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>> mun, et que leur consentement exprès ou ta>> cite imprime à une décision vénérable par elle» même le sacré caractère de dogme de la foi.

>> Et soit que les évêques de la province »étouffent l'erreur dans le lieu qui l'a vu naître, » comme il est presque toujours arrivé dans les >> premiers siècles de l'Eglise; soit qu'ils se con>> tentent d'adresser leurs consultations au sou>> verain Pontife sur des questions dont ils au>> roient pu être les premiers juges, comme » nous l'avons vu encore pratiquer dans ce siè>>cle; soit que les empereurs et les rois con>> sultent eux-mêmes et le Pape et les évêques, >> comme l'Orient et l'Occident en fournissent » d'illustres exemples; soit enfin que la vigi>> lance du saint Siége prévienne celle des autres » églises, comme on l'a souvent remarqué dans » ces derniers temps; la forme de la décision » peut être différente quand il ne s'agit que de >> censurer la doctrine, et non pas de condamner » la personne de son auteur; mais le droit des » évêques demeure invariablement le même, » puisqu'il est vrai de dire qu'ils jugent tous » également, soit que leur jugement précède, » soit qu'il accompagne, soit qu'il suive celui » du premier siége.

» Ainsi, au milieu de toutes les révolutions » qui altèrent souvent l'ordre extérieur des ju» gemens, rien ne peut ébranler cette maxime > incontestable qui est née avec l'Eglise, et qui » né finira qu'avec elle : que chaque siége, dépositaire de la foi et de la tradition de ses pères, est en droit d'en rendre témoignage ou » séparément ou dans l'assemblée des évêques; » et que c'est de ces rayons particuliers que se >> forme ce grand corps de lumière, qui, jusqu'à » la consommation des siècles, fera trembler » l'erreur et triompher la vérité ».

comme

Tel est le langage de d'Aguesseau; rien de plus précis, de plus exact, de plus lumineux. Le refus que nous faisons de croire à l'infaillibilité du Pape, ne nous empêche pas de reconnoître l'indéfectibilité du saint Siége; et voici nous l'entendons. Le Pape pourroit bien se tromper, errer dans ses jugemens sur la foi, même les plus solennels; mais ce ne seroit pas avec cet esprit d'opiniátreté, qui est le carac tère propre de l'hérésie. S'il enseignoit formellement l'erreur, qu'arriveroit-il? Nous savons que l'esprit de vérité anime tous les jours l'Eglise chrétienne, et que la Providence se servant de tout pour ses desseins, même des passions, des

préjugés, de l'ignorance des hommes, dispose les choses de manière que l'erreur ne prévaut jamais dans l'Eglise universelle. Si donc l'erreur étoit enseignée par la première des églises, les autres réclameroient, et leurs réclamations remettroient le souverain Pontife dans les sentiers de la vérité; il ne romproit pas le lien de la communion: c'est-là son privilége, d'après les promesses; tandis qu'il n'est ni évêque, ni primat, ni patriarche, comme tant d'exemples l'ont prouvé, qui ne puisse enseigner opiniátrement l'erreur, résister à la voix des églises, et mourir dans le schisme ou l'hérésie. L'histoire n'offre pas d'exemple d'un seul Pape qui soit mort dans l'erreur après les réclamations et le jugement du corps des évêques. Honorius étoit mort lorsqu'il fut condamné à Constantinople.

Notre doctrine ici n'est pas une nouveauté; je la trouve consignée dans Fleury, et surtout dans Bossuet, le plus grand théologien comme le plus grand orateur qu'ait eu la France.

Dans son Discours sur les libertés de l'église gallicane, no. 12, Fleury professe la prééminence du saint Siége en ces termes : « Nous » croyons aussi, avec tous les catholiques, que » le Pape, évêque de Rome, est le successeur de

>> saint Pierre, et, comme tel, le chef visible de » l'Eglise, et qu'il l'est de droit divin, parce que » Jésus-Christ a dit: Tu es Pierre, et sur cette » pierre je bátirai mon Eglise. Pierre, m'aimez» vous ? Paissez mes brebis ». Après quoi Fleury ajoute: « Nous espérons que Dieu ne permettra

jamais à l'erreur de prévaloir dans le saint » Siége, comme il est arrivé aux autres siéges » apostoliques d'Alexandrie, d'Antioche, de Jé» rusalem; parce que J. C. a dit : J'ai prié pour » toi, Pierre, afin que ta foi ne manque pas ».

Bossuet est plus décidé encore et plus énergique; voici ses paroles, singulièrement remarquables : « C'est cette église romaine, qui, ensei»gnant par saint Pierre et ses successeurs, ne con» nott point d'hérésie. Les Donatistes affectèrent » d'y avoir un siége, et crurent se sauver, par ce » moyen, du reproche qu'on leur faisoit que la » chaire d'unité leur manquoit : mais la chaire de » pestilence ne put subsister, ni avoir de succes»sion auprès de la chaire de vérité. Les Ma>> nichéens se cachèrent quelque temps dans cette » église les y découvrir seulement, a été les >> en bannir pour jamais. Ainsi les hérésies ont » pu y passer, mais non y prendre racine. Que, » contre la coutume de tous leurs prédéces

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»seurs, un ou deux souverains pontifes, ou par » violence ou par surprise, n'aient pas assez >> constamment soutenu ou assez pleinement >> expliqué la doctrine de la foi; consultés de » toute la terre, et répondant durant tant de >> siècles à toutes sortes de questions de doc» trine, de discipline, de cérémonies, qu'une >> seule de leurs réponses se trouve notée par » la souveraine rigueur d'un concile œcumé»nique; ces fautes particulières n'ont pu faire >> aucune impression dans la chaire de saint » Pierre. Un vaisseau qui fend les eaux n'y laisse » pas moins de vestiges de son passage. C'est >> Pierre qui a failli; mais qu'un regard de >> Jésus ramène aussitôt, et qui, avant que le >> Fils de Dieu lui déclare sa faute future, assuré » de sa conversion, reçoit l'ordre de confirmer ses » frères. Et quels frères? les apôtres ; les colonnes >> mêmes: combien plus les siècles suivans? » Qu'a servi à l'hérésie des Monothélites d'avoir >> pu surprendre un pape? L'anathême qui lui >> a donné le premier coup n'en est pas moins » parti de cette chaire qu'elle tenta vainement » d'occuper; et le concile sixième ne s'en est » pas écrié avec moins de force: Pierre a parlé » par Agathon. Toutes les autres hérésies ont

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