Te souvient-il de notre extase ancienne? Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne? - Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom? Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non. Ah! les beaux jours de bonheur indicible - Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir ! Tels ils marchaient dans les avoines folles, LA BONNE CHANSON PUISQUE l'aube grandit, puisque voici l'aurore, Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore, C'en est fait à présent des funestes pensées, L'oubli qu'on cherche en des breuvages exécrés! Je veux, guidé par vous, beaux yeux aux flammes douces, Par toi conduit, ô main où tremblera ma main, Marcher droit, que ce soit par des sentiers de mousses Oui, je veux marcher droit et calme dans la Vie, Sans violence, sans remords et sans envie: La lune blanche Luit dans les bois; O bien-aimée. L'étang reflète, Du saule noir Où le vent pleure... Un vaste et tendre A paisement Semble descendre Du firmament Que l'astre irise... C'est l'heure exquise, ROMANCES SANS PAROLES L pleure dans mon cœur IL Comme il pleut sur la ville, O bruit doux de la pluie Dans ce cœur qui s'écœure. Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine Mon cœur a tant de peine. Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses. De cette façon nous serons bien heureuses, Et si notre vie a des instants moroses, Du moins nous serons, n'est-ce pas ? deux pleureuses. O que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes, A nos vœux confus la douceur puérile De cheminer loin des femmes et des hommes, Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles Dans l'interminable Le ciel est de cuivre, Comme des nuées Le ciel est de cuivre, On croirait voir vivre Et mourir la lune. Corneille poussive Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive? Dans l'interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. SAGESSE ÉCOUTEZ la chanson bien douce Qui ne pleure que pour vous plaire. Elle est discrète, elle est légère : Un frisson d'eau sur de la mousse! La voix vous fut connue (et chère ?) Mais à présent elle est voilée Comme une veuve désolée, Pourtant comme elle encore fière, Et dans les longs plis de son voile Elle dit, la voix reconnue, Elle parle aussi de la gloire Accueillez la voix qui persiste Allez, rien n'est meilleur à l'âme Elle est "en peine" et "de passage," Un grand sommeil noir Dormez, toute envie ! |