre en saillie quelques points capitaux.

Avant tout, et pour simplifier la question en s'en référant à l'opinion de l'un des hommes les plus éminents de l'Amérique, il est peut-être convenable de rappeler ici en quels termes précis M. Gallatin met à néant les discussions diplomatiques qui se basent sur la priorité d'occupation et qui ont enfanté des volumes: Y a-t-il une puissance, dit ce savant diplomate, qui ne sait pas même flatter son pays; y a-t-il une puissance au monde qui soit fondée à réclamer la to

talité de l'Orégon? Est-ce l'Union Américaine, est-ce l'Angleterre? Ce n'est personne: l'obscurité la plus complète règne sur ce sujet; il n'y a pas de titre certain, ni même valable. >>

Cependant des traités ont été faits, et les prétentions de deux puissances se sont si bien accrues, qu'elles ont été sur le point d'enfanter une guerre désastreuse et que la question n'est pas encore vidée. Nous le répétons, nous devons franchir rapidement cette série de conventions diplomatiques pour arriver à l'année 1818, qui constitue une époque décisive dans l'histoire du territoire contesté. Astoria, pris par les Anglais, vient d'être rendu sous réserve aux États de l'Union. Les plénipotentiaires des États-Unis et les commissaires anglais sont en présence. Les premiers réclament « pour limites le 49 parallèle jusqu'à la mer, sans préjudicier en rien aux droits ni aux réclamations des autres puissances. » Les seconds n'admettent ces prétentions que jusqu'aux montagnes Rocheuses; puis à partir de cette limite ils demandent « une ligne droite jusqu'au point le plus rapproché de la Colombie: »> la navigation de ce fleuve important doit être commune aux deux peuples jusqu'à la mer; les Anglais vont plus loin dans leurs prétentions, ils réclament également la libre navigation du Mississipi (1). Ainsi que les bons esprits l'ont supposé à l'avance, on ne peut s'entendre; mais une convention temporaire est conclue: elle permet pendant l'espace de dix ans la libre entrée du territoire contesté aux citoyens des deux nations, sans que ce compromis puisse nuire aux réclamations des autres puissances. Mais bientôt vient le traité des États-Unis avec l'Espagne, conclu en 1819, et les prétentions de la république s'accroissent de toutes celles qu'elle a repoussées chez les autres. En conséquence, et à la suite d'une discussion dans laquelle l'Angleterre et la Russie prétendent vider la question, le président Monroe déclare à la face du monde que l'Amérique ne reconnaît plus à aucune nation européenne le droit d'établir ses colonies sur le territoire américain. L'Angleterre, on doit le supposer aisément, ne put admettre ce principe d'exclusion absolue; elle réclama vivement,

(1) Voyez, pour toute cette discussion importante, Greenbow, History of Oregon, etc., p. 314,

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et la Russie, comme cela devait être, protesta, en ce qui la concernait. Il était évident, et deux publicistes l'ont fait remarquer, qu'on était entré dans une voie maladroite ou tout au moins impolitique, en proclamant ainsi d'une manière solennelle des droits si longtemps contestés. Il était évident aussi, dans l'état de la question, que le général Jésup, consulté sur ce point difficile, avait trouvé l'unique moyen de donner quelque autorité aux paroles prématurées du président; il voulait que deux cents hommes, traversant immédiatement le continent, allassent s'établir à l'embouchure de la Colombia, tandis que des navires américains transporteraient par mer les approvisionnements nécessaires à la noùvelle colonie. Cet avis énergique n'eut pas de suite; on reprit les négociations. L'année 1824 trouva la discussion posée sur une base aussi incertaine qu'elle l'était plusieurs années auparavant; le ministre chargé de maintenir les droits des États-Unis, sentant qu'il ne pouvait appuyer de raisons incontestables les paroles prononcées naguère par le président, prit le parti de reculer un arrangement définitif. Il renouvela la proposition déjà faite à l'Angleterre. Les deux nations devaient jouir en commun du territoire contesté pendant dix ans en partant du 51 parallèle. La diplomatie anglaise réclamait au contraire une solution sur laquelle il n'y eût pas à revenir, et proposait pour limite la ligne de la Colombia. On ne put s'entendre sur ce point, et la discussion elle-même fut ajournée. Les contestations diplomatiques des États-Unis et de la Russie trouvèrent au contraire une solution. Le 5 avril 1824 un traité fut signé a SaintPétersbourg; il contenait cinq articles: le troisième, le seul dont nous ferons ici mention, spécifiait qu'aucun établissement ne pourrait être fondé par les Etats-Unis ou par les citoyens de la république sur la côte ou sur les îles au nord du 54o deg. 40', tandis que les Russes s'interdisaient tout le sud à partir de cette latitude, réserve étant faite par le quatrième article aux deux puissances de fréquenter pendant dix années les parages où des établissements fixes ne pouvaient être maintenus (1). En 1825 un autre (1) Voyez, pour l'analyse de ce traité important, Greenhow, History of Oregon, p. 342.

traité fut conclu entre la Russie et la Grande-Bretagne, qui fixait ainsi la délimitation du territoire de cette dernière puissance en Amérique. Elle devait commencer dorénavant au point le plus sud de l'île du prince de Galles, par les 54° 40' vers l'est, jusqu'à la grande entrée sur le continent appelée Portland Channel, en se prolongeant par le milieu de ce passage jusqu'au 56 de latitude. A partir de là on lui faisait suivre le sommet des montagnes bordant la côte a dix lieues de profondeur nord-ouest jusqu'au mont Saint-Élias; puis on la prolongeait au nord, en la dirigeant jusqu'à l'intersection des montagnes avec le 141° de longitude (mérid. ouest de Greenwich) jusqu'à la mer Glaciale (1).

Quant au débat pendant entre l'Angleterre et les Etats-Unis, nous rétrograderons de quelques mois, et nous verrons M. Monroë renouvelant dans son message annuel au congrès sa déclaration de l'année précédente, qu'il voulait appuyer d'une démonstration positive. Le président qui lui succéda, M. Adam, s'empressa d'adhérer à ce principe; mais rien ne fut fait jusqu'en 1826, et à cette époque M. Gallatin, dont nous avons invoqué déja la haute autorité, fut chargé de conduire les negociations pour les États-Unis. Ainsi qu'on l'a très-bien fait observer, la situation des choses n'était plus la même, et l'Angleterre avait su mettre à profit dans ces parages un temps dont elle comprenait la valeur pour le succès ulterieur des debats: l'honorable Compagnie de la baie d'Hudson était devenue un corps puissant, sagement administré, disposant de ressources considérables, et pouvant au besoin user d'une force militaire suffisante pour se faire respecter. It s'en fallait bien alors que les États-Unis eussent pris des mesures aussi efticaces; c'était tout au plus, dit-on, si l'on comptait une centaine de citoyens amé ricains sur le territoire contesté, et l'on dut regretter la non-exécution des mesures énergiques proposées quelques années auparavant. Quoi qu'il en soit, le début de la discussion ramena d'un commun accord les parties sur

Voyez également une note de M. Yermolof, dans les Nouv. Ann. des Voyages, année 1846. (1)Foyez Fédix, L'Orégon et les côtes de l'océan Pacifique du nord.

le pied où elle était en 1824. Un principe d'examen géographique plus sévère sembla toutefois présider à la discussion. La portion de la côte abandonnée aux États-Unis par l'ancien projet d'une convention définitive était privée de mouillages favorables. L'Angleterre fi nit par le comprendre, et sembla faire un pas vers la conciliation, en proposant d'abandonner la presqu'île formée par les eaux de la Colombia et les rives méridionales du détroit de Fuca, qui offrent plusieurs ports favorables. Mais M. Gallatin, organe inflexible du gouvernement de l'Union, ne put obtempérer à cette proposition, et réclama comme frontière definitive le 49 parallèle. On ne put done rien conclure, et cette discussion si animée aboutit en 1827 à une nouvelle prorogation indéfinie des conventions de 1818, prorogation toutefois qui pouvait cesser d'avoir son effet en se prévenant mutuellement un an d'avance. M. Adam ratifia cette clause.

les esprits, ranimèrent l'ardeur des prétentions, et l'on put s'en apercevoir dès 1841, au langage du président. A cette époque M. John Tyler émit de nouveau le projet d'établir une série de postes militaires au delà des montagnes Rocheuses, sans négliger un autre mode d'occupation. Ces propositions demeurèrent encore sans résultat sérieux, et l'on n'en continua pas moins à l'amiable la discussion qui devait régler les limites du nord et de l'est, incomplétement déterminées par le traité de Gand. Un traité fut signé à ce sujet en 1842; mais on ne parla pas des régions situées au delà des montagnes Rocheuses. Ainsi que l'a fait remarquer récemment un publiciste, le président de l'Union n'observa pas la même réserve dans son message au congrès. Le 8 décembre suivant, après avoir rendu compte et s'être félicité du dernier traité avec l'Angleterre, il ajouta : « Il eût été plus heureux encore que le traité eût embrassé tous les objets qui seraient de nature à amener dans l'avenir une rup

des Etats-Unis appelé l'Orégon, dont la Grande-Bretagne réclame une partie, commence à attirer l'attention de nos concitoyens, et la population américaine est sur le point de se répandre dans les vastes districts qui s'étendent des montagnes Rocheuses à l'océan Pacifique. Dans ces circonstances une sage politique exige que les deux gouvernements ne négligent rien pour fixer leurs droits respectifs. »

L'occupation militaire de ce vaste territoire continua à être le thème des discussions politiques; des projets future entre les deux pays : le territoire rent conçus, des rapports présentés, même durant la présidence de M. Jackson, sans que la discussion avançât; tout restait dans le statu quo, et cette période est marquée seulement par deux tentatives des Etat-Unis et de l'Angleterre pour pénétrer sur le territoire russe. M. de Wrangell était alors gouverneur du vaste pays dont on convoi tait les chasses abondantes, et des mesures promptes réprimèrent un commencement d'empiétement de la part de la Compagnie d'Hudson; tandis que sur l'autre point la diplomatie russe trouvait encore une solution favorable. Quant à l'Angleterre et aux États-Unis, on s'entendait sur les limites de l'est; on évitait sur un autre point d'aborder les questions irritantes.

Ce calme apparent ne pouvait durer. Des luttes orageuses, qui avaient lieu sur un autre point du continent et qui ont été dejà racontées (1), en aigrissant

(1) Voyez le récit de la lutte dans laquelle a

figuré au premier rang un homme dont la France

a pu apprécier l'esprit distingué et la rare instruction. Après la crise politique dans laquelle M. Papineau montra tant d'énergie, vint l'affaire du commandant Mac-Leod, puis, après l'acquittement de ce dernier, celle de la Creole.

L'écrivain déjà cité reproduit le discours adressé au congrès par le président, au début de la session suivante, et l'on y remarque ces paroles significatives: « Les Etats-Unis regretteraient de s'agrandir aux dépens de toute autre nation; mais si les principes de l'honneur, qui doivent régir les nations comme les particuliers, lesempêchent de réclamer un territoire qui ne leur appartient pas, ils ne consentiront pas, d'un autre côté, à faire un abandon de leurs droits. Après un examen approfondi, les États-Unis ont toujours soutenu qu'ils ont droit à toute la région située sur les bords de la mer Facifique et comprise entre les 42° et 54° 40' de latitude nord. »

De modéré et de conciliateur qu'il est d'abord, le langage du président devient plus positif. On n'est qu'en 1844; mais bientôt, et dès l'année 1845, l'affaire prend un caractère de gravité qu'elle n'avait pas eu encore l'opinion des provinces se manifeste de la manière la plus vive. Le succès obtenu en 1846 à propos de l'annexion du Texas excite les esprits, et les discours deviennent nenaçants: la guerre éclaterait infailliblement si le fameux bill adopté le 3 février par la chambre des représentants de Washington n'était rejeté par le sénat, à une majorité de deux voix seulement, 23 contre 21. La majorité dans l'autre chambre avait été de 140 voix contre 54.

Ce vieillard énergique, que l'on a vu naguère l'objet d'une ovation populaire, le président Poik, eut à son tour à s'exprimer sur la grande question pour laquelle le peuple se passionnait depuis quelques années. Organe enthousiaste et résolu à la fois de l'opinion publique, non-seulement il s'associa pleinement aux conclusions de Monroe; mais il le fit dans un langage qui exigeait une réponse si catégorique de l'Angleterre, que sir Robert Peel en regretta publiquement la fière apreté (1). Durant une séance mémorable du parlement américain, où cette grande question était traitée par les hommes les plus compétents, l'un des orateurs, M. Winthrop, s'est prononcé pour le statu quo, en rappelant que l'occupation combinée avait duré déja trente ans sans inconvénients. Dans l'absence de documents authentiques, nous supposons que cette opinion, plus modérée que ne l'eût voulu M. Gedding, est précisement celle qui doit prévaloir. Hâtons-nous de le dire d'ailleurs, depuis l'occupation de la Californie par les Américains, la question nous paraît s'être beaucoup simplifiee. La vaste baie de San-Francisco et les rives des beaux fleuves qui se jettent dans son sein offrent aux Américains un

(1) Foyez un exposé très-substantiel et trèsclair de la discussion, dans un ouvrage deja cité. Fédix, l'Orégon, etc., p. 180.

port magnifique et des centres inépuisables d'exploitations agricoles. Des gisements considérables de houille, beaucoup moins problématiques que l'existence des lavages d'or, y font comprendre dès à présent ce que peut devenir l'industrie commerciale. Une région qui ne se trouve pas à plus de trois semaines de navigation des côtes de la Chine, grâce aux bateaux à vapeur, n'a rien à envier sous ce rapport aux autres contrées.

Ceci ne veut pas dire cependant que le beau territoire de l'Orégon doive être abandonné ou seulement négligé par les Américains; tout nous prouve, au contraire, que l'émigration au delà des montagnes Rocheuses se continue et qu'elle peut avoir d'immenses résultats. De son côté, et dans un but différent, l'honorable Compagnie de la baie d'Hudson n'en continue pas moins ses efforts intelligents pour multiplier les centres de population; sans aucun doute les hommes actifs qu'elle répand sur ce vaste territoire, après avoir épuisé les ressources offertes par la chasse et par la pêche à l'industrie, exploiteront d'une manière plus sûre encore celles que présente l'agriculture. Une chose notable pour la France, c'est que la plupart des trappeurs employés par la Compagnie appartiennent au Canada, et descendent de nos anciennes possessions vers l'océan Pacifique. Pour la plupart aussi ces hommes appartiennent à la religion catholique, et ils apportent dans ces régions reculées de sentiments profondément sympathiques pour un pays dont ils partagent les souvenirs glorieux. Ces émigrants mêles aux Anglais sont déjà nombreux; ils forment le noyau d'une population active: si l'Oregon ne peut être un pays indépendant et se régissant lui-même, comme le souhaitait naguère un publiciste; s'il ne doit pas rester ouvert à l'émigration libre de tous les peuples européens, il offre dès à présent une hospitalité qui peut devenir fructueuse à des hommes intelligents et laborieux, dans lesquels les Canadiens aimeront à retrouver des frères.

GÉOGRAPHIE; NATURE DU CLIMAT;

PRODUCTIONS.

La plupart des géographes nous disent bien que les Russes possèdent sur le continent américain, ou sur l'un de ses archipels, environ 66,000 lieues carrées; mais après avoir nommé Novo-Arkan gelsk, après avoir donné quelques détails relatifs à son commerce de fourrures, ils laissent leur lecteur dans une ignorance complète sur ce vaste territoire: on pourrait dire cependant de l'Amérique Russe ce que nous avons dit à propos d'un pays voisin. C'est une de ces régions ignorées pendant des siècles que leur situation géographique appelle infailliblement à sortir de l'oubli, à jouer un rôle d'une réelle importance dans les nouvelles relations que les grands peuples préparent entre eux.

L'Amérique Russe comprend la partie la plus reculée de la côte nord-ouest; son étendue est ainsi fixée géographiquement par M. Yermoloff : « L'extrémité sud de ces possessions commence dans l'ile nommée du prince de Galles, au 54 deg. 40' de latitude nord; puis la limite continue vers le nord-nord-ouest, le long de la côte continentale comprenant toute cette côte elle-même et les îles ad

jacentes. A partir du mont Élie la fron-
tière intérieure tourne brusquement au
nord-est, et court à travers les terres vers
l'océan Arctique. » L'archipel des îles
Aléoutiennes fait partie de cet immense
territoire; le savant Eyriès, qui adopte
aussi ces limites, dans un travail es-
sentiellement remarquable, fait obser-
ver, avec juste raison, que, malgré le
sombre aspect de ces régions, vouées
à de perpétuelles frimats, « les côtes
occidentales sont, dans le nouveau
monde comme dans l'ancien, plus chau-
des que les orientales (1). » Il ne s'en-
(1) Recherches sur la population du globe

5 Livraison. (AMÉRIQUE RUSSE.)

suit pas de l'indication de cette grande loi générale qu'on puisse leur assigner un climat favorable aux produits agricoles, ainsi que le fait très-bien observer le géographe dont nous suivons ici l'autorite. En 1816 on vit dans la baie de Kotzbue (1) le thermomètre s'élever au mois d'août jusqu'à 9o 2'; « mais la présence des bancs énormes de glace sur la côte prouvait que cette température élevée n'était pas assez puissante pour contre-balancer les effets d'un hiver rigoureux et prolongé.

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Il faut donc convenir que si la patience europeenne peut à force de travail élever dans ces parages certains végétaux utiles, ou multiplier certaines ressources industrielles, la nature a fait peu de chose pour en rendre le séjour attrayant. L'un des voyageurs qui l'ont observé avec plus de soin, le capitaine Lutké, fait connaître en peu de mots son climat en disant que l'on y compte tout au plus quarante jours de beau temps dans l'année (2). C'est à peine si l'on y jouit durant trois mois d'une atmosphere supportable. Habituellement sombre, humide, chargée de petites pluies, elle n'est cependant jamais d'un froid trop rigoureux; vers la mi-janvier, époque d'un Réaumur s'élève jusqu'à 10°; « quelquetemps plus serein, le thermomètre de fois aussi il tombe jusqu'à 10° et même jusqu'a 14° au-dessous de zéro. La neige dure parfois également depuis novembre jusqu'en février... Le printemps commence de bonne heure: le framboisier fleurit en février et son fruit murit en mai. Les sai

terrestre; Paris, 1833, p. 40. Voy. pour le dé-
tail de la délimitation fixée par le traité de 1825,
les renseignements spécifiés plus haut, p. 62.
(1) Par 66° 14'.

(2) Frédéric Lutké, Voyage autour du monde, exécuté par ordre de S. M. l'empereur Nicolas 1, sur la corvette la Seniavine, pendant les années 1826, 1827, 1828 et 1829; trad. du d'Etat Boyé; Paris, F. Didot, 1835, 2 vol. in-8°. russe sur le manuscrit original par le conseiller

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