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comme parlementaires: c'était un secours de 4,000 hommes qu'on pourrait ainsi faire passer à l'armée d'Egypte, bien faible avantage pour compenser ceux qu'obtenait l'Autriche par la prolongation de l'armistice qui lui permettait d'employer les nombreux subsides que lui payait l'Angleterre pour lever des troupes, et accroître ses moyens de résistance.

C'était cependant un spectacle assez satisfaisant pour un vrai Français, que celui des changemens qui s'étaient opérés en si peu de mois; en janvier et en février 1800. La France sollicitait la paix, lord Grenville y répondait par un torrent d'injures, se permettant les plus étranges insinuations; il désirait que les princes de cette race de rois.... remontassent sur le trône de France. Il exhortait le premier consul à constater par des preuves la légitimité de son gouvernement; et aujourd'hui c'était le même lord Grenville qui sollicitait comme une grâce d'être admis à traiter avec la république : il proposait même d'acheter cette grâce par des concessions navales.

Les négociations pour un armistice naval furent rompues; les places d'Ulm, de Philipsbourg, d'Ingolstadt, furent livrées par l'empereur à la France, pour prix d'une prolongation de trêve de six semaines. Peu de mois

après, la paix de Lunéville sauvá la maison d'Autriche, et rétablit le calme sur le continent. Et enfin peu après, le ministère signa les préliminaires de Londres, par lesquels l'oligarchie anglaise confondue reconnut la république française démocratique, non-seulement accrue des provinces belges, mais encore du Piémont, de Gênes, et de toute l'Italie. Et cependant de combien de millions ne s'était pas accrue la dette anglaise ? tel fut le résultat de la politique passionnée de Pitt.

QUATRIÈME NOTE.

ÉGYPTE.

(Volume VI, page 106.)

"Ses talens, qui n'étaient inférieurs à aucune " élévation (Kléber), avaient excité la jalousie de Bonaparte. "La fermeté et l'indépendance de ses opinions avaient re"froidi leurs communications, et bientôt éteint toute con"fiance entre eux aussi n'en trouve-t-on aucune trace, ni "dans l'instruction de Bonaparte à Kléber, ni dans la lettre "de celui-ci au directoire républicain, dont il ne croyait pas "la chute si prochaine."

(Page 128.)

"Ne voit-on pas, dans le testament militaire et politique "du conquérant de l'Égypte, la conviction secrète et même “l'aveu d'une vérité que sans doute il ne s'était jamais dissi"mulée, et que le général Kléber se hâta de dévoiler pour "l'intérêt de sa propre gloire ? C'est que, sans l'appui mutuel "des forces de terre et de mer, aucune expédition lointaine

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ne peut avoir un succès durable, un véritable résultat ; aucun établissement colonial ne peut être soutenu, et bien "moins encore au milien d'une population immense et toute "armée, et d'une nation dont l'éternelle inimitié est un sen"timent inséparable de la croyance religieuse, et chez la

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quelle, au sein même de la paix et de la possession la "moins contestée, ne pouvant changer la religion, ni faire "concevoir à ces peuples d'autres lois que celles qu'elle a con"sacrées, ne pouvant adopter leurs moeurs et leurs cou "tumes, on ne parviendrait jamais à associer les vainqueurs

aux vaincus....] ....La perte irréparable de la flotte française "avait décidé du sort d'une armée qui ne pouvait plus être "recrutée, ni secourue par la métropole: elle devait périr

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par ses propres succès. Ainsi donc, dès son entrée dans le "Delta, Bonaparte dut, comme à la porte de l'enfer du "Dante, Laisser toute espérance. Après ce désastre, qui " rallia tous les Musulmans, releva leur courage, et doubla "les difficultés, il ne put douter un instant du dénouement "funeste qui l'attendait; inévitable écueil de sa fortune et de sa gloire. Mais aussi quelle force et quelle habileté ne mit"il pas à soutenir le dévouement de ses soldats! Quelle acti"vité dans ses opérations! et faut-il s'étonner si, ne pou "vant partager l'espoir et les illusions qu'il prodiguait, après "avoir usé la moitié de ses moyens, il ait saisi, après ses "revers de Syrie et sa victoire d'Aboukir, le seul instant "propice pour fuir sa perte certaine, et tenter d'autres ha"sards et de plus hautes destinées? Le départ de Bonaparte "fut un coup de foudre, et jeta l'inquiétude dans tous les es"prits: il fut d'abord vivement regretté; mais la réputation "de Kléber, digne en tout de la confiance générale, ses mé66 nagemens pour la vie du soldat, dissipèrent cette espèce de "terreur, calmèrent bientôt les agitations, et rallièrent toutes "les opinions. Les Égyptiens, frappés d'étonnement par les "résultats de la bataille d'Aboukir, se regardaient comme "destinés à vivre désormais sous la domination française ; ils "n'osaient plus croire qu'il fut jamais possible de les chasser du bord du Nil.....Les Mameloucks, toujours errans "dans la haute Égypte, n'étaient pas détruits. Mourad-Bey "qui venait de voir anéantir en un seul jour toutes les es"pérances qu'il caressait depuis long-temps, avait repris "tristement le chemin de Girgé. Ibrahim-Bey était à Gaza "avec environ 2,000 des siens; il attendait impatiemment le "grand-visir, dont 30,000 de sa grande armée étaient déjà "arrivés devant Saint-Jean-d'Acre, Mais ces masses nom"breuses, entravées par une immense quantité de bagages, "s'avançaient lentement."

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(Page 152.)

"Il avait à choisir entre le général Menou, vieil "et brave officier, mais tout neuf au commandement, et le général Reynier, dont les talens éprouvés à l'armée du "Rhin, où il avait été chef de l'état-major, inspiraient plus "de confiance.

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La passion dicta ce choix de Bonaparte; le secret orgueil, la vaine satisfaction de faire prédominer ce qu'il appelait son parti, l'emportèrent sur le salut de l'armée, sur l'intérêt même de sa gloire......

(Page 171.)

"

"Quels qu'aient été les motifs qui déterminèrent Bonaparte à l'entreprendre, il se mêla de grandes vues à l'esprit "aventureux qui l'entraîna toujours hors des routes ordi"naires et au-delà des bornes de la raison. Ni la situation “dans laquelle il laissait l'intérieur de la France, ni l'état de “la marine, ne pouvaient lui permettre d'espérer les secours sans lesquels la colonie et le fondateur devaient "nécessairement périr; ils eussent été, comme au temps des "croisades, tôt ou tard dévorés par le climat ou par des "peuples à demi-barbares, que le fer ne pouvait soumettre, "et qu'aucun lien religieux ni politique ne pouvait unir au vainqueur, mais frapper au coenr le commerce de l'Angleterre, en attirant en Égypte celui de l'Orient; rouvrir "la route des trésors de l'ancien monde; dédommager la “France de la perte de ses colonies occidentales par de nou66 veaux et nombreux établissemens sur les côtes de l'Afrique; rendre au berceau des sciences et des arts sa première "splendeur; explorer un pays si riche de grands souvenirs; "aller marquer sa place entre les plus illustres conquérans : quels plus brillans prestiges séduisirent jamais les favoris "de la fortune!"

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