Ils sont passés ! — Leur cohorte L'air est plein d'un bruit de chaînes, De leurs ailes lointaines Crier d'une voix grêle Ou pétiller la grêle Sur le plomb d'un vieux toit. D'étranges syllabes Nous viennent encor: Ainsi, des arabes Quand sonne le cor, Les Djinns funèbres, Dans les ténèbres Pressent leurs pas; Ce bruit vague C'est la plainte D'une sainte Pour un mort. On doute La nuit... J'écoute : Tout fuit. Tout passe; L'espace Efface Le bruit. ATTENTE Esperaba, desperada. MONTE, écureuil, monte au grand chêne, Sur la branche des cieux prochaine, Qui plie et tremble comme un jonc. Du haut clocher au grand donjon. Vieux aigle, monte de ton aire Et toi qu'en ta couche inquiète 106870 Jamais l'aube ne vit muette, Et maintenant, du haut de l'arbre, EXTASE Et j'entendis une grande voix. Apocalypse. 'ÉTAIS seul près des flots, par une nuit d'étoiles. J'E Pas un nuage aux cieux, sur les mers pas de voiles. Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel. Et les bois, et les monts, et toute la nature, Et les étoiles d'or, légions infinies, A voix haute, à voix basse, avec mille harmonies, - C'est le Seigneur, le Seigneur Dieu! LORSQUE L'ENFANT PARAÎT LORSQUE l'enfant paraît, le cercle de famille Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille Fait briller tous les yeux, vien Lorsque l'Enfant Paraît Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être, Innocent et joyeux. Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire. Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme, L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie ΙΟΙ La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve, à l'heure Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure, L'onde entre les roseaux, Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare, De cloches et d'oiseaux. Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine Mon âme est la forêt dont les sombres ramures Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies, N'ont point mal fait encor; Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange, Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche. Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche, Sans le comprendre encor vous regardez le monde. Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire, Laissant errer sa vue étonnée et ravie, Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie Seigneur! préservez-moi, préservez ceux que j'aime, De jamais voir, Seigneur, l'été sans fleurs vermeilles, La maison sans enfants. DANS L'ALCOVE SOMBRE Beau, frais, souriant d'aise à cette vie amère.-SAINTE-BEUVF. DANS l'alcôve sombre, Près d'un humble autel, L'enfant dort à l'ombre Tandis qu'il repose, |